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14/05/2014

"Et si l'Europe actuelle n'était qu'une puissance mercantile, incapable de peser dans le monde ?"

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Le "bureau européen" du Monde (Bruxelles) comprend-il que les tares de l'actuelle UE étaient programmées de longue date ?

 


 

Extraits de l'article publié dans Le Monde du 14 mai :

<< Et si l'Europe n'était qu'une puissance mercantile, incapable de peser dans le monde ? L'éclatement de l'euro à peine enrayé, la crise en Ukraine sonne comme un douloureux réveil pour les Européens, dépassés par la logique de force imposée par Vladimir Poutine et dépendants des Etats-Unis et de l'OTAN pour leur sécurité. [...]  « L'Europe demeure un acteur économique de première importance quand on observe la multiplication des négociations de libre-échange, que ce soit avec les Etats-Unis, le Canada, la Corée, le Japon », se réjouit un haut diplomate européen. « Ces accords bilatéraux vont à l'encontre de l'approche multilatérale de l'Europe », nuance Pierre Defraigne, responsable de la fondation bruxelloise Madariaga-Collège d'Europe. Pour cet ancien chef de cabinet de Pascal Lamy à la Commission, les tractations en cours avec les Etats-Unis risquent de « vassaliser » un peu plus l'UE à l'égard de Washington, au risque de nuire à ses propres efforts d'intégration et de rogner sa capacité d'influence dans le monde.

Cette approche mercantile est d'autant plus forte que les Européens ont le plus grand mal à serrer les rangs sur le terrain diplomatique. Les Vingt-Huit ont pourtant, avec le traité de Lisbonne, voulu mettre en place une diplomatie commune, ou prétendue telle, puisque la politique étrangère est loin d'être fédéralisée*. [...]  Ramenée à une certaine réalité par la crise géorgienne en 2008 et celle de l'Ukraine, l'UE peut-elle être crédible au plan mondial avec son projet où la norme, la négociation, l'interdépendance et la coexistence pacifique entre minorités occupent une place centrale, au détriment de la force et de la realpolitik>>

 

*''Une diplomatie commune, ou prétendue telle, puisque la politique étrangère est loin d'être fédéralisée'' ? Cette phrase est la seule concession de l'article à l'idée rituelle du ''saut fédéral''... Idée qui n'est qu'un abracadabra : on ne fait pas d'omelette avec des oeufs durs, disait de Gaulle. Si le ''saut fédéral'' abracadabra ! – était opéré, ce serait une aggravation exponentielle du déni de réalité qui caractérise la construction européenne depuis vingt ans. L'artifice serait trop grave pour qu'une politique étrangère de ''puissance'' soit possible. Et puisque les élites de l'UE rejettent (ouvertement) toute idée d'indépendance envers Washington, l'ensemble du projet manque de crédibilité... On peut aussi se souvenir que cette vassalisation transatlantique, et cette réduction de l'Europe au mercantile, étaient les objectifs du véritable père de la construction européenne : l'homme d'affaires franco-américain Jean Monnet.  Time is Monnet...

Ajoutons que la panne d'identité de l'UE vient de son  refus d'exister culturellement. Les "valeurs" auxquelles cette UE réduit sa définition de l'Europe ("démocratie", "tolérance" etc) ne lui sont nullement propres ! D'où l'indifférence - souvent dédaigneuse - des BRIC à son égard... "Le Brésil, par exemple, n'a aucune leçon à recevoir", souligne François Heisbourg dans le même dossier du Monde : "la démocratie et la tolérance sont aussi les valeurs brésiliennes". Et celles de nombreux pays dans le monde... Circonscrire l'âme européenne à une poignée de principes abstraits professés tout autant sur d'autres continents, c'est signifier que l'Europe ne veut pas être un pôle autonome. De Monnet à Barroso, l'eurocratie n'a jamais rien voulu bâtir d'autre qu'une plateforme logistique du libre-échangisme.

 

 

europe,états-unis

 

 

11:58 Publié dans Europe, Idées | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : europe, états-unis

Commentaires

MIXER

> "on ne fait pas d'omelette avec des oeufs durs", oui, et cela peut donner la funeste tentation de broyer les oeuf au mixer.
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Écrit par : Pierre Huet / | 14/05/2014

MONNET

> Libre échange et rapport de force vus par Monnet....dans un autre domaine:

http://fr.wikipedia.org/wiki/Silvia_de_Bondini
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Écrit par : Pierre Huet / | 14/05/2014

CE QUE SOUHAITENT LES U.S.A.

