Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

28/03/2013

Gilles Hériard-Dubreuil, "l'écologie profonde", l'anthropologie et la loi Taubira

Une information à verser à son dossier :

couv39_web.jpg

 


Sur le site des Assises de l'écologie humaine, une tribune de Gilles Hériard-Dubreuil explique nombre de choses vraies mais sacrifie au rite : feindre de croire à un danger redoutable, celui de "l'écologie profonde" entité aussi célèbre (à droite) qu'absente du paysage. Je me permets donc de verser une information à son dossier. Elle concerne L'Ecologiste, revue de référence, radicale au point d'avoir été taxée naguère de sympathies envers l'écologie profonde (ou deep ecology). L'écologie profonde est une tarasque, invisible, mais dont la bourgeoisie post-industrielle parle avec des frissons et qu'elle évoque sans cesse pour mettre les enfants en garde contre la tentation contestataire. Il faut en effet que la deep existe, pour que l'on puisse dire que toute écologie cohérente pense "au détriment de l'homme"... Les catholiques de droite se transmettent donc depuis trente ans ce mythe à ranger aux côtés du Grand Albert, du Dragon rouge et du Necronomicon : la deep ecology, comme le grand Cthulhu, est censée veiller dans l'ombre quelque part sous les glaces polaires, immuable et imputrescible en son anthropophobie.

Mais voilà : les gens changent, les idées bougent, 2013 n'a rien à voir avec ce que les livres des démonologues (base de l'information de la droite catho en matière écologique) racontaient en 1993 !

Si L'Ecologiste a été deep autrefois – ce qui reste à démontrer – et si la deep se caractérise par l'anthropophobie, alors comment expliquer l'événement dont notre blog se faisait l'écho dans une note du 2 mars :

 

reproduction de notre note du 2 mars :

Version française de la revue The Ecologist fondée par feu Teddy Goldsmith, L'Ecologiste (http://www.ecologiste.org) est une revue de référence, connue des catholiques depuis son dialogue avec Joseph Ratzinger en 2004-2005. Son numéro de mars 2013 contient notamment un dossier sur la loi Taubira et un éditorial de son rédacteur en chef, Thierry Jaccaud. Extraits de cet éditorial, intitulé 'Que nous dit la nature ?' (les passages mis en gras le sont par nous) :

<< Il n'y a pas de petit catéchisme vert, et c'est heureux, et il y a peut-être autant d'écologies que d'écologistes. Pour autant il y a tout de même quelques références communes et la nature en est une. Les adversaires de l'écologie ne s'y trompent pas. Ainsi du plus célèbre d'entre eux, Luc Ferry,[...] dans son pamphlet Le nouvel ordre écologique paru en 1992 et constamment réédité depuis. Luc Ferry affirme de façon lancinante […] que ce qui définit l'homme, c'est l'arrachement à la nature.[…] Vincent Peillon, ministre de l'Education, a affiché en septembre 2012 sa volonté d'introduire des cours de morale à l'école afin de permettre à chaque élève de s'émanciper […] Le ministre ajoute : pour cela, "il faut arracher l'élève à tous les déterminismes, familial, ethnique, social, intellectuel" […] Le 3 février 2013, dans l'hémicycle, au moment du débat parlementaire sur le "mariage pour tous", la Garde des Sceaux Christiane Taubira précisait : "cette éducation fabrique des citoyens, elle les arrache par le savoir, par la connaissance et par l'esprit critique aux déterminismes des origines, au déterminisme de la religion, au déterminisme de la condition sociale et économique."

Les mots ont un sens. On arrache, nous dit Littré, une dent, les yeux ou les oreilles. […]   Et les trois colonnes d'exemples de Littré montrent à l'envi la violence du terme.

A l'évidence, il y a des déterminismes qui enferment. A l'évidence, l'attachement à la nature ne peut être une copie servile : nul ne laisse "faire la nature" face à la maladie. Mais à prendre la position exactement opposée, n'est-ce pas non une vérité mais simplement l'erreur contraire ?

