La mission du chrétien : vivre l'Evangile avec tous

Extraits de Pour une Eglise servante et pauvre, du cardinal Congar (l'un des auteurs préférés du pape François avec Léon Bloy) :

 

<< C'est par ce que l'Église montre aux yeux des hommes que ceux-ci la connaissent, et, par elle, sont ou doivent être conduits à l'Evangile, amenés à Dieu ; ou qu'ils sont, au contraire, éloignés, repoussés, ou encore orientés vers une certaine religion plutôt matérielle, vers un système à prédominance de comportements sociologiques plutôt que vers une religion personnelle, avec les exigences spirituelles qu'une telle religion comporte. À ce point de vue, donc, tout ce qui rend l'Église concrètement visible, tout ce par quoi les hommes ont contact avec elle comme nous avons contact avec autrui par le visage, le regard, les formes et les revêtements, est d'une extrême importance. >>

<< Pour l'homme d'aujourd'hui, ce n'est pas d'un merveilleux hagiographique ni d'un éclat du cérémonial que viendra l'attrait pour l'Église, mais beaucoup plus de ce qu'il trouvera en elle la vérité du rapport spirituel de communion avec les autres, sur la base d'une authentique et exigeante attitude évangélique de foi vivante, d'obéissance intérieure, de prière vraie, d'amour et de service. >>

<< [ Dans la société actuelle], l'accroissement des moyens de confort suppose une concurrence si implacable, une organisation si compliquée, une telle exaspération des appétits et des pulsions, qu'au moment même où ils deviennent rois les hommes risquent de perdre une santé [morale et spirituelle] qu'ils possédaient dans une situation moins comblée et moins exaltée. En face de ce monde-là, ou plutôt au milieu de lui, l'Église est ramenée à une situation dont il faut bien reconnaître qu'elle n'est pas seulement une situation historique parmi d'autres, ni meilleure ni pire que d'autres, mais une situation plus littéralement conforme à la loi évangélique ; elle est appelée à rompre franchement avec d'anciens modes de présence, hérités du temps où elle tenait les mains qui portaient le sceptre ; et à trouver un nouveau style de présence aux hommes : […] qu'on dresse en effet l'inventaire de leurs requêtes les plus valables au sujet de l'Église, on peut les résumer ainsi : qu'elle soit moins 'du monde' et plus 'au monde' ; qu'elle ne soit que l'Église de Jésus-Christ, la conscience évangélique des hommes : mais qu'elle le soit !  >>

(Cerf, rééd. 2014)

  

Ce qu'Yves Congar pressentait il y a cinquante ans est de plus en plus actuel. L'Église fidèle à l'Évangile se sait semper reformanda !  À l'heure où le pape François appelle à la conversion plénière de chaque catholique, ce livre-manifeste de 1963 est à redécouvrir en 2014 : premier anniversaire de l'élection de Jorge Bergoglio à la charge pontificale.