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21/07/2013

JMJ du 23 au 28 : le pape François s'envole pour le Brésil. Et les médias commerciaux de l'hémisphère nord rabâchent pour la énième fois leur rengaine

Mais cette rengaine est de plus en plus obsolète :

 


Nos médias répètent la même chose depuis cinquante ans : « l'Eglise tarde à accepter les revendications de son aile progressiste... » Rengaine de plus en plus dérisoire, sachant qu'aujourd'hui : a) les survivants de l'aile « progressiste » ont 80 ans de moyenne d'âge ; b) la revue jésuite America expliquait le mois dernier que la dichotomie « progressistes-conservateurs » était obsolète ; c) l'échec institutionnel des « revendications de l'aile progressiste » était prévisible, puiqu'elles consistent à décatholiciser le catholicisme [1] et à déchristianiser le christianisme [2].

Au nom de cette rengaine, nos médias se livrent au même exercice lors de chaque édition des JMJ. Ils posent en principe que la jeunesse ne peut être que « progressiste » (lourde erreur d'appréciation puisque le progressisme est un truc d'octogénaires). Donc, chaque fois, ils commencent par laisser entendre que la rencontre des jeunes avec le pape sera « une déception ». Cette rengaine médiatique s'est déjà déclinée de deux façons successives. D'abord sous Jean-Paul II : ce pape étant jugé « conservateur », les médias ont rabâché que « les jeunes aiment le chanteur mais pas la chanson ». Dans ce cas les JMJ auraient dû s'étioler après la disparition du pape Wojtyla ? or elles ont continué de plus belle avec Benoît XVI ! D'où le nouveau slogan des médias : « les jeunes ne peuvent comprendre ce nouveau pape encore plus conservateur ! » Mais si, ils l'ont compris !  le pape Ratzinger n'était d'ailleurs pas plus conservateur que le pape Wojtyla... Maintenant voici une troisième version de la rengaine, face au pape François. Son style décapant a d'abord désarmé les médias, mais ils n'ont pas tardé à constater – immense surprise – que le pape Bergoglio a la même religion que le pape Wojtyla et le pape Ratzinger : il ne faut pas compter sur lui pour se mettre à dire que les récits évangéliques furent « forgés ex-post », comme disent les pédants ; ni même pour changer « la doctrine globale », laquelle est censée se réduire, selon Le Monde du 21/07, à ceci (admirez dans quel ordre pavlovien) : « la morale sexuelle, le célibat des prêtres, la place de la femme, les questions éthiques et bioéthiques ». Toujours la rengaine ! Les médias n'ont pas l'air de savoir que ces sujets ne sont que du surcroît, le christianisme n'ayant d'autre « doctrine globale » que la foi en Jésus vraiment ressuscité... « C'est d'abord de l'attitude envers Dieu que découle la qualité de notre attitude envers autrui », dit l'exégète. « Le Christ au milieu de nous », « la gloire sans prix de ce mystère », dit l'épître de ce dimanche ! Des membres de l'Eglise ont dévié de cette foi et fait du mal (parfois terrible) : mais on ne guérit pas le mal en supprimant la foi – suppression qui était pourtant la feuille de route des « progressistes ».

Revenons aux JMJ. Les journaux, qui ne cessent de redécouvrir la lune [3], nous expliquent gravement que l'Eglise au Brésil a des problèmes. Ah bon ? Et qui n'en a pas ? Mme Rousseff elle-même, déesse pour Le Monde, est rejetée par la jeunesse brésilienne... En y regardant de plus près, on voit que cette même jeunesse applaudit la venue du pape François (notre note du 17/07). Il se pourrait donc que Le Monde se soit une fois de plus mis digitum in oculo en matière religieuse ; voilà un journal aveuglé par ses références.

Et quels sont donc les problèmes que rencontre l'Eglise brésilienne  selon Le Monde ? Dans l'ordre : 1. un million et demi de jeunes « seulement » seraient au rendez-vous des JMJ 2013 de Rio ; 2. la sécularisation « progresse » au Brésil ; 3. ces dernières années, les 15-19 ans se sont tournés plutôt vers « les évangéliques »... 

