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19/09/2013

Proudhon face à l'individualisme et à la "pornocratie"

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Un commentaire voit en Proudhon un inspirateur des "petits bonshommes" au pouvoir. Mais ont-ils jamais lu Proudhon ? Ils y auraient trouvé du prémonitoire :

 


 

 

<< ...J’ai blâmé avec toute l’énergie dont j’étais capable, la séduction, l’adultère, l’inceste, le stupre, le viol, la prostitution, tous les crimes et délits contre le mariage et la famille, j’eusse dû dire contre la femme. Je les ai dénoncés comme les signes et les instruments du despotisme. [...] Changez, modifiez, ou intervertissez, par un moyen quelconque, ce rapport des sexes, vous détruisez le mariage dans son essence ; d’une société en prédominance de justice vous faites une société en prédominance d’amour ; vous retombez dans le concubinat et la papillonne ; vous pouvez avoir encore des pères et des mères, comme vous avez des amants, mais vous n’aurez plus de famille ; et sans famille, votre constitution politique ne sera plus une fédération d’hommes, de familles et de cités libres, ce sera un communisme théocratique ou pornocratique, la pire des tyrannies. [...] Établissez, avec la communauté des amours, l’universalité du célibat, et je ne crains pas de le dire, vous aurez un surcroît de consommation, moins de travail, moins d’épargne, partant plus de misère ; en dernière analyse, à la place d’une société policée, une société vouée au brigandage ou, sinon, à la plus dégradante servitude... >>

 

 

Pierre-Joseph Proudhon

La pornocratie ou les femmes dans les temps modernes

A. Lacroix et Cie, 1875

  

Commentaires

Commentaires


CHANGEMENT ET ETHIQUE

> wikipedia : "La théorie de Proudhon était révolutionnaire, mais sa révolution ne signifiait pas soulèvement violent ni guerre civile mais plutôt transformation de la société par l'avènement d'une classe moyenne. Cette transformation était essentiellement morale et demandait la plus haute éthique de la part de ceux qui recherchaient le changement." On en est loin !
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Écrit par : luça / | 19/09/2013

N'IMPORTE QUOI

> Là Proudhon a raison, mais il a quand même raconté un peu n'importe quoi sur beaucoup
de sujets.
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Écrit par : le balp / | 19/09/2013

> Merci beaucoup, texte étonnant à méditer au prochain conseil des ministres !
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Écrit par : Ludovic / | 19/09/2013

FRISSON

> Dans ce texte de Proudhon, je retiens l'accent mis sur la justice. Haubtmann n'hésitait pas à écrire à son propos « qu'il a éprouvé devant la Justice, préalablement hypostasiée, " le frisson du sacré" » ("P.-J. Proudhon : Genèse d’un antithéiste", Mame, 1969, p. 228)

Et de citer Proudhon :

« Qu'est-ce qui donc fonde en moi la Justice, dès lors que ne pouvant me démontrer à moi-même l'existence de Dieu, qui tourmente mon esprit et ma conscience, et trouvant en moi cette loi gravée sans savoir par qui, je m'y rallie de toutes mes forces ? et aspire à la faire respecter aux autres ? à titre de Droit commun, supérieur à mon droit individuel ? C'est que je me regarde moi-même comme une expression divine, Verbe de Dieu, son représentant, son lieutenant, usufruitier de ses droits, et comme lui faisant prévaloir sur toutes choses ma volonté. J'affirme la Justice, je la veux [...] parce qu'en dernière analyse telle est la volonté de ma conscience ; parce que l'accomplissement de cette volonté est en moi irrésistible; parce que je suis fait de telle sorte qu'il m'est impossible de la contredire, quelque murmure que fasse entendre mon égoïsme [...]. »

« Non, je n'ai rien à répondre à qui me sommera de justifier la loi à laquelle je le rappelle; si ce n'est que nous ne pouvons vivre ensemble et qu'il faut absolument que l'un de nous deux sorte de cette vie. Entre le Justicier et le Criminel, il y a guerre à outrance, tout simplement parce que leurs existences sont incompatibles : celui-ci voulant rester dans la nature; celui-là aspirant à s'élever par la Justice, jusqu'à la Divinité [...].