> "L'Europe mercantile" c'est exactement ce que souhaitent les USA, avec juste un zeste de puissance militaire pour pouvoir intervenir parfois à leur place (sous leur initiative).
Les rêve USa : une Europe allié[né]e !
A 28 c'est plus facile à réaliser qu'à 6.
C'est pourquoi ils n'ont eu de cesse de pousser l'Europe à s'agrandir, à lui faire adopter des règles plus libérales que les leurs.
Les euro-sceptiques sont majoritaires (tous ceux qui ne vont pas voter). Quel regard portent sur eux les hommes politiques ? Que leurs proposent-ils ?
Si c'est la culture façon eurovision, Non merci.
Tiens, il va faire beau ce WE !
Enfin le vote blanc est reconnu pour les élections européennes, cela va peut-être empêcher l'abstention de monter encore ?
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Écrit par : franz / | 14/05/2014

CONTORSION ?

> Nous allons voter également pour déterminer si le parlement élit le président de la commission.
Que signifie une élection ? Désigner un représentant qui à un pouvoir politique, qui est au dessus et représente, je croyais. N'est donc ce donc pas une contorsion pour "légaliser" ou "dépénaliser" le pouvoir d'une instance qui le détient illégalement sans guillemet depuis longtemps.
D'ailleurs maintenant que les parlements servent à produire des lois qui régularisent des situations de fait, cela est tout à fait normal, excusez moi j'avais oublié. C'est donc plus simple maintenant de donner un poids politique au responsable de ce qui produit la synthèse des lobbys directement, pour que le parlement ne soit plus qu'une chambre d'enregistrement des faits économiques visiblement gérée au poil par la main invisible. La boucle du libéralisme est bouclé. Joli.
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Écrit par : d'Ornant / | 14/05/2014

GOUVERNEMENTS NATIONAUX

> "De Monnet à Barroso, l'eurocratie n'a jamais rien voulu bâtir d'autre qu'une plateforme logistique du libre-échangisme."

Pas tout à fait d'accord : ce n'est pas une quelconque "eurocratie" qui a voulu bâtir cela, mais les Etats constituant l'Union européenne. Qui a nommé Barroso et les commissaires européens ? Qui a nommé les experts de la Commission en charge de négocier le traité transatlantique ? Qui valide les textes de droit communautaire ? Les gouvernements des Etats membres au sein du Conseil de l'UE (et du Conseil Européen).

Autrement dit, l'eurocratie n'est rien d'autre que des experts mandatés, soutenus et approuvés par les Etats. On liquiderait l'actuelle UE pour une Europe strictement intergouvernementale comme le voulait de Gaulle, on aurait le même résultat : des traités internationaux négociés et ratifiés par des Etats et des groupes d'Etat.

Donc, non on ne peut pas mettre sur le dos de l'UE ce qui se passe en ce moment. Car elle est le bouc émissaire des gouvernements des Etats d'Europe (ce qui est très pratique pour eux car ça leur évite d'avoir l'opinion publique contre eux).

CV


[ PP à CV - Mais quand je parle d'eurocratie, j'y inclus nos gouvernements nationaux depuis Giscard. Personne n'est dupe de leurs esquives. C'est eux qui ont conçu Maastricht ! ]

réponse au commentaire

Écrit par : Charles Vaugirard / | 15/05/2014

@ PP :

> Nous sommes donc d'accord.
Mais alors quelle solution proposer ? Personnellement je pense qu'il faut rapprocher le pouvoir de l'opinion publique. La cause de cela est le déficit démocratique de l'UE mais aussi des Etats ! Des réformes institutionnelles sont indispensables.
Je précise que le caractère démocratique, et non technocratique, de l'Europe unie était voulue dès le debut par Robert Schuman. Voir plus d'infos ici : http://cahierslibres.fr/2014/05/leurope-selon-robert-schuman-2/
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Écrit par : Charles Vaugirard / | 15/05/2014

SUR LE PAPIER

> L'Europe, c'était pourtant un beau projet sur le papier... Qu'est-ce qui nous a empêché de réaliser ce que le Brésil et les Etats-Unis ont su devenir : une république fédérative ?
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Écrit par : Blaise / | 16/05/2014

SCHUMAN FÉDÉRALISTE

> Je m'aperçois après coup que Robert Schuman était favorable à une fédération européenne :
« Par la mise en commun de productions de base et l'institution d'une Haute Autorité nouvelle, dont les décisions lieront la France, l'Allemagne et les pays qui y adhéreront, cette proposition réalisera les premières assises concrètes d'une Fédération européenne indispensable à la préservation de la paix. » (Robert Schuman, Déclaration du 9 mai 1950)
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Écrit par : Blaise / | 16/05/2014

@ Blaise

> Les composantes des Etats-Unis et du Brésil ont la même histoire ou plutôt la même absence d'histoire et la même langue.
Pas les Européens.
Enfin...il y avait bien des Amérindiens ou des Sudistes, mais ils se sont fait buter.
______

Écrit par : Pierre Huet / | 22/05/2014

Les commentaires sont fermés.