14/11/2013
L'évêque de Vannes : feu sur le libéralisme !
Mgr Centène voit les 'bonnets rouges' autrement que nous, mais nous partageons à 100 % son analyse radicale du libéralisme :
http://www.hommenouveau.fr/804/societe/crise-sociale---mg...
<< On le perçoit de plus en plus dans les débats sur le respect de la vie, sur l’institution du mariage, sur le respect de l’environnement, sur la crise économique et sociale : une seule réalité, un seul être ressurgit en filigrane au long des articles de presse et sur les lèvres des protagonistes : le libéralisme, cette hydre à sept têtes, pour reprendre une image de l’Apocalypse de saint Jean, qui prend tour à tour un visage différent, dans tous les domaines. Dans la mythologie grecque, chacune des têtes de l’hydre, à peine tranchée, repoussait, tant qu’on n’avait pas eu le courage et la force de les trancher toutes d’un coup. Cependant, l’une de ces têtes était immortelle et dut être enfouie sous terre pour ne plus repousser.
S’agissant du libéralisme – qu’on le nomme ultralibéralisme ou mondialisme – sa tête immortelle est cette protubérance du « je », de l’ego, du subjectivisme. Ce « moi est haïssable » disait Pascal dans ses Pensées. Mes désirs, mes passions, mes goûts l’emportent sur tout, sans plus aucune considération pour la vérité, le bien commun, les lois et valeurs bien réelles qui me dépassent, sans même rien dire de Celui qui est à l’origine de tout. C’est le retour à la loi de la jungle, la loi du plus fort. Le retour à la barbarie.
En économie, le profit personnel l’emportera sur le principe intangible de la destination universelle des biens, qui nous redit pourtant : « La terre appartient à tous et il est de notre devoir à tous que chacun soit nourrit, vêtu, et si possible logé ». Le libre-échange mondialisé ne répond que très imparfaitement à cette nécessité, en exploitant les uns, là-bas, pour nourrir les nouveaux pauvres d’ici. Tous victimes d’une volonté de profit, se drapant vertueusement dans les voiles du développement économique et de la solidarité internationale. Henri Lacordaire avait raison de nous le rappeler : « Entre le fort et le faible, entre le riche et le pauvre, entre le maître et le serviteur, c’est la liberté qui opprime et la loi qui affranchit. » ( Conférences de Notre-Dame de Paris, tome III, 52e conférence, Du double travail de l’homme, 16 avril 1848).
En morale sociale, l’on assiste également à la protubérance du « moi », cette tumeur cancéreuse qui ignore, rejette et finit par haïr tout ce qui la dépasse ou menace son désir boulimique d’expansion. Le « je » en vient même à détruire le fondement même de son existence : la vie, cette vie dont l’harmonie lui rappelle trop l’ordre qu’il rejette. Il commence par la manipuler, puis il l’évacue et la détruit quand elle surgit de façon inopportune à son goût. Le subjectivisme veut faire de tout désir une loi, sans se poser sérieusement la question de son propre bien ou de celui des autres. Lacordaire nous le rappelle à nouveau : « La liberté n’est possible que dans un pays où le droit l’emporte sur les passions. » (Lettres à un jeune homme sur la vie chrétienne, Cerf, 128 p., 7 €)
L’on pourrait développer à l’infini cette attitude, dans tous les domaines : surproduction, environnement, etc.
L’Église n’est pas contre l’épanouissement de notre personnalité, de notre « je », bien au contraire. Cependant, celui-ci doit se faire en harmonie avec le reste du corps social. La tumeur du subjectivisme et de l’individualisme doit être clairement dénoncée et extirpée du corps social car, chacun le sait, une tumeur laissée à elle-même entraîne la mort du corps tout entier. […]
Les principes émis par la doctrine sociale de l’Église peuvent-ils guider l’action des catholiques dans le refus à la fois de l’étatisme et du libéralisme de plus en plus libertaire ?
Bien entendu, la doctrine sociale de l’Église est un guide (mais pas un mode d’emploi) pour les catholiques engagés dans la vie de la Cité. Et il est urgent que les catholiques, non seulement se forment mais s’engagent pleinement dans l’action publique, comme je le disais à l’instant.