Or : 1. On verra combien de jeunes se seront finalement mobilisés pour François, mais Le Monde trompe en écrivant que les JMJ sont  la plus importante démonstration de force de la jeunesse « catholique ». En réalité, les JMJ sont la plus importante démonstration internationale de jeunesse, tout court. Et c'est un signe... 2. Ce que Le Monde appelle « sécularisation » est en réalité l'empire mental du matérialisme mercantile, qui chasse des esprits tout ce qui pourrait freiner la consommation : cultures, idées, religions. Ce phénomène n'est pas propre au Brésil mais aux sociétés en proie à l'ultralibéralisme... 3. Le Monde devrait s'informer en matière religieuse ! Dire « les évangéliques » ne signifie rien, sachant qu'au Brésil ou en Afrique une partie des groupes dits évangéliques sont des succursales de « l'évangile de la prospérité » : courant pseudochrétien qui n'est que le rayon religieux du matérialisme mercantile... et qui est condamné avec force par les véritables évangéliques. Quant à ces derniers, ils tiennent, sur nombre de problèmes de société, les mêmes positions que l'Eglise catholique et souvent de façon virulente ! Si les catholiques « perdent des parts de marché » (dit élégamment un autre journal) au profit de ces évangéliques-là, ce n'est donc pas en raison de ce que Rome dit de l'avortement ou du mariage unisexe.

L'Eglise brésilienne - au même titre que tous les courants culturels et spirituels authentiques -  est affrontée à la société ultralibérale née du capitalisme tardif. Une société dont trois éminents représentants possèdent Le Monde...


__________

[1] par une suppression de la structure bimillénaire de l'Eglise.

[2] par l'exégèse ultralibérale (pour rejeter le témoignage normatif des évangiles), et par le négationnisme historique (appliqué à la personne du Christ).

[3] Dans la société spectaculaire-marchande, la mémoire médiatique s'efface toutes les trois semaines.

 

 

Commentaires

> Excellent ! combien vrai ! je fais suivre.
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Écrit par : collignon / | 21/07/2013

> Très très bon !
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Écrit par : JG / | 21/07/2013

MEDIAS

> Cette attitude des "médias commerciaux de l'hémisphère nord" montre une chose: c'est que leurs rédacteurs ne mettent pas souvent les pieds dans une paroisse mais se contentent de "s'informer" en fréquentant toujours le même microcosme.
Du coup, j'ai consulté les biographies de Niel et Pigasse. Edifiant, surtout Niel !
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Écrit par : Pierre Huet / | 21/07/2013

@ PP

> Parlant des évangéliques, où classez-vous ces pentecôtistes qui appuient un projet du gouvernement de la Papouasie-Nouvelle-Guinée d'interdire les religions non chrétiennes?
http://www.emtv.com.pg/news-app/item/churches-view-on-banning-non-christian-faiths?category_id=20

Évidemment, l'Église catholique s'oppose à cette folie:
http://cathnews.co.nz/2013/07/19/catholics-oppose-proposal-to-ban-non-christian-religions-in-png/

François S.


[ PP à FS - A entendre le gouverneur Anderson Agiru, on a l'impression qu'il s'agit de crainte pour la sécurité intérieure... sous apparence de religion. Un peu comme sous Louis XIV contre les protestants ! ]

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Écrit par : François Sarrazin / | 21/07/2013

LEUR INCOMPREHENSION TOTALE

> L'acharnement des médias classiques à réduire la religion catholique à une "doctrine" - et leur incompréhension à ne pas comprendre pourquoi ces imbéciles de catholiques ne se décident pas à réécrire une doctrine apte à "leur faire reconquérir des parts de marché" - est révélatrice non seulement de leur inculture religieuse, mais même d'un véritable blocage psychologique, source d'un malentendu absolu: ces braves gens ne sont tout simplement pas disposés à "croire que nous croyons" ! La foi dans le Christ ressuscité (ou une autre, d'ailleurs) est une démarche si éloignée de leurs schémas de pensée que c'est son existence même qui est jugée inimaginable. De même qu'une tête en forme de marteau voit tous les problèmes comme des clous, des journalistes formatés à la vision libérale-matérialiste du monde et de l'univers sont irrémédiablement incapables de voir l'Eglise autrement que comme un mélange de parti politique et de société commerciale - en tout cas, comme un organisme qui écrit un programme politique dans le but de capter des adhérents et d'en retirer argent et pouvoir. Voilà une vision qui les rassure, parce qu'ils la comprennent, c'est la leur et celle des agents de société qu'ils connaissent. Il faut dire que s'ils avaient une idée un peu plus juste du nombre de personnes qui croient vraiment que l'Evangile est Parole de Dieu et donc, pas à réécrire à volonté pour "satisfaire l'aile progressiste", ils s'imagineraient chaque jour voir Torquemada toquer à leur porte.
Parce qu'une fois de plus ils retraduiraient le tout en termes de "groupe occupé à conquérir membres, argent et pouvoir afin d'imposer au plus grand nombre un système totalitaire": telle est en effet la seule mission que peut avoir un groupe organisé, dans leur univers mental.
Que l'incompréhension soit totale est normale, et presque rassurant.
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Écrit par : Phylloscopus / | 21/07/2013

"PROGRESSISTES" ?

