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11/12/2012

Exit Noël, voilà les "fêtes de l'Hiver"

australie-jpg_184041.jpgLa fièvre acheteuse saisonnière commence – en Europe du Nord et dans nos hypers – à ne plus s'appeler "Noël" mais "fêtes de l'Hiver", ce qui serait un réel soulagement pour le chrétien. Echantillon du matraquage commercial :




Version presse économique : « En moyenne, les Français dépensent 639 euros pour Noël, soit une augmentation de 5% en 2012 du budget Noël du Français moyen. Pas étonnant donc que Capital de M6 consacre son émission du dimanche 9 décembre 2012 à 20h50 aux coulisses du business des fêtes de fin d’année et de Noël en particulier... »

 

Version formatage infantile : « Selon une étude menée conjointement par VTech et l'Institut des mamans, 60% des enfants de 4 à 6 ans auraient envie d'une tablette tactile pour Noël. L'offre répond à la demande. Le fabricant Archos fait coup double en proposant une tablette à 99 euros made in France. Toys"R"Us commercialise depuis fin octobre dans ses enseignes américaines Tabeo, dotée d'un contrôle parental intégré, pour 149,99 dollars (115 euros). "Après 85 000 (tablettes) Storio écoulées l'an passé, VTech, leader en France de l'éducatif électronique, s'apprête à en vendre 180 000 cette année", rapporte Le Figaro. A défaut de tablette, les consoles portables du type Nintendo 3DS restent très prisées des petits, voire des ados. »

 

Version érotisme pour traders (dans LePoint.fr) : « Oubliez la bûche, les santons et le petit Jésus dans la crèche. En Asie, Noël est une affaire bien plus sérieuse et enfièvre les amoureux plutôt que les tout-petits devant leurs souliers. Imaginez une Saint Valentin puissance dix, avec boules de Noël, Christmas carols et sapin en guise de décor romantique. Et des myriades de petits couples envahissant les restaurants le soir du 24 décembre avant de faire la fête jusqu'au petit matin dans les boîtes à la mode. Pas de messe de minuit ou de dinde en famille, mais une grosse pression pour les jeunes célibataires hantés par une question cruciale à l'approche du réveillon : comment ne pas se retrouver seul(e) durant cette nuit fatidique ? Cette année, la Corée du Sud a trouvé la parade et, comme toujours, elle fait les choses en grand. Le 24 décembre, plus de 35 000 amoureux en puissance participeront à un "mass dating" sans précédent, dans les plus grandes villes du pays. À Séoul, les participants en quête de l'âme soeur se retrouveront à 15 heures sur une immense esplanade au coeur du quartier financier de Yeouido pour une manoeuvre amoureuse de grande ampleur. Au signal, les hommes, rassemblés au nord, habillés en blanc, marcheront, telle une armée en campagne, vers la masse des filles, postées au sud et habillées en rouge. Objectif : trouver une "date" à leur pied pour la soirée romantique de Noël... »

 

Version "pub de chez pub" : 

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e-achat : "déguisement de Père Noël pour maman sexy" (sic).

 

 









Xmas business : le rapport conso annuel de chez Deloitte.

 Noel2012H.jpg

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Version Lance Armstrong : le Noël en pack

pack-noel-kiwami-2012.jpg




Et un hommage rétro à La Droite Fière de ses Valeurs :