Alors, de quoi cet arrachement est-il le nom ? Certainement pas du socialisme originel qui, comme le rappelle avec force Jean-Claude Michéa dans son dernier ouvrage Le Complexe d'Orphée (éditions Climats, 2012), est justement né au début du XIXe siècle contre l'individualisme forcené des philosophes des Lumières, et contre la volonté de faire de tous les attachements "table rase" […] Quelle est donc, poursuit Michéa, la pierre angulaire, la vertu humaine par excellence? C'est la capacité psychologique et morale de se fixer des limites, et donc de tenir à distance ce que Marx appelait "les furies de l'intérêt privé".Ces mêmes furies qui sont devenues le moteur du développement du capitalisme, lequel ne peut prospérer qu'en supprimant tous les liens qui attachent les individus entre eux, à un lieu, à la nature ou à une histoire. L'arrachement n'est que l'autre nom de l'anthropologie libérale.

Que nous dit la nature ? En elle-même, rien […] C'est notre culture, selon la place qu'elle réserve ou non à la nature, qui nous permet de répondre à des questions simples. Faut-il nourrir des herbivores avec des farines animales ? Peut-on transférer un gène de poisson dans une fraise ? Peut-on fabriquer un enfant sans père ? Peut-on fabriquer un enfant dans un utérus artificiel comme le propose le professeur Atlan ? Peut-on fabriquer un enfant à partir de gamètes issus de deux parents du même sexe, de façon à ce qu'il soit […] biologiquement issu de chacun de ses deux parents du même sexe, comme cela est déjà possible avec des souris ? Une fois rompu le lien avec la nature et l'histoire, la réponse ne peut être que positive. Si au contraire on estime que la nature est organisée et que nous nous inscrivons dans une histoire, alors ce sont là des transgressions que l'on s'interdira au nom d'une morale commune qu'Orwell appelait la common decency.>>

Dans ce numéro de L'Ecologiste, Thierry Jaccaud fait une critique méthodique de la loi Taubira : les Français "non consultés", les instances de concertation "oubliées", le très petit nombre de couples homosexuels vivant avec des enfants [1], et le "bouleversement majeur du droit de la filiation" [2] aboutissant à ce qu'un enfant puisse avoir officiellement deux mères, absurdité dotée de conséquences psychologiques redoutables. "Claude Lévi-Strauss résume magnifiquement les liens qui existent entre nature et culture lorsqu'il écrit que 'les liens biologiques sont le modèle sur lequel sont conçues les relations de parenté'. Au grand désappointement des partisans du mariage homosexuel, il avait même confirmé sa position au soir de sa vie", souligne le rédacteur en chef de L'Ecologiste.

_________

[1] Insee, rapport du 14/02/2013 : seulement dix mille couples d'homosexuels « vivent avec des enfants au moins une partie de l'année ». (Un chiffre « très inférieur à toutes les estimations des associations LGBT qui circulaient jusque là », constate L'Ecologiste). Mais peu importe au gouvernement.

[2] selon le Conseil supérieur de l'adoption. 

 fin de la reproduction de notre note du 2 mars.

 

Je ne reproche nullement à Gilles Hériard-Dubreuil de ne pas avoir eu connaissance de ce numéro de L'Ecologiste ; mais je lui signale son existence [1]. Je le préviens aussi que le mensuel La Décroissance, horresco referens dans les cabinets de consulting, est sur la même ligne que L'Ecologiste en ce qui concerne l'anthropologie ! Il y aura d'autres surprises du même genre aux Assises de l'écologie humaine, si elles s'ouvrent à tous les hommes et femmes de bonne volonté.

 

____________

[1] Certes la revue L'Ecologiste est antinucléaire : mais ce n'est pas un péché. Ce n'est pas non plus une aberration sur le plan scientifique. Va-t-on ostraciser certains opposants à la loi Taubira parce qu'ils n'aiment pas non plus Areva ?

