Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

23/10/2012

Happenings VITA contre le "mariage pour tous" dans 75 villes : succès inattendu !

L'action d'aujourd'hui à la Défense,

racontée pour notre blog par Philippe Ariño :

mariage,alliance vita

Les photos montrent de 1500 à 2000 personnes.



Ça s’est passé aujourd’hui, de 12 h à 14 h, en pleine pause déjeuner, sur l’Esplanade de la Défense à Paris, mais aussi dans toute la France.  À la surprise générale, l’Alliance VITA a réussi à sensibiliser l’opinion publique et les caméras de télévision sur la nécessité de mettre frein au projet de loi gouvernemental visant à autoriser le mariage pour les couples de même sexe. Et on peut dire que le pari a été gagné ! Rien que sous l’Arche de la Défense, alors que l’événement devait initialement rester sobre et d’une envergure provinciale avant la grande centralisation finale des initiatives locales sur la capitale le 17 novembre prochain, voilà que les organisateurs – Caroline Roux, Ségolène du Closel et Tugdual Derville en tête – se sont laissés complètement surprendre par la forte mobilisation des 2000 membres de VITA présents sur place, mais aussi celle des passants qui sont tombés par hasard sur la mise en scène collective chorégraphiée d’un homme-oiseau perdant l’équilibre quand il n’était pas soutenu par son papa et sa maman. C’est bien la preuve que ce projet de loi du « mariage pour tous ceux qui le désirent » préoccupe non seulement les associations de défense des droits de l’enfance mais aussi une grande partie de la population française, majorité encore silencieuse… mais plus pour très longtemps !

Loin de tout discours homophobe (c’était clair : les mots « homosexualité » ou « couples homosexuels » n’ont pas été prononcés une seule fois au micro, et ne sont apparus dans aucune banderole ou tee-shirt), loin du clivage idéologique « homos/hétéros » ou « progressistes/réactionnaires » dans lequel beaucoup de journalistes veulent enfermer le débat du « mariage pour tous » pour qu’on ne puisse pas parler des faits réels et des personnes, Tugdual Derville, à travers un discours clair, humain, centré sur le réel et l’importance de la protection/construction des enfants, a déjoué tous les pièges de la grande concertation de société auquel nous confronte cette nouvelle loi. Il nous a bluffés, il faut le dire. L’ambiance et l’esprit de la manifestation étaient à la paix, à l’humour, au respect mutuel, à la fermeté douce, à l’indignation juste. Les journalistes, qui ne connaissaient pas tous auparavant l’Alliance VITA sont repartis en se disant qu’ils n’avaient pas affaire à des mous, des rigolos ou des fachos. Les rares militants pro-gay de Yagg présents sur place n’ont pas réussi à gâcher l’événement par leurs violentes interférences « anti-homophobie ». Si une initiative nationale aussi informelle que cet happening VITA du 23 octobre a généré une belle énergie, c’est qu’elle répond à un besoin et à une inquiétude sociale réels qui méritent d’être entendus. Ça promet pour la grande manifestation inter-associative du 17 novembre à Paris !

 

                                                                  Philippe Ariño


 

Et les impressions d'un journaliste

(atteint d'une grave affection ophtalmique puisqu'il n'a vu que "200 à 300 militants") :

http://www.20minutes.fr/article/1028394/anti-mariage-homo-manifestent

 

 

Commentaires

AVEC EUX

> En avant avec eux, c'est exactement ce qu'il faut faire !
______

Écrit par : médéric / | 23/10/2012

DESINFORMATION MEDIATIQUE

> La mobilisation est générale. Mais il faut encore passer par le filtre des médias qui nous met du plomb dans l'aile. 700 manifestants selon Le Nouvel Observateur, 300 selon 20 minutes. Et pourtant j'y étais, à vue d'œil on dépassait facilement les mille voire les deux mille. Une ligne sur un site internet et tout le rassemblement est anéanti. Même sur les vidéos, ils s'arrangent pour qu'on ait l'impression qu'il n'y avait personne. Il faut tenir bon pour résister au système.
______