publicite-coca-cola-pere-noel.jpg

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Commentaires

Le Père Noël est un tueur

> " Désolé, je vous dois une révélation sur le Père Noël. Vous tremblez ? Cela vous rappelle un mauvais souvenir? Ce jour, lorsque vous aviez sept ans, où des camara­des moqueurs vous révélèrent que le Père Noël n'existait pas. Tremblez, effectivement. Je viens vous apprendre que le Père Noël est un tueur.
Il ne tue pas les enfants. Il ne tue pas les hommes. Il tue les dieux. Vous vous étonnez qu'un écrivain comme moi, qui par ailleurs aime tellement raconter des histoires, s'en prenne à une gentille légende inoffensive.
Légende, je n'en doute pas. Inoffen­sive, je suis sûr du contraire.
Dans ma famille athée, comme on ne célébrait en Noël que l'enfance et les valeurs familiales, on me fit croire très tôt à ce personnage retiré du monde qui, de ce lieu inaccessi­ble où il se trouvait, me regardait et m'entendait penser, pesait mes mérites et mes fautes, m'estimait digne ou non de ses cadeaux. J'avoue qu'aux premières tenta­tives qu'opérèrent mes parents pour me faire gober cette fiction je résistai fort; cela répugnait à mon rationalisme naturel mais, bon, puisque tout le monde le disait... J'arrivais donc à cet état inconfor­table des enfants qui savent que les Pères Noël rencontrés dans les rues ou les grands magasins ne sont pas des vrais Pères Noël mais que ces figurants payés par les commer­çants n'empêchent pas le vrai Père Noël d'exister quelque part. Ouf, quelle gymnastique... Dès novembre, inquiet d'obtenir mes cadeaux, je m'obligeai à un examen de conscience : avais-je été sage, poli, bon fils, studieux élève ?
Par intérêt, je me forçais de donner un peu de fond à tout ça. J'étais d'ailleurs régulièrement paniqué à l'idée que ce Père Noël, s'il existait, m'entendit, au fond de mon cerveau, émettre autant de doutes et de réticences sur lui. En vérité, je le craignais plus que je ne l'aimais. Ou, plus exactement, je craignais juste qu'il existe. Aussi, lorsqu'un groupe d'enfants plus âgés me fit découvrir la supercherie, je demeurai furieux davantage que triste : comment les adultes avaient-ils pu se moquer autant de moi ? Je leur retirai toute confiance. Fini ! Je ne me fierai désormais qu'à mon bon sens !
Et sans jamais le violenter... Si mes parents avaient sottement perdu leur cré­dit, il y avait encore plus grave. Ce dont aucun de nous ne se rendait alors compte, c'est que la légende du Père Noël avait tué pour des années toute possibilité de croire en Dieu. Jusqu'à presque trente ans, je confondis le divin et le surnaturel, ou plutôt je rangeai le divin dans le sac à malice du surnaturel, une boîte de farces et attrapes. Toute révélation était ravalée au rang de fable. Je refusai même d'examiner la question. Car la place que j'avais tenté de faire au père Noël me semblait la place où ces pauvres croyants mettaient Dieu. Tant pis pour eux ! Moi, j'avais été abusé une fois, je ne le serai pas deux. Je subissais une sorte de traumatisme métaphysique. J'étais condamné à l'incroyance, au scepticisme, au déni, au refus d'envisager...
Spiri­tualisme et théologie étaient rangés sur le même rayon que « Fluide glacial » et poil à gratter. N'avez-vous pas remarqué que le culte du Père Noël s'est développé à mesure que le christianisme périssait ? Moins le 25 décembre était fêté comme l'anniversaire du Christ, plus le 24 décembre devint le jour où le Père Noël décollait avec son char de rennes volants pour distribuer ses millions de cadeaux dans les cheminées fumantes.
Aussi suis-je toujours effondré, au moment de Noël, lorsque je vois la même violence répétée sur les enfants : on les abuse et ils l'apprendront bientôt. Lors des émissions télévisées, des trauma­tisés mettent sur le même plan croyance et superstitions, spiri­tualité et occultisme, foi en une religion et foi en l'irrationnel. Hier soir, par exemple, je subis le spectacle d'un débat où des méde­cins et des physiciens opposaient leur scientisme à des choses aussi différentes que la voyance, l'astrologie, le magnétisme et la foi. L'un d'eux alla même jusqu'à dire que le christianisme n'avait aucune valeur puisque le suaire de Turin n'était qu'une peinture ! Je reconnus là un vieux gosse trahi, un vieux gosse blessé par les men­songes, un vieux gosse fermé et sourd. Encore un coup du Père Noël !"
ÉRIC-EMMANUEL SCHMITT
Panorama N° 427
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Écrit par : Philippe / | 11/12/2012

GROTESQUES PARODIES

> Grotesque parodie de la fête de la Nativité. On vient juste de remballer les citrouilles d'Halloween et on sort les Pères Noël. Et les galettes des rois sont déjà proposées dans les boulangeries !!
Chaque année cette débauche me pourrit Noël. Comme il serait bon de le passer plus simplement en mettant au premier plan la naissance du Sauveur !
Un seul avantage toutefois à cette laïcisation : tout le monde peut s'y retrouver, y compris les non-chrétiens, ce qui est important dans un pays fracturé culturellement. Mais cette fête pour tous pourrait fort bien exister sans la consommation délirante.
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Écrit par : Clément Cassiens / | 12/12/2012

LE SYSTÈME

> à Clément Cassiens : "cette fête pour tous pourrait fort bien exister sans la consommation délirante", mais la consommation délirante ne peut pas exister sans s'emparer des fêtes pour tous ! C'est le système économique qui doit être mis en cause.
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Écrit par : Amicie T. / | 12/12/2012

SAINT NICOLAS

> Saint Nicolas, un des ancêtres du Père Noël, n'est-il pas aussi une arnaque dangereuse pour la foi des enfants ? Où est la différence ?