 

Commentaires

ATTENDONS

> M. Hériard-Dubreuil est d'ailleurs prudent envers la décroissance : "Notre propos à ce stade n’est pas d’imposer une voie ou une autre (la décroissance par exemple) mais de créer les conditions d’un débat ouvert entre différentes composantes sociales, différents écoles de pensée, différents groupes de recherche."
Il est possible de remplacer dans cette citation le mot "décroissance" par "sortie du nucléaire", "agroécologie",etc,...
sans que cela change grand-chose...
Mais attendons ces assises puisqu'on reconnait un arbre à ses fruits.
Cela dit je viens de retrouver un vieil éditorial d'Alain de Swarte dans la revue 'Combat Nature' et qui date de...1981. Le projet des écologistes à l'époque s'appelait "le Pouvoir de vivre" (pas loin de 300 pages tout de même) par opposition au pouvoir d'achat. Si cela ce n'était pas déjà de l'écologie humaine...
______

Écrit par : Patrick Pique / | 28/03/2013

LIBERALE

> La "Deep Ecology" existe forcément puisqu'elle a ses théoriciens, et quelques rares adeptes en France. C'est d'ailleurs une doctrine en parfaite adéquation avec le libéralisme culturel, qui a fait de la non discrimination et de l'égalisation de tout et de n'importe quoi son Graal absolu. D'ailleurs, Jeremy Bentham, qui est l'éminence grise de notre époque, prédisait que les bêtes accéderaient aux mêmes droits que les esclaves noirs émancipés. Il y avait déjà chez lui, en germe, une critique de l'« anthropocentrisme ».

B.


[ De PP à B. - J'ai pas mal fréquenté les milieux écolos, et je n'ai jamais rencontré un adepte de la deep ecology. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Blaise / | 28/03/2013

PAS POSSIBLE ?

A lire tous ce qui s'écrit un peu partout, je finis par me confirmer qu'il n'est pas près d'être possible de faire oeuvrer ensemble des Français sur tous les fronts qui me semblent aller ensemble:
- écologie environnementale,
- écologie humaine et familiale
- démondialisation économique et financière.
Vive la multiappartenance à des mouvement différents rassemblant des citoyens ponctuellement d'accord.
______

Écrit par : Pierre Huet / | 28/03/2013

PARTICIPER

> En un mot : remarquable !

@ Patrick, si vous le souhaitez, vous pouvez faire encore davantage qu'attendre les Assises, vous pouvez aussi participer à leur préparation.
______

Écrit par : Guillaume de Prémare / | 28/03/2013

TROIS SOURCES

> Je profite de ce fil pour signaler ces trois excellentes sources d'information au sujet du nucléaire et de la grande omerta imposée par cette industrie de la mort.
Références incontournables pour sortir du silence, du mensonge et de la manipulation qu'organise l'industrie nucléaire, en finançant massivement des pseudo entreprises à cette fin (si si!!) :
http://www.sortirdunucleaire.org/
http://observ.nucleaire.free.fr/
http://www.criirad.org/
______

Écrit par : Serge Lellouche / | 28/03/2013

ECOLOGIE (DONC AUSSI HUMAINE)