> Mais vous pensez vraiment que les "progressistes" sont en voie de disparition ? J'ai l'impression qu'il en renaît toujours au sein de l'Eglise.

Hélène


[ PP à Hélène - Cela dépend de ce qu'on appelle "progressistes".
Si l'on parle de "catholiques" peu au courant des splendeurs de la foi, et qui se contentent de souhaiter que l'Eglise s'aligne sur les moeurs ambiantes, il y en a, en effet, pas mal. Ils sont formatés par la société. À nous de les aider à se libérer, et donc de les renseigner : c'est-à-dire d'expliquer autour de nous, inlassablement, ce qu'est la foi et en quoi notre société s'y oppose en tant que telle.
Mais si l'on appelle "progressistes" ceux qui méritent réellement cette définition (vouloir décatholiciser le catholicisme et déchristianiser le christianisme au nom de l'idéologie du "progrès" construite autrefois),ils sont octogénaires. Et ils ont gâché leur existence : le monde n'a pas évolué dans la direction qu'ils annonçaient en 1970-1980. La montée de l'islam, les phénomènes néochrétiens oju postchrétiens, les populismes identitaires, la fermeté de l'Eglise (celle du Credo autour du pape et des évêques) face à l'ultralibéralisme dans l'économie et dans les mœurs, rien de tout cela (le bon et le mauvais) n'était prévu par le vieux "progressisme" qui prédisait une mondialisation heureuse.
Donc le problème n'est plus "progressisme contre conservatisme" : l'heure est à la nouvelle évangélisation, dans une Europe qui a oublié le christianisme. C'est une tâche pour nous tous. Elle suppose de notre part un nouveau langage : l'Evangile actualisé, expliqué dans le contexte d'aujourd'hui ! ]

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Écrit par : Hélène / | 21/07/2013

L'AUTRE ASPECT

> Une rengaine un peu moins obsolete : la participation d'un jeune aux JMJ de Rio, c'est 2500 euros. Mettons qu'un financement réduise de moitié (plus qu'improbable): quelle famille peut offrir ça à l'un de ses membres ? Ne me répondez pas. Je suis une privilégiée, et je ne le pourrais pas.
Rappelons que 40% (40%!) des français, c'est à dire d'un des pays les plus riches au monde, ne partent jamais en vacances, même pas pour 8 jours de camping.
L'aisance avec laquelle les catholiques se voient représentés aux JMJ par la jeunesse dorée d'un peu partout est une faillite spirituelle et morale sidérante. Des cérémonies partout au monde à portée de vélo ou de marche à pied, ce serait moins bien pour la com, mais peut-être un peu mieux pour la conscience. Et je n'ai même pas parlé du bilan carbone ! L'échec, en période de crise, est plus que probable. Il aura été bien cherché.

H.


[ PP à H.
Selon les paramètres que vous choisissez, c'est exact.
Mais seulement en partie, parce que :
- il n'y a pas que l'Hexagone au monde. Il y a aussi le Brésil. Que faites-vous de l'accueil du pape, bras ouverts, par les mouvements de jeunes Brésiliens en révolte contre l'injustice sociale ?
- D'autre part, il n'y a pas que l'aspect économique et social : il y a l'aspect mystique
qui (jusqu'à preuve du contraire) est l'essentiel dans une religion. Et sous cet angle, les JMJ
ont des fructifications non quantifiables. C'est ce qu'aurait dit Léon Bloy, qui ne portait pourtant pas précisément la bourgeoisie dans son cœur ! (je cite de mémoire : "le riche est un monstre déchaîné qu'on ne peut arrêter qu'avec un paquet de mitraille dans le ventre"). Rappelons que Bloy fut le seul écrivain cité par le pape François lors de la première homélie de son pontificat ! (avec une autre citation que celle-ci, évidemment).
- Cela dit, la surreprésentation des classes aisées dans le catholicisme français n'est pas niable. Le rééquiliibrage social sera l'un des effets de la nouvelle évangélisation.
- Et, dans l'avenir, il faudrait que l'épiscopat français développe le "pèlerinage sur place" (s'unir d'intention) plutôt que les traversées aériennes transcontinentales... que d'ailleurs François désapprouve !]

