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22/07/2013

Le cardinal Vingt-Trois contre la dérive du politique

Décadence ? "On s'en approche si on laisse filer les choses en disant que, finalement, l'égalité c'est que tous les particularismes puissent s'exprimer, qu'ils sont tous aussi légitimes, qu'il n'y a plus de règle commune pour faire le tri..."

 


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Marketing, par Hyeronimus Bosch.

 

 

 

 


 

Ce passage de l'entretien du cardinal dans Le Parisien n'est pas commenté par nos homologues sur le web. C'est dommage, parce que c'est le passage le plus important ! Il donne la clé de l'ensemble de l'entretien, au coeur de la compétence traditionnelle de l'évêque : celui-ci n'est ni économiste ni agronome, mais il est defensor civitatis.

Exerçant cette compétence, le cardinal Vingt-Trois rejoint dans son entretien la grande critique antilibérale d'aujourd'hui (Michéa etc).

Le cardinal emploie en effet le mot de « décadence ». Mais d'où vient ce naufrage du politique, devenu depuis vingt ans un marketing de « tous les particularismes » traités comme des segments de marché... et comme si le politique n'était plus qu'un gérant de grande surface ?

On le disait ici le 15/07 à propos du timbre Femen : ce naufrage vient de la dérive du politique vers les moeurs commerciales, dérive née de l'abdication du politique au profit du business (1980-1990). Le politique renonce ainsi à sa raison d'être : la mission de « dégager une règle commune pour faire le tri », selon l'expression du cardinal.

La notion de « règle commune » politique est rejetée par l'ultralibéralisme : il n'admet que la libre concurrence économique (le renard libre dans le poulailler libre). Le politique est donc rendu impossible. Et cela avec le consentement et le soulagement d'une caste politique devenue « post-politique », en ce sens qu'elle se dégage de la charge de « faire le tri ». Elle se voue au contraire au « marketing de tous les comportements ». Ce marketing, contraire d'une « règle commune », prétend néanmoins être cette « règle commune » pour aujourd'hui, voire la nouvelle forme de « la République » ! (D'où la Marianne-Femen de François Hollande)... C'est une subversion radicale du politique. Elle est pilotée par des spin doctors délégués par le privé auprès des partis, ministres, chefs d'Etat ou de gouvernement ; ces derniers ne se sentent plus d'autre responsabilité que de suivre les « tendances » qu'on leur indique. Le combat politique n'est plus qu'une concurrence sur le thème des nouvelles moeurs, à la façon dont Leclerc, Auchan ou Carrefour ne se font concurrence que sur le thème des « prix bas ».

Entrer en politique partisane aujourd'hui signifie entrer dans ce jeu-là, et le jouer selon ces règles-là : c'est-à-dire s'agréger inexorablement à l'une des grandes enseignes concurrentes... [*]

En revanche, dire la vérité – comme le fait le cardinal dans cet entretien – condamne à exister hors du gros jeu des enseignes. C'est-à-dire être « révolutionnaires », comme dit le pape. Et d'abord éveiller les consciences ! C'est le travail de « conscientisation », comme on disait à l'époque des théologies de la libération (belle idée qui avorta par pollution guévariste). Ce travail est la seule façon de dégager la source, bouchée par la caillasse matérialiste mercantile, et de faire germer une véritable alternative. En France et ailleurs.

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[*] ou faire semblant « d'exister politiquement » à quelques-uns, mais pour finir toujours en succursale  d'une grande enseigne... Ce processus néfaste fonctionne depuis vingt-cinq ans. Il se reproduit aujourd'hui avec des groupes en gestation, programmés par une partie de l'UMP pour servir de pion envers le FN. Tout ça est stérile. Les petits joueurs finissent inexorablement en annexes du gros jeu, alors qu'il s'agirait plutôt de renverser la table. Entreprise qui réclame, pour le moins, une certaine évolution  de l'opinion publique !

 

 

Commentaires

O.G.M.

> Le card. 23 "dit la vérité" sur la décadence mais pas sur les OGM. S'il croit que Monsanto est là pour nourrir les pauvres, il n'a pas l'air de connaître le problème. Il devrait demander à son confrère Turkson de lui expliquer !!! ou à ses confrères évêques indiens !!!
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Écrit par : bapu / | 22/07/2013

Ve SIÈCLE

> "defensor civitatis", décadence... ça fait penser au Vème siecle !
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Écrit par : Pierre Huet / | 22/07/2013

LE DRAME

> Oui, c'est le drame de nos politiques qui pour faire illusion choisissent de s'emparer d'un sujet marginal pour en faire un fondement en l'accolant à un concept porteur.
Les incantations des députés de la majorité à l'issue du vote sur la loi posant une nouvelle définition du mariage est symptomatique.
"Egalité, égalité" scandaient-ils. L'égalité se doit de s'appuyer sur des valeurs, faute de quoi l'égalité pour l'égalité n'est que totalitarisme. Si par égalité on décide de tout mettre au même niveau, nous perdons tout repère. Cela devrait être évident, sauf pour maints politiques.
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Écrit par : franz / | 24/07/2013

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