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13/05/2013

De Descartes au productivisme

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Aux sources de nos mirages ?

 


 

Un débat sur les premières ivresses de l'Europe moderne est ouvert ici, sous la note du 08/05 Une théologie de l'écologie plénière. Je me permets de rappeler ce qu'en dit mon livre L'écologie de la Bible à nos jours*, chapitre 'Ceux qui ont décidé que le monde était un chantier'. (Les capitales sont de moi) :

<< Relisons Descartes. Au chapitre VI du Discours de la méthode, 1637, on entrevoit quelque chose comme le monde du XXIe siècle :  « Au lieu de cette philosophie spéculative qu'on enseigne dans les écoles, on peut en trouver une PRATIQUE, par laquelle, connaissant la force et les actions du feu, de l'eau, de l'air, des astres, des cieux et de tous les autres corps qui nous environnent, aussi distinctement que nous connaissons les divers métiers de nos artisans, nous les pourrions EMPLOYER en même façon à tous les usages auxquels ils sont propres et ainsi nous rendre comme MAÎTRES ET POSSESSEURS de la nature. Ce qui n'est pas seulement à désirer pour l'invention d'une INFINITE d'ARTIFICES, qui feraient qu'on JOUIRAIT, sans aucune peine, des fruits de la terre et de toutes les COMMODITES qui s'y trouvent... »

L'homme se rendant 'maître et possesseur' de la nature, par une philosophie 'pratique' développant une infinité d''artifices' ? C'est le fantasme moderne. L'urbanisme que Descartes apprécie, ce sont « les places régulières qu'un ingénieur trace à sa fantaisie dans la plaine » : il les préfère aux anciens bourgs devenus grandes cités, avec leurs édifices inégaux et leurs rues « courbées ». Il étend cette vision à la démarche intellectuelle : comme on abat les vieux logis pour en bâtir d'autres, on doit « ôter » les données métaphysiques et tout reconstruire à partir du doute. Qu'est-ce qui est douteux chez l'homme ? Le mystère de son existence. Ses capacités techniques, en revanche, ne font aucun doute. On s'acheminera donc vers une société technicienne sourde au mystère... Galilée, génie scientifique, l'avait laissé entendre dix ans avant Descartes : si la nature ne répond pas de bon gré à nos demandes et ne nous dévoile pas ses secrets, on la mettra sur un chevalet et, lui infligeant la question, on lui arrachera les réponses qu'elle ne veut pas nous donner librement... Galilée aussi se voulait chrétien et l'était sincèrement. Tout autant que l'Anglais Francis Bacon, qui appelait pourtant en 1627 à « reculer les bornes de l'Empire Humain » en vue de réaliser « toutes les choses possibles ». La maxime de Bacon était Ipsa scientia potestas est : « savoir, c'est pouvoir »... La connaissance comme pouvoir ? 'Réaliser' tout le possible ? Avec trois siècles d'avance, c'est déjà l'esprit de la technoscience. Parmi les objectifs de la société idéale (une oligarchie scientifique), Bacon fixait d'ailleurs celui de « créer de nouvelles espèces ». Les sources de nos vertiges actuels sont à chercher loin en amont.

Bien entendu, le Discours de la Méthode n'a pas la paternité directe d'un capitalisme industriel qu'il précède de deux cents ans ! Mais les idées enjambent les générations. Et les phénomènes mentaux et sociaux ne naissent pas sans les hommes. Quand Marx parlera en 1848 du « bouleversement continuel » imposé par le capitalisme (« tous les rapports sociaux se dissolvent, tout ce qui avait solidité et permanence s'en va en fumée, tout ce qui était sacré est profané »), il l'attribuera à un système – mais incarné dans une catégorie d'êtres humains : « La bourgeoisie ne peut exister sans révolutionner constamment les instruments de production, ce qui veut dire les rapports de production, c'est-à-dire l'ensemble des rapports sociaux. Ce bouleversement continuel de la production, ce constant ébranlement de tout le système social, cette agitation et cette insécurité perpétuelle, distinguent l'époque bourgeoise de toutes les précédentes... »

Du mécanicisme cartésien vers la pensée bourgeoise du XIXe siècle, le chaînon se trouve au XVIIIe. En 1748, Julien La Mettrie pousse plus loin que Descartes : il supprime le Créateur inutile et il ôte l'âme. « Croyant s'apercevoir que la faculté de pensée n'était qu'une suite de l'organisation de la machine » (dira Frédéric II faisant son éloge), il écrit L'homme machine où il prône un matérialisme total. Ce qu'il accompagne – sur le plan éthique – d'un concept voué à un grand avenir : celui de l'égoïsme individuel et collectif promu au rang de loi naturelle...