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Écrit par : Haglund / | 21/07/2013

> le rééquilibrage social... et ethnique !
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Écrit par : maksoud / | 22/07/2013

L'IMPORTANT

> L'important est l'accueil du pape par les Brésiliens de toutes classes.
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Écrit par : solenn / | 22/07/2013

PAS DE LEçONS DE SOCIAL À BERGOGLIO

> pas d'objection à ce que des jeunes Français SDF ("sans difficultés financières") rencontrent
le pasteur des plus pauvres à qui personne n'a de leçon de "social" à donner !
étant donné ce qu'il dit, ça ne peut que faire du bien.
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Écrit par : Cécile / | 22/07/2013

@ maksoud

> J'ai l'impression qu'en France, de fait, l'un ne va pas sans l'autre. Dans ma paroisse de banlieue parisienne sud, les catholiques issus de milieux "populaires" viennent d'Afrique subsaharienne ou des territoires français d'outre-mer (ils représentent quand même un petit 2/3 de l'assemblée...ce qui n'est guère représentatif de la majeure partie des paroisses françaises j'en conviens).
En plus, notre nouveau curé, qui prendra ses fonctions à la rentrée, vient de Brazzaville : je crois que ça va dépoter !
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Écrit par : Feld / | 22/07/2013

EN SAVOIR PLUS ?

> Je suis très déçu par votre caricature de l'"aile progressiste". On ne peut pas faire Église si on y considère ceux qui ne sont pas de votre avis comme des ennemis de l'Église (ils voudraient selon vous "décatholiciser le catholicisme [1] et à déchristianiser le christianisme [2]" : rien que ça !). Ces "octogénaires" ont peut-être tort quelquefois - comme tout le monde -, ils doivent être néanmoins respectés. Ils ont souvent d'une foi plus profonde et ouverte que les jeunes tradis ignorants qui souvent ne s'attachent qu'à des signes extérieurs.

G.


[ PP à G. - C'est sans doute que nous ne parlons pas des mêmes gens ! Je ne vois pas comment on pourrait avoir une "foi sincère" en estimant que l'évangile est un recueil de fables inventées ex-post au IIe siècle, que Jésus "n'a jamais voulu fonder une Eglise", que l'ensemble de la pensée catholique repose sur des abus de pouvoirs, et que la seule chose à faire est de réduire l'Eglise à si peu que rien (l'essentiel se passant hors d'elle, voire contre elle...) Car c'est ça, dans les faits, le progressisme ! J'en conclus que les gens sympathiques dont vous nous parlez ne sont pas des "progressistes" au vrai sens du terme. Pouvez-vous en dire plus à leur sujet ? ]

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Écrit par : Guadet / | 22/07/2013

Catholicisme et classe aisée

> Pour être issue d'une famille dite "modeste" et cependant "bien élevée", je peux témoigner de mon expérience.
J'ai tout fait pour que mes enfants puissent participer aux premières JMJ, et j'aurais même été prête à m'endetter si besoin. A chacun ses priorités.
Est-ce parce qu'on est aisé qu'on peut-être catholique ? N'est-ce pas plutôt parce qu'on est catholique qu'on limite certaines dérives et qu'on peut ainsi mieux accéder à l'ascenseur social ? C'est bien ce qui s'est produit pour notre famille.
Je regrette la quasi disparition du catholicisme poulaire en France. Sauf dans les populations issue de l'immigration. Que deviendraient nos paroisses de grande banlieue sans leur apport et le témoignage de leur foi ?
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Écrit par : Gégé / | 22/07/2013

PERTINENTE

> La remarque de Haglund reste quand même assez pertinente. A condition, bien sûr, que les JMJ aient vraiment l’ambition de drainer la jeunesse du monde entier à Rio, avec les conséquences environnementales que cela entraîne. Les JMJ de cette année doivent d’abord être conçue comme le rendez-vous des jeunes latino-américains, auquel communient via les médias, les catholiques d’un bout à l’autre de la planète.
A mon avis la présence physique ne devrait pas être l’unique façon de participer aux JMJ. Les diocèses devraient proposer des manifestations alternatives permettant à la jeunesse de vivre les JMJ localement sans perdre leur dimension collective et la communion de prière avec l’évêque de Rome.
On peut regretter, pour le moment, l’attitude du diocèse de Paris – et d’autres sans doute ! – qui est plutôt d’encourager les jeunes paroissiens à faire le déplacement. Dans la conjoncture nouvelle où nous nous trouvons, qui est celle du dépassement du pic de pétrole, les JMJ ne peuvent plus être vécus comme au siècle dernier.
Mais il n’y a pas que les JMJ, il y a aussi les vacances. Est-ce tout-à-fait normal, par exemple, qu’un français de l’hexagone prenne un billet pour la Martinique, pour une simple raison hédoniste ? Et que penser de ces gens qui, chaque année, traversent d’un bout à l’autre la France en voiture parce qu’ils veulent profiter de la mer ou pratiquer les sports d’hiver ? Disons-le au passage, ce sont des loisirs culturellement fabriqués, d’origine récente, et dont nous pourrions parfaitement nous passer. Quant aux déplacements à prétention culturelle, ils deviennent moins nécessaires avec l’existence de livres d’art proposant des illustrations de qualité, des dvd et des sites internets "officiels".
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Écrit par : Blaise / | 22/07/2013

