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18/09/2013

Réprimer les consommateurs de sexe payant ?

Encore une incohérence de la société libérale : 

 


Maud Olivier (députée PS) présente une proposition de loi qui pourrait être débattue fin novembre à l'Assemblée : il s'agit de créer une ''contravention de recours à la prostitution'', punie d'une amende de 1500 euros et dont la récidive serait passible de six mois de prison et 7500 euros d'amende.

Objectif allégué : ''soustraire la prostitution à la violence et à la domination masculine''.

L'argument ne tient pas debout. En effet cette loi ne vise pas à faire apparaître une prostitution libre et autogérée, mais à supprimer la prostitution en interdisant sa clientèle ! Suppression qui révolterait nombre de ''travailleurs et/ou travailleuses du sexe'', comme disent les sociologues militants...

Mme Olivier n'est donc pas dans la réalité. Elle est dans les ''éléments de langage'', comme on dit de nos jours.

S'y ajoute une autre série de contradictions :

> pourquoi s'en prendre aux clients plutôt qu'aux réseaux de prostitution ? Parce que ces réseaux sont mondialisés (nous explique-t-on), donc hors d'atteinte des juges nationaux ! Ainsi la proposition de loi Olivier donne un exemple supplémentaire de la paralysie de l'Etat dans le monde du capitalisme tardif.

> Mais s'en prendre aux clients, c'est-à-dire au consommateur, est incompatible avec l'idéologie libérale et son ''outil de croissance'' : le marketing de toutes les ''pulsions'' quelles qu'elles soient, ressort de la mécanique de dislocation de la société. Nous en parlions aujourd'hui sur LCI (émission Choisissez votre camp) à propos de la complaisance des médias et des jeux vidéo envers les braquages [1] ; c'est tout aussi vrai de la consommation de sexe vénal. Au nom de quoi la classe politique – inféodée au business – pourrait-elle s'en prendre à des consommateurs, quels qu'ils soient ?

Et pas seulement ni principalement dans le domaine du sexe vénal ! Oublions cette histoire de prostitution et regardons la consommation générale ordinaire : ce que nous achetons nous rend complices objectifs du système qui le fabrique (et de ses dégâts, humains et environnementaux). Consommer moins d'énergie, de produits d'hypermarchés, de voyages aériens, est un acte de discernement, un premier pas vers une écologie humaine et une autre vision de la vie : la vision dont notre système économique ne veut pas.

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[1] Formule rituelle dans l'audiovisuel : ''...un braquage qui a mal tourné...''

 

Commentaires

CROISSANCE

> Ce projet de loi porte préjudice à la politique de relance de la croissance, pourtant voulue par le président de la République.
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Écrit par : Blaise Join-Lambert / | 18/09/2013

SUR LA TÊTE

> Finalement, on en arrivera peut-être au stade où le viol sera moins sévérement puni que le recours à une prostituée ?
De toute façon, ce projet marche sur la tête. Si on veut punir les clients de la prostitution, c'est qu'on veut faire disparaître la prostitution. Donc il faut également punir les prostituées. Une condamnation identique d'ailleurs pour respecter le principe d'égalité entre les sexes. Mais là, les tenants de la liberté d'entreprendre vont pousser les hauts cris : on veur réduire au chômage les travailleurs du sexe !
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Écrit par : Barbara / | 18/09/2013

QUESTIONS

> Si Mme Olivier avait une quelconque idée de ce que recouvrent ces ''éléments de langage'', comme on dit de nos jours, elle aurait un "nervousse braikdone", comme on dit de nos jours.

-pourquoi s'en prendre aux clients plutôt qu'aux réseaux de prostitution ?

