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24/10/2012

"Obama Judas" et Romney le Vaseux

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  Un concours de fourberie ?



Obama craint d'être lâché le 6 novembre par les jeunes, les Noirs et les Latinos qui resteront chez eux, déçus par le bilan de ce « Judas » néolibéral qu'on avait élu sur sa promesse de mettre au pas les prédateurs financiers... Les démocrates font donc campagne pour le vote anticipé : donnant l'exemple, Obama en personne ira voter demain – ce qu'aucun président sortant n'avait jamais fait.

Quant à Romney, il garde ses chances. Sa piteuse prestation du 22 octobre a été perçue comme honorable par une partie des électeurs : ceux qui ont « reconnu la voix de l'Amérique » quand le candidat républicain a proclamé : « Ma stratégie est sans détour : poursuivre les bad guys, faire de notre mieux pour les arrêter, les tuer, les sortir du paysage. » Mais c'est Obama qui a « sorti du paysage » ben Laden ? De la part d'un black ça compte pas : dans tous les westerns les marshals sont blancs ! Romney a donc « réussi le test du 'commander in chief' », nous apprennent les journaux : sa détermination à « poursuivre les 'bad guys' » le fait apparaître comme « maître des dossiers, consensuel et rassurant ». (Un gars qui laisserait courir les voleurs de chevaux ça rassurerait pas).

Ce qui ne nous rassure pas, nous, c'est que les Etats-Unis prétendent « diriger le monde » avec cette vision débile de la vie internationale.

Débile, ou fourbe ? On a vu en Irak ce que cachait le prétexte de la chasse au « bad guy »... (au « brutal dictator », disait Bush père).

Et sur le plan de la fourberie comme sur les autres plans, Romney et Obama sont à égalité.

Le démocrate a fait le contraire de ce qu'il avait promis (sauf sur la question du genre, comme il est de règle chez les chefs d'Etat de la postdémocratie occidentale).

Le républicain, devenu milliardaire en détruisant des milliers d'emplois, se fait passer pour « le businessman qui va mettre son génie des affaires au service de l'économie nationale ».*

Mais Romney a une avance en fourberie : il est mormon. La multinationale mormone repose sur la fabrication d'Ecritures déclarées plus vraies que les vraies, alors que les gnostiques du IIe siècle eux-mêmes – « la Gnose au nom menteur », disait pourtant saint Irénée – n'avaient « jamais voulu réinventer les Ecritures, même dans leurs écrits apocryphes** » ; ils se contentaient de les interpréter de travers.

 

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 * Lorraine Millot à Washington, Libération 24/10.

** Antonio Orbe s.j., Introduction à la théologie des IIe et IIIe siècles, Cerf 2012, p. 136.

 

 

Commentaires

UTOPISTES

> Que de chemin parcouru ! Quand on se rappelle que Joseph Smith était très marqué par l'expérience des communautés socialistes utopiques...
Un témoignage parmi d'autres de cette convergence : Le 18 février 1849, au n°94, le journal socialiste icarien "Le Populaire" publie un article « Mormons », dans lequel l'auteur affirme :
«Les mormons mettent tout en commun et sont étroitement unis par les liens de la fraternité et du socialisme ».
Au n°97, le 20 mai 1849, Louis Auguste Bertrand, qui se convertira au mormonisme vers 1850, n'hésite pas à soutenir que le mormonisme « est basé sur les principes de la communauté, qu'il puise sa force principale dans le dévouement et l'amour fraternel de ses nombreux adeptes, et qu'enfin il légitime son existence sur le texte même des Écritures et les préceptes évangéliques ». D'où la conclusion : « On voit par là combien il [le mormonisme] a d'analogie avec la doctrine icarienne ».
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Écrit par : Blaise Join-Lambert / | 24/10/2012

> alors comment une secte "communautaire" au départ a-t-elle pu fusionner avec l'ultra-individualisme antisocial de la droite américaine ?
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Écrit par : klapka / | 24/10/2012

LE CANDIDAT DU LOBBY DE L'ARMEMENT

> à lire sur http://fr.news.yahoo.com/lobbys-infiltr%C3%A9-l%C3%A9quipe-campagne-romney-133635709.html
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Écrit par : churubusco / | 24/10/2012