> Quand je parlais de « latino-américains » je voulais dire : « sud-américains ».
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Écrit par : Blaise / | 22/07/2013

MINI-JMJ

> La question de H sur la pauvreté est pertinente mais la réalité est que tous les diocèses proposent des mini JMJ qui evitent tout déplacement ou presque. Cela correspond à la proposition que vous faites. Mais sans les grandes JMJ, ces petites n'existeraient pas !
C'est d'ailleurs le pape lui même qui a encouragé cela.
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Écrit par : Ludovic / | 22/07/2013

@ PP

> J'ai été proche des Fils de la Charité et j'ai fait des études de théologie au centre Sèvres. Les vieux religieux que je fréquentais étaient désolés du virage traditionaliste effectué par Jean-Paul II ou Lustiger. Ils regrettaient l'époque plus libre des lendemains du concile Vatican II. Ils ne pensaient pourtant pas que les Évangiles étaient un recueil de fables. C'était plutôt les jeunes à col romain qui faisaient des exégèses historico-critiques.
Bien des gens ont souffert des rapprochements avec les Lefebvristes et des positions très conservatrices des deux précédents papes, sans pour autant faire partie des anti-chrétiens que vous dites. C'est bien évidemment à eux que le journaliste faisait allusion.
G.

[ PP à G. - Notre blog est certainement celui qui s'est montré le plus sévère à l'encontre du lefebvrisme depuis 2005. Ceci nous donne le droit de dire également ce qui est, au sujet du progressisme... Je vous crois sincère, mais accuser Jean-Paul II de "virage traditionaliste" - alors que les lefebvristes le haïssaient et le couvraient d'insultes - est une aberration. Je me demande comment vous définissez le "traditionalisme". Quant aux années d'après Vatican II, que j'ai vécues, elles m'ont laissé le souvenir d'un nouveau mais très lourd conformisme, imposé avec une grande intolérance et faisant souffrir froidement beaucoup de braves gens - ostracisés comme "traditionalistes" dès qu'ils se permettaient de critiquer des folies liturgiques contraires à ce que Vatican II avait voté et prescrit !
ps - L'exégèse historico-critique est d'un apport considérable aux études bibliques, et Benoît XVI lui a rendu hommage. On ne peut la confondre avec le semi-négationnisme biblique "mythologisant", qui a longtemps prévalu dans les milieux "progressistes" - et dont j'ai été le témoin à de nombreuses reprises. ]

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Écrit par : Guadet / | 22/07/2013

J.M.J. LOCALES

> Dans l'ouest, on a les JMJ à St Malo où l'on se donne rendez vous...à vélo. Notre curé a d'ailleurs prié pourla réussite des deux types de JMJ : celle du Brésil et ceux locaux.
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Écrit par : A-L P / | 22/07/2013