> Je citerais pour ma part cet extrait du livre du grand écologiste Bernard Charbonneau «Le feu vert». Il date de 1980 et il est d'une incroyable actualité. Pas franchement de la deep ecology libertaire, comme on peut le constater...
Citation : "Quant à la différence qui oppose et unit l'homme et la femme, il n'en est guère qui soit plus profondément inscrite dans la vie, ne serait-ce qu'au titre de géniteur et de génitrice, osons dire père et mère ; et c'est l'artifice scientifique qui pourra seul l'abolir. En niant la différence - je ne dis pas l'inégalité puisqu'il s'agit d'incomparables – obéit-on à une passion de liberté et d'égalité ou au contraire est-on dupe du développement d'une société qui devient une vaste fabrique d'ersatz standardisés?(...)
On peut en dire autant de la libération des tabous sexuels au nom du désir ou de la « révolution libidineuse ». On est ici au cœur de la nature et du mystère de la vie, qui mériterait d'être approché avec plus de prudence, sinon de révérence. La pratique du n'importe quoi n'importe comment au nom du désir, la mise de la pédérastie ou de la pédophilie sur le même plan que l'amour de la femme et de l'homme illustre assez bien la tendance à pousser à la limite la logique de la liberté. Ce qui ne va guère dans le sens de la nature, ni de la plupart des sociétés traditionnelles(...) En ce domaine, comme le montre l'exemple du puritanisme américain, on passe vite du silence hypocrite et de la répression du sexe à une publicité qui met le piment d'Eros dans toutes les sauces commerciales ou même politiques.
Homme et femme, père et mère, amant et amante, parents et enfants. Il semble difficile de nier qu'il s'agit là de différences qui sont d'abord naturelles, le milieu culturel ne faisant qu'en rajouter. On naît homme ou femme, puis selon les nécessités ou les hasards de la vie, on le devient ; la part de la société n'empêche pas celle de la nature. La négation du mariage institutionnel ou de fait, la dénonciation de l'égoïsme à deux au nom d'une relation érotique plus vaste, la revendication de la liberté des enfants contre l'autorité des parents mènent à la condamnation de la famille."
______

Écrit par : Serge Lellouche / | 28/03/2013

ARNE NAESS

> J'ai entendu parler de la Deep Ecology pour la première fois vers 1993 grâce à un ami qui y avait consacré son mémoire de sciences politiques. Cela paraissait irréel et personne n'était au courant à l'époque.
Cela a été mis au point par un Norvégien, Arne Næss (prononcer Nèèss) des romans sont sortis à l'époque qui abondaient en son sens mais n'ont pas duré.
Depuis , je n'en est plus jamais entendu parler.
En fait ce n'est pas tellement une vision de l'écologie où l'homme est vu comme un intrus dans la nature mais c'est surtout une sorte de philosophie animiste genre Avatar où l'homme fait partie de la nature au point de se fondre en elle.
Pour nous chrétiens, la nature et l'homme vont ensemble et c'est l'homme qui la fait fructifier pour notre bien à tous et la gloire, l'amour de Dieu.
Le petit franciscain amateur que je suis (pas pour l'ascèse hélas,mais pour l'amour de la nature) s'est intéressé à cette philo en raison de la fausse séduction qu'elle peut opérer.
Car en réalité, ce n'est pas une écologie mais bel et bien une sorte d'animisme (dérivé de type Gaïa, New Age, etc).
En fait, le problème de Naess, c'est comme dans beaucoup de cas : il dit quelque chose de vrai mais les développements qu'il tire ne vont pas.
Par exemple : oui nature et homme vont ensemble (créature et création sont inséparables car l'un vit de l'autre et l'autre fructifie grâce au premier et ils sont aussi inséparables qu'ils le sont du Créateur -ce que ne dit pas Naess)
Mais au lieu de se borner à en conclure que l'homme doit se développer, user de son intelligence, des ses talents d'un façon qui glorifie la nature (et donc Dieu), Naess en conclut que l'homme se font avec elle, au point de nier ( dans mon souvenir) la notion de personne.
C'est ce qui fait dire qu'il subordonne l'homme à l'animal : en fait non.
Pour Naess homme et nature existent indépendamment, n'ont pas de buts, surtout pas l'un envers l'autre. Vision incompatible avec la foi; il y a un côté Sartre à son discours.
Le problème de Naess( encore une fois dans mon souvenir) résulte de la négation de Dieu ou plutôt de l'indifférence envers l'idée de Dieu ou plutôt de son remplacement par un grand tout (limite bouddhique) où nature, homme se confondent.
______

