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10/05/2014

Echec de la fusion Publicis-Omnicom

économie

Une exception dans le maelström des fusions-acquisitions :

 


On savait – notre note du 29 avril – que ''ce qu'on appelle la souveraineté de la France, c'est la crédibilité sur les places financières'' : la phrase était de Stéphane Rozès (Sciences-Po), conseiller de François Hollande durant la campagne présidentielle de 2012.

Il y avait déjà eu Pierre Moscovici – alors ministre de l'Economie – parlant de la fusion [1] Publicis-Omnicom. Que le groupe Publicis fusionne avec son équivalent américain et devienne ainsi ''leader mondial'' (disait Moscovici en juillet 2013), ''on ne va pas le déplorer'', car ce sera le symbole de ''la France qui conquiert, la France qui gagne...''

Or cette fusion consistait à installer le nouveau géant supranational à Londres (fiscalement) et à La Haye (juridiquement). La fusion Publicis-Omnicom allait engendrer une de ces multinationales qui auront le droit – dès que l'UE aura signé le pacte de libre-échange transatlantique – de faire condamner les Etats nationaux par un tribunal arbitral privé ; on sait depuis l'affaire Tapie à quoi s'en tenir sur les arbitres.

Voilà ce que le ministre français de l'Economie appelait ''un symbole de la France qui gagne''. Voilà ce gouvernement que les bons messieurs et bonnes dames appellent une ''dictature socialiste''.

Si le socialisme consiste à applaudir la naissance d'un pouvoir des multinationales qui interdira aux Etats de défendre leurs intérêts et leurs citoyens, il faudra m'expliquer ce que veut dire ''socialisme''. Rappelons qu'en 2009 Manuel Valls [2] demandait que le PS change de nom et renonce au mot ''socialiste'' qui était, disait-il, ''dépassé''.

On voit dans quel sens s'effectuait le dépassement.

Pour achever d'évaluer la déclaration de Moscovici sur la fusion Publicis-Omnicom, on peut aussi rappeler ce qu'il advient d'Alcatel après sa fusion avec Lucent.

Et rappeler que le redémarrage mondial des fusions-acquisitions en 2014 obéit à une course au gigantisme qui ne répond à aucun besoin de l'économie réelle, mais à la logique financière de concentration du capital : logique déchaînée depuis deux décennies par le putsch néolibéral atlantique des années 1990 ; et chose qu'on ne peut expliquer aux bons messieurs, aux bonnes dames et à leurs señoritos sans se faire traiter de pourvoyeur du goulag.

Ces considérations n'abordent pas l'autre aspect du problème, qui est la nature du système productiviste dont Publicis, Omnicom et autres sont les rouages. On aura l'occasion d'y revenir.

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[1] Fusion qui allait avorter en mai 2014, parce que les deux servants de la machine Publicis et de la machine Omnicom, Maurice Lévy et John Wren, se jalousent trop pour fonctionner ensemble. Comme quoi l'humain peut encore quelque chose : non sur la nature du système, mais pour en ralentir ou en accélérer les cadences.

[2] futur ''Manuel Gaz'', ahaha ! le grand bolchevik !

 

Commentaires

NOUS NOUS SOMMES FAIT VOLER

> Et encore, il ne s'agit ici que de pub, mais voir comment nous nous sommes fait voler notre primauté technologique dans les domaines aéronautique, spatial et militaire.
Conférence faite à l'automne dernier sur Airbus Space and Defence.:

https://www.youtube.com/watch?v=gxzLM1ZxKo8
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Écrit par : Pierre Huet / | 10/05/2014

COMPLEXES

> A propos de la même problématique "sémantique", une phrase intéressante, qui conclut une réflexion de Frédéric Lordon sur la "politique de l'offre"*: "le parti socialiste : c’est la droite ! La Droite Complexée. A propos de laquelle, du train où vont les choses, il va bientôt falloir se demander ce qu’il lui reste exactement de complexes."

*"Les entreprises ne créent pas l’emploi", in "La pompe à Phynance"
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Écrit par : j. warren / | 12/05/2014

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