PROGRESSISTES

> Je tenais à réagir à vos remarques sur le "progressisme" et les commentaires qui en ont résulté.
Je crois que, dans votre esprit, le progressisme semble se limiter à la période qui va de la fin du concile au début du pontificat de Jean-Paul II. Il est vrai que cela a été une période d'intenses bouillonnements dans les milieux catholiques mais je pense que le mot "progressisme" dans le cas du catholicisme est utilisé par les médias et l'opinion publique comme une notion-cadre qui recouvre des réalités très différentes à travers le temps et les lieux. Cela peut aller du théologien des années 70 qui va chercher à déconstruire le credo au simple catholique de base qui trouve que le clergé se trompe sur l'avortement par exemple.
En ce sens, le progressisme que vous mentionnez ne serait qu'une facette d'un progressisme que les médias croient déceler à l'intérieur du catholicisme. je vous rejoins ainsi dans le fait de dire que le progressisme des années 70 qui était avant tout une critique acerbe mais intellectuelle des dogmes de la foi catholique est en voie de disparition (rien qu'à voir les âges de Hans Kung ou de Joseph Moingt).
Cependant, le progressisme catholique ne prend plus cette facette mais une autre plus militante où finalement les articles de foi semblent peu faire problème mais où la critique se déplace vers les conséquences plus matérielles de la foi telles que voulues par l’Église comme l'interdiction du divorce ou de l'avortement. Ce type de progressisme me semble plus dangereux à mon sens que le précédent moins par ce qu'il dit que par ce qu'il ne dit pas. En effet, les progressistes des années 70 avaient "l’honnêteté", si j'ose dire, de souligner que des éléments de la foi comme la résurrection ou la virginité de la vierge les ennuyaient.
Aujourd'hui,il est clair que les progressistes catholiques n'en pensent pas moins mais ils considèrent que c'est un problème personnel alors que les éléments matériels de la foi tels que susmentionnés (avortement, divorce,...) semblent davantage les concerner. Il y a là la pénétration d'un esprit matérialiste qui tend à évacuer l'élément spirituel alors les progressistes des années 70 ne voulaient que changer l'élément spirituel. On tombe alors dans des revendications catégorielles proches du syndicalisme CGTiste: les femmes veulent l'avortement, les divorcés-rémariés l'assouplissement de la règle matrimoniale, les homosexuels Idem, etc... Ces revendications, comme je l'ai mentionné, tendent à évacuer l'élément spirituel qui devient subsidiaire ce qui rend finalement le principe de religion inutile sauf à devenir une machine à bénir mariage unisexe, avortement et euthanasie ce qui fait d'ailleurs que les Eglises protestantes mainline qui ont adopté ces éléments n'ont jamais endigué leur déclin alors les médias promettaient le retour de la pratique religieuse. C'est pour cela que vous auriez tort de sous-estimer ces nouveaux progressistes.
Excusez pour ce laïus mais je crois qu'il fallait que je souligne cette nouvelle dimension du progressisme catholique.
Pinpoint


[ PP à Pinpoint - Je partage votre constat. A ceci près : la seconde attitude (ce que vous appelez "les progressistes d'aujourd'hui") relève du conformisme et du consumérisme ; ce n'est pas une croyance idéologique au "progrès", comme autrefois. Pour cette simple raison que la "progrès", concept issu d'une certaine philosophie de l'histoire, est aujourd'hui une notion morte !
Ce qui se manifeste - et que vous dépeignez - est plutôt le fait de s'aligner sur l'ultra-individualisme et l'ultra-subjectivisme contemporain. Lesquels n'ont rien à voir avec l'ancien mythe du Progrès, façon XIXe-1/2XXe siècles, mais viennent des normes de comportement de la société de consommation : leur cause est l'ambiance généralisée par l'économicisme ultralibéral...
Cette ambiance nous pose donc un problème plus grave que l'ancien progressisme marxisant. On peut combattre une idéologie ; il est difficile de combattre une ambiance. D'où le recul du catholicisme dans les pays riches. D'où aussi le fourvoiement de catholiques qui n'ont pas encore discerné la situation nouvelle, et qui se croient toujours en 1968 ou en 1981. Etc. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Pinpoint / | 22/07/2013

@ Haglund

> Il y a toujours eu dans l'Eglise une tradition de rassemblements et de déplacement, la différence est que c'était vers des sanctuaires de pélerinage. Demandez à PP de vous parler du Mont Saint Michel! C'est une concrétisation de l'universalité de l'Eglise. La seule autre universalité active de nos jours est celle de l'Argent, depuis qu'elle a absorbé celle de la Révolution (pas au sens dont le pape en parle).
De nos jours on pérégrine peu à pied mais plus mécaniquement, ça prend moins de temps et davantage d'argent et il est vrai que cela crée un filtre, et même pour des déplacement moins importants, intérieurs à la France. Mais il y a cette année des rassemblements de substitution comme ceux de Lourdes, Carnac, ND du Laus etc.
http://fr.lourdes-france.org/jeunes/jmj-2013

