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23/02/2013

La presse se roule dans les théories du complot

Avant-hier, Benoît XVI renonçait "à cause des intégristes"

Aujourd'hui, c'est "à cause des gays"...

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"Nous n'avons pas, et c'est heureux, à porter la douleur pour la mort d'un pape aimé, mais une autre épreuve ne nous est pas épargnée : la multiplication des pressions et des considérations étrangères à l'esprit dans lequel l'Église voudrait vivre ce temps d'attente et de préparation", déclare le P. Lombardi, porte-parole du Saint-Siège.

 

Théorie du complot n° 1 : Benoît XVI quitte ses fonctions "à cause des intégristes"

Hier des journaux français expliquaient que le dialogue (de sourds) avec Mgr Fellay fut "la grande affaire" du pontificat, et que Benoît XVI part pour obliger le schismatique à "signer  l'accord avant le 28 février". Hypothèse balayée hier par le porte-parole du Saint-Siège : Benoît XVI laisse à son successeur la liberté de régler cette affaire comme il l'entendra ; ça ne sera pas compliqué, Mgr Fellay ayant clamé son refus en chaire et sur le mode apocalyptique.

 

Théorie du complot n° 2 : Benoît XVI quitte ses fonctions "à cause du lobby gay"

 Aujourd'hui les médias français reprennent le buzz lancé par un journal italien : si Benoît XVI renonce au trône de saint Pierre, c'est parce qu'il est découragé par le chantage du "lobby gay" sur des évêques et des cardinaux. Demain sans doute, la presse invoquera les narcotrafiquants, les Illuminati ou la main de ma soeur. Tout est bon pour ''profiter du mouvement de surprise et de désorientation après la démission historique annoncée par le pape Benoît XVI'', constate le P. Lombardi ; et de la part des médias ce n'est pas un complot mais leur logique de fonctionnement

Commentaire du porte-parole : "Qui a en tête avant tout argent, sexe et pouvoir, et est habitué à lire avec ces critères les diverses réalités, n'est pas capable de voir autre chose, pas même dans l'Église, car son regard ne sait pas voir vers le haut ou descendre en profondeur dans les motivations spirituelles de l'existence. Il en résulte une description profondément injuste de l'Église et de ses hommes."

Le P. Lombardi ne veut pas dire que tout va bien au Vatican. (Au contraire : chacun sait que le prochain pape devra réformer la Curie). Il dit simplement que les médias commerciaux ne comprennent pas – ou ne peuvent pas comprendre ? – la nature profonde de l'Eglise catholique.

Il a raison de le dire. Reste que c'est aux catholiques de faire comprendre aux autres la nature de leur Eglise. Cette nature est la foi et l'évangélisation. Le mirage catholique des cinquante dernières années aura été de se polariser sur l'intérieur de l'institution, vice mental que partagent les intégristes et les progressistes – tous obsédés de querelles internes. Le jour où les catholiques introvertis (heureusement beaucoup ne le sont pas !) se retourneront – se convertiront – vers l'extérieur et renoueront avec Matthieu 28,19, ils ne liront plus d'âneries à leur sujet dans la presse. [*]

 

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[*] et sur certains sites de frères séparés. Spirituellement injustes envers le catholique parce qu'outrecuidants, ils se glorifient dans leurs oeuvres : ce n'est pas signe d'élection, dirait Calvin. Mais ils sont marginaux au sein de leur propre confession.

 

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13:28 Publié dans Eglises, Médias | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : benoit xvi, médias

Commentaires

À AJOUTER

> Bonjour, à ajouter aux spéculations de la presse américaine et canadienne sur une nouvelle affaire de pédophilie qui toucherait le pape.
Dan Brown pourra trouver de l'inspiration pour son prochain roman.
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Écrit par : Thierry / | 23/02/2013

BIEN VU

> Bien vu avec le style corbeau de l'encadré : "Rien n'est sûr, mais c'est une piste" !
Bien vu aussi le commentaire du P. Lombardi : le regard porté par certains sur l’Église en dit plus sur leurs auteurs et leurs obsessions que sur l’Église !
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Écrit par : Michel de Guibert / | 23/02/2013