Écrit par : E Levavasseur / | 28/03/2013

@ Blaise et PP

> la deep ecology type "nature passe avant l'homme" a plus de curieux que d'adeptes en effet.
Hélas j'en connais une application : en Argentine (décidément !), dans le Chaco, où un milliardaire américain a acheté des hectares et des hectares de terrain dont il a fait partir les habitants pour en faire une réserve naturelle.
Il ne se préoccupe pas de savoir ce que deviennent les gens qu'il a fait partir (au motif que les terres lui appartiennent) ; ce qui l'intéresse c'est d'observer la nature laissée à elle-même.
Moi, je veux bien mais il y a des gens qui n'ont plus de quoi vivre !
Il devait s'en préoccuper et ne mener à bien son projet que s'il était possible de leur donner de quoi vivre.
C'est le cas que je connais. Il est unique mais pour les gens concernés, c'est la catastrophe.
Ce type se dit écolo mais ne l'est pas.
Car les gens qu'il a chassés, il ne s'en préoccupe pas, or ne font-ils pas partie de la nature ?
car ils s'entassent ailleurs ce qui fait qu'ils détruisent la nature là où ils sont.
______

Écrit par : E Levavasseur / | 28/03/2013

PUREMENT PHILOSOPHIQUE

> Je ne suis pas sûr que les tenants de la Deep Ecology fréquentent beaucoup les « milieux écolos »; il s'agit essentiellement d'une posture philosophique qui n'engage pas à grand chose.
______

Écrit par : Blaise / | 28/03/2013

DECROISSANCE ET NATURE

> Dans une sorte d'abécédaire de la décroissance, le journal du même nom répond ceci à la question : "La décroissance est-elle de l’« écologie profonde » ? :
"L’« écologie profonde » (deep ecology) se définit généralement par le « bio-centrisme », c’est-à-dire qu’elle considère l’humanité seulement comme une partie d’un ensemble vivant. La décroissance est au contraire anthropocentrique : elle place l’humain au centre et accorde à la nature une place très importante, mais qui demeure seconde. La décroissance est donc opposée à l’écologie profonde."
Pour info, et si par hasard on était envahi par le doute à ce sujet, à la lettre M, on y répond à la question "La décroissance est-elle une maladie mentale ?", et toujours à M, "La décroissance est-elle pour ou contre Mireille Mathieu ?".
Réponses explosives ici :) http://www.decroissance.org/?chemin=faq
______

Écrit par : Serge Lellouche / | 28/03/2013

"DEEP ECOLOGY" ET "LOI NATURELLE"

> Il est intéressant de noter qu'il y a un pendant à l'"écologie profonde" en morale : c'est la lecture la lecture biologisante de l'idée de "Loi Naturelle".
Quand on dit "écologie" certains cathos de droite sont effrayés : on met le pingouin au dessus de l'humain ... ils y voient la deep ecology.
Mais quand on dit "loi naturelle" certaines personnes de gauche sont affolées : on veut fixer l'homme dans un modèle archaïque, on croit que la nature a déjà tout fixé, ... Ils pensent que loi naturelle veut dire la loi de la nature biologique imposée à l'homme.
Bref il y a énorme incompréhension, il est temps d'en parler
L'écologie authentique, tout comme la lecture authentique de la loi naturelle, n'implique aucunement un ordre biologique intouchable auquel l'homme aurait à se soumettre (sinon il faudrait arrêter toutes activités scientifiques, toutes activités agricoles, ...) ; il s'agit bien plus d'un ordre rationnel (que l'on peut dire naturel si le terme renvoie à la nature humaine dans toutes ses dimensions) qui invite à repenser notre rapport à la nature en prenant en compte toutes les dimensions de l'humain et du cosmos.
CF. le très bon document de la CTI sur la loi naturelle : http://www.vatican.va/roman_curia/congregations/cfaith/cti_documents/rc_con_cfaith_doc_20090520_legge-naturale_fr.html
notamment le numéro 79 critiquant la présentation physiciste de la loi naturelle

B.