En revanche, je ne vous rejoins qu’à moitié sur ces deux réalités qui selon vous entraveraient notre pays aujourd’hui.
Certes, l’État peut sembler omniprésent lorsqu’on observe, à perte de vue, la forêt immense des réglementations en tout genre et les champs moissonnés et ratissés de la fiscalité. Mais la vraie question qu’il faudrait se poser est plutôt celle-ci : l’État est-il devenu impuissant, existe-t-il encore ? La liste est longue des absences de l’État. Disparition ou éloignement progressif des services de première nécessité. Réglementations européennes, décidées dans un clair-obscur démocratique plus ou moins opaque, ayant parfois valeur supra-constitutionnelle et s’appliquant presque automatiquement en France. Difficulté croissante à endiguer la violence. Capitulations de plus en plus fréquentes face aux grands trusts internationaux.
De ce point de vue, la doctrine sociale de l’Église nous encourage à retrouver le sens des responsabilités, à tous les niveaux.
Quant au « libéralisme de plus en plus libertaire », je crains que ce ne soit une redondance.
Par essence, ce que j’entends parlibéralisme (que je distingue de la liberté d’entreprendre)est justement ce libertarisme, cette soif inextinguible d’une liberté absolue, menant à l’anarchie. La liberté véritable est la dignité de l’homme. Mais le libéralisme, qui conçoit la liberté comme une capacité indéterminée de se projeter totalement – déconnectée du vrai qui attire la raison et du bien qui attire la volonté –, est au fonds une négation pure et simple de l’homme. Le libéralisme-libertarisme mène très souvent à la servitude. Le libéralisme est liberticide. En ce sens qu’il ne nous décourage pas de faire des choix qui nous rendront esclaves des mirages que nous aurons poursuivis. La doctrine sociale de l’Église rappelle, ce qui peut paraître étrange aujourd’hui, que le respect des lois – notamment celles qui ne sont pas écrites et qui l’emportent sur les lois humaines – est un gage de liberté plus grande.
Au fond c’est assez simple à comprendre. Le navigateur qui connaît et respecte les dures lois de la mer et des vents, gagnera cette liberté de faire le tour du monde et de découvrir des terres inconnues. Celui qui refuse de prendre quelques ris par force 8 risque fort de profiter de sa « liberté » à plusieurs milliers de pieds sous l’eau. >>
16:40 Publié dans Idées, La crise, Social, Société | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : libéralisme, catholiques, évêques
Commentaires
JUBILATOIRE
> Jubilatoire ! je parie que les (jusqu'ici) thuriféraires "libéraux conservateurs" de Mgr Centène, horrifiés de découvrir en lui un antilibéral conscient et organisé, vont citer le début et la fin de son interview mais pas son morceau de bravoure !
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Écrit par : le balp / | 14/11/2013
NET
> Une parole claire et nette !
Merci !
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Écrit par : PMalo / | 14/11/2013
> Clair, net et précis.
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Écrit par : Feld / | 14/11/2013
CENTAINES
> Un évêque comme cela, il nous en faut des centaines. (ce n'est pas de moi!)
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Écrit par : Pierre Huet / | 14/11/2013
LE PELERINEAGE POUR LA FRANCE
> Forcément !
puisqu'il approuve le pélé pour la France ...
à propos, j'aurais besoin d'aide pour le prochain (31 mai)
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Écrit par : E Levavasseur / | 15/11/2013
CURIEUX
> Je serai curieux de savoir si les PDG de Mnosanto se nourrissent de plats bio locaux ou de plats à base de produits forcés par toutes sortes d'additifs et autres pesticides cueillis verts et venus de l'autre bout de la planète ou du continent.
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Écrit par : franz / | 15/11/2013
@ franz,
> Monsanto = Tricatel
http://www.dailymotion.com/video/x8kfv1_l-aile-ou-la-cuisse-tricatel-coluch_shortfilms
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Écrit par : E Levavasseur / | 17/11/2013
EN PARALLÈLE
> Il faut mettre en parallèle ce passage ou Mgr Centène décrit la toute-puissance du Moi libéral, enfermé sur lui-même, dans le mépris de tout ce qui le dépasse, et par dessus tout de Dieu...
