Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

30/04/2013

Surprise : Bruxelles suspend des pesticides

...pour sauver les indispensables abeilles ! L'exécutif européen s'écarterait-il de sa docilité envers les multinationales ?

abeilles,pesticides,europe,écologie



Trois pesticides de chez Bayer et Syngenta sont suspendus pour deux ans à partir du 1er décembre prochain : décision de la Commission, hier. Officiellement il s'agit de sauver les abeilles dont le système nerveux est attaqué par ces produits à base des néonicotinoïdes (clothianidine, imidaclopride et thiaméthoxame). Mais il y a beaucoup d'interrogations. D'abord abeilles,pesticides,europe,écologiela Commission a agi par elle-même, devant l'incapacité des Etats à dégager une majorité qualifiée. Quinze pays de l'UE, dont la France, avaient voté pour l'interdiction, mais les autres non : ce qui souligne l'inconscience de ces autres –  ou leur docilité envers les multinationales – à propos d'un enjeu grave. Mais cette docilité affecte aussi la Commission (pensons aux OGM et à l'obsession du libre-échangisme) : ce qui souligne la singularité de sa décision d'hier ! D'autant que cette décision avait été suggérée en janvier par l'Autorité européenne pour la sécurité des aliments, souvent critiquée pour ses accointances avec l'industrie biotech... Que Bruxelles fasse une exception à l'encontre des pesticides confirme l'évidence de leur nocivité, mais on peut craindre une manoeuvre de la part des eurocrates.

De leur côté, Bayer et Syngenta contre-attaquent. Leurs services de com' insultent les rapports scientifiques, qu'ils qualifient de "médiocres et ignorant la foule d'éléments de terrain prouvant que ces pesticides ne nuisent pas à la santé des abeilles". Dans les années 1980, les industries du tabac US qualifiaient de "médiocres" les rapports des cancérologues et les accusaient d'ignorer "les nombreuses études médicales prouvant que la cigarette ne nuit pas à la santé des fumeurs". (Un scandale éclata au Congrès quand on découvrit que les officines ayant produit ces "études" étaient financées par les industriels).

Les communicants de Bayer et Syngenta invoquent aussi des "études" selon lesquelles l'interdiction des pesticides "ferait perdre plusieurs milliards d'euros" (à qui ?).

Enfin, ils allèguent le rôle d'un virus répandu par le varroa, acarien nuisible aux colonies d'abeilles. Mais les scientifiques récusent cet argument. Le varroa n'innocente pas les pesticides : il se conjugue avec eux pour détruire les insectes. [1]

Selon le rapport des Nations-Unies en 2011, la pollinisation par les abeilles, papillons et coccinelles (eux aussi victimes des pesticides) vaut 155 milliards d'euros par an. Toute atteinte à cette pollinisation créant un danger pour l'agriculture, les arguties des industriels sont suspectes.

____________

[1] Monter en épingle une réalité pour en nier une autre est une attitude d'avocat, non de scientifique. On la retrouve chez les négationnistes climatiques, qui nient le rôle de la surchauffe productiviste "parce que" d'autres mécanismes pourraient être impliqués aussi.

 

Commentaires

LES ABEILLES SONT INDISPENSABLES

> Bernard Vaissière, chargé de recherche à l’INRA et animateur du Laboratoire de pollinisation entomophile :
« Selon une étude internationale menée sur 115 cultures et dans 200 pays, par des équipes de France, d’Allemagne, des Etats-Unis et d’Australie, les 3/4 des cultures sont pollinisées majoritairement par les insectes. C’est le cas pour la plupart des cultures fruitières, légumières, oléagineuses et protéagineuses, ainsi que celles des fruits à coques, des épices, du café et du cacao. Seules 25 % des cultures n’en dépendent pas du tout (principalement les céréales comme le blé, le maïs et le riz). Au total, c’est 35 % de la production mondiale de nourriture qui provient de cultures dépendant de la pollinisation par les insectes... Je pense qu’aujourd’hui la possibilité d’un déclin important des populations d’abeilles, voire de la disparition complète de certaines espèces, est réelle ».
Dans l'hypothèse d’une extinction de masse des abeilles, les agriculteurs auraient de sérieux problèmes d’adaptation, le consommateur paierait plus cher sa nourriture, certains aliments deviendraient introuvables dans certaines régions. Une planète sans abeilles serait appauvrie, avec des conséquences sociologiques et économiques impossibles à évaluer.
______

Écrit par : hypothèse Maya / | 30/04/2013

TACTIQUE ?

> Cette simple suspension provisoire, qui n'intervient qu'en fin d'année et permet donc une année d'épandage n'est-elle pas qu'un simple repli tactique destiné à désamorcer le rejet du système européen ?
______

Écrit par : Pierre Huet / | 30/04/2013

MANOEUVRE ?

> Comme Pierre Huet, je crains une manoeuvre.
Durant les deux ans de suspension, les produits continueront à être utilisés grâce aux stocks réalisés. Les abeilles continueront de décliner et ces petits malins auront beau jeu de dire : voyez, nos produits ne sont pas responsables.
______

Écrit par : Barbara / | 30/04/2013

> Ce qui est aussi surprenant c'est la durée très courte de cette suspension: 2 ans... Dans 2 ans ces pesticides seront devenus miraculeusement les amis des abeilles? S'ils sont mauvais la suspension aurait dû être en toute logique définitive et devenir une interdiction. ça ressemble un peu à une interdiction de l'amiante pour 2 ans...
______

Écrit par : Robert Culat / | 30/04/2013

MENTAL

> Encore un effet secondaire des pesticides : la confusion mentale et les décisions contradictoires...
Bruxelles, pas plus que nos pauvres butineuses, n'est épargnée par les méfaits de ces produits toxiques qui se propagent sur la planète.
______

Écrit par : Coucy / | 01/05/2013

Bonne nouvelle, mais...

> Bonne nouvelle, mais, comme d'autres l'ont dit, un moratoire de deux ans n'accorde qu'un bref répit, et en plus il ne prendra effet qu'en décembre...
______

Écrit par : Michel de Guibert / | 04/05/2013

Les commentaires sont fermés.