[ De PP à B. - Merci de cet excellent coup de projecteur. Il y a de quoi faire un débat public, notamment en écho à "l'écologie humaine" dont il est maintenant question. Si vous voulez bien développer, nous sommes preneurs ! ]
______

Écrit par : Benoit / | 29/03/2013

LA "DEEP ECOLOGY" N'EST PAS DE L'ECOLOGIE

Pour ma part, j'entends assez régulièrement, de la part de jeunes, ou même de collègues, des réflexions de type deep ecology, telles que (et je me demande toujours comment ouvrir le dialogue à partir de là ?) :
- "finalement la nature est belle et ce sont les êtres humains qui sont la cause de tous les problèmes, il vaudrait mieux qu'il n'y ait pas d'humains".
- Ou "entre l'animal et l'homme il n'y a pas vraiment de différence"
Ceci en dehors de toute pensée écologique structurée... ce qui peut expliquer qu'on ne voit pas de deep ecology dans les milieux écolos.
La deep ecology n'est peut-être que ce ressenti de personnes - plutôt accros à la télé qu'à l'écologie réelle (?) - mais dans ce sens là je dirais qu'elle existe bien.
IM


[ De PP à IM - La "deep ecology" est à l'écologie ce que l'idéologie "queer" est à la réalité. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Isabelle Meyer / | 29/03/2013

CHANTE AVEC MOI

> Tu est jeune ? Tu as soif d'aventure ? L'injustice de te révolte ? La fougue est ton moteur électrique ? Tu préfères les humains aux pingouins ? Tu souffres dans ta chair de voir partout toutes ces politiques environnementales qui favorisent les grenouilles et les insectes alors que pendant ce temps là des humains crèvent intoxiqués dans des mines d'uranium au Niger ? Tu en as ras la casquette de ces écologistes extrémistes qui bloquent nuit et jour des trains remplis de déchets toxiques et qui freinent l'élan de nos rêves les plus fous ? Tu en as marre du lobby écologiste, infiltré partout, qui tient de sa poigne inhumaine une humanité asservie au règne destructeur des fraises des bois et des hirondelles qui ne font plus le printemps ?
Dans ton cri d'indignation, tu crois en un monde meilleur et plus fraternel ou tous, main dans la main, jeunes et vieux, riches et pauvres, ouvriers précaires et entourloupeurs professionnels au service d'Areva, nous avancerons d'un pas léger vers l'horizon enchanteur de l'aube qui se lève enfin? Tu es prêt à entrer dans l'histoire et à changer le monde pour nos enfants?
Alors, prends moi la main, chante avec moi...et choisis le nucléaire !
http://www.youtube.com/watch?v=KwWQZ5rN1nc
______

Écrit par : Serge Lellouche / | 29/03/2013

@ Serge

> Quel ramassis de têtes à claques !
On dirait le clip de l'UMP avec la mère Lagarde qui se tortille
(ou encore le chant de sortie de messe à ... cf un commentaire il y a plusieurs semaines)
Quelle américaniaiserie !
ouiarzeuouheurlde, ouiarzeutchildreune
______

Écrit par : E Levavasseur / | 29/03/2013

CLIP

> Pris d'un doute j'ai regardé jusqu'au bout le clip et quand j'ai vu les minettes faisant leurs courses avenue George V, là, c'était trop gros et j'ai regardé les commentaires ...
Mais en fait, le problème c'est qu'il soit possible de croire ne serait-ce que 5 minutes que c'est vrai ce qui prouve qu'on nous a habitué à la niaiserie !
Bon. Malgré toute l'affection que j'ai pour lui, notre ami Phiippe Ariño, son clip intitulé "va d'abord à la messe"...
______

Écrit par : E Levavasseur / | 29/03/2013

@ Serge Lellouche

> Avez-vous lu les commentaires qui apportent des précision sur les intentions? Il semblerait que ce soit à prendre au 2ème degré, tout comme le nom du groupe "Les Artistes Chanteurs de la Droite Conservatrice".
Ce qui paraît évident avant même de les lire quand on un peu de sens de l'humour.
______

