28/02/2014
Israël : les chrétiens ne veulent pas de distinction entre Arabes chrétiens et musulmans
Mgr Shomali, 'vicaire patriarcal' latin pour Jérusalem et la Palestine, proteste contre la loi votée par la Knesset sur l'initiative de la droite : "cette loi va contre l’histoire et contre la volonté des chrétiens qui ne veulent pas devenir une entité à part..."
Radio Vatican :
« Cette loi va contre l’histoire parce que, depuis treize siècles, les chrétiens se considèrent comme des Arabes et les musulmans les considèrent comme des Arabes. On ne peut pas changer le cours de l’histoire en une session de la Knesset », a réagi Mgr William Shomali, au lendemain de l’adoption par la Knesset d’un projet qui, pour la première fois, fait la distinction entre les citoyens arabes de confession musulmane et ceux d'obédience chrétienne.
Cette décision « va contre la volonté des chrétiens eux-mêmes qui ne veulent pas devenir une entité à part ou un ghetto ou une minorité à l’intérieur d’une autre minorité », a-t-il estimé sur les ondes Radio Vatican. Pour le vicaire patriarcal latin pour Jérusalem et la Palestine, dans les autres pays arabes tout le monde considère les chrétiens comme des Arabes, et cette distinction entre Arabes chrétiens et musulmans, qu'il juge « inopportune », ne fera que créer « une séparation terrible entre les deux communautés (qui) sera source de souffrance pour des chrétiens qui, en plus, ne veulent pas de ce changement ».
Le projet de loi en question a été voté par le Parlement israélien le 24 février dernier. Il élargit la 'Commission nationale sur l'égalité des chances dans l'emploi' de cinq à dix membres, accordant des sièges distincts à des représentants des travailleurs chrétiens et musulmans de la communauté arabe israélienne, Il prévoit également des sièges réservés à la communauté druze, aux juifs ultra-orthodoxes et aux immigrés juifs d'Ethiopie, des communautés où le taux de chômage est supérieur à la moyenne, rapporte L’Orient - le Jour.
Le député Yariv Levin, du parti Likoud (droite nationaliste), a présenté cette loi à la presse en ces termes : « Nous avons beaucoup en commun avec les chrétiens. Ils sont nos alliés naturels, un contrepoids aux musulmans qui veulent détruire le pays de l'intérieur ».
Les protestations ont été immédiates, en particulier celles des Palestiniens : « Nous rejetons cette loi qui veut créer une nouvelle réalité au sein de notre peuple sur une base religieuse au lieu de se fonder sur l'identité nationale », déclare dans un communiqué Hanane Achraoui, membre du Comité exécutif de l'OLP. Pour d’autres, ce texte est emprunt d'un « sectarisme sans précédent ». « Il s'agit d'une manœuvre politique de l'extrême droite », a expliqué à l'AFP Basel Ghattas, un chrétien grec orthodoxe.
Sur ce point, Mgr Shomali, reconnait lui aussi une montée en puissance de la droite en Israël et le regrette, tout comme il dit regretter voir tout le Moyen Orient devenir « plus fanatique » au détriment des minorités qui sont toujours les premières à en souffrir... « Cela nuit aux relations réciproques entre la minorité et la majorité », estime-t-il.
Selon les adversaires du projet de loi, « Israël s'efforce de jouer la carte de la division entre Arabes chrétiens et musulmans dans le conflit israélo-palestinien ». Mgr Shomali y voit lui-même « une décision politique et non pas religieuse », une façon de préparer le terrain pour enrôler les chrétiens dans l’armée. En les séparant, dit-il, « ce sera plus facile de faire une autre loi pour ensuite les enrôler dans l’armée de façon obligatoire ».
L’adoption du texte de loi tombe trois mois avant le premier voyage en Terre Sainte du pape François, qui doit se rendre en Jordanie, à Bethléem (Cisjordanie) et à Jérusalem du 24 au 26 mai prochain.
Sources :
L'Orient-le Jour - Radio Vatican
12:00 Publié dans Terre Sainte | Lien permanent | Commentaires (0)
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