A votre avis DSK était-il le seul ?
Comment va le prendre les politiciens roumains et bulgares dont il est de notoriété publique que la majorité d'entre eux sont mafieux ?

souvenez vous de l'affaire Baudis : 15 jours après avoir refusé le porno à la TV aux heures de grande écoute, il est pris ds un montage impliquant des réseaux de proxénètes, montage destiné à le faire tomber.
Mais à part ça, il n'y a aucun mien entre le porno et la prostitution ?
EN 2006, la vidéo porno a rapporté 20 milliards, Internet 4 milliards et demi, et la presse porno 7.5 milliards
Et les mafias resteraient en dehors de ça ?
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Écrit par : E Levavasseur / | 18/09/2013

PUNIR LA DEMANDE MAIS PAS L'OFFRE

> On nous serine à longueur de journée que la différence entre les sexes n'existe pas ou qu'elle est juste culturelle, que la prostitution est une libre entreprise comme les autres, et donc on veut punir les HOMMES qui ont recours à une professionnelle mais sans empêcher celles-ci de faire leur travail ?
J'avoue ne rien comprendre. C'est moi qui suis stupide ou... ?
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Écrit par : PMalo / | 18/09/2013

OPPOSEE

> Mme Maud Olivier, conseillère générale de l'Essonne, s'est opposée courageusement au président du conseil général de l'Essonne (du même groupe socialiste), Jérôme Guedj, qui voulait créer un corps d' "assistants sexuels" pour les personnes handicapées.
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Écrit par : Michel de Guibert / | 18/09/2013

MAL COMPRIS

> je trouve ce billet à vomir et les commentaires aussi. "prostitution libre et autogérée" : et vous parlez d'etre dans le langage et pas dans la réalité alors que vous niez la réalité de la prostitution qui est la réalité du viol.
Elisseievna


[ PP à Elisseievna - Alors vous avez mal compris. "Libre et autogérée" était une formule ironique, allusion aux idées de beaucoup de membres du PS quand ils étaient jeunes. Comment pouvez-vous imaginer qu'un blog chrétien "nie la réalité de la prostitution" ? Soyez moins agressive et relisez-nous. merci. ]

réponse au commentaire

Écrit par : elisseievna / | 19/09/2013

FOUETTARD

> Punir: nous sommes entrés dans l'ère de L'Etat fouetteur qui cherche à éveiller dans le citoyen en souffrance -merci la crise- les plaisirs de la punition et de la mauvaise conscience -(que ne nous dit-on plus souvent, amis chrétiens, que le sentiment de culpabilité n'est pas vertu chrétienne, qui nous enferme sur notre mal-être, voire dans une fascination malsaine, Narcisse version Quasimodo, mais bien les pleurs de la conversion qui nous ouvrent à la compassion infinie de Dieu!)-. Aussi voici venu le modèle du consommateur sado- masochiste. Bienvenue dans la dernière version du libéralisme!
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Écrit par : Anne Josnin / | 19/09/2013

DISCUSSION

> Il ne faudrait pas que la société libérale devienne le bouc émissaire de tout ce qui ne va pas. Il ne faut pas oublier la grande puissance de l'inculture et de la bêtise...
rouyer

[ PP à Rouyer :
- Il ne s'agit nullement de "tout ce qui ne va pas", mais seulement de ce qui est issu du néolibéralisme.
- Si vous dites "bouc émissaire de tout ce qui ne va pas", évidemment notre analyse prend l'air d'une névrose, et nous, d'imbéciles. C'est l'image que les libéraux (salariés) cherchent à donner de nous, faute d'être en mesure de nous répondre !
- Mais cette analyse cherche seulement à identifier les causes et les effets. Le déferlement des utopies sociétales actuelles commence avec le tournant économique ultralibéral des années 1980-1990. C'est un fait. Et c'est le symptôme d'un lien entre les deux phénomènes...
- Un nombre croissant de catholiques, papes en tête, observent que le libertaire est l'annexe du libéral, et qu'entre le libéralisme des mœurs et celui de la finance il y a identité de nature. Si vous ne les croyez pas sur ce point, expliquez-nous en quoi ils se trompent ! ]

réponse au commentaire

Écrit par : rouyer / | 19/09/2013

XIXe SIÈCLE

> Quels petits bonshommes ces pauvres socialistes englués dans leur idéologie du XIX° siècle -merci Fourier, Proudhon - Aucune des grandes civilisations même les plus humanistes n'ont fait disparaître la prostitution. Décidemment nos socialistes ne se prennent pas pour rien.
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Écrit par : Bernard / | 19/09/2013

D.S.K.