"S’agissant du libéralisme – qu’on le nomme ultralibéralisme ou mondialisme – sa tête immortelle est cette protubérance du « je », de l’ego, du subjectivisme. Ce « moi est haïssable » disait Pascal dans ses Pensées. Mes désirs, mes passions, mes goûts l’emportent sur tout, sans plus aucune considération pour la vérité, le bien commun, les lois et valeurs bien réelles qui me dépassent, sans même rien dire de Celui qui est à l’origine de tout. C’est le retour à la loi de la jungle, la loi du plus fort. Le retour à la barbarie."
... avec ce passage (parmi d'autres) du "court récit sur l'Antéchrist" de Soloviev, ou ce même Moi libéral, enfermé dans la certitude de son triomphe individuel, ne cède jamais, beaucoup trop haut, beaucoup trop fort, beaucoup trop digne, beaucoup trop génial, pour daigner recevoir le Pardon de Dieu au plus bas de sa misère qu'il ne peut même pas concevoir :
"Et s'Il venait à moi... ici, à l'instant... Que Lui dirais-je ? Il faudrait que je m'incline devant Lui comme le dernier imbécile chrétien, et que je bredouille stupidement comme un moujik : "Not' Seigneur Jésus-Christ, aie pitié d'moi, pécheur", ou que je m'étende les bras en croix comme une vieille Polonaise ? Moi, ce génie lumineux, ce surhomme ? Non, jamais ! »
http://plunkett.hautetfort.com/archive/2012/12/20/une-prophetieconte-pour-les-derniers-jours-de-l-avent.html
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Écrit par : Serge Lellouche / | 18/11/2013
LUNETTES
> Bonjour,
Il me semble que le sens exact du mot libéralisme, l'esprit de cette doctrine vous échappe un peu.
A lire, sans chercher la polémique, la réponse d'un libéral
http://institutdeslibertes.org/en-reponse-a-leveque-de-vannes-et-a-son-feu-sur-le-liberalisme/*
Klakmuf
[ PP à K. - Il me semble que vous devriez changer de lunettes. Le texte ridicule dont vous nous parlez est cité tout au long par ce blog dans une note très récente. Avec les commentaires qu'il mérite. )
réponse au commentaire
Écrit par : Klakmuf / | 19/11/2013
@ Klakmuf
> mon cher baron, j'aime beaucoup Pierre Dac et son oeuvre "Signé Furax" où apparaît le baron Klakmuf et son factotum Grougnache mais cela ne suffit pas à construire une culture politique.
Non, Klakmuf, Nabila n'est pas une philosophe
Lisez les encycliques et arrêtez de vous appuyer sur votre libéralisme pour nous expliquer en quoi consiste la foi catholique.
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Écrit par : E Levavasseur / | 19/11/2013
MUTATION ?
> Il est probablement trop tôt pour y voir quelque chose d'annonciateur de quoi que ce soit. Surtout pour toi, Levavasseur, parce que je vais encore faire un rapprochement avec la Révolution française, et pour m'en réjouir, bien sûr. Mais le mouvement des Bonnets rouges semble en train de muter. C'est le propre des mouvements de fond de présenter une sorte, dirais-je, d'impureté féconde. On s'en rend compte en général 50 ans après.
http://tempsreel.nouvelobs.com/topnews/20131123.AFP2963/crise-bretonne-les-salaries-appeles-a-manifester-dans-quatre-departements.html
H.
