Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

21/05/2013

Drame de Lyon – Pourquoi s'en prend-on à l'enfance ?

Déboussolage occidental :

  


Près de Lyon, un père tue ses deux enfants après un "divorce conflictuel concernant leur garde". Ce drame est atroce. Il mène aussi à des constats.

1. Dans la société libérale où "chacun doit inventer sa vie", disait le libéral Luc Ferry à BFM ce matin, l'effritement de la famille (divorce plus rapide, mariage plus rare) devait "pacifier" les relations entre des individus de plus en plus nerveux. On ne peut pas dire que la pacification soit au rendez-vous... Plus la structure familiale se défait, plus les enlèvements d'enfant – sans aller jusqu'à l'assassinat – se multiplient.

2. Le père lyonnais tue ses deux enfants. Le désespéré parisien se tue devant des enfants. Un terroriste tue des enfants à Toulouse. Aux Etats-Unis, plusieurs tueries d'enfants. Pourquoi – dans l'Occident d'aujourd'hui – s'en prend-on spécialement aux plus jeunes ? Autrefois l'Occidental furieux blasphémait Dieu, qui avait le dos large ; Dieu étant actuellement "en réparation" [1] pour les Occidentaux, l'Occidental profane le seul sacré disponible : et c'est l'enfance. Profanation plus nette encore dans le cas du suicidé de l'école parisienne que dans le cas des assassins : aller se faire sauter la tête devant des petits pour qu'ils en restent traumatisés, est une intention démoniaque. Par où ce démon s'est-il emparé de l'homme ? Par la porte de sa crise de couple. Les gens sont déboussolés, même si le libéral Ferry juge risible la notion de "manque de repères".

D'où vient le déboussolage ? Du poids monstrueux que la société du capitalisme tardif fait peser sur les individus. Le pape François a son idée là-dessus et l'a exprimée la semaine dernière : ce que Ferry appelle élogieusement "devoir inventer sa vie", le pape l'appelle "devoir lutter pour vivre, et souvent pour vivre indignement". Il faut savoir ce qui nous fabrique une vie indigne.

____________

[1] Céline, exergue de L'école des cadavres. (On objectera que Mohammed Merah agissait au nom d'un Dieu : mais le « fou de Dieu » croit-il en Dieu ? Ce n'est pas l'avis des psychiatres).

 

Commentaires

LA VIOLENCE EST LIEE A L'ETAT DES FAMILLES

> Concernant votre point n°1, j'avais lu il y a quelques années une étude statistique américaine sur le lien entre "état des familles" et violence dans les quartiers. Le lien de corrélation statistique entre ces 2 éléments étaient beaucoup plus élevé que le lien de corrélation pauvreté/violence qu'on nous sert à toutes les sauces aujourd'hui. Il serait intéressant de retrouver cette étude...
En tout cas, une fois de plus je signe des deux mains ;-)
______

Écrit par : Vincent / | 21/05/2013

"FOUS DE DIEU"

> L'acception contemporaine de « fou de Dieu » est le résultat d'une manipulation sémantique extrêmement contestable, via les grands médias, en rupture nette avec la tradition chrétienne et musulmane sur le sujet. Rappelons le fondement scripturaire : « Car ce qui est folie de Dieu est plus sage que les hommes et ce qui est faiblesse de Dieu est plus fort que les hommes. » (1 Co 1, 25) Au moyen âge, les fous de Dieu procédaient à un renversement de toutes les valeurs mondaines.

Écrit par : Blaise / | 21/05/2013

LA VIOLENCE EN FRANCE

> A l'appui de la remarque de Vincent, une étude sur la corrélation entre violence et pauvreté a été faite en France aussi.
Résultat, prévisible pour qui connait un peu notre pays: la violence n'est pas liée à la pauvreté au sens financier.
http://24heuresactu.com/2010/07/30/lien-pauvreteviolence-en-banlieue-fin-du-mythe-rapport/
______

Écrit par : Pierre Huet / | 21/05/2013

SLOGANS

> Sûr que la désagrégation de la famille amène davantage de violence. Sûr aussi que l'enfance restait sacrée jusqu'à il y a peu. Mais depuis que des sociologues auto-proclamés nous répètent à l'envi qu'il vaut mieux pour un enfant mourir que naître non désiré, ce n'est plus le cas.
Ces quelques exemples que vous nous donnez risquent fort d'être suivis de bien d'autres, tant que les hommes continueront à s'accrocher à leurs idéologies mortifères.
______

Écrit par : Barbara / | 21/05/2013

LES FAMILLES PAUVRES

> Euh... le niveau de l'étude citée me déçoit un peu là. On sait pas d'où ça vient, on ne donne aucun critère scientifique de comparaison, sur un sujet aussi important et souvent source de préjugés on y rabache à nouveau des généralités grosses comme des éléphants. On compare la pauvreté rurale et la pauvreté citadine sans que ça pose de problème à personne et on en conclut que les banlieues son "arrosées" de subventions... pas loin de parler d'assistanat et compagnie. C'est un peu court non?
En vrai dans la vraie vie: Oui, les familles pauvres des quartiers en difficulté (je dis bien pauvre au sens financier) on des vies souvent destructurées, sans repères. Elles sont mises à l'écart et humiliées de partout, ne savent et ne peuvent pas prendre la parole. La souffrance est infinie et la violence est belle et bien quotidienne, en leur sein, dans les cages d'escaliers et dans les rues.
______