> S'ils veulent punir le client de la prostituée, c'est parce qu'ainsi ils se mettent eux-mêmes hors d'atteinte pénale: DSK et nombre de ses semblables dans des sauteries odieuses ont recours à des escort girls, nuance ! (quand ils ne les qualifients pas carrément d'"amies") Je ne pense pas cependant que ça débouche sur une loi, ou alors il y aura deux poids deux mesures dans la mise en oeuvre. J'ai bien connu un très haut enquêteur dans le Nord-Pas-de-Calais, chargé de tous types de trafics, donc y compris la traite des blanches. Il y a plus de vingt ans que, pour sa part, il connaît les dîners d'affaires transfrontaliers avec leurs "petits cadeaux" (allusion à l'argent sale, certes, mais aussi à l'expression rapportée d'un SMS de DSK). Et avant ce monsieur "enquête", ça existait déjà. Un ancien géronte politique local a pour sa part fini sa vie sans jamais avoir été condamné en quoi que ce soit; un autre, bien vivant, a encore été "déplacé". La politique, le sexe et l'argent c'est un microcosme symbiotique qui n'a pas fini d'être hors du temps, hors des lois. En plus ce sont eux qui votent les lois. Mais ça ne doit pas nous faire perdre de vue qu'il y a beaucoup à faire pour les pauvres; eux ils en valent la peine.
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Écrit par : christhope / | 19/09/2013

DISCUSSION

> Une fois n'est pas coutume je ne suis pas d'accord vous. Je pense que le projet de Maud Olivier va dans la bonne direction et qu'elle est sincère dans son combat (certe très féministe avec le vocabulaire un peu has been qui va avec) pour la dignité des femmes.

La prostitution est un scandale et notre droit est très ambigüe sur ce sujet. Le proxénétisme est interdit, le racolage sur voie publique aussi, les maisons closes ont été interdite à la libération et pourtant la prostitution en tant que telle est entre deux eaux : ni permise, ni interdite et à la vue de tous dans certains quartiers (Bois de Boulogne par exemple)... Que faire devant cela ? Punir les prostituées n'est pas une solution puisque dans la grande majorité des cas elles sont sous la contrainte. Ce serait ajouter de la souffrance à la souffrance. Punir les proxènètes ? L'arsenal législatif est OK là dessus, reste à l'appliquer, ce qui est une autre paire de manche (ou un souci de volonté ?)...

Reste la question du client : je pense qu'il est normal de le sanctionner. D'abord parce que cela aura un vrai effet sur la prostitution. La clientèle diminuant, le "marché" sera en crise. D'autre part il est légitime que les clients soient sanctionnés. Sans porter de jugement sur ces personnes (souvent esseulées), l'acte de voir une prostituée est dégradant envers la personne humaine, il touche la dignité de la femme (ou de l'homme, n'oublions les prostitués masculins et les trans).

Certes, cela peut sembler contradictoire dans notre société pornocratique... Mais quand une mesure va dans le bon sens, je me permet de la soutenir.

