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06/03/2013

Hugo Chávez, RIP – Regards sur la gauche en 2013

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Avant de mourir, il avait twitté : "je me cramponne au Christ"...

 


 

À la manière latino-afro-amérindienne (Chávez était issu des trois ethnies [1]), la gauche qu'il incarnait s'enracinait dans plusieurs traditions : indigéniste, populiste, christique à la façon des plus pauvres, et marxiste en apparence mais en réalité "caudilliste", c'est-à-dire militaire-autoritaire dans la ligne du XIXe siècle... (ce caudillisme dont le Péruvien pro-yanqui Vargas Llosa avait affirmé la disparition). Chávez était né dans un village des Llanos, fils de paysans expropriés, arrière-petit-fils d'un chef rebelle de 1922 : soldat "rouge", il vivait dans la provocation internationale permanente [2] sur fond de guitare et de chansons pour les foules : "Un pueblo valiente que sueña, que echa pa´lante / Y despierta con la bandera en el corazón..."

 

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Ce matin, Jean-Claude Michéa était l'invité de France Culture pour parler de son nouveau livre [3] ; l'événement Chávez a conduit le débat sur la voie des comparaisons. En Amérique latine, la gauche "de gauche" (ne parlons pas de Mme Rousseff) se donne deux tâches : l'anti-impérialisme, pour faire contrepoids à la déclinante emprise nord-américaine, et l'indigénisme, pour développer une société communautaire. Cette gauche-là se trouve aux antipodes du libéralisme dans ses deux dimensions : les intérêts économiques du Nord, et l'individualisme destructeur. En Europe au contraire, et particulièrement en France, la gauche se fait instrument du libéralisme contre le peuple, ses familles et ses communautés (voir ici la note du 03/03 sur Hollande) : Michéa appelle donc à renouer avec le premier socialisme, celui des débuts du XIXe siècle, qui voulait revitaliser les communautés populaires pour lutter contre la machinerie libérale. Le choix est là : ou bien laisser le libéralisme (à travers le PS ou l'UMP) continuer à pulvériser ce qui reste de société au nom des jouissances solipsistes de l'individu-consommateur, ou bien inventer autre chose.

On reviendra sur ce sujet, qui concerne notre avenir à tous.

 

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[1] raison pour laquelle la droite pro-américaine du Venezuela appelait Chavez un «Sambo » (surnom raciste quand c'est elle qui l'emploie).

[2]  y compris sa mansuétude regrettable envers Ahmadinejad.

[3] Les mystères de la gauche : de l'idéal des Lumières au triomphe du capitalisme absolu, éditions Climats.


 

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Commentaires

CHRETIEN

> Comme quoi être chrétien réserve des surprises.
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Écrit par : Nati / | 06/03/2013

@ PP

> "zambo" pas sambo.
Mais l'accent latino prononce pareillement le z et le s.
Les zambos se définissent eux-mêmes ainsi, ça n'a rien de raciste. souvent on entend aussi le terme "morocho". Si la droite pro-américaine désignait ainsi Chavez en voulant le dénigrer, ce dénigrement n'était compris que par les membres (blancs) de cette droite pro-américaine. ça tombait complètement à plat chez la majorité des Vénézuéliens qui sont eux-mêmes zambos à 70%.
Comme quand on s'entend appeler "gaulois" par des immigrés; ça se veut désobligeant mais ça tombe à plat.
là bas quand qq'un est un peu gros on l'appelle gordo, gordito, gordita, s'il est maigre flaco, maigrichon "flaquito". Une fille grassouillette et métissée peut vous dire au téléphone "tu me reconnaîtras, je suis gordita y negrita".
Là bas, il n'y a pas le politiquement correct qui fait dire un "non-voyant", une "personne à mobilité réduite", une "personne de petite taille" : on dit simplement un aveugle, un handicapé, un nain comme on dit un gros, un maigre etc.
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Écrit par : E Levavasseur / | 06/03/2013

MICHEA, "LES MYSTERES DE LA GAUCHE"

> Au passage, un bijou le dernier livre de Michéa. Rien de nouveau par rapport à ses précédents mais une bonne synthèse de l'ensemble de ses idées, tenant compte de l'actualité récente (mariage gay) et une sacrée dose d'humour! Un livre à mon avis à conseiller pour découvrir son oeuvre et sa pensée.
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Écrit par : grzyb / | 06/03/2013