DA VINCI CODE

> Digne d'un nouveau volet pour le 'Da Vinci Code'.
Quand la presse va mal et que les journalistes perdent toute objectivité, quoi de mieux que de devenir un romancier qui ne voit plus la frontière entre le réel et la fiction. Ils pourrons au moins accuser la seconde pour leurs imprécisions journalistiques et cela les protègera d'être des mauvais journalistes.
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Écrit par : Arnaud Le Bour / | 23/02/2013

EVIDENCE

> Le plus simple serait de se rendre à l'évidence : Benoît XVI a vieilli de dix ans en vingt mois,
il n'y voit plus que d'un seul oeil, il ne peut plus marcher cinquante mètres et il ne peut plus prendre l'avion. Ces raisons suffisaient à l'amener à conclure qu'il ne pouvait plus faire le coordinateur mondial du catholicisme dans les conditions du XXIe siècle. C'est ce qu'il a dit lui-même aux cardinaux et au monde entier. Evident, non ?
Mais l'évidence échappe:
- aux journalistes qui préféreraient du graveleux,
- aux progressistes qui préféreraient du sinistre,
- aux intégristes qui préféreraient de l'hérésie,
- et aux bouffeurs-de-curés en toute hypothèse.
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Écrit par : klapka / | 23/02/2013

FAIRE COMPRENDRE

> "Reste que c'est aux catholiques de faire comprendre aux autres la nature de leur Eglise."
Pas très facile, puisque ces autres et bien souvent nous-mêmes n'avons souvent comme source d'information que les médias. Le soupçon (qui s'imbibe des médias) se sentant plus éclairé que l'écoute (par exemple des propos de Benoît XVI lui-même), on passe pour naïf ; de plus, on ne connaît que rarement la dernière allégation de turpitude et l'on n'ose pas la réfuter a priori.
Comment faites-vous ?

Jean

[ De PP à Jean :
Il faut simplement :
- éveiller le doute sur les avalanches médiatiques (on sait comment elles sont fabriquées : pour l'audience),
- expliquer les intentions de toute démarche chrétienne,
- et les raccorder au noyau de la foi (c'est le principal).
Ce cadre étant posé, on peut (et on doit) reconnaître les torts sans les minimiser le moins du monde, et les torts eux-mêmes peuvent servir à mettre en lumière le noyau de la foi puisque c'est par rapport à lui qu'ils revêtent leur plus grande gravité.
Exemple : au contrepied de l'erreur de bien-pensants cherchant à estomper le scandale de la pédophilie chez les prêtres, il faut, au contraire, en reconnaître et en souligner non seulement la gravité, mais la gravité sans équivalent ! C'est-à-dire expliquer pourquoi le prêtre pédophile est encore pire (et infiniment) que le pédophile laïc ou laïque, eu égard à la grandeur du sacerdoce catholique... ]

