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20/10/2013

Leaders d'opinion, commencez par vous informer...

"Le pape François rétablit les priorités par rapport aux disciplines sexuelles qui avaient été la grande affaire des papes précédents" (Max Gallo, L'esprit public, France Culture ce matin).  Bizarre erreur de la part d'un historien !  En effet :

 


...en effet, les "disciplines sexuelles" n'ont jamais été "la grande affaire" de la papauté ! Nos leaders d'opinion (?) dissertent sur un sujet qu'ils ignorent. Savent-ils que le pape Jean-Paul II a appelé sans trêve les catholiques occidentaux à rompre avec le modèle économique ultralibéral, et qu'il a prononcé des réquisitoires écologistes frôlant l'objection de croissance ? Non, ils ne le savent pas. Savent-ils que Benoît XVI partageait ces positions et les a développées ? Non, ils ne le savent pas.

Cette ignorance est bizarre de la part d'un historien comme Gallo, familier du travail sur les sources.

Elle est étrange de la part d'une journaliste de référence (et femme de diplomate) comme Sylvie Kaufmann. Et d'autant plus étrange que la même journaliste a ajouté, tout à l'heure, qu'elle croyait savoir que les "catholiques conservateurs évangéliques" (?) en voulaient à François pour son rejet du prosélytisme ! Affirmation dénuée du moindre sens... En effet :

1. le "prosélytisme" est rejeté depuis des décennies par l'Eglise catholique, qui fait une distinction fondamentale entre prosélytisme (endoctrinement) et évangélisation (aide au cheminement) ;

2. parler de catholiques "conservateurs" est insuffisant, il faudrait préciser de qui l'on parle :

a) des croyants au Fils incarné "né du Père avant tous les siècles" ? (en ce cas, tout catholique est nécessairement conservateur) ;

b) ou de catholiques confondant religion et nostalgies séculières, genre « la France bien élevée » ? Mais s'il s'agit d'eux, Sylvie Kaufman se trompe du tout au tout : car ce "conservatisme"-là n'a pas envie d'aller parler du Christ aux incroyants d'aujourd'hui. (Il préfère défiler entre soi au nom de deux ou trois « valeurs » : exactement ce que le pape François demande de ne pas faire, parce que c'est le contraire du témoignage évangélique).

Quant à eux, les catholiques voulant évangéliser – ceux que Sylvie Kaufmann appelle "évangéliques" par confusion avec des protestants) sont des conservateurs au premier sens du terme : la transmission de la Révélation à travers les âges. Mais ils sont le contraire de conservateurs au second sens du terme ! C'est ce qu'indique François quand il déclare "je ne suis pas de droite", voulant dire ainsi : "je ne mélange pas la transmission de la foi avec de pseudo-valeurs de parti politique ou de classe sociale ; et je souligne que, pour transmettre la foi aux gens du nouvel âge, il faut la libérer des scories de l'âge précédent."

Conclusion d'étape : leaders d'opinion, informez-vous avant de vouloir informer autrui...

  

PS - Si les "questions de disciplines sexuelles" n'étaient pas "la grande affaire des papes", pourquoi les médias en ont-ils tant parlé (influençant ainsi Max Gallo) à propos de Jean-Paul II et - un peu moins - de Benoît XVI  ? Parce que, lorsqu'il arrivait aux papes d'aborder le sujet ici ou là, c'était pour contredire les axiomes de la société néobourgeoise actuelle... D'où l'effet de scandale : car aucune bourgeoisie - fût-elle "libérée" -  ne supporte d'être contredite.

 

Commentaires

> Max Gallo est d'avantage et un romancier et un journaliste qu'un historien.
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Écrit par : Blaise / | 20/10/2013

LEUR PROPRE FOCALISATION

> Si les leaders d'opinion pensent que les papes ont focalisé sur les questions de morale sexuelle, ce n'est que le révélateur de leur propre focalisation sur le sujet. Effet miroir classique. On voit dans les autres ses propres fautes.
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Écrit par : ludovic / | 20/10/2013

> l'obsession du sexe est bien sûr celle des leaders d'opinion et non du pape. Ils ne voient pas qu'ils reprochent aux autres leurs propres turpitudes
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Écrit par : ludovic / | 20/10/2013

SOUMIS

> Je crois que c'est une application du matérialisme. Dans ce monde, Dieu n'existe pas. La seule chose qui dépasse les humains est leur sexualité. Ils sont soumis à leurs pulsions. Freud en a fait tout un plat. Butler, si j'ai bien compris mes sources, en fait la base de ses idées.
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Écrit par : DidierF / | 20/10/2013

@ Blaise

Certes...mais c'est (je trouve) un excellent conteur (j'ai dévoré les 5 tomes de son histoire de la Seconde Guerre mondiale).

Et, ce qui ne gache rien : un patriote et un chrétien.
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Écrit par : Feld / | 20/10/2013

HUMLILITE

> Il manque en effet à beaucoup de journalistes et "faiseurs d'opinion" une chose : l'humilité de se dire qu'avant de disserter d'un sujet, il faut le connaître et donc chercher à apprendre et à comprendre. Les sources ne manquent pas pourtant !
Mais on a le même phénomène dans l'information économique, scientifique ou écologique : tout est survolé, mal digéré, mal compris et forcément mal "recraché", d'où les confusions, les approximations ou les contresens... Je crains malheureusement que ça ne soit pas près de changer.
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Écrit par : Isabelle Lagrange / | 20/10/2013

LE SLOGAN

> Qu'entendez-vous par "France bien élevée". Les Martin, les Catez n'en faisaient-ils pas partie il y a plus d'un siècle il est vrai.