Écrit par : CB / | 23/10/2012

SOUDAIN

> Cette soudaine (et apparente) prise de conscience des Français, j'appellerais ça le "syndrôme de la chaada". Je m'explique : lorsqu'une jeune femme chrétienne veut épouser un homme musulman, sa belle-famille lui conseille souvent de se convertir. On lui dit que, dans les faits, ça n'engage à rien, que c'est simplement une formalité pour rendre les choses plus pratiques par la suite ...surtout si la personne n'était chrétienne que sur le papier. On n'y pense pas trop, jusqu'au moment où il faut signer de sa main la profession de foi musulmane (la chaada). Et là, au moment de faire la bascule, on ne s'est jamais autant senti chrétien...mais (souvent) trop tard !
______

Écrit par : Feld / | 23/10/2012

PHILIPPE ARIÑO

> Saluons la présence de Philippe Ariño dans ce blog. j'ai lu son livre et je le trouve remarquable.
______

Écrit par : Bernard Lemousi | 23/10/2012

VOTEE OU NON

> Le lobby gay qui assurait le gouvernement d'un rebond de popularité avec ce projet de mariage a manifestement fait une promesse de gascon. Que la loi soit votée ou non il n'y aura pas de "zapatérisme" à la française.
______

Écrit par : B.H. / | 23/10/2012

À LYON

> Bravo à Vita pour ce bel happening qui à Lyon a réuni largement plus de 500 personnes !
Rendez-vous, comme annoncé à la fin du happening, le samedi 17 novembre pour les Lyonnais et Rhône-Alpins qui veulent défendre, pacifiquement mais résolument, le droit de chaque enfant à grandir avec un père et une mère pour une marche solidaire et unitaire, à l'initiative de Cosette et Gavroche !
http://www.marchesolidaire.fr/index.php?id=6
http://www.cosetteetgavroche.fr/
______

Écrit par : Gaultier / | 24/10/2012

ECHEC POUR LES MEDIAS

Chacun sa Vérité, comme disait l'autre. Pour les médias, c'est un échec et les médias constituent hélas un pouvoir. Personnellement je comprends mal qu'on ait pas organisé ces manifestations un samedi ou un dimanche après-midi. Un mardi en début d'après-midi sauf les mères de famille et les retraités, les autres catégories peuvent éprouver des difficultés pour se rendre libre.
______

Écrit par : Bernard / | 24/10/2012

Le happening en images :

> http://www.dailymotion.com/video/xuk5aq_un-papa-une-maman-on-ne-ment-pas-aux-enfants_news

A bientôt,
Etienne
______

Écrit par : Etienne / | 24/10/2012

UN VRAI SUCCÈS

> Je confirme CB, j'étais aussi sur place, l'AFP compte 700 personnes mais il y en avait bien 2000 ou plus.
Adhérents ou sympathisants de VITA, passants, dans une ambiance bon enfant... un vrai succès !
______

Écrit par : Clément Cassiens / | 25/10/2012

COMME PAR HASARD

> La mauvaise foi du monde médiatique a frappé là encore :le fait que "par hasard" un photographe professionnel ait photographié deux filles en train de s'embrasser sur la bouche (elles aussi "sans l'avoir prémédité") en premier plan devant le happening, est présenté (cf "Slate")comme un phénomène médiatique(par le "buzz" supposé ,le twitterisme,etc...) éclipsant une manifestation-happening dite "étrange" et dont on ne montre en effet que quelques rares participants, d'ailleurs supposés plus"papy et mamy" que "papa et maman"(les anti âgeophobie apprécieront !)
______

Écrit par : Gérard / | 26/10/2012

IMPOSTURE DU BAISER MEDIATIQUE

> analysé par Philippe Ariño : http://www.collectifpourlafamille.fr/?cat=21
______

Écrit par : Nati / | 26/10/2012

NON-DITS

> Face à cette mobilisation catholique hyper-déterminée contre "le mariage pour tous", il semble pour ainsi dire impossible d'exprimer le moindre avis nuancé, ou de manifester un malaise très profond devant tous les non-dits de cette mobilisation, sans être mécaniquement suspecté et enfermé sous l'étiquette diabolique d'"ennemi de la famille", ou pourquoi pas (allons y), d'agent secret du progressisme libertaire.
Alors quand, si rarement, au milieu de la déferlante univoque, une voix garde la liberté de poser des questions incorrectes, et bien personnellement, je me réjouis et je respire un peu.
Un grand merci au père Michel Durand de se demander si un jour les catholiques se mobiliseront avec une telle ardeur passionnée, en faveur des clandestins, de "l'étranger qui habite ta maison".
Cette question lui vaudra, en toute logique, d'être taxé d'"angélisme", de "naïveté", et sans doute même, venu de quelques franges, d'"ennemi de la France". Ainsi vont les choses en milieu catholique français en 2012...
http://www.enmanquedeglise.com/article-l-eglise-se-sent-tellement-proche-du-clandestin-et-du-refugie-qu-elle-manifeste-dans-la-rue-en-sa-f-111733815.html
______