[ PP à H. - On verra le 30 novembre. En tout cas, la manif des syndicats ne peut pas être vue comme une branche "mutante" de celle des bonnets rouges. C'est tout autre chose, même si Troadec y est venu prendre le vent. ]
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Écrit par : Haglund / | 23/11/2013
INEDIT
> Et ça encore, qui je crois dit mieux encore pourquoi il ne faut suspendre le jugement sur ce mouvement inédit :
http://blogs.mediapart.fr/blog/philippe-marliere/071113/il-y-du-rouge-sur-les-bonnets-rouges#comments
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Écrit par : Haglund / | 23/11/2013
DESTINATION UNIVERSELLE DES BIENS
pour une nouvelle économie politique et philosophie politique
> A l’heure où les profonds bouleversements économiques et sociaux actuels modifient en profondeur la nature des relations sociales entre les acteurs à tous les niveaux de la pyramide sociale, il apparaît urgent de refonder en répartition et en démocratie participative, les éléments d’un pacte social aujourd’hui en miette.
Eduqué, et de mieux en mieux éclairé, l’acteur économique aspire à entrer dans le champ du politique, pour y imprimer de façon irréversible sa marque.
A l’aube de cette nouvelle Répartition, du travail économique et politique, des Revenus et des Richesses, ce sont les fondements même de la pensée économique actuelle, de l’économie politique et de la philosophie politique qui l’accompagnent, qu’il faudrait renouveler.Le rapport de chacun au temps en serait complètement bouleversé.
Il s’agit de mettre un terme à l’asservissement de l’individu à l’économisme actuel en lui permettant de le libérer des contraintes économiques. L’homme rentrerait alors dans le champ du politique, où, acteur, il participerait grâce aux réseaux sociaux actuels, à l’élaboration des Lois. Il signifierait alors la fin de la République parlementaire.
Dans la sphère économique, non dissociée de la société avec laquelle elle interagit, je propose le modèle suivant : LA DESTINATION UNIVERSELLE DES BIENS.
De quoi s’agit-il ? Du symétrique, dans la sphère économique, de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Cette nouvelle vision de l’économie reprend et élargit le postulat : « A chacun selon ses besoins » en fonctions de ses moyens…..
L’approche macro- économique fondée sur des équations économétriques existe. L’idée nouvelle ici est d’introduire un coefficient de réajustement du prix du bien i pour l’individu j en fonction du niveau général des prix et du revenu de l’individu j…..Un prix personnalisé en quelque sorte, et non le même prix pour tous !
Ainsi le consommateur, en parvenant à satisfaire quantitativement de façon optimale ses besoins, effectuera un saut qualitatif dans la sphère du bien être immatériel : art, idées, politique, connaissances : savoir et technique…..
Je formule ici comme Pareto, sociologue et économiste italien (1848-1923), une esquisse d’optimalité sociale sous contrainte de l’optimum individuel. Ainsi, l’optimum de Pareto, précise que « le bien-être d’aucun individu ne peut être augmenté sans que ne soit réduit celui d’un autre individu ».
Une allocation universelle de l’ensemble des biens à tous, en quelque sorte. La rareté disparaît, et avec elle l’intérêt égoïste, qui fonde la science économique libérale.
Autrement dit c’est l’abondance matérielle accessible à tous et à tout instant qui crée la condition nécessaire à l’exercice de la citoyenneté. Il y a là assurément émergence d’un saut qualitatif de l’économie vers le politique.
En effet, on y verrait une véritable révolution citoyenne : participative, la démocratie serait directe, à base de referendum permanent.
Elle serait locale, régionale, nationale, et concernerait, également, les questions internationales.Ce ne serait plus le « coup d’Etat permanent » de la Ve République.
Le cercle se substituerait ici dans la symbolique à la pyramide, avec en son centre l’élu, quelque soit son titre : président, roi,…..dont les « vertus » en politique seraient reconnues de tous.
Il représenterait essentiellement la Nation à l’étranger. Il ne s’immiscerait en aucune manière dans les débats citoyens, laissant la décision se faire par l’agrégation simple des voix.
Ce modèle politique pourrait être qualifié de « MONARCHIE » DIRECTE, où un seul gouverne avec tous.
Ainsi donc, économie et société iraient de pair, la sphère économique n’étant pas autonome de la société dans laquelle elle s’inscrit. Bien au contraire, « Monarchie directe » et destination universelle des biens seraient inséparables, et conduiraient à l’harmonie et au bien être commun, dans le respect des décisions prises collectivement.