Écrit par : Pierre Huet / | 30/03/2013

@ Pierre,

> Je vous rassure, j'ai vu ce clip pour ce qu'il est : une parodie de la stratégie jeuniste des multinationales, qui travaillent à donner une allure sympa et rock'n roll à leur projet de mort.
Effectivement le plan final "artistes chanteurs de la droite conservatrice" en est la confirmation, même si j'avoue avoir eu, comme Eric, un léger doute au tout début, tant la manipulation par l'infantilisation peut aller loin.
______

Écrit par : Serge Lellouche / | 30/03/2013

STRATEGIES

> Les stratégies communicationnelles de l'industrie nucléaire sont multiples.
Par exemple, elle finance massivement des pseudo-entreprises chargées de mettre en scène une véritable comédie de "démocratie participative" réunissant dans une pseudo concertation et un pseudo dialogue les parties prenantes industrielles, institutionnelles et associatives (celles qui sont tombées dans ce panneaux flatteur et séducteur). Ces tours de magie servent à faire avaler en douceur à la société civile ses projets mortifères.
Oui il existe des professionnels de l'endormissement des consciences. En général, on les reconnaît à la sur-utilisation qu'ils font du mot "dialogue" ou "débat", et à leurs beaux discours toujours cantonnés vers des grandes généralités, au plus loin des choix concrets et précis qu'il s'agit de poser aujourd'hui dans la plus grande clarté.
Les stratégies communicationnelles de l'industrie nucléaire varient au gré des circonstances, mais ses projets industriels terrifiants eux ne changeront jamais ! Tant que nous n'en seront pas convaincus, nous seront dupes et transformés en marionnettes dociles.
L'écologie humaine ne se construira pas politiquement en "concertation" avec les multinationales du nucléaire, mais dans une détermination sans faille contre elles.
Si l'écologie humaine boit le verre de petit lait sucré et empoisonné que lui tend les missionnaires de l'industrie nucléaire, elle est d'ores et déjà mort-né.
______

Écrit par : Serge Lellouche / | 30/03/2013

"PAIX ET SÛRETE"

> Qu'est-ce que l'industrie nucléaire n'est-elle pas prête à inventer pour nous faire croire à la sûreté de ses centrales ? Après le projet de centrale nucléaire flottante pour les russes, de centrale nucléaire sous-marine pour les français, les japonais travaillent à la centrale nucléaire aérienne : une sorte de montgolfière atomique reliée à la terre par un gros câble, et en cas d'accident nucléaire, on lâche le câble, et hop, promis, les rejets radioactifs on les bazarde dans le cosmos...
http://observ.nucleaire.free.fr/centrale-aerienne.htm
En attendant l'irradiation du cosmos en plus de celle de la terre, l’Association pour le contrôle de la radioactivité dans l’Ouest (ACRO),  affirme qu'il y a plus d'hydrogène radioactif dans les eaux de la manche que dans celles à proximité de Fukushima. Areva, qui exploite le site de La Hague assure pour sa part qu'elle n'a rien remarqué d'anormal, et le chef de l’Autorité de sûreté nucléaire, ne s'en inquiète pas (c'est son métier de ne s'inquiéter de rien et d'être rassurant) ...
http://www.bastamag.net/article3005.html
« Quand les hommes diront : Paix et sûreté ! Alors une ruine soudaine les surprendra, comme les douleurs de l'enfantement surprennent la femme enceinte, et ils n'échapperont point. » 
(I Thessaloniciens 5,3)
______