@ PdP, Maksoud, Gégé et Feld

Cette sélection par l'argent et la disponibilité est-elle une des causes de l'impression de "la surreprésentation des classes aisées dans le catholicisme français " ? Cela doit jouer.
Car l'enquête
http://www.ifop.com/media/pressdocument/238-1-document_file.pdf
semble bien contredire le cliché que vous reprenez souvent à votre compte: la grosse différence entre les pratiquants et l'ensemble des Français, c'est hélas la proportion de retraités, venant de la pyramide des âges.Si on "renorme" à 100% sur les actifs, on ne trouve d'écart important que chez les ouvriers mais comme ils sont de moins en moins nombreux ce n'est pas très important. Pour le reste, on ne peut pas considérer les agriculteurs en attente de suicide, les employés, vaste fourre-tout du facteur à la femme de ménage à temps partiel en passant par le manutentionnaire d'hypermarché, ni même les "professions intermédiaires" infirmiers, enseignants.. comme des "classes aisées". Or tous ces gens sont normalement représentés chez nous.
De plus, il suffit de circuler un peu à travers les paroisses pour y remarquer la forte présence, parfois très majoritaire d'immigrés et de Français d'Outre-Mer. Et que dire des sanctuaires comme le Sacré-Coeur et la rue du Bac! Ce qui est vraisemblable est que la plupart sont de modestes employés, souvent avec des horaires de travail peu commode, pas tous à l'aise dans l'expression et moins présent dans le "leadership" des différents mouvements ou structures associatives d'Eglise , donc peu visibles.
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Écrit par : Pierre Huet / | 23/07/2013

A tous :

> je persiste à penser qu'on doit pouvoir faire du Léon Bloy à moins de 2500 euros par tête de pipe. Et si le pape François est contre ces grands raouts,qu'il le dise, et qu'il y mette fin. Un peu de cohérence.
La fête latino-américaine...c'est grand, ce continent. Un pauvre argentin ou chilien pourra t-il aller aux JMJ ? Bien sûr que non. Je crois que les "djeunes" cathos n'ont pas fini de goûter les charmes de l'entre-soi, qui les prépare si bien à l'exercice de cooptations de toutes sortes, si utiles quand on est appelé à exercer le pouvoir, à tout niveau. Conception déplaisante de la spiritualité. Léon Bloy, je crois, n'aurait pas apprécié.
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Écrit par : Haglund / | 23/07/2013

@ Pinpoint

> Peut-on dire vraiment que Joseph Moingt ait cherché à déconstruire des articles de foi? non! il a voulu en fournir une intelligence plus complète en partant de leur genèse et non pas se contenter de leur formulation terminale. Travail ardu mais indispensable à une époque où les questionnements d'ordre historique conduisent nombre de chrétiens au doute quand ce n’est pas à la perte de la foi. Pour ce qui concerne la virginité perpétuelle de Marie, nous avons affaire à une opinion théologique très ancienne, présente aussi bien en Orient qu’en Occident, et qui est toujours vivante dans le peuple chrétien, – mais pas à un article de foi.
Rien à voir avec Hans Küng qui, lui, en est venu à nier plusieurs dogmes enseignés par le Magistère infaillible de l’Eglise. De toute façon, la notion même d’infaillibilité, il a cessé depuis longtemps d’y croire… On peut légitimement se demander s’il est encore catholique.
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Écrit par : Blaise / | 23/07/2013

INDETERMINATION

> En fin de compte, les catégories « progressistes » / « conservateurs » (ou « réactionnaires ») n’ont pas de contenu déterminé à l’avance ; elles correspondent à des réalités hétérogènes qui peuvent migrer d’un pôle à l’autre en fonction de la mode et des camps qui s’affrontent. Progressiste/conservateur en fonction de quels critères ? voilà qui demeure dans un flou savant. Mais les libéraux, depuis le XIXe siècle, ont inventé le Progrès en soi, avec majuscule, dégagé de toute finalité précise, de tout critère du profitable et du nuisible, du bien et du mal. D’autres mots du même acabit : la « croissance » et le « développement ». Mais la croissance, le développement de quoi au juste ? pour quels objectifs fondés sur quelles raisons ?
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Écrit par : Blaise / | 23/07/2013

@ Haglund,

> ce que vous dites sur ce si douillet entre-soi communautaire catho, et l'irrésistible attrait du pouvoir et inaltérable soif de reconnaissance sociale qu'il nourrit (toujours au nom des meilleurs bons sentiments), est dramatiquement vrai.
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Écrit par : Serge Lellouche / | 25/07/2013

A Serge Lellouche :

> j'avoue que votre honnêteté est aussi sympathique que réconfortante. Mais…n'y a t-il pas moyen de bouger, au moins un peu ? Le phénomène me semble singulier, dans les grands monothéismes. N'est il pas possible d'analyser cela? J'ai, sur d'autres blogs catholiques, soulevé l'idée d'un engagement catho possible en faveur de la loi SRU. Accueil que vous imaginez…Comment même enclencher une nouvelle évangélisation dans ces conditions là ?
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Écrit par : Haglund / | 25/07/2013

à Serge, Haglund etc

> OK, d'accord, et vous, vous faites quoi pour évangéliser ?
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Écrit par : paola / | 25/07/2013

