21/06/2014
À lire d'urgence : le livre-bombe contre l'artificialisation de la reproduction humaine.
Ce qui se cache
derrière le matraquage médiatique
pro-GPA/PMA :
communiqué de Pièces et main d'œuvre :
<< Les lecteurs peuvent commander le livre chez leur libraire, ou directement chez l’éditeur :
Le Monde à l’envers, 46 bis rue d’Alembert 38 000 Grenoble
Répondeur : 04 57 39 87 24
Fax : 09 57 91 42 42
Email : mondenvers(at)riseup.net
Certes, un petit livre publié sur un site et chez un éditeur confidentiels n’a aucune chance de contrarier un mouvement d’appropriation et d’artificialisation du vivant porté à la fois par le marché, l’innovation technologique et les entreprises du biocapitalisme. Il le peut d’autant moins que la gauche dans toute sa variété ("gauche de gauche", "100 % à gauche", libérale," radicale", etc.), les prétendus paladins de l’anticapitalisme et de l’émancipation, milite au nom du "progrès" et de "l’égalité" pour cette conquête des corps et de la reproduction, après la conquête du monde et de la production. Nos gamètes, nos spermes, nos ovules, nos gènes, cellules, organes, tissus, notre sang, nos ventres, constituent aux côtés des déchets, des océans, de la Sibérie, des big data, etc., les prochains gisements d’une croissance infinie dans un monde que l’on croyait fini.
Qu’importe si cette "PMA POUR TOUS !" que le journal Libération (6 juin 2014) réclame en une et en caractères d’affiche, ouvre le marché de l’eugénisme ; si la "GPA conviviale", "démarchandisée", n’est au mieux qu’un leurre, une escroquerie aux bons sentiments, une exception à la règle sordide de l’exploitation des femmes pauvres : il faut que les couples stériles se reproduisent à tout prix. Qu’ils soient stériles par accident (hétérosexuels), ou par nature (homosexuels), il leur faut la chair de leur chair, le sang de leur sang, l’ADN de leur ADN. Ce qui n’est pas la moindre curiosité de la part de militants queers, cyberféministes, postmodernistes, etc., qui ne peuvent trop vomir l’idée de nature.
Il faut saluer ici la capacité des industriels à s’abriter derrière des boucliers humains (« enfants bulles », cancéreux, stériles), pour promouvoir au moyen d’évènements festifs (téléthons, gay pride), et d’associations dédiées (l’ARC, l’APGL), des objectifs lucratifs.
S’il reste à gauche d’authentiques partisans de l’égalité et de l’émancipation, qu’ils prennent la parole et dénoncent ces entreprises d’aliénation, d’exploitation et de marchandisation, menées en leur nom, et qu’ils subissent le plus souvent.
Quant à nous, luddites et libertaires, anti-libéraux et anti-capitalistes, nous n’avons d’autre ambition que de donner les raisons de notre opposition à la Reproduction artificielle de l’humain. Nous les développerons tant qu’il faudra, par écrit ou de vive voix, dans les réunions auxquelles on nous invite parfois. Voici pour finir les 10 thèses en conclusion du livre d’Alexis Escudero et qui résument provisoirement notre enquête sur le sujet. >>
Conclusions du livre
<< De tout ce qui précède, il résulte :
1 - Les progrès du technocapitalisme depuis deux siècles concourent à la stérilisation chimique de la population.
1 bis - Sélection et manipulation génétiques de l’embryon sont le dernier moyen de rendre possible la survie dans un monde devenu invivable : réchauffement climatique, stress permanent, dissolution du lien social, pollution généralisée.
1 ter - « La PMA pour tous et toutes » n’est pas le dernier cri de l’émancipation, mais l’avenir auquel nous sommes condamnés.
2 - La reproduction artificielle de l’humain ne signifie pas l’égalité des minorités et des majorités sexuelles dans leur rapport à la procréation, mais la soumission de tous à l’institution médicale, l’État, l’économie, et la tyrannie technologique.