réponse au commentaire

Écrit par : Jean / | 24/02/2013

INTERIEUR ET EXTERIEUR

> Ce n'est pas mal, mais il faut je pense dépasser la dualité entre intérieur et extérieur de l'institution. Certes l'Eglise doit accueillir la foi pour en vivre et la répandre pour le "salut des âmes" (canon 1752), mais elle fait elle-même partie, comme institution, du contenu de la foi. C'est ce qu'a voulu dire le Concile Vatican II en parlant de la sacramentalité de l'Eglise (Lumen Gentium 1), et de l'analogie avec le mystère du Verbe Incarné qui la constitue (Lumen Gentium 8).
Ce qui fait que l'Eglise existe pour rayonner, mais à partir d'elle-même, d'abord en tant qu'instituée par le Christ. J'ose même dire que l'Eglise ne peut évangéliser que depuis l'intérieur et le respect de sa canonicité, comprise comme expression du droit divin positif, et comme capacité de mettre ce droit divin à disposition des siècles à partir des dispositions réformables du droit ecclésiastique orientées vers le salut des âmes. Autrement dit, la canonicité est pour moi une dimension incontournable (pas la seule évidemment) de la foi à accueillir et à répandre en vue du salut des âmes.
Historiquement, nous avons eu une double forme de fuite de l'institution au nom de l'évangélisation : une forme mondaine marxisante ou laïcisante sur le critère de l'utilité sociale et une forme spiritualiste d'inspiration charismatique sur le critère de la personne ou du groupe inspirés et auto justifiés pour porter l'Evangile ; nous avons eu aussi une forme intégrisante qui fusionnait le droit divin positif et ses formes historiques en droit ecclésiastique ; j'affirme que ces formes n'ont pas permis et ne permettront pas d'être l'Eglise pour le salut des âmes au cours du temps. Elles ont toutes un bien-fondé, appellent légitimement à une attention à un aspect de l'Eglise, de sa foi et de sa mission ; mais, prises comme telles, et sans transformation radicale, elles constituent toutes des hérésies et des contrefaçons de l'Eglise et de sa mission.
Ce n'est pas pour rien qu'en 1973 (discours à la Rote), Paul VI fondait autrement et cette fois selon le Concile l'existence d'un droit dans l'Eglise : il le fondait non sur le principe rationnel de la "société parfaite", mais sur la sacramentalité de l'Eglise elle-même. Sans un retour de la pensée et de la vie chrétienne dans l'institution sacramentelle de l'Eglise, il n'y a plus qu'activisme mondain, fût-il exprimé en contenus spirituels et en volonté d'évangélisation.
On ne peut répandre la foi et l'amour que depuis le cœur de l'Eglise où se dévoile un mystère intérieur à travers la sacramentalité d'une institution publique ; l'un renvoie à l'autre, comme l'être pour l'agir, comme l'institution pour la mission, comme la vie contemplative pour l'apostolat, comme le principe visible pour la fin invisible en Dieu qu'est le salut ou la communion des âmes.
Sans l'Eglise, vient de dire le Pape Benoît XVI à l'angélus de ce dimanche, nous sommes dans l'activisme (ce sont à peu près ses paroles). Il ne s'agit donc pas d'opposer, ni même de "dualiser" l'institution et sa mission de propagation de la foi ; il s'agit de comprendre l'institution comme existant pour répandre la foi depuis elle-même et de comprendre la mission comme portée depuis la personnalité corporelle ou sacramentelle de l'Eglise visible.
Cette Eglise visible ou sacramentelle n'est enfin en aucun cas un principe "utile", que ce soit socialement, spirituellement, intellectuellement ; elle existe pour son propre déploiement et pour le dévoilement vivant en nous de Celui qui l'a fondée (ce qui passe aussi par une vie utile et efficace).
Ceci permet, je pense, de lire le présent de l'Eglise et d'espérer pour elle :
Ce pape épuisé s'en va sur la montagne pour prier
Ce pape épuisé pour gouverner s'en va sur la montagne pour prier
Comme dans l'Eglise, nous sommes en pleine crise spirituelle (invasion généralisée de la mondanité "in capite et in membris" : lire la lettre féroce d'Andrea Tornielli aux cardinaux sur le sujet sur son blog Sacri Palazzi), et en pleine crise de gouvernement (invasion généralisée de la confusion des rôles dans l'organisation de l'Eglise à tous les niveaux), nous sommes, je crois conviés à un carême ecclésial et ecclésiologique par ce pape qui va nous dire d'où nous venons et où nous allons depuis l'Eglise que nous sommes.

Père Christian


[ De PP au Père Christian :
- Bien sûr j'adhère à tout cela. L'opposition entre "intérieur" et mission ne s'applique pas à l'essentiel qui est la sacramentalité de l'Eglise (notre blog insiste souvent sur elle, à la lumière de Vatican II). En parlant de l' "intérieur", je vise l'accessoire et le factice : les pseudo-sujets des progressistes (sacerdoce féminin, ralliement à l'hyper-individualisme hédoniste, etc) ou les sujets faussés des intégristes (leur idée de "la tradition", leur cécité sur le concile, etc ). Si toute l'énergie perdue depuis quarante ans sur ces sujets "internes" avait été investie dans la mobilisation des laïcs pour l'évangélisation, l'Europe n'en serait pas là où elle en est...
- Si j'ai tenu à finir la note ci-dessus sur cette idée, c'est pour aider le catholique à ne pas rejeter constamment les responsabilités de la situation sur "les autres" (médias, méchants anticathos, etc). Il ne nous arrive que ce qui nous ressemble. Si ce qui nous arrive ne nous plaît pas, commençons par nous changer nous-mêmes. C'est un devoir et c'est à notre portée - avec la grâce de Dieu. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Père Christian / | 24/02/2013

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