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08/12/2013

Un Avent catholique pour "transformer l'Eglise"

...c'est-à-dire nous transformer ! A chaque page de l'exhortation de François (La joie de l'Evangile), des portes s'ouvrent à notre examen de conscience de catholiques de l'Hexagone. Par exemple : 

 


 

Un renouveau ecclésial qu’on ne peut différer

 

27. J’imagine un choix missionnaire capable de transformer toute chose, afin que les habitudes, les styles, les horaires, le langage et toute structure ecclésiale devienne un canal adéquat pour l’évangélisation du monde actuel, plus que pour l’auto-préservation. La réforme des structures, qui exige la conversion pastorale, ne peut se comprendre qu’en ce sens : faire en sorte qu’elles deviennent toutes plus missionnaires, que la pastorale ordinaire en toutes ses instances soit plus expansive et ouverte, qu’elle mette les agents pastoraux en constante attitude de 'sortie' et favorise ainsi la réponse positive de tous ceux auxquels Jésus offre son amitié. Comme le disait Jean-Paul II aux évêques de l’Océanie, « tout renouvellement dans l’Église doit avoir pour but la mission, afin de ne pas tomber dans le risque d’une Église centrée sur elle-même ».[25]

 

34. Si nous entendons tout mettre en terme missionnaire, cela vaut aussi pour la façon de communiquer le message. Dans le monde d’aujourd’hui, avec la rapidité des communications et la sélection selon l’intérêt des contenus opérés par les médias, le message que nous annonçons court plus que jamais le risque d’apparaître mutilé et réduit à quelques-uns de ses aspects secondaires. Il en ressort que certaines questions qui font partie de l’enseignement moral de l’Église demeurent en dehors du contexte qui leur donne sens.

Le problème le plus grand se vérifie quand le message que nous annonçons semble alors identifié avec ces aspects secondaires qui, étant pourtant importants, ne manifestent pas en eux seuls le cœur du message de Jésus Christ. Donc, il convient d’être réalistes et de ne pas donner pour acquis que nos interlocuteurs connaissent le fond complet de ce que nous disons ou qu’ils peuvent relier notre discours au cœur essentiel de l’Évangile qui lui confère sens, beauté et attrait.

 

35. Une pastorale en terme missionnaire n’est pas obsédée par la transmission désarticulée d’une multitude de doctrines qu’on essaie d’imposer à force d’insister. Quand on assume un objectif pastoral et un style missionnaire qui réellement arrivent à tous sans exceptions ni exclusions, l’annonce se concentre sur l’essentiel, sur ce qui est plus beau, plus grand, plus attirant et en même temps plus nécessaire. La proposition se simplifie, sans perdre pour cela profondeur et vérité, et devient ainsi plus convaincante et plus lumineuse.

 

36. Toutes les vérités révélées procèdent de la même source divine et sont crues avec la même foi, mais certaines d’entre elles sont plus importantes pour exprimer plus directement le cœur de l’Évangile. Dans ce cœur fondamental resplendit la beauté de l’amour salvifique de Dieu manifesté en Jésus Christ mort et ressuscité. En ce sens, le Concile Vatican II a affirmé qu’ « il existe un ordre ou une ‘hiérarchie’ des vérités de la doctrine catholique, en raison de leur rapport différent avec le fondement de la foi chrétienne ».[38] Ceci vaut autant pour les dogmes de foi que pour l’ensemble des enseignements de l’Église, y compris l’enseignement moral.

 

37. Saint Thomas d’Aquin enseignait que même dans le message moral de l’Église il y a une hiérarchie, dans les vertus et dans les actes qui en procèdent.[39] Ici, ce qui compte c’est avant tout « la foi opérant par la charité » (Ga 5, 6). Les œuvres d’amour envers le prochain sont la manifestation extérieure la plus parfaite de la grâce intérieure de l’Esprit : « L’élément principal de la loi nouvelle c’est la grâce de l’Esprit Saint, grâce qui s’exprime dans la foi agissant par la charité ».[40] Par là il affirme que, quant à l’agir extérieur, la miséricorde est la plus grande de toutes les vertus : « En elle-même la miséricorde est la plus grande des vertus, car il lui appartient de donner aux autres, et, qui plus est, de soulager leur indigence ; ce qui est éminemment le fait d’un être supérieur. Ainsi se montrer miséricordieux est-il regardé comme le propre de Dieu, et c’est par là surtout que se manifeste sa toute-puissance ».[41]

 

38. Il est important de tirer les conséquences pastorales de l’enseignement conciliaire, qui recueille une ancienne conviction de l’Église. D’abord il faut dire que, dans l’annonce de l’Évangile, il est nécessaire de garder des proportions convenables. Ceci se reconnaît dans la fréquence avec laquelle sont mentionnés certains thèmes et dans les accents mis dans la prédication. Par exemple, si un curé durant une année liturgique parle dix fois sur la tempérance et seulement deux ou trois fois sur la charité ou sur la justice, il se produit une disproportion, par laquelle ces vertus, qui devraient être plus présentes dans la prédication et dans la catéchèse, sont précisément obscurcies. La même chose se passe quand on parle plus de la loi que de la grâce, plus de l’Église que de Jésus Christ, plus du pape que de la Parole de Dieu.