@ paola,

> En faut-il si peu pour que les boucliers communautaires se lèvent?
Pour le jeu du "plus évangélisateur que moi tu meurs", non merci !
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Écrit par : Serge Lellouche / | 25/07/2013

à Paola

> Moi,je me contente de parler d'un monde plus fraternel. Et déjà s'abstenir d'ostraciser qui que ce soit est un bon commencement. Pour le progrès social, là encore, nous en sommes tous aux tâtonnements. Mais déjà de ne pas mettre de barrières aussi ostensibles que depuis trente ans à la mixité sociale serait un sacré bol d'air : la SRU prévoie 25% de logements sociaux partout; chez moi, on en est à 43%. A un boulet de canon, c'est 70%.
Maintenant, pour l'évangélisation, ce n'est pas moi l'experte. Mais déjà peut-être laisser le pauvre pénétrer dans son quartier, l'école de ses gosses, c'est le laisser s'approcher de sa paroisse; parce que si vous cherchez à évangélisez le nanti, vous pouvez toujours vous brosser. Bref, personnellement, je ne me préoccupe que d'être une honorable républicaine. Péguy vous aurait dit que c'est un bon début…
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Écrit par : Haglund / | 25/07/2013

> à Haglund et Serge Lellouche - Eh bien vous m'avez répondu.
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Écrit par : paola / | 25/07/2013

LA S.R.U.

> Eh oui…je me trompe, ou pour ce qui est de bouger un peu…ce n'est pas l'enthousiasme ?
Je ne suis pas sûre qu'il existe dans d'autres pays que la France ce levier que constitue la SRU. Chez nous, au moins, on ne peut pas dire qu'on n'y peut absolument rien, à la ghettoïsation. Entre soi douloureux en banlieue, mortifère chez les riches…je ne sais plus où j'ai lu récemment une maxime terrible : "Les pauvres, oui, mais pas pour déjeuner !".
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Écrit par : Haglund / | 26/07/2013

DU TEMPS

> Le "lissage" vers 25% de logement sociaux, et qui doit se faire dans les deux sens, prendra du temps, car il y a l'héritage de l'urbanisme administrativo-idéologique (charte d'Athènes zonant l'urbanisation) des années 1950-1960, quand on a construit des ensembles de 15 à 20000 hab et plus dans des communes pavillonnaires ou rurales qui en comptaient 5000, occupant tout l'espace disponible tandis que la construction indépendante en remplissait d'autre non moins complètement. Ce lissage veut donc dire mouvement de populations, cela ne peut pas se faire du jour au lendemain.
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Écrit par : Pierre Huet / | 26/07/2013

S.R.U.

> Voilà une argumentation imparable…vous conviendrez tout de même que ce "jour au lendemain" dure depuis trente ans ? C'est fou comme le temps passe vite dans certains cas…Mon gauchiste de mari lit par dessus mon épaule, et me fait remarquer que les mesures étatiques d'austérité sont d'exécution immédiate, alors que pour d'autres…que c'est long, mon Dieu !
Tout ça n'empêche pas…oui ou non, des catholiques veulent ils dénoncer cette lenteur, se lancer dans cette bataille ? Je vous refourgue la tartine que j'ai déposé sur blog de Koztoujours (en faisant un bide total, bien entendu) :

[Voulez vous]mettre toute votre influence (qui devient grande [ça, c'est pour Plunkett]), votre éloquence, les réseaux qui viennent de se créer, les capacités d’organisation, la soif d’action publique au service de la loi SRU. 25% de HLM partout : cela signifierait qu’en banlieue, la proportion dégonflerait (Evry : 43% ;Grigny : 70%…) et avec elle, tant de problèmes… Et les bienfaits ne seraient pas que pour les villes pauvres. Je fais un rêve : les enfants confrontés à l’Autre social dès le plus jeune âge, les familles pouvant effectuer un parcours urbain valorisant, la fin du plafond de verre pour les jeunes immigrés, le recul partout de la xénophobie, la fin des communautarismes, les églises se remplissant enfin (les pauvres n’ayant pas seulement faim de pain), l’espoir sourdant de partout dans une France régénérée, et qui devrait cette résurrection aux catholiques… Vous vous rappelez la phrase de Raoul Glaber sur notre pays se vêtant d’un blanc manteau d’églises ; vous pouvez le vêtir d’un blanc manteau de fraternité.

(Mon lyrisme était destiné à les emmerder; mais en même temps, je suis parfaitement sincère; sur ce blog un peu plus "allumé", qu'en dites vous ?)
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Écrit par : Haglund / | 26/07/2013

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