Écrit par : Serge Lellouche / | 26/10/2012

PAS D'ACCORD

> Mais le P. Durand donne le lien d'Alliance Vita : je ne vois pas de réserves contre la mobilisation mariage dans son post ? Pourquoi opposer ce qui va ensemble et chercher querelle en accusant de "non-dit" ? Là vraiment, pas d'accord. Serge, on ne peut pas amalgamer Vita et les identitaires (fachos), Philippe Ariño qui était à la Défense et sait de quoi il parle l'a bien dit sur ce même blog.
____

Écrit par : Nati / | 27/10/2012

> Taper sur la manif du 17 = faire le jeu de celle du 18. Politique du pire.
______

Écrit par : che bel fior / | 27/10/2012

@ Nati,

> Je fais parfaitement la différence entre la mobilisation sous le mode Vita ou Civitas. Ce n'est pas l'objet de mon commentaire, vous le savez bien, merci de le relire.
De même, vous savez parfaitement bien dans quel esprit le père Durand donne le lien d'Alliance Vita : pour regretter qu'une telle clarté du message ne soit pas appliquée, par exemple, à la défense des clandestins. Dans la protection de la veuve, de l'orphelin, de l'étranger, protège-t-on la vie ? Je le crois profondément oui. Que l'on me pardonne de me sentir lié en cela au cœur de la foi chrétienne, dans la reconnaissance d'une figure du Christ en toute personne humaine en situation de grande vulnérabilité. "Angélisme" dit-on!
Je n'étais pas à la Défense, mais j'ai quand même vu un certain nombre de vidéos sur cette manifestation, entendu de nombreux témoignages, et je sais dans quel contexte et dans quel climat elle s'inscrit, et dont je perçois, oui désolé, tous les non-dits qui l'entourent et qui entourent le « débat sur la famille ». Est-il interdit de le dire, sous peine (trop facile!) d'être accusé de « faire le jeu de l'adversaire » ?
Si donc je fais bien la différence entre ces deux associations, pour autant, je ne tomberai pas dans le panneau qui consiste, de toute part, à faire croire ceçi : d'un côté une mobilisation d'horribles fachos crispés sur leur identité et leurs "valeurs", et de l'autre, nous les gens biens, pas crispés pour un sou, acteurs d'une saine mobilisation, bien entendu défenseurs d'une famille vibrante d'amour et de respect les uns à l'égard des autres.
Allons donc...
Que pensez-vous du livre-témoignage du fils de Philippe de Villiers ?
______

Écrit par : Serge Lellouche / | 27/10/2012

"EN DESACCORD"

> Reprocher à la mobilisation mariage de ne pas être une mobilisation immigrés, c'est vraiment, vraiment, chercher querelle.
J'ai lu le récit d'Ariño. Vous allez le traiter de conformiste bourgeois ?
Ce que je pense du livre Villiers ? Qu'un cynique comme PdV en difficulté avec sa propre famille (une vraie catastrophe) ne peut en aucun cas être dit "prototype du catho". Si c'est ce que vous pensez, je suis en désaccord avec une telle généralisation qui sent la haine. Je suis une chrétienne de gauche absolument pas en résonance avec le folklore 'Famille chrétienne', mais je trouve honteux qu'on dise que les supporters d'Alliance Vita ne valent pas mieux que les fachos de Civitas à cause de leur milieu social ! Dire ça c'est rejeter des gens en bloc pour des motifs dont ils ne sont pas responsables, attitude peu chrétienne ! je ne vois pas le Christ faire ça dans les évangiles.
Attention : comme dit Nietzsche, "personne me ment autant qu'un homme indigné".
______

Écrit par : Nati / | 27/10/2012

> d'accord pour dénoncer les fautes réelles et volontaires (le libéralisme tartuffe) et dire qu'il est une idéologie de classe. Pas d'accord pour dire que la morale sociale catholique (DSE) est une idéologie de classe. Ca c'est radical faux.
______