 

39. Ainsi, comme le caractère organique entre les vertus empêche d’exclure l’une d’elles de l’idéal chrétien, aucune vérité n’est niée. Il ne faut pas mutiler l’intégralité du message de l’Évangile. En outre, chaque vérité se comprend mieux si on la met en relation avec la totalité harmonieuse du message chrétien, et dans ce contexte toutes les vérités ont leur importance et s’éclairent réciproquement. Quand la prédication est fidèle à l’Évangile, la centralité de certaines vérités se manifeste clairement et il en ressort avec clarté que la prédication morale chrétienne n’est pas une éthique stoïcienne, elle est plus qu’une ascèse, elle n’est pas une simple philosophie pratique ni un catalogue de péchés et d’erreurs. L’Évangile invite avant tout à répondre au Dieu qui nous aime et qui nous sauve, le reconnaissant dans les autres et sortant de nous-mêmes pour chercher le bien de tous. Cette invitation n’est obscurcie en aucune circonstance ! Toutes les vertus sont au service de cette réponse d’amour. Si cette invitation ne resplendit pas avec force et attrait, l’édifice moral de l’Église court le risque de devenir un château de cartes, et là se trouve notre pire danger. Car alors ce ne sera pas vraiment l’Évangile qu’on annonce, mais quelques accents doctrinaux ou moraux qui procèdent d’options idéologiques déterminées. Le message courra le risque de perdre sa fraîcheur et de ne plus avoir “le parfum de l’Évangile”.

 


Texte intégral  ici

 

Commentaires

MERCI

> Merci à François. Ouf, enfin.
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Écrit par : Amicie T. / | 08/12/2013

EN EFFET

> Oui, Amicie : ouf. Même si l'on commence à entendre des cathos gourmés dire que "ce pape parle trop" et qu'on a "le droit de discuter ses opinions économiques" !
(Mais les mêmes t'expliqueront qu'on n'a pas à discuter les opinions économiques et sociales de tel ou tel groupuscule, car cela "diviserait les cathos". Variante, verbatim : "ma devise, monsieur, c'est : pas d'ennemis chez les cathos.")
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Écrit par : PP / | 08/12/2013

CLAIR

> Condamnation précise et incontournable, par le pape, de l'hypertrophie du moralisme et de la polarisation obsessionnelle sur les questions sexuelles et reproductives :

" Le message que nous annonçons court plus que jamais le risque d’apparaître mutilé et réduit à quelques-uns de ses aspects secondaires. Il en ressort que certaines questions qui font partie de l’enseignement moral de l’Église demeurent en dehors du contexte qui leur donne sens. Le problème le plus grand se vérifie quand le message que nous annonçons semble alors identifié avec ces aspects secondaires qui, étant pourtant importants, ne manifestent pas en eux seuls le cœur du message de Jésus Christ..."

C'est clair. Prendre au sérieux cette analyse de François, c'est renoncer au mythe des "points non négociables" : formule épisodique de Benoît XVI, sortie de son contexte pour être déformée, montée en épingle et substituée à l'évangélisation, par des exclus du FN tentant d'embrigader des cathos naïfs.
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Écrit par : bernard gui / | 08/12/2013

LE TEXTE DU PAPE

> Il me semble que, dans ce passage, le pape demande de considérer toute chose du point de vue dynamique des vertus théologales (qui appartiennent à la dynamique communiquée par Dieu seul) et cardinales (qui grandissent en étant nourries de la dynamique reçue de Dieu).

Cela se traduit par un renouvellement des actes et des idées avec la miséricorde qui s'exprime très concrètement par les œuvres qui portent son nom et qui couvrent tout l'éventail des activités humaines. Il m'apparaît que le pape sait très bien son catéchisme, sans doute beaucoup mieux que d'aucuns qui imaginent le savoir mieux que lui.

Par conséquent, même si le pape semble, par ailleurs, hostile au libéralisme et méfiant envers l'absolutisation de certaines questions ou postures morales, je ne pense pas qu'il appelle forcément tous et chacun à devenir des anti-libéraux ou des anti-moralistes, comme si les vertus et la miséricorde se trouvaient dans l'adoption de ces nouvelles postures.

Non. Le pape fait la promotion des vertus et de la miséricorde qui sont seules capables de rendre chrétiens tels actes et telles idées en leur insufflant la dynamique de Dieu, il ne fait pas la promotion de tel système politique, économique ou moral qui en remplacerait avantageusement un autre.

Je pense qu'il est très important d'avoir tout cela à l'esprit parce que, comme vous, j'aspire à autre chose que les flonflons usés et maquillés en postures chrétiennes. Mais cet autre chose n'adviendra indubitablement et concrètement que par la promotion des vertus et de la miséricorde, comme le fait ici le pape, pas par le maquillage chrétien de nouveaux flonflons qui peuvent nous séduire par une pertinence que nos élans généreux ou notre besoin de renouvellement perçoivent en eux.