PAS DE MARIAGE GAY CHEZ CHAVEZ

> Hugo Chávez n'a pas légalisé le mariage gay dans son pays... on se demande pourquoi notre gauche bien-pensante l'encense en faisant le contraire !
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Écrit par : Michel de Guibert / | 06/03/2013

CHRETIEN MAIS PAS CATHOLIQUE

> Je partage votre analyse, tout en me posant des questions (sans arrières-pensées et honnêtement) sur la relation entre Chavez et l'Eglise: bien que chrétien, et même passionnément chrétien - on souhaite à JL Mélenchon de retrouver cette foi en Jésus ! - il a sans cesse bataillé contre les évêques catholiques et contre le nonce apostolique (même si on peut objecter que certains prélats avaient pris le parti de la droite). Il a également suscité la création d'une Eglise catholique réformée, mi-anglicane mi-catholique dissidente, qui se chargeait de faire la promotion spirituelle de la politique de Chavez.
Enfin, bien que cette association ne soit pas infaillible, l'Aide à l'Eglise en Détresse a régulièrement signalé les tracasseries et les coercitions exercées contre l'Eglise.

PJ


[ De PP à PJ - Personne ne dit que Chavez était catholique ! ]

réponse au commentaire

Écrit par : PJ / | 06/03/2013

@ grzyb

> Si j'ai bien compris, dans son dernier livre, Jean-Claude Michéa se réfère à John Ruskin...
John Milbank s'était lui aussi intéressé au versant "socialiste chrétien" de la pensée de Ruskin. Il le faisait dialoguer avec Marx et Proudhon.
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Écrit par : Blaise / | 06/03/2013

RUSKIN

> Michéa cite Ruskin effectivement, entre autres, comme il se réfère depuis toujours à tous les courants non marxistes et/ou prémarxistes du socialisme européen, dont une bonne partie était chrétienne ou d'inspiration évangélique. Malheureusement on sent encore, quoique de façon très ténue et non agressive, une vision négative du christianisme chez cet ancien membre du PC et en particulier une incompréhension de l'"universalisme" paulinien (il n'y a plus ni juif ni grec...) dans lequel il voit, façon Badiou (horresco référens!), la matrice de l'universalisme abstrait du capitalisme et son corollaire, l'indifférenciation généralisée que le libertarime "post-moderne" voudrait nous imposer. Ceci dit pour moi l'intérêt majeur de ce dernier livre, très léger (130 pages dont 60 de texte principal et le reste en "scolies"), outre son caractère d'excellente introduction au reste de son oeuvre pour ceux qui la découvriraient, c'est que pour la première fois il s'adresse directement, à travers un interlocuteur particulier membre du PCF, à la "Gauche" et surtout à ceux de ses militants qui croient encore que les partis et leur politique sont de près ou de loin "révolutionnaires" et ont de ce fait une quelconque chance de modifier substantiellement l'état des choses actuel, c'est-à-dire tout simplement changer de société. Puissent les bonnes volontés qui existent encore dans ce "camp" l'entendre et en tirer des leçons.
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Écrit par : grzyb / | 07/03/2013

CATHOLIQUE

> Chavez était catholique. Par contre peut-être que certains évêques du Venezuela ne le sont pas beaucoup... Les évêques qui critiquaient Chavez sont ceux qui ont reconnus très vite le coup d'Etat militaire de 2002 soutenu par les pétroliers, le milieu de la finance et G.W.Bush...
P.


[ De PP à P. - Les banques nord-américaines et affiliées, oui, mais les banques vénézuéliennes et espagnoles étaient nettement moins hostiles. Même chose à propos de Cuba trente ans avant... ]

répopnse au commentaire

Écrit par : pierre / | 07/03/2013

Sur le plan international, ce qui a fait la renommée du président Chavez sur le plan international, c'est son indépendance vis à vis des Etats-Unis, et même son hostilité, et en ceci il est un Latino-Américain classique, et c'est normal quand on sait à quel point le "voisin du Nord" y a semé désordres, dictature, pauvreté et vassalisation.
Et c'est aussi pourquoi Chavez sympathisait avec tous ceux qui s'opposent à l'hégémonie américaine. Tout simplement.
Ce qui est comique, c'est d'entendre la gauche française, asservie comme pas deux à la colonisation culturelle américaine, (cf projet de loi Fioraso visant à autoriser des cursus en anglais dans nos université) chanter les louanges de Chavez !
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Écrit par : Pierre Huet / | 10/03/2013

Les commentaires sont fermés.