Au XVIIIe siècle, ces nouveautés ont plu aussi à d'autres idéologues : les fondateurs du libéralisme économique et du capitalisme industriel. Faire de l'égoïsme utilitaire une loi naturelle, substituer celle-ci aux lois des Etats, supprimer les pourquoi et les remplacer par des comment, c'était transformer le monde naturel – et humain – en un chantier d'exploitation. >>


 *  L'Oeuvre, 2008.


Commentaires

DESCARTES FAUX CHRETIEN

> Descartes se croit chrétien. Mais il relègue Dieu créateur à un instant zéro en amont de l'histoire après quoi Dieu se serait retiré, laissant l'homme exploiter la création sans autre règle que son bon plaisir... Or cette vision rompt avec la Révélation judéo-chrétienne, dans laquelle Dieu crée le monde à chaque instant, et l'homme n'est que le gérant de ce monde confié à sa responsabilité - ce qui est tout autre chose. Descartes est donc un faux chrétien.
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Écrit par : PP / | 13/05/2013

> Hélas il n'est pas le seul. Sans vouloir nommer personne, il ne serait pas difficile d'en pointer du doigt pas mal aujourd'hui, sur le plan économique et social.
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Écrit par : edmond campion / | 13/05/2013

> ne nommons personne mais pensons au problème, relisons Diaconia 2013, faisons nôtres ses orientations et "ne lâchons rien" !
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Écrit par : ermance / | 13/05/2013

CONSTERNANT DESCARTES

> Content de voir que ce que je pense de Descartes depuis ma première littéraire, est partagé, écrit et publié !
Comme quoi ce n'était pas si bête !
Ce qui m'a toujours agacé et consterné c'est le postulat selon lequel "le bon sens est au monde la chose la mieux partagée" donc je peux juger de tout, je suis maître de tout.
Descartes est à l'origine du scientisme en fait, du nombrilisme anthropolâtrique.
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Écrit par : E Levavasseur / | 13/05/2013

DESCARTES GRAND-PERE DU LGBT

> Descartes chrétien ? Oui. Sincère ? Oui.
Mais il a fait passer la personne du Christ à une construction intellectuelle très lointaine. Plusieurs acrobaties ou preuves de l'existence de Dieu ont tenté de rattraper le coup mais ce sont des échecs.
Pour moi, Descartes a inventé le personnage central des Lumières. C'est le penseur isolé nourri par le monde et qui dirige ce dernier en l'illuminant de son génie.
La mouvance LGBT est un avatar de cette vision des penseurs.
Ce qui m'a fait tiquer avec Descartes est que sa grande intuition lui est venue quand il était rigoureusement seul et qu'il a cru passionnément qu'il est possible de reconstruire le monde dans sa tête. Après, le monde n'a qu'à se soumettre. C'est très efficace. Ça a des limites.
La mouvance LBGT est une illustration de ce problème.
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Écrit par : DidierF / | 13/05/2013