> Quand GW Bush a été élu, il a mis à la Maison Blanche des types dont les intérêts industriels voulaient l'invasion de l'Irak.
Quand Romney sera élu, il mettra le même genre de types, avec le même genre de résultat. C'est la fatalité du parti républicain.
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Écrit par : molly maguire / | 24/10/2012

@ klapka

> Je pense que tout se résume à l’idée d’élection, de communauté choisie. Les mormons n’y échappent pas. Ils sont appelés à devenir après leur mort, par « l’exaltation », des dieux (chacun aux commandes d’une planète, d’un « monde » de notre vaste univers ; tout ceci résulte des enseignements du prophète du mormonisme, Joseph Smith). Des dieux gestionnaires avec leurs épouses de leur propre planète dans l’au-delà et meilleur des mondes mormon !
Il faudrait d’ailleurs poser la question au candidat républicain. Envisage-t-il de prendre la place du dieu de la terre qui, selon sa foi mormone, fut un jour un homme sur une autre planète ? (it's a joke, Mitt !)
Une précision, certes : toutes ces bizarreries ont été gommées par le mormonisme soft et par ailleurs « christianisme » hyper-profilé couramment pratiqué par les adeptes de cette religion en 2012. Elles ne sont maintenues que par les fondamentalistes mormons soucieux de conserver l’intégralité du message de leur prophète.
Ça n’étonnera personne : Mitt Romney refuse que sa religion soit instrumentalisée politiquement. Sur ce plan, avec lui, c’est « circulez y’a rien à voir ! »…
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Écrit par : Denis / | 24/10/2012

GNOSTIQUES

> "ils se contentaient de les interpréter de travers."
Excellent. Et c'est vrai que c'est d'un tout autre ordre.
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Écrit par : Christine / | 24/10/2012

LA SECTE EST ADAPTABLE

> Le publiciste libéral Louis Reybaud, dans la seconde partie de ses « Etudes sur les réformateurs ou socialistes modernes » (Paris, 1864), n’hésite pas à faire une place aux Mormons, en compagnie des Communistes, des Chartistes, des Utilitaires et des Humanitaires.
Reybaud est particulièrement ironique à l’égard du rejet par Smith de la propriété privé et de son idéal d’une mise en commun des biens :
« […] Brigham et les apôtres ont consacré à Dieu tout ce qu’ils possèdent avec l’espoir d’être imités. C’est pour eux d’obligation et un commandement qui remonte à 1831. Une révélation de Joseph dit en termes exprès : "soyez un : et si vous n’êtes pas un, vous ne pouvez pas être mes disciples. " Ce qui signifie que pour être un en doctrine, il faut également être un en biens. Le temporel est inséparable du spirituel. Les Mormons n’étant ce qu’ils sont que par l’Eglise, il va de soi qu’elle doit les posséder tout entiers, corps et âmes, esprits et fortunes. Ce communisme en germe s’appelle la loi de consécration. Au début, elle eut vigueur dans les solitudes du Missouri où les exploitations étaient communes ; mais ce régime ne résista pas longtemps à l’incompatibilité des intérêts. Il fallut transiger ; la loi était trop parfaite pour des intelligences imbues de préjugés. Personne ne voulait rester saint à ce prix ; des défections éclatèrent. Joseph eut pitié de ces faiblesses. Il garda pour lui et ses compagnons d’élite la consécration ; aux autres il accorda, par abonnement, une demi-consécration. En d’autres termes, au lieu de confisquer tous les biens au profit de l’Eglise, il se contenta de prélever, comme droit d’entrée, une taxe sur le capital, et comme droit de jouissance, un impôt sur le revenu. C’était le dixième dans les deux cas, la dîme féodale. Mais en même temps il maintenait ses réserves. Il déclarait que la perfection n’était qu’au bout d’un abandon complet de la propriété et de la possession individuelles, qu’il importait d’y tendre et par l’intervention et par l’exemple. […] » (p. 345-346)
Il faut reconnaître que l'Utah, malgré ses arrangements avec l'idéal communiste des débuts, a été un Etat pionnier en matière de redistribution sociale. Mais le rouleau compresseur ultralibéral a fait son travail. Et les Mormons - comme les Témoins de Jéovah - ont l'art de réarranger leurs doctrines en fonction de la nouvelle conjoncture.
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Écrit par : Blaise Join-Lambert / | 25/10/2012

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