CJ


[ PP à CJ - Nous devons accepter que le pape ait écrit... ce qu'il a écrit. On n'a pas le droit de zapper la parole du Magistère. Relisez svp les paragraphes 55 à 57 de l'exhortation : ces pages sont claires, nettes, précises, sévères, incontournables, et il n'y a pas moyen de diluer leur sens !
Les catholiques français doivent faire un grand effort pour sortir d'eux-mêmes et de leurs opinions séculières. Cet effort de "sortir" s'applique à tous les domaines y compris économique (cf l'exhortation), et il est prescrit noir sur blanc par François, parce que le risque de contre-témoignage (anti-évangélisateur) est immense.
Nous sommes une religion de l'incarnation, pas de la fuite dans les nuages. ]

réponse au commentairer

Écrit par : C.J. / | 08/12/2013

LA PERSONNE DU CHRIST

> Je prie pour que nos prêtres se libèrent de ces laïcs bien pensants qui les ont coupé du peuple pour se les approprier indûment, quasi privatisant l'accès aux grâces de l'Eglise.
Que nos pasteurs redécouvrent les vertus des visites chez les pauvres, les malades, les prisonniers,... sans se demander s'ils sont baptisés, paroissiens engagés, recommandés par tel ou tel,...!
Qu'ils puissent pratiquer pleinement l'option préférentielle pour les pauvres, en ministres de la Miséricorde!
Et que ces laïcs bien pensants qui occupent nos églises, parlant fort avec des airs entendus à la sortie des messes, ignorant du haut de leur éducation et suffisance intellectuelle (dont le cœur en grand oublié crie secrètement famine) ces égarés qui n'auraient pas encore compris que l'Eglise n'est pas pour eux, que ces pauvres bougres au fond, dont j'ai longtemps été, -c'est tellement bon de se tenir chaud entre gens bien, quand le monde nous semble à ce point hostile qu'on se persuade qu'on est persécuté comme hier les chrétiens d'URSS !!
- que ces braves identitaires découvrent à la suite de leurs pasteurs la joie de se donner à nos frères en souffrance.
Et à recevoir, oui, merveille!, de nos contemporains, la personne-même du Christ.
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Écrit par : Anne Josnin / | 08/12/2013

AUX INSULTEURS DU PAPE

> Avis aux insulteurs du pape ("complice du métissage et de l'étatisme ennemi des lois économiques", etc) : inutile de nous envoyer ce genre de commentaires. Vous avez des sites institutionnels pour ça.]
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Écrit par : PP / | 09/12/2013

D'ACCORD

> Je suis d'accord avec vous, aussi je ne comprends pas bien votre réponse.
Je précise seulement que le pape part de la Foi, de l'Espérance et de la Charité pour fonder ses appréciations, positives ou négatives, qu'il et ne part pas des systèmes comme s'ils avaient des vertus en eux-mêmes.

Ce faisant le pape nous rappelle de quelle Incarnation "nous sommes la religion" donc, effectivement, comment ne pas être dans les nuages mais aussi comment ne pas s'imaginer être "incarné" en dénichant de l'incarnation ici ou là, au gré de notre générosité ou de ce que nous estimons pertinent, et sans se soucier de ce que sont vraiment les vertus pour des chrétiens puisque, sans les vertus et la "dynamique de Dieu", on risque fort de remplacer des postures par d'autres (être anti-libéral comme d'autres sont libéraux, n'être pas moraliste comme d'autres le sont, c'est à dire avec un vernis chrétien mais pas avec la dynamique des vertus du Christ) et, finalement, de ne pas incarner grand-chose... comme avant.

Cela me semble être un principe de base du catéchisme (donc censé être connu de tous) et je sais gré au pape de le formuler si clairement (ça ne m'étonne pas de lui qui s'applique à lui-même ses consignes concernant un retour ou priorité à accorder aux bases de la vie chrétienne selon une saine hiérarchie des enseignements) , et j'ironise sur tous les censeurs du pape qui imaginent tout savoir tout mieux que lui, notamment ça, alors que c'est à ça=les bases, qu'il accorde la priorité, ce que j'ai appelé "faire la promotion".
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Écrit par : C.J. / | 09/12/2013

@ AJ


> Admirables paroles, mais les prêtres de nos villes (et campagnes ?) ont besoin de ces laics engagés, parfois effectivement admirables cadres plein de capacités mais au temps compté qu'il n'est pas facile de "manager".

Nos prêtres ne sont-ils pas trop seuls, face à tous ces laïcs, ne faudrait-il pas des équipes de 2 ou 3 prêtres qui partageraient entre eux et pas seulement face à des laïcs ? Je crois.

Certaines "communautés nouvelles" demandent que "leurs" prêtres ne soient pas "seuls" ? Prions donc aussi pour que le seigneur envoie des ouvriers ! (et pas seulement de chez le voisin ?
______)

Écrit par : franz / | 09/12/2013

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