PEILLON L'EXPLOITEUR

> L’homme comme « chantier d’exploitation », nous y sommes en plein !
C’est, rappelons-le, le projet de Vincent Peillon, avide de voir l’école « dépouiller l’enfant de toutes ses attaches pré-républicaines », pour le conduire à « une nouvelle naissance, une transsubstantiation » (sic) – cf. « La révolution française n’est pas terminée », son ouvrage de 2008, au Seuil – et, dans cette logique, explicitant la volonté du gouvernement de « s’appuyer sur la jeunesse pour changer les mentalités » (sa lettre du 4 janvier 2013 de ministre de l’Education aux recteurs d’établissements), notamment en matraquant les cervelles des écoliers avec la théorie du genre.
C’est aussi le projet du multimillionnaire Pierre Bergé déclarant (Le Figaro, 16 décembre 2012) : « Moi je suis pour toutes les libertés. Louer son ventre pour faire un enfant ou louer ses bras pour travailler à l'usine, quelle différence ? ».
C’est encore le projet de Christiane Taubira, affirmant « légitime » la « revendication des couples de femmes » d’accéder à la PMA (sur France 2, le 12 février 2013), laquelle PMA, comme chacun sait, devrait être interdite dans tous les cas puisqu’elle sacrifie un certain nombre d’embryons humains pour parvenir à la naissance d’un enfant…
Dans le sillage des « chrétiens indignés » qui sont avec vous, cher PP, pionniers en matière d’écologie plénière, chacun le comprend aisément (mais ça va mieux en le disant) : ces agressions de grands « décideurs » contre « l’écologie humaine » qui nous tient à cœur, ces transgressions liées à la société libérale-libertaire voulue par le gouvernement – l’être humain devenant chantier et matériau d’exploitation – sont à même de provoquer une large prise de conscience, un déclic décisif des mentalités. Mal pour un bien, elles ont cette vertu d’amener les « bonnes consciences chrétiennes » à se préoccuper enfin, et en profondeur, de l’écologie.
Oui, il faut le marteler et en définitive s’en réjouir, ces provocations peillonesques, bergéïques et taubirasques sont idéales pour nous conduire à un renouveau des esprits et faire en sorte que la protection par l’homme de son environnement reparte sur de bonnes bases (donc hors EELV et consorts) après des siècles d’égoïsme individuel et collectif, de délire productiviste et anti-écologique.
Aussi suis-je convaincu que de nombreux opposants au « mariage pour tous » sont d’ores et déjà dans les starting-blocks pour les « Assises de l’écologie humaine » annoncées par Tugdual Derville… lesquelles, espérons-le, porteront banderoles à la Manif pour tous du 26 mai prochain, à Paris !
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Écrit par : Denis / | 13/05/2013

EPOQUES

> Oui, les idées enjambent les générations. C'est ainsi qu'elles deviennent folles.
Quand Descartes parlait de maîtriser la nature à quoi pensait-il? A un urbanisme régulier, ce qui n'était pas nouveau puisqu'il existait dans maintes bastides méridionales et même à Aigues-Mortes et aussi dans des places fortes italiennes, urbanisme plus salubre bien nécessaire. Peut-être pensait-il aussi à des canaux ou des ponts, ce qui n'était pas neuf non plus (qui connait l'extraordinaire Pont Saint-Esprit, 900 mètres sur le Rhône, autour de 1300?) peut être aussi pensait-il à l'essor de la botanique, bien nécessaire aussi quand on connaît la précarité tragique de la vie des paysans de ce temps, ou à l'amélioration des machines hydrauliques et éoliennes, seules sources d'énergie alors.
Mais, bien qu'un des fondateurs des outils d'analyse mathématique, pouvait-il imaginer les portes qu'ils ouvriraient?
Il n'a pas vu la naissance de la thermodynamique (Nicolas Léonard Sadi Carnot, Réflexions sur la puissance motrice du feu et sur les machines propres à développer cette puissance, 1824), ni même la machine à vapeur réalisée empiriquement auparavant.
Ni celle de la chimie, fin XVIIIème s.
Ni la fondation de l'électromagnétisme par Ampère dans les années 1820 - 1836.
Encore moins la relativité restreinte formulée par Poincaré puis interprètée par Einstein (1905)
Pas davantage la mécanique quantique (Planck, de Broglie etc ... première moitié du XXème s) sans laquelle il n'y aurait pas de composants électroniques donc pas de blogs.
Ni, bien sur, la médecine scientifique!
Les idées de Descartes ne sont pas les seules à être ainsi devenues folles, ce ne sont même pas les pires. Après tout, penser rationnellement le monde qui nous entoure est-il plus dangereux que de rêver d'une organisation sociale purement rationnelle? Pas difficile d'entrevoir le totalitarisme qui peut en surgir! Or, à la naissance du XVIème s. un indiscutable VRAI chrétien l'a fait, c'est même un saint: Thomas More, dans son Utopie.
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Écrit par : Pierre Huet / | 15/05/2013

Autre rationaliste du XVIIe siècle : Leibniz.