3 - Comble de la servitude volontaire, l’assistance médicale si fièrement revendiquée dans la procréation asservit les hommes et les femmes à une technocratie en blouse blanche : médecins, gynécologues, banquiers en sperme et généticiens. Elle signe l’intrusion des experts et du pouvoir bio-médical jusque dans la chambre à coucher.
4 - La reproduction artificielle de l’humain génère un nouveau prolétariat, surtout féminin, contraint de louer son corps et de vendre les produits qui en sont issus. Elle transforme les enfants en produits manufacturés, monnayables sur un marché de l’enfant. Elle est une nouvelle forme de la traite des êtres humains qui ne dit pas son nom.
4 bis - Tout ce qui était libre est accaparé. Tout ce qui était gratuit devient payant. Alors que Marx distinguait la sphère de la production et celle de la reproduction de la force de travail, la reproduction artificielle de l’humain dissout la seconde dans la première. La procréation humaine elle-même devient une industrie, soumise à la guerre économique.
5 - La reproduction artificielle de l’humain est l’injonction faite aux parents de sélectionner et d’améliorer génétiquement leur progéniture, sous peine de la voir reléguée au rang de sous-humanité. Elle abolit la liberté et la responsabilité des enfants ainsi fabriqués.
5 bis - L’enfant sur mesure est dans la pipette. Il n’y a pas de reproduction artificielle sans eugénisme.
5 ter - Il n’y a pas d’eugénisme libéral – même si les riches pourront exaucer en partie leurs caprices d’enfants parfaits. Il sera un eugénisme contraint, dicté par les impératifs de l’État et de l’économie.
5 quater - La reproduction artificielle du bétail humain est une étape nouvelle dans la rationalisation du monde et le pilotage automatique des populations.
6 - Sélections et manipulations génétiques, utérus artificiel et clonage transforment l’humanité en post-humanité.
7 - La reproduction artificielle de l’humain est un nouveau front dans la guerre du pouvoir contre les sans pouvoir.
8 - Il n’y a ni eugénisme citoyen, ni « transhumanisme démocratique ». Toute critique partielle de la reproduction artificielle de l’humain sera digérée par les comités d’éthique, et servira à l’acceptation de l’inacceptable.
9 - La gauche techno-libérale – transhumanistes assumés ou non, inter-LGBT, philosophes postmodernes, cyber-féministes – entretient sciemment la confusion entre égalité et identité biologique, entre émancipation politique et abolition de la nature.
9 bis - Sous couvert du progrès, cette gauche nourrit un projet totalitaire : l’abolition, par re-création technologique, de tout ce qui naît.
10 - S’il reste à gauche des partisans de l’égalité et de l’émancipation, ils doivent prendre la parole, et dénoncer cette entreprise menée en leur nom. >>
20:21 Publié dans Ecologie, Economie- financegestion, Idées | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : écologie, bioéthique
Commentaires
LA BOETIE
> Et relisons donc Etienne de La Boëtie:
http://www.singulier.eu/textes/reference/texte/pdf/servitude.pdf
"Enfin, si l’on voit non pas cent, non pas mille hommes, mais cent pays, mille villes, un million
d’hommes ne pas assaillir celui qui les traite tous comme autant de serfs et d’esclaves, comment
qualifierons
-
nous cela ? Est
-
ce lâcheté ? Mais tous les vices on
t des bornes qu’ils ne peuvent pas
dépasser. Deux hommes, et même dix, peuvent bien en craindre un ; mais que mille, un million,
mille villes ne se défendent pas contre un seul homme, cela n’est pas couardise : elle ne va pas
jusque
-
là, de même que la vail
lance n’exige pas qu’un seul homme escalade une forteresse, attaque
une armée, conquière un royaume. Quel vice monstrueux est donc celui
-
ci, qui ne mérite pas même
le titre de couardise, qui ne trouve pas de nom assez laid, que la nature désavoue et que la
langue
refuse de nommer ?. "
______
Écrit par : Aventin | 22/06/2014
AIR FRAIS
> Admirables, ces conclusions, et quelle bouffée d'air frais...