Écrit par : Nati / | 27/10/2012

@ Nati,

> Auriez-vous la gentillesse de ne pas me faire dire ce que je ne dis pas, et au passage d'éviter de m'indiquer ce qu'est une attitude peu ou beaucoup chrétienne? Je vous remercie.
Pour ma part, je ne me permettrai pas de vous juger ainsi, d'autant moins que je ne vous connais pas, pas plus que vous ne me connaissez. Je me contente de vous faire part d'un désaccord avec votre argumentation qui me semble, à tort ou à raison, imprégnée de confusions.
Ai-je reproché à la manifestation de ne pas être une manifestation pour les immigrés ? Je suis juste interpellé (est-ce encore autorisé dans ce climat pesant?), à la suite du père Durand, quant au décalage entre la mobilisation générale contre le mariage gay (auquel je m'oppose) et le lourd silence (peu chrétien devrais-je dire sans nommer une personne en particulier) autour des clandestins ou de la guerre libérale contre les figures humaines jugées économiquement inutiles.
Ai-je parlé dans ces non-dits au sujet de la famille, d'un problème relevant centralement de la lutte des classes ? Sont-ce là les mots que j'ai utilisé ? Ai-je amalgamé Civitas et Vita dans un grande fourre-tout anti-catho-bourgeois ? Ce que vous me faites dire et que je ne dis pas, non seulement n'est pas très honnête mais traduit un grand désarroi face à la moindre question que l'on s'autoriserait à poser, qui déborderait un tant soit peu du cadre dans lequel on veut strictement cloisonner le débat.
Ai-je dit que la morale sociale catholique est une idéologie de classe ? Le salut du Christ est proposé à tous les hommes, quelque soit leur milieu social, et (voir le texte de Benoit XVI sur Simon et Jude), le Christ a choisi ses apôtres au sein de milieux sociaux très diversifiés, voyant le cœur de ces personnes avant leur appartenance sociale. Et pour autant, le Christ s'est identifié de façon privilégiée aux plus petits d'entre les petits (Matthieu 25, 40), et il avertit fermement les riches et les puissants, appelés à se reconnaître à leur tour petits en vue de leur salut (Matthieu 19, 24). Rappeler cela serait réduire la foi chrétienne à la lutte des classes ? Nous nageons dans la confusion !
En l'occurence, je n'ai pas parlé de lutte des classes, j'ai dit et je le redis, qu'au cœur de la foi chrétienne, le Christ se révèle à nous tout particulièrement (et non-exclusivement) dans toutes les figures humaines les plus vulnérables : l'embryon et le fœtus humain, l'enfant en pleine croissance, les personnes en état de grande fragilisation sociale, les handicapés, les personnes en fin de vie, etc...
Je crois oui qu'au sein de ces « familles traditionnelles » qui claironnent à tout va « l'enfant d'abord ! » dans la « papa-maman-mania » ambiante, il sont très nombreux ces êtres de grâce, figures du Christ crucifié, parfois détruits sous le lourd couvercle des « valeurs », de la très bonne morale, et de la respectabilité familiale, à laquelle ils sont sommés de se soumettre.
J'appelle ça le non-dit autour du débat sur la famille. Une réalité massive, étouffée sous un lourd silence auquel je ne prendrai pas part.
______

Écrit par : Serge Lellouche / | 27/10/2012

> comme ça je comprends.
______

Écrit par : Nati / | 27/10/2012

ASSEZ DE "VALEURS" !

