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27/08/2013

L'hommage de 'La Croix' à Jean Bastaire

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"Fervent défenseur de la Création, il a écrit les prémices d’une théologie de l’engagement écologique, largement méconnue" : 

 


<< Son rêve était de voir les jeunes générations reprendre le flambeau de l’écologie chrétienne, qu’il avait allumé. Jean Bastaire est décédé samedi 24 août 2013 chez lui, « entouré de Jean-Louis, un voisin généreux qui l’a pris en charge dans ses derniers jours, et de Michel Péguy », petit-fils de Charles Péguy, écrit Fabien Revol, un de ses amis proches. Ces dernières années, l’intellectuel vivait retiré, mais continuait à écrire des lettres passionnées à ses amis, grâce à sa vieille machine à écrire.  

Né en 1927 à Chamalières (Puy-de-Dôme), cet amoureux des lettres se passionne pour Claudel et Péguy. En 1946, il est journaliste cinématographique à Paris. Malade, il rencontre au sanatorium, Hélène, médecin de dix ans son aînée, qu’il épouse en 1950. Converti à l’écologie par sa femme, engagée de la première heure dans les réseaux écologistes, Jean Bastaire prône la défense de la Création par un renouveau de la spiritualité franciscaine – s’inspirant notamment du Cantique des créatures de saint François – dans plus d’une dizaine d’ouvrages. « Des petits textes incisifs très stimulants, écrits d’une belle plume », relève le P. Dominique Lang, assomptionniste et journaliste à l’hebdomadaire Pèlerin, spécialisé sur les questions d’écologie chrétienne. « Il a beaucoup interpellé les franciscains sur ces questions », rappelle le P. Lang.

Dans une lecture renouvelée de l’Épître aux Romains, il pose les fondements d’une « théologie de l’engagement écologique », analyse le journaliste Patrice de Plunkett, avec qui il a entretenu une correspondance dans les dernières années de sa vie : « Jean Bastaire a joué un très grand rôle dans la redécouverte de la dimension cosmique de la théologie. Pour lui, la promesse de salut n’est pas destinée à l’homme seul, mais à l’ensemble de la Création dont il est responsable. » « Il a mis l’accent sur un aspect de la foi qui est complémentaire de la mise en valeur de la personne humaine », appuie Mgr Marc Stenger, évêque de Troyes, proche de cet homme « pour qui la foi était le nœud de toute son existence ». Fidèle à ses engagements, Jean Bastaire vivait dans une grande proximité avec son épouse. Après la mort d’Hélène en 1992, il continue à cosigner ses ouvrages avec le nom de sa femme, dans « une collaboration indicible mais réelle, qui pour (lui) s’apparente à ce que l’on nomme la communion des saints », confiait-il à La Croix le 21 novembre 2012.

Homme discret et fidèle, Jean Bastaire ne s’est jamais mis en avant. C’est peut-être en partie la raison pour laquelle son message n’a pas reçu l’écho qu’il espérait au sein de la communauté catholique. « Je rame depuis près d’un quart de siècle sur l’océan de l’écologie chrétienne dont on commence seulement à pressentir l’immensité temporelle et spirituelle », écrivait-il à Patrice de Plunkett. « J’ai dû me convaincre que ce que j’avançais était vraiment nouveau, tant je recueillais peu d’échos. » Jean Bastaire portait l’espoir de susciter une congrégation consacrée aux questions écologiques, les « Petits frères et petites sœurs de la Création ».

Agnès Chareton    >>