Voici qui nous ramène aux communiqués salutaires de la défunte Internationale Situationniste.
Et, il faudrait ajouter ceci, à l'attention des "gens de gauche" dont la caractéristique commune semble être de ne plus rien ressentir...
Cette soi-disant "liberté sexuelle" qui se trouve en filigrane derrière tous ces discours libéro-libertaires masque, en dernière analyse, la plus formidable entreprise de répression sexuelle jamais initiée dans l'histoire de l'humanité...
Car il faut bien comprendre que la dépossession du corps signifiera aussi la dépossession totale de tout plaisir non dépendant d'une forme quelconque d'aliénation commerciale, et que ce qu'on nomme désormais "Plaisir" n'est déjà plus rien d'autre que le soulagement passager d'une tension....
______
Écrit par : Ardwenn / | 23/06/2014
CE DÉLIRE
> Il y a peu, j'ai lu un article concernant le volet non-humain de ce délire de remplacement du vivant naturel par le vivant artificiel. Le voilà, le véritable Grand remplacement en couveuse (au propre et au figuré) ! Le discours y est le même: "le vivant naturel est imparfait, l'évolution ne va pas assez vite" pour nous livrer des organismes parfaitement compétitifs; qui plus est, il est scandaleusement divers pour notre époque obsédée par la standardisation, la norme, le Même; le rectiligne, horrifié par le foisonnement, qui le dépasse, suscite son incompréhension absolue. A l'instar des révolutionnaires qui prétendaient enfermer le cycle des saisons dans des cases décimales plus adaptées à d'étroits cerveaux, la prodigieuse fécondité de la vie, homme inclus, est vouée à être remplacée par quelques modèles bien maîtrisés, calibrés. Dernier dogme de ces écoles du vivant artificiel: "on encourage la créativité et l'innovation en s'affranchissant de réfléchir aux conséquences possibles" (de l'introduction dans les écosystèmes de ces... produits).
Terreur de la diversité, terreur du foisonnement, culte de la pauvreté de formes et d'êtres, plus facile à appréhender par une réflexion elle-même appauvrie à l'extrême à coups d'obsession de rentabilité, et pour finir, irresponsabilité érigée en dogme: c'est une véritable régression infantile qui préside à cette vision du monde. Elle rappelle ces jouets où l'enfant doit faire entrer des figures géométriques simples dans des trous de la bonne forme, opposés à l'infinie variété des formes et des couleurs du monde réel...
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Écrit par : Phylloscopus / | 23/06/2014
ROCKEFELLER
> tu peux dormir content Rockefeller...
tu en rêvais, ils travaillent encore à le faire
Faire mieux que la Nature, mieux que l'existence, comme si l'on avait pas besoin de l'Etre, c'est le signe de "l'Autre".
Et pour accomplir son rêve, cette gauche trouvera en la droite libérale le meilleur mouton.
Depuis 1875/1880 et le choix par la gauche de la Révolution comme fondement de nos institutions, la droite pour éviter d'être ringardisée et exister au sein des nouvelles institutions, a abandonné à son tour toute attache voire toute allusion à la morale naturelle, à la doctrine sociale et s'est prostituée elle aussi au relativisme.
Les avancées sociales ont été essentiellement le fait d'initiatives personnelles par la suite légalisées.
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Écrit par : E Levavasseur / | 23/06/2014
SECONDE MAIN
> Même si ça n'a pas de lien direct avec le sujet : un très bon article de Libération sur le "rehoming" (le marché de l'adoption de "seconde main" aux Etats-Unis)
http://www.liberation.fr/societe/2014/06/22/etats-unis-cede-enfant-adopte-10-ans-3-500-hors-taxe_1047727
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Écrit par : Feld / | 28/06/2014
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