CV


[ PP à CV - Décidément j'ai dû mal m'exprimer ! Je pensais avoir dit :
a) qu'il fallait mettre le consommateur en face de ses responsabilités dans tous les domaines (ce qui implique aussi de s'en prendre au client de la prostitution) ;
b) que l'aveu de faiblesse de la classe politique devant les "réseaux mondialisés" était une pièce à conviction et non une excuse ;
c) que j'étais sceptique devant l'aptitude de cette classe politique à s'en prendre à un business quel qu'il soit... )

réponse au commentaire

Écrit par : Charles Vaugirard / | 19/09/2013

Bernard,

> vous dites qu'aucune civilisation n'a supprimé la prostitution. C'est vrai. Aucune n'a non plus supprimé le vol et le meurtre. Ce n'est pas une raison pour ne pas lutter en vue d'une société plus juste et plus humaine. Ce n'est pas parce qu'on ne peut entièrement éradiquer des comportements néfastes qu'il faut cesser de les dénoncer. Ceux qui ont dénoncé des maux de notre société ont droit à ce qu'on reconnaisse ce qu'ils ont fait de bien, même si ils ont fait aussi beaucoup d'erreurs.
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Écrit par : Barbara / | 19/09/2013

En réponse à PP :

> je suis entièrement d'accord avec le fait que l'exacerbation de la liberté individuelle est perverse, autant dans le domaine de la finance que dans celui des moeurs. Mais, en tant qu'observateur, j'ai le sentiment que décrire la relation entre nos maladies morales et le "néolibéralisme" est devenu un exercice convenu. Cet exercice est sans doute utile, mais, pour ma part, je serais plutôt demandeur de réflexion sur les remèdes à mettre en oeuvre pour guérir. Dans la discussion, on voit d'ailleurs apparaître un point qui me semble important : la nécessité de considérer les questions dans leur globalité, ici la relation entre la société et la prostitution. De nombreuses lois existent déjà dans ce domaine.Que l'on nous explique sur quels principes elles reposent (nos prédécesseurs n'étaient pas plus bêtes que nous) et que l'on nous montre en quoi, dans ce contexte il existe des "nouveautés" justifiant une nième loi, par exemple.
R.

[ PP à R. :
- Certes.
- Mais pourquoi prétendre que chercher des remèdes vaut mieux que diagnostiquer la pathologie ? Les deux sont liés.
- A moins que votre réflexe ne soit simplement d'absoudre le système économique et commercial ? Il constitue pourtant l'unique horizon et l'unique atmosphère de notre société, avec un effet décisif sur les comportements (par dissolution marketing des repères éthiques)...
Ne voyez-vous pas cette dimension ? ]

réponse au commentaire]

Écrit par : Rouyer / | 19/09/2013

à Rouyer

> Vous dites : "décrire la relation entre nos maladies morales et le 'néolibéralisme' est devenu un exercice convenu". Si seulement c'était le cas ! Mais pas du tout. Beaucoup de médias et blogs catholiques français passent sous silence la question de l'idéologie diffusée par le système économique, parce qu'ils sont partisans de ce système.
La dissection catholique du libéralisme n'est pratiquée que par quelques-uns dont le blog de PP, celui de Dominique Lang, celui de Guillaume de Prémare, 'La Nef'. Sans parler de personnalités comme Gaël Giraud ou feu Bastaire.
Les autres nous disent, la bouche en cœur, que Jésus était un libéral et que "quand les riches maigrissent les pauvres meurent". (Slogan infect à l'époque où les bénéfices s'envolent en détruisant des emplois).
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Écrit par : jean-eudes / | 19/09/2013

à Barbara

> Nous ne sommes pas en contradiction. je pense que ce qu'il faut faire, c'est supprimer les réseaux du proxénétisme qui crée un climat d'esclavage pour ces femmes à qui on doit le respect. Malheureusement c'est un vœu pieux car certains gros bonnets de notre société sont impliqués là-dedans et ils sont intouchables. Ce que j'ai voulu dire c'est que Mme Vallaud Belkacem est bien présomptueuse quand elle dit "je vais supprimer la prostitution". Et elle cite l'exemple de la Suède. Ah parlons-en : ça continue pire qu'avant, dans des bateaux sans hygiène dans les eaux territoriales internationales. Si c'est cela qu'on veut pour notre pays...
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Écrit par : Bernard / | 20/09/2013

Les commentaires sont fermés.