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Écrit par : Patrick Dieudonné / | 14/01/2014
@ Patrick Dieudonné
> vous avez raison, je crois, de voir dans la DUB le pivot de la révolution économique que nous devrons réaliser, comme l'absolutisation de la propriété privée l'a été du libéralisme -avec le droit d'user et abuser-. C'est la traduction économique du personnalisme, face à l'individualisme des libéraux.
Intéressant aussi, de rappeler la notion de juste prix par rapport aux besoins et possibilités de l'acheteur: il faudrait tenir compte aussi des besoins du vendeur, c'est là que la communauté doit jouer son rôle subsidiaire si nécessaire, ce que pratique, mais de manière imparfaite, les collectivités et l'Etat avec les aides sociales, de fait complices d'un marché shooté par la recherche du toujours plus de profit, dont résulte la spéculation. L'idée de revenu minimum universel, qui fait son chemin, est sans doute pour cela à creuser. (même si je pense qu'il serait préférable de le décliner en nature ou bons d'achat, non sous forme de pension).
L'optimum de Pareto est un concept, si je lis les spécialistes, qui a ses limites, même si l'intuition est intéressante -ne pas nuire aux autres dans sa progression économique personnelle si je comprends bien?- Je pense que cela tient en partie au fait que l'on y mesure le bien-être à l'aune de "l'abondance matérielle". Outre que c'est un concept élastique (un pauvre de chez nous jouit d'une surabondance matérielle par rapport à un pauvre d'Haïti), il n'est jamais satisfait, même dans une société d'égaux, en raison de l'ubris qui est inhérente à toute poursuite d'une satisfaction d'ordre matériel (il y a la notion de "plus", qui nous mène toujours au-delà, jusqu'à l'infini). Il génère par lui-même de l'insatisfaction. Nous ne pourrons jamais être comblés matériellement,au "mieux" l'écoeurement de la surabondance, qui mène au désespoir.
Enfin si cette notion d'"abondance matérielle" ne peut-être satisfaite, c'est aussi que c'est un oxymore, ce que prêche l'écologie, ce que les faits nous apprennent: les ressources naturelles, dont dérivent nécessairement tous nos biens matériels, sont limitées, et fragiles, saccagées pour certaines définitivement à l'échelle de la planète par nos pratique barbares.
Je crois qu'au fond ce que beaucoup cherchent derrière l'abondance matérielle, c'est la tranquillité de l'esprit, savoir que l'on ne manquera pas demain, que l'on peut faire face à une famine comme à une période de chômage. Or ce que nous propose l'Evangile, c'est non pas de thésauriser,-cela "grippe" le mouvement de la Grâce- mais de cultiver la confiance.
Voilà à mon sens le Bien Commun à cultiver sans limite: la confiance. Je ne sais pas ce que demain sera: oui, cela est entre les mains de la Providence. Mon assurance tous risques, c'est la confiance que je dépose, d'abord en Dieu pour le croyant, en la nature son oeuvre qui donne en son temps son fruit, enfin en l'autre que je regarde comme mon frère bien-aimé.
Et le sentiment de bien-être est lié directement à ce repos de l'âme, ce qui se traduit économiquement par le fait que les gens, en période de crise -de manque de confiance en l'avenir- recherchent davantage une situation stable -entrer dans la Fonction Publique- et modeste, à un salaire mirobolant mais sans garantie.
Ainsi je ne placerais pas l'abondance au niveau matériel, où nous sommes appelés à répartir équitablement une sobriété que la gabegie actuelle impose de fait déjà à la majorité de la population mondiale,qu'elle imposera même à une grande partie des nantis d'aujourd'hui (dont nous sommes). Je la placerai dans la qualité des relations humaines, où nous chercherons à capitaliser toujours davantage la confiance réciproque, à tous les niveaux, micro et macro sociaux. La non-violence, telle qu'enseignée et pratiquée par Gandhi, recherchée par Mandela, peut-être envisagée ici, non comme utopie pour bisounours, mais comme programme économique réaliste.
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Écrit par : Anne Josnin / | 15/01/2014
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