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22/06/2014

Solennité du corps et du sang du Christ

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Moins de trente ans après la Cène, saint Paul nous prévient : 

 


 

 

Fondée au XIIIe siècle par Urbain IV sous l'impulsion de deux futures saintes (Julienne de Cornillon et Ève de Liège), cette fête visait à rapprocher du peuple chrétien le mystère de l'Eucharistie, effort toujours à reprendre puisque nos aïeux des siècles de foi avaient tendance à faire de la messe un rituel à « entendre » : on disait « ouïr la messe », ce qui était oublier le sens même de la chose. Urbain IV voulait aussi lutter contre les persistances de l'hérésie du théologien Bérenger de Tours (XIe siècle) qui niait la présence réelle du Christ dans l'Eucharistie : ce qui était nier Ses propres paroles... Nos actuels « réformistes », comme dirait Le Monde, ne sont donc pas des novateurs. Rappelons encore que les grands saints du XIIIe siècle furent des hérauts de l'Eucharistie : François d'Assise, Claire, Thomas d'Aquin. Les larmes ruisselaient sur les joues de saint Thomas « chaque fois qu'il célébrait l'Eucharistie, c'est-à-dire tous les jours », relatent les témoins.

L'Eucharistie est le don absolu fait par le Christ aux hommes jusqu'à la consommation des siècles. Le plus ancien récit de son institution – à la Cène, la veille de la Passion – est celui de saint Paul dans la première lettre aux Corinthiens (11, 23-26), peu après l'an 52 : vingt-cinq ou trente ans après l'événement. Paul écrit aux Corinthiens, jeune communauté encore marquée par le paganisme et composée de gens issus de milieux hétéroclites : riches, pauvres, dockers, responsables municipaux, commerçants, esclaves... Paul écrit parce que l'atmosphère des réunions eucharistiques a dérapé. Ou bien vous communiez au Christ, prévient-il, ou bien vous communiez aux idoles ! Mépriser les pauvres en serait un symptôme... Dans le monde antique, le culte aux idoles s'accompagne de repas rituels où le riche surclasse évidemment le pauvre. Par analogie, l'avertissement de Paul s'applique aussi à nous : notre idolâtrie est le culte de « l'idole Argent » (dit le pape François), or, dit Paul, « vous ne pouvez prendre part à la table du Seigneur et en même temps à la table des démons ». Prendre part à la table de l'idole, qu'est-ce que ce serait aujourd'hui par analogie ? ce serait participer sans souci au mauvais système économique, au lieu d'essayer de le changer comme nous y exhortent les papes. Ou, encore pire : faire l'apologie de ce système. Ou même : diffamer ceux qui le critiquent – alors qu'ils le critiquent par loyauté envers l'Eglise et l'Evangile. On ne peut imaginer que de tels diffamateurs existeraient parmi nous ; ils tomberaient sous le coup de l'avertissement de Paul : « Voulons-nous provoquer l'ardeur jalouse du Seigneur ? Sommes-nous plus forts que lui ? » (10,28).

Ne pensons qu'à la splendeur du don de l'Eucharistie qui fait notre unité. Des divisions sont inévitables et peut-être nécessaires (11,19), mais elles sont transitoires. Saint Augustin nous dit, faisant parler le Christ dans l'Eucharistie : « tu ne me transformeras pas en toi, telle la nourriture de la chair ; mais c'est en moi que tu te transformeras. »