Écrit par : Serge Lellouche / | 01/04/2013

UN PRECURSEUR DE L'ECOLOGIE HUMAINE

> Ce Arne Næss et son étrange philosophie d'écologie profonde me rappelle un livre de Bourgoignie Georges Edouard intitulé "perspectives en écologie humaine*" coécrit en collaboration avec LJ Cadyn, G Dandenauld, L Valcke publié en 1972. Les dates concordent, me faisant penser qu'il a pu - sauf de manière hélas! un peu réductrice - influencer Arne Næss. Ce livre fait par des universitaires canadiens veut avant tout sensibiliser "l'homme moderne" auquel il lui reproche son irrespect le plus total de la nature, à plus de rationalité autant dans ses rapports avec son environnement qu'avec ses semblables autant qu'avec sa moralité. Voici ce qui était* écrit sur sa "jaquette**":"L'homme appartient à la nature", son idéologie vandale ne peut indéfiniment ignorer les lois qui la régissent, il ne l'a que trop fait. Aussi le voit-on essayer de restaurer cette conscience écologique qu' avait su développer l'homme, qui prétendument primitif et commensal de son milieu, respectait mieux les principes biologiques dans sa vie quotidienne. L'homme moderne est cybernétique. Il gouverne un écosystème artificiel, anomique, gadgétisé, certain de pouvoir subsister en dehors des solidarités naturelles et du monde dont il ne reconnaît plus les règles. La rupture n'est pas que technique et sociologique, elle est également éthique(…). En comparant les travaux de ces chercheurs avec "l'écologie profonde" de ce penseur, difficile de ne pas faire un rapprochement. D'abord, la concordance des dates. Ensuite celle entre l'homme moderne soumis au modèle de son primitif ancêtre dans le livre et rabaissé abusivement au statut d'animal humain par Arne Næss, ne laisse que peu de doute sur les emprunts qu'il a pu en faire. Mais ce, à ceci près, qu'il nous fait perdre de vue le rôle prépondérant que la critique faite dans ce livre veut asséner principalement à la cybernétique pour que la condamnation qu’il en fait, puisse et doive jouer à plein dans l'organisation d'une écologie humaine digne de ce nom, lui apportant le moyen de combattre, à n’en pas douter, les tentatives absurdes et tendancieuses propageant, prônant toute dissociation entre la nature et la culture comme s'en prévalent Luc Ferry, Vincent Peillon, Christiane Taubira et consort, chacun à sa manière...
*Comme par hasard, ce livre est antérieur d’un an à la parution de l’article que Arne Næss  a publié où il a pour la première fois développé sa philosophie écologiste sous ce terme d’écologie profonde.
**J’ai eu ce livre en ma possession. Mais je l’ai prêté et malheureusement pour moi, je n’ai jamais pu le récupérer. Je me souviens entre autre du résumé figurant sur la « jaquette ». J’ai vu qu’il était disponible en deux exemplaires d’occasion seulement sur « Amazon.com ». Vraiment un excellent livre pour donner des bases solide à une « nouvelle » écologie humaine!
______

Écrit par : michel Baude / | 02/04/2013

UNE PHILOSOPHIE CONFIDENTIELLE

> Une chose est certaine : l’« écologie profonde » est une expression qui a été lancée en 1972 par un auteur précis, Arne Naess, décédé en 2009. Son maître ouvrage est disponible en Français sous le titre : « Ecologie, communauté et style de vie ». Il est norvégien.
Quant à savoir si Naess a fait école, je ne sais pas trop. Mais l’article wikipedia consacré à l’écologie profonde affirme que celle-ci « serait […] plus une philosophie issue de cet auteur qu'une pensée ayant fait école dans la philosophie. ». Voilà qui n’est pas très encourageant !
D’un autre côté, en tant que philosophe, il bénéficie d’une certaine reconnaissance auprès de ses pairs. D’ailleurs, le spinozisme et le refus d’un propre de l’homme sont suffisamment à la mode pour qu’il puisse attirer l’attention dans le milieu confiné de l’université. Ainsi, en juin 2009, un colloque s’est déroulé à la Maison des sciences de l’homme : « Arne Naess : une figure contemporaine de la sagesse ».
______

Écrit par : Blaise / | 03/04/2013

Cher PP,

> je viens de lire chez Levinas une phrase qui donne à penser dans la suite de notre échange :
"l'humanisme naturaliste perd vite dans le naturalisme les privilèges de l'humain"
(in "Un Dieu-Homme ?", Levinas conférence en 1968)
il y aurait bcp à dire ... hélas je suis peu doué pour exprimer ma pensée par écrit, peut être nous croiserons nous un jour.
______

Écrit par : Benoit / | 08/04/2013

Les commentaires sont fermés.