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08/05/2013

Fête de la Saint-Michel de printemps

 Ecologie surnaturelle : l'ange est la trame de ce monde

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Sans être farouche comme le Skellig irlandais, ni antique comme le Gargano italien, le Mont Saint-Michel est un lieu sans équivalent : une montagne qui n'est ni sur terre, ni en mer, mais "au péril de la mer", comme on se met à dire dès le haut Moyen-Âge. Avant de devenir une merveille de l'architecture, le Mont dans son désert marin est une merveille de la nature.

 

Or ceci concerne aussi les anges... Ils sont de l'Au-delà, mais ils sont dans le monde d'ici-bas : le monde des mers et des montagnes, le monde présent, nullement maléfique (comme le prétendait la Gnose) mais "très bon" comme dit la Bible.

 

Et l'ange n'est pas seulement "dans" ce monde : il est la trame de ce monde ! Selon la théologie antique de l'Eglise d'Alexandrie, les anges sont les ambassadeurs de Dieu dans toute sa création : "Chaque souffle d'air, chaque rayon de lumière et de chaleur, toutes les beautés de la nature sont pour ainsi dire les parures de leurs vêtements, l'ondulation des robes de ceux qui contemplent la face de l'Eternel... Quelles seraient les pensées d'un homme qui en examinant une fleur, un caillou ou un rayon de lumière, qu'il considère comme très inférieurs à lui dans l'échelle de l'existence, s'apercevrait soudainement qu'il est en présence d'un être puissant, caché sous les choses visibles qu'il examine, et qui tout en dissimulant sa main savante, leur donne leur beauté, leur grâce ou leur perfection, car il est l'instrument de Dieu à cet effet ? Ou mieux encore, s'il découvrait que les objets qu'il analyse si avidement sont la robe et les parures de cet être ? " [*]

 

Rejoignons les miquelots d'autrefois, en marche sur les grèves, bravant la peur médiévale de la mer. Leurs pensées sont loin des raisonnements de la Sorbonne ou des calculs des princes : le surnaturel déborde toujours le politique d'une façon inattendue. Il déborde même le théologique. C'est le sens caché du très vieux chant de toute des pèlerins d'avant l'An Mil :

 E ultreïa ! E sus eïa ! Deus, aïa nos !

 Ce qui veut dire :

"Plus loin ! En avant ! Et que Dieu nous aide !"

 

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[*] Cardinal Newman, sermon pour la Saint-Michel 1831. Béatifié en 2010 par Benoit XVI, Newman reprend ici la théologie d'Alexandrie, pilier spirituel d'une écologie chrétienne.

 

 

Le texte ci-dessus est extrait de mon livre Les romans du Mont Saint-Michel

 (Le Rocher 2011, pages 71-72).


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Commentaires

LE VENT

> Le moine répondit : "Est-ce que nous voyons la cent millième partie de ce qui existe ? Tenez, voici le vent, qui est la plus grande force de la nature, qui renverse les hommes, abat les édifices, déracine les arbres, soulève la mer en montagnes d'eau, détruit les falaises, et jette aux brisants les grands navires, le vent qui tue, qui siffle, qui gémit, qui mugit - l'avez-vous vu, et pouvez-vous le voir ? Il existe, pourtant."
(Maupassant, 'Le Horla').
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Écrit par : horsain / | 08/05/2013

DOM GERARD AVEC NEWMAN

> " Notre humanité n'est que la frange chétive et imparfaite d'un autre univers, l'immense, le somptueux univers des Anges ou, comme disent les Pères, l'ordre des hiérarchies célestes. Chaque esprit pur est à lui-même un monde de beauté original, parfaitement différencié des autres esprits, parce que chacun en son essence exprime et reflète une pensée de Dieu.
L'inépuisable, l'infinie richesse de l'essence divine suppose un nombre d'anges quasi infini dont chacun est lui-même comme un astre dépendant et illuminé par un autre de ces grands soleils, dont la vision fera notre bonheur dans l'éternité. Voilà ce que nous ignorons, nous les prétentieux pygmées de la terre, éblouis que nous sommes par nous-mêmes, et nous pensons que notre univers est vide. Mais saint Hilaire de Poitiers nous répond : 'Tout ce qui paraît vide est rempli par des Anges de Dieu, et il n'est rien qui ne soit habité par la circulation de leur ministère.' John Henry Newman, le grand converti anglais du XIXe siècle, faisait écho à saint Hilaire et à toute la tradition lorsqu'il déclarait au cours d'un sermon : 'Il y a des Anges tout autour de nous'. "

Dom Gérard Calvet o.s.b.
(fondateur de l'abbaye Ste-Madeleine du Barroux)
Fontevraud, 14-15 octobre 1988, rencontres d'histoire religieuse du Centre Culturel de l'Ouest.
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Écrit par : A. v. Harff / | 08/05/2013

LITURGIE

> Vous écrivez : "le surnaturel déborde toujours le politique d'une façon inattendue. Il déborde même le théologique."
Je ne sais, mais il se manifeste sûrement dans la liturgie quand la liturgie terrestre et la liturgie céleste joignent leurs voix pour louer le Seigneur et rendre grâce.
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Écrit par : Michel de Guibert / | 08/05/2013

ULTREIA

> Un jour, quand j'aurai mon "chez moi", j'espère une ferme avec veau, vache, cochon, couvée (et plus !), ce si beau passage de J.H. Newman figurera en bonne place parmi les textes peints en lettres d'or et de sang sur les murs porteurs.
Merci Patrice de nous le (re-)faire découvrir !
Et toujours cette émotion pour le Mont de l'Archange, si important dans mon parcours !
E ultreïa ! E sus eïa ! Deus, aïa nos !
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Écrit par : PMalo / | 08/05/2013

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