> Tous deux étaient de brillants mathématiciens, tous deux ont côtoyé la guerre de Trente Ans.
Mais ni Descartes ni Leibniz n'ont inventé le rationalisme moderne; il existait avant eux et revêtira par la suite des formes auxquelles ils ne pouvaient guère s'attendre. Leur foi chrétienne était un puissant garde-fou contre l'hubris de la raison : ainsi Descartes n'a jamais invité l'homme à s'approprier la nature, affirmant prudemment que nous pourrions nous rendre « COMME maîtres et possesseurs de la nature ». Une fois écartée des consciences l'« hypothèse » de la Création, le champ était libre pour tous les abus : la figure de style disparaissait, nous devions réellement être les maîtres incontestés de la nature, et n’avions certainement pas à rendre compte de notre gestion de celle-ci au Créateur.
S’il s’agit de faire de Descartes le père spirituel du technicisme contemporain, je reste plutôt réservé. Mieux vaut postuler une pluralité de « pères », dont la responsabilité n’est que partielle et indirecte.

Néanmoins Descartes a puissamment contribué, dans les dernières décennies du XVIIe siècle ainsi qu’au XVIIIe siècle, à creuser le fossé entre l’homme et l’animal – en particulier dans le petit monde des clercs instruits ; et paradoxalement à fournir les bases théoriques du matérialisme athée. L’abbé Jean Meslier, qui a étudié Descartes durant ses années de Séminaire, a pu écrire dans ce sens que les Cartésiens étaient « les plus sensés, et les plus judicieux d’entre tous les philosophes déicoles ». Et le baron d’Olbach, qui opposait crûment le « bon sens » cartésien aux « idées surnaturelles » s’inscrivait lui aussi dans une semblable filiation.

B.

( PP à B. - Désolé, Blaise, mais justement, Descartes ne raisonne pas en fonction de la Création permanente. Pour lui le Créateur "a créé" une fois pour toutes à l'origine, et l'homme d'aujourd'hui fait ce que bon lui plaît. C'est une rupture avec la vision cosmique de la Bible, dont les médiévaux étaient les héritiers conscients : cf Hildegarde de Bingen. De cette rupture - inconsciente chez Descartes mais consciente chez les postcartésiens - découleront l'idéologie mécaniciste du XVIIIe et le libéralisme... )

réponse au commentaire

Écrit par : Blaise / | 16/05/2013

> Justement ! Descartes n'a pas complètement rompu les digues avec l'idée de création, même s'il en récuse l'actualité.
Descartes est un auteur de transition : son dualisme radical va fournir aux penseurs matérialistes les outils conceptuels pour faire sauter l'hypothèse Dieu: ils se débarrasseront de l'objet adventice appelé "âme" mais garderons l'automate humain; délaisseront l'Horloger divin, irrémédiablement absent, et s'intéresserons exclusivement à la mécanique du monde.

Pour lors Descartes est encore un chrétien qui croit que Dieu a créé le monde. Pour que l'homme fasse « ce que bon lui plaît », il faudra franchir une étape supplémentaire : la négation de la création comme telle.

Au fait : Leibniz partageait avec Descartes une même conception de la création, en harmonie avec l'état des sciences à l'époque.
Pour résumer, je ne crois pas que Descartes soit réellement l'auteur indispensable pour comprendre la dérive vers un rapport utilitariste à la nature. Bien sûr, avec d'autres il a ajouté sa petite note. Mais c'est tout. Par contre, pour comprendre la montée de l'athéisme à la fin du XVIIe et tout le long du XVIIIe siècle, à mon avis c'est l'auteur clef.
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Écrit par : Blaise / | 16/05/2013