Écrit par : Laure / | 21/05/2013

LA VIE FOLLE

> la vie folle (lever 5h30 retour à 21h après des déplacements interminables en transports en commun et encore ça ne touche que ceux qui ont la chance d'avoir un emploi), le licenciement qui mène à accepter n'importe quel boulot, les enfants qu'on ne voit pas grandir, qui restent seuls longtemps jour après jour, grandissent comme ds plantes grimpantes qui n'ont pas de tuteur, tout cela entraîne des tensions familiales puis un éclatement puis une violence.
Une famille peut être pauvre, si elle reste une famille (c'est-à-dire avec des liens affectifs et hiérarchiques entre ses membres) , la pauvreté ne mène pas à la violence.
Le problème c'est que le rythme économique d'aujourd'hui torpille les liens familiaux autant que les chevaux de Troie que sont la télé-réalité, "plus belle la vie", l'omniprésence de la pub créant continuellement des besoins, etc qui sabotent l'éducation et la morale naturelle de façon insidieuse.
Bcp de jeune sont éduqués par la télé, il ne faut se leurrer...
"l'arrosage des quartiers " ne veut pas dire que les habitants de ces quartiers touchent quoi que ce soit.
dans certains pays comme la Roumanie, Bulgarie, l'Italie du sud, c'est un mystère pour personne que le montant alloué ne signifie rien sur l'aide reçue par les gens mais tout sur les montants détournés...
-"ne savent et ne peuvent pas prendre la parole" : oui, 100% vrai.
le fait de non seulement ne pas savoir à qui s'adresser mais si l'on y arrive, de ne pas savoir comment dire ce qu'on vit parce que la personne en face de soi n'en a aucun idée et aussi (comble de l'humiliation) parce qu'on n'a pas les mots pour le dire... humiliation à son comble qd on surprend un sourire...
Ca choque les proprets qd on dit que des quartiers et des familles sont en voie de devenir "humainement primitifs." : relations violentes, pas de communication, règne de la force, l'instinct primant sur la réflexion.(en disant cela, on ne méprise pas on constate)
Une discussion avec un petit caïd de la drogue suffit à s'en convaincre ; non seulement lui mais les autres qui l'admirent et sa famille qui le soutien.
Le couple O'Neil pourrait en témoigner autant qu'il pourrait dire que tout espoir est permis.
______

Écrit par : E Levavasseur / | 21/05/2013

@ Laure :

> Il faudrait que je retrouve l'étude dont je parle plus haut car elle comparait justement les violences dans les quartiers en question et montrait que, au sein même des quartiers, ce sont les problèmes familiaux et non les problèmes économiques qui "corrélaient avec" les actes de violence.
L'étude comparaît bien ce qui était comparable. Je me souviens que cette étude était assez confidentielle donc je ne suis pas sûr de pouvoir la retrouver.

La logique, je suis pauvre donc je suis violent est à combattre à mon humble avis. L'un n'entraîne pas l'autre. Les problèmes de violence sont très liés à de mauvaises situations d'éducation. Intellectuellement, je trouve d'ailleurs cela beaucoup plus logique car le passage à l'acte dans la violence relève bien de l'éducation / du cadre familial (surtout vu l'âge des personnes commettant ces actes aujourd'hui), je ne crois pas en un déterminisme en l'espèce surtout lorsque ces violences restent le fait d'une minorité.
______

Écrit par : Vincent / | 21/05/2013

> Suicide à Notre-Dame de Paris ... Signé Satan.
______

Écrit par : spooner / | 21/05/2013

à Vincent

> Il n'y a pas de logique à combattre il s'agit plutôt d'aller à la rencontre des personnes et de connaître leurs réalités de vie.
Les problèmes économiques et les problèmes familiaux ne peuvent pas êtres séparés quand on vit dans la grande pauvreté. Les problèmes économiques et les problèmes d'éducation sont intimement liés quand ils sont installés dans le temps.
Les mécanismes sont complexes, les carences affectives sont transmises de génération en génération et se reproduisent car les blessures humaines sont profondes. Les parents n'ont pas les moyens matériels ni humains de se relever. Malgré leur amour infini pour leurs enfants (leur seule richesse et leur seule œuvre), les mères se disent "mauvaises mères", et c'est bouleversant à entendre.
La patience, la mesure, la discussion posée et la prise de recul sont des notions bien difficiles à vivre quand tout accable, qu'on se sent un "moins que rien" et que la société semble dire que l'on est responsable de sa situation.
Et donc, oui, la violence est là, chaque jour, entre mari et femme, entre enfants et parents, entre bandes...
La grande pauvreté mène à la violence, la grande pauvreté EST violence. Les personnes qui la vivent le savent et souhaitent aussi qu'on les comprenne. Il n'y a pas de mal à le dire. Ce qui est important c'est vraiment de ne pas faire de raccourci, de comprendre les logiques des personnes, afin de leur donner les moyens de se sortir de ces cercles infernaux, ou, au moins, d'y garder leur dignité humaine.
______

Écrit par : Laure / | 21/05/2013

Les commentaires sont fermés.