Caillaud


[ PP à Caillaud - Ce n'est pas moi qui ai inventé ce slogan absurde : c'est l'un des courants (mais caricatural celui-là) issus de la Manif pour tous. Réduire la mobilisation de masse de 2013 à une histoire de bonne éducation, c'est pathétique. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Caillaud / | 21/10/2013

PARLER AUX PETITS

> Si encore cette attitude des médias était une maladie nouvelle dont le remède est à trouver.
Mais la surdité est un symptome bien bien connu depuis Euripide : "les gens entendent ce qu'ils veulent entendre et comprennent ce qu'ils veulent comprendre" en passant par Molière :"On dit bien vrai : qu’il n’y a point de pires sourds, que ceux qui ne veulent pas entendre."
Tout ceci est navrant et confondant : je crois malheureusement vous aurez beau leur présenter la réalité des faits et des mots, rien ni fera. Celà dure depuis l'antiquité !
Le pape François le sait : il s'adresse aux petits avec des mots qui les touchent.
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Écrit par : gdecock / | 21/10/2013

ET MAINTENANT FAITES-LE

> On m'a rapporté sur le web un montage avec les trois derniers papes, en anglais, qui disent à peu près ça:
-JPII: voici ce qu'il faut croire
-BXVI: voici pourquoi nous devons le croire
-François: et maintenant, faites-le !
Je trouve cela rafraichissant et motivant.

Sinon, ce n'est certes pas le lieu mais je m'étonne que vous ne fassiez pas état de la proposition "européenne" d'interdiction de circoncision.
Voilà quelque chose à mon sens de très grave, qui sous prétexte de laisser le "jeune" décider par lui même (???) de ses non-convictions une fois en âge "djeuns", cache dans les fantasmes concepteurs de cette résolution une interdiction d'initiation religieuse des plus petits pas encore en âge de "décider par eux même" (dont évidemment le baptême). Il n'y a qu'à lire les commentaires sur certains sites.
Alors qu'il y a là, à mon sens, une splendide illustration de vidage de cerveau disponible pour le néant libéral consumériste de ce qui reste de cette pseudo Europe.
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Écrit par : LR / | 21/10/2013

FRANCE BIEN ELEVEE

> Personnellement, je ne crache pas sur cette appellation France bien élevée. Pour moi cela signifie qu'il ne s'agit pas d'un ramassis d'énergumènes qui cherchent des prétextes pour défiler dans la rue en hurlant afin de gêner le pouvoir en place mais des gens discrets qui habituellement font attention à ne déranger personne, des gens bien élevés donc.

Barbara

[ PP à Barbara :
- Votre interprétation est sympathique. Mais ce n'est pas comme ça que l'opinion publique a compris ce slogan ! Et quand on prétend faire de l'action publique (cas des gens qui ont lancé le slogan), on est responsable de l'effet qu'on fait...
- Une manifestation n'est pas une procession privée dans le parc du château. Personne n'est obligé de descendre dans la rue ; mais quand on se mêle de le faire, on fait attention à ce qu'on dit... A moins, bien sûr, qu'on ne méprise le vulgaire qui n'a pas fait ses études dans les bonnes maisons.
Ce slogan m'a rappelé le monstrueux cantique que j'ai entendu chanter par les tradis versaillais il y a quinze ans, et qui célébrait"la sainte horreur de la vulgarité". Sic. Pendant une messe. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Barbara / | 22/10/2013

HALLUCINATIONS MEDIATIQUES

> Le monde des médias se prend bien trop souvent pour le nombril du monde. L'inconvénient, c'est qu'il confond ses propres gargouillis viscéraux avec les bruits de l'extérieur. Il prend ses hallucinations collectives et ses fantasmes pour la réalité objective.

Prêts à se jeter sur tout ce qui fait polémique et est susceptible d'être objet de scandale, il n'est ainsi pas étonnant que les médias se soient polarisés sur tout ce qui pouvait avoir trait au sexe dans la vie d'Eglise (quitte à en inventer en partie). Négligeant dans un même mouvement tout ce qui ne faisait pas partie de leur catéchisme du politiquement correct.

Chez eux, on n'attire pas le lectorat ni l'audience de masse avec du discours évangélique ; le faits divers canaille et croustillant est le meilleur appât dont ils disposent, usent et abusent...

Que quelqu'un d'honnête et d'intelligent comme Max Gallo ait eu la faiblesse de relayer les fadaises indigentes du cirque médiatique donne la mesure du chemin qu'il y a à parcourir pour une hypothétique "conquête des intelligences"...

Cela dit, le Christ s'est adressé aux humbles et aux tout-petits alors que les autres renâclaient, faisaient la fine bouche ou se gaussaient ouvertement...
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Écrit par : Réginald de Coucy / | 25/10/2013

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