DESCARTES

> Merci pour cet extrait de votre livre Patrice, qui traduit bien les origines intellectuelles d'un rapport au vivant devenu mécaniste et instrumental, ouvrant, pour l'auto-glorification de l'homme, les voies de la folie productiviste.
Jean Bastaire (1) voit en Descartes une des figures emblématiques de ce tournant de l'âge classique qui absolutise l'homme et la raison et éloigne Dieu dans une transcendance désincarnée. Le christianisme cosmique s'éteint.
Descartes réduit les animaux à des machines, « ainsi qu'une horloge qui n'est composée que de roues et de ressorts» (Discours de la méthode), et participe de la même « désanimation » de l'univers que Pascal. «Sous prétexte de mieux définir ce qui distingue l'homme des autres créatures, l'éternel dualisme entre la matière et l'esprit rebondit. Une perspective mécaniste reçoit paradoxalement la charge de relancer le spiritualisme. »
Descartes évacue la notion patristique de tripartition des âmes (végétatives, sensitives et raisonnables), fait place nette à la vocation unique de l'homme, dans le refus d'accorder aux autres créatures toute dignité propre. « Dans le mouvement des animaux comme dans le mouvement des astres règne le vide silencieux des lois mathématiques» (Bastaire)
Ses disciples renchérissent, les jansénistes dissèquent des animaux vivants qu'ils clouent sur des planches pour observer la circulation du sang, et l'oratorien Malebranche énonce doctement que les animaux « mangent sans plaisir, crient sans douleur, croissent sans le savoir : ils ne désirent rien, ils ne craignent rien, ils ne connaissent rien » (de la recherche de la vérité – 1674). Mettant en pratique la théorie, le prêtre philosophe assène un brutal coup de pied à un chien pour tenter de démontrer qu'il ne souffre pas. Un autre oratorien, Pierre de Bérulle, s'indignait cinquante ans plus tôt, qu'on maltraitât un chien en des circonstances identiques.
« L'argument, dit Bastaire, dépasse de beaucoup la pensée de l'auteur, car reposant sur une observation manifestement erronée (« les animaux ne souffrent pas »), il se retourne en une interrogation poignante qu'aucun chrétien ne saurait éviter : par quel mystère des créatures innocentes du péché de l'homme peuvent-elles participer à la punition de cette faute ? Que signifie cette communion dans la sanction là où il n'y a pas communion dans le délit ? »

(1) Jean Bastaire, "Le chant des créatures ; les chrétiens et l'univers d'Irénée à Claudel"
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Écrit par : Serge Lellouche / | 17/05/2013

REMI BRAGUE

> Dans "Les ancres dans le ciel", Rémi Brague situe clairement la responsabilité de Descartes en amont du libéralisme et de la révolution industrielle : " Les trois derniers siècles des temps modernes sont ceux pendant lesquels le projet moderne, lancé au XVIIe siècle, a pu se donner les conditions techniques de sa réalisation."
Voilà qui devrait mettre tous les débatteurs d'accord. En tout cas moi je suis d'accord avec ça.
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Écrit par : ancelin / | 20/05/2013

DESCARTES TOUJOURS

> Je ne suis toujours pas convaincu... si le rationalisme scientifique des temps modernes aura été une condition indispensable de la révolution industrielle, cela ne veut pas dire que celle-ci était inéluctable. De plus, Descartes n'était qu'un acteur parmi d'autres de ces bouleversements scientifiques et philosophiques, qu'on pourrait faire débuter au XVe siècle. La croyance au Génie qui transforme à lui seul tous les cadres de pensée et la façon de vivre d'une société me laisse de marbre...
Et que faire de Francis Bacon, Gerard Mercator, Galilée, Leibniz, Newton?

B.


[ PP à B. - Vous avez raison de ne pas être convaincu de cela, parce que personne ne vous le dit : personne ne dit que Descartes, "seul", etc. Descartes est un jalon célèbre (le plus célèbre en France) dans le glissement de la pensée européenne vers le mécanicisme utilitaire, c'est tout... D'autre part, la révolution industrielle aurait eu lieu de toute façon, pour des raisons d'infrastructure ; ce qui aurait pu ne pas avoir lieu, c'est sa rencontre avec une idéologie dominante individualiste, mécaniciste et utilitaire. Conduite dans une autre perspective intellectuelle et morale, la révolution des techniques aurait sans doute eu d'autres résultats économiques et sociaux. )

réponse au commentaire]

Écrit par : Blaise / | 20/05/2013

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