« De la sorte, le chrétien et le non-chrétien, l'homme religieux et le Justicier se retrouvent d'accord dans la pratique et la morale; seulement le chrétien appelle Dieu l'auteur de la loi, le deuxième se prend lui-même pour auteur de cette loi, qui fredonne, chante, et tonne dans les profondeurs de sa conscience.

« En cela consiste la différence entre le Droit humain et le Droit divin, deux formes adéquates de la Justice, antithèse de la loi de nature, et de la liberté d'égoïsme . » (Feuillet Boutteville)
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Écrit par : Blaise Join-Lambert / | 19/09/2013

RABÂCHEURS

> Ils passent leur temps à nous rabâcher les pères fondateurs du socialisme. Didier MOTCHANE dans "Clés pour le Socialisme" paru il y a une quinzaine d'années nous dit que le message des pères fondateurs est toujours d'actualité. Du reste le Mariage pour tous se trouve déjà dans la deuxième partie du Phalanstère de Fourier.
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Écrit par : Bernard / | 20/09/2013

AU CENTRE

> Proudhon était d'inspiration chrétienne et le fait que le syndicalisme et l'anarchisme révolutionnaire se soient revendiqué de son système de pensée (une utopie) fait perdre de vue ce point ainsi que son côté "publiciste" (juriste en droit public). Marx qui l'a longtemps apprécié a finalement pris Proudhon en sainte horreur, c'est dire l'importance du décalage entre néo-marxistes, trotskistes et autres aujourd'hui, et néo-proudhoniens. Proudhon est l'un des maîtres d'un courant de technique juridique appelé le "contractualisme" ! (SIC) Si la gauche lui colle alors volontiers l'étiquette de "libéral", il n'en demeure pas moins que les socialistes ont aussi leur aspect contractualiste, ne serait-ce que sur le plan philosophique avec le "contrat social". (mais eux avec la philosophie ils restent dans les hautes sphères de l'intellectualité, un idéal inaccessible qui conduit certains à une logique fort simple, "puisque les masses ne pourront pas être d'accord avec nous, nous les forcerons à nous suivre, quitte à exterminer l'opposition"). La nuance de taille entre eux est surtout sur le souci du détail de Proudhon; il va très loin dans sa description d'une société concrète d'individus libres et éclairés, mais surtout responsables d'eux-mêmes et de tous. Un bon livre qui se lit par "articles" et "chapitres": "Nouvelle histoire des idées politiques", sous la direction de Pascal Ory. Ca se lit bien, et la lecture façon encyclopédie est tout à fait adaptée au besoin d'information ponctuel sur tel ou tel thème (que ce soit un courant de pensée, sa genèse, ou un auteur) Concernant l'anarchisme, hormis l'anarchisme révolutionnaire qui est un totalitarisme typique, il se trouve au carrefour des idéologies libérale et socialiste; ni vraiment de droite, ni vraiment de gauche, c'est un humanisme politique que ne renierait pas Thomas More, ce qui fait que sur l'échiquier politique français (par exemple) il est au centre, pas à l'extrême gauche ni à l'extrême droite. Il est au carrefour entre la "puissance publique toute puissante" et "l'individualisme de l'autogestion".
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Écrit par : christhope / | 20/09/2013

PROUDHON

> Marx le traitait de « petit bourgeois », lui qui venait du peuple et qui a fait très tôt l'expérience de ce que c'est que d'être pauvre. Il lui reprochait aussi - quel pédant ! - de ne pas lire Hegel dans le texte; mais Proudhon, qui n'était pas un diplômé de l'université, comprenait parfaitement l'hébreu.

Proudhon a été le premier à être en mesure d'affronter ses adversaires libéraux sur le terrain de la science économique. C'était donc un concurrent direct pour Marx.
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Écrit par : Blaise Join-Lambert / | 20/09/2013

COMTOIS

> Sur un terrain moins philosophique: par son origine comtoise, Proudhon était aussi héritier d'une tradition d'entraide et de communauté rurale toujours vivace: vastes forêts communales dont l'exploitation est partagées par attributions d'affouages, fruitières (coopératives) depuis le XIIIème siècle, protection sociale de ouvriers du sel depuis l'époque de Philippe II.
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Écrit par : Pierre Huet / | 21/09/2013

> Proudhon parle de ses origines rurales dans "De la justice dans la révolution et dans l'Église".
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Écrit par : Blaise Join-Lambert / | 21/09/2013

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