Geneviève


[ De PP à Geneviève - Je vous redonne ma réponse à un précédent commentaire :
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> Les antécédents du Père Noël s'originent dans les mythologies paléo-germaniques du cycle des Douze Jours : les fêtes de la mi-hiver, nommées Jol (en vieux-norrois), Jul (allemand), Yule (anglais). Culte de l'arbre (houx-chêne), ambivalence du bénéfique-maléfique, cortèges nocturnes des défunts... Jul est le moment de l'année où Heimdal (ou Odin ?) accompagné des Ases visite les humains. Vues par les enfants, ces visites surnaturelles viennent récompenser ou punir ceux qui ont bien ou mal agi durant l'année. Jul est aussi "une fête où les gens et les dieux se rencontrent pour partager un repas, raconter des histoires, festoyer et chanter."
En pays germaniques christianisés, les divinités visiteuses dégénèreront en lutins harceleurs (notamment en Islande), mais certains attributs de ce cycle chercheront à se transférer sur un personnage plus central : on ne sait pourquoi le hasard tombera sur un respectable père de l'Eglise du IVe siècle, Nicolas, évêque d'Asie mineure et adversaire de l'hérésie arienne au concile de Nicée, qui se retrouvera ainsi - à titre posthume - successeur d'Odin (ou Heimdal) sans y avoir aucune espèce de titre.
En fin de parcours très tardive, le mythe rétréci en folklore donnera naissance à la gentillette tradition scolaire lorraine du 6 décembre, avec sa comptine :
"Ô grand Saint Nicolas,
Patron des écoliers
Apporte-moi des jouets
Dans mon petit panier.
Je serai toujours sage
Comme un petit mouton.
J'apprendrai mes leçons
Pour avoir des bonbons.
Venez, venez, Saint Nicolas,
Venez, venez, Saint Nicolas,
Venez, venez, Saint Nicolas, et tra la la..."
C'est attendrissant mais sans rien à voir avec la foi chrétienne.
Et c'est à partir de la coutume folklorique de la Saint- Nicolas, empruntée aux immigrants hollandais à New York (et vidée de son peu de contenu), que les publicitaires de Coca-Cola fabriqueront en 1931 le personnage commercial de "Santa Claus" (déformation absurde du nom néerlandais "Sinter Klaas"), qu'ils nous infligeront vingt ans après.
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On peut en conclure :
- que le folklore de saint Nicolas n'a rien de théologique (ses racines païennes sont évidentes) ;
- et que sa seule supériorité sur le business du Père Noël est de n'être pas commercial du tout.
- Les familles catholiques lorraines ou nordistes qui gardent la tradition de saint Nicolas doivent expliquer à leurs jeunes enfants la différence entre cette petite légende et la foi chrétienne ; sinon elles exposent ces enfants, en effet, à une désillusion aux effets imprévisibles.
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Écrit par : Geneviève / | 12/12/2012

DESILLUSION

> PP : "...sinon elles exposent ces enfants, en effet, à une désillusion aux effets imprévisibles."
L'un de ces effets (qui concerne plus le Père Noël que St Nicolas) est très bien montré dans le premier commentaire sous cet article, par Philippe, la tribune d'É.-E. Schmitt publiée dans Panorama.
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Écrit par : PMalo / | 12/12/2012

CATS

> Hé bien moi, ce que je trouve le plus top pour Noël, c'est le calendrier de l'Avent pour chats !
http://www.madmoizelle.com/calendrier-avent-chat-70980#sthash.yQxC33bR.dpbs
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Écrit par : Feld / | 13/12/2012

JAMAIS

> J'ai lu avec beaucoup d'intérêt la chronique d'Éric-Emmanuel Schmitt rapportée par Philippe.
Personnellement et familialement, nous avons fait le choix de priver notre fille de Père Noël en ce sens que nous ne lui avons jamais fait croire à l'existence de ce personnage légendaire... et je m'en félicite !
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Écrit par : Michel de Guibert / | 14/12/2012

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