> Grande Marche nationale « A contre-courant ! » le 20 janvier 2013
Un seul bémol: les affiches confectionnées maladroitement : ce mot de VALEUR, quand est-ce qu’on va s’en débarrasser ?
Ce matin encore, je lis ici :
http://www.france-catholique.fr/Quelques-questions-soulevees-par.html?var_mode=calcul
« Le 23 mai 2012, le journal Libération le reconnaissait cyniquement sous la plume d’Éric Fassin, sociologue à Paris VIII, à propos de la « conversion » de Barack Obama à la cause du mariage entre individus de même sexe, saluant comme un « coup de maître » le fait de se poser ainsi en « homme de principe » qui agit « sur un terrain qu’on croyait réservé aux républicains : les valeurs » (sic). »
Et précédemment :
Radio Notre Dame, Le Grand Témoin du 25 octobre 2012. Jean Luc Marion à 16mn30 cité de manière à peu près exacte.
http://radionotredame.net/player/http://radionotredame.net/wp-content/uploads/podcasts/le-grand-temoin/le-grand-temoin-25-10-2012.mp3
Une valeur c’est le résultat d’une évaluation. Il y a des valeurs cotées en bourse, et le propre des valeurs c’est qu’elles montent et qu’elles descendent. Le propre des valeurs c’est qu’elles n’ont pas de valeur en soi… Le paramètre le plus important pour une valeur c’est celui qui évalue « Dis-moi quelles sont tes valeurs, je te dirai qui tu es ». Les valeurs sont une réalité dérivée. Quand on dit qu’on se bat pour ses valeurs, ça veut dire qu’on se bat pour soi-même, pour ses intérêts… Quand on dit que la morale, que Dieu, que la démocratie, que la liberté, sont des valeurs je m’insurge. La liberté, ce n’est pas une valeur, c’est une réalité : vous l’avez ou vous ne l’avez pas… Pourquoi il vaut mieux aimer dans la durée c’est à dire dans la fidélité plutôt qu’autrement ? Parce que c’est comme ça qu’on peut aimer, sinon on n’aime pas du tout… Donc ce ne sont pas des valeurs, ce sont des réalités. Quand j’entends dire qu’il faut défendre la famille parce que c’est une valeur, je trouve ça d’une stupidité… La famille n’est pas une valeur, c’est une réalité. C’est les gens qui ne peuvent pas fonder une famille qui pensent que la famille est une valeur. La différence sexuelle, c’est une réalité fondamentale. Comme le dit le grand Rabbin Bernheim, c’est que je ne pourrai jamais incarner la totalité de la nature humaine, c’est une différence fondamentale de la finitude. Quand on nie sa finitude (deux sexes, pas de sexe etc.) c’est une illusion, tout simplement ce n’est pas réel. Donc en général, se battre pour des valeurs, c’est se battre pour soi. La valeur, c’est la forme la plus diluée de la réalité."

I.


[ De PP à Isabelle - Vous avez parfaitement raison, et notre blog est souvent revenu sur ce problème de vocabulaire. Mais peut-être y a-t-il là plus qu'une question de mots machinaux... Parler de "valeurs", c'est s'épargner la fatigue de penser : à chacun ses valeurs, touche pas à mes valeurs, etc. On retrouve en cela l'anti-intellectualisme et le goût du confort moral qui caractérisent, hélas, une partie des milieux catholiques français.
______

Écrit par : isabelle / | 28/10/2012

LA CRISPATION

> Je rejoins Isabelle au sujet de cette crispation catholique autour de la défense des « valeurs ». Il me semble grand temps de s'interroger sur la nature de cette crispation, sur la nature de la peur dans laquelle elle s'enracine, et sur ses effets désastreux sur la famille, en premier lieu sur les enfants, derrière lesquels, une fois encore on se cache en assénant des slogans d'adultes inquiets, qui servent de paravent aux questions interdites de débat.
Ce n'est pas une question de malveillance à l'égard de quiconque, ni d'un groupe social en particulier (!!!), ceci nous concerne dans le fond tous, nos histoires personnelles, nos familles.
Il m'apparaît que la défense des « valeurs familiales chrétiennes » est le comble du contre-témoignage chrétien, car elle est d'abord, inavouablement, une mobilisation générale du clan familial pour la défense d'un système de contrôle des personnes, et d'abord des enfants, signes vivants de l'insaisissable grâce de Dieu. Les enfants sont une redoutable menace pour l'ordre imaginaire familial construit autour des « valeurs ». Pourquoi ? Parce que (ouvrons les yeux sur ce qu'est un enfant), l'enfant est porteur de ce don de vie insaisissable, que l'on fantasme de dompter, de maîtriser avec force, de cadenasser dans le moule des « valeurs » auquel on l'astreint de se ranger.
Quoi de plus subtil, quoi de plus merveilleux, quoi de plus mystérieux, que le déploiement du don de vie dont chaque enfant est porteur de façon unique, si fragile et si puissant à la fois ? Que de coups portés à ce don de vie qui vient de Dieu, par les plus acharnés « défenseurs de la vie et de la famille» comme ils s'auto-proclament pour masquer l'ordre des valeurs qu'ils défendent. Le témoignage chrétien, c'est l'accueil et l'accompagnement de la vie insaisissable au coeur des familles. Le contre-témoignage c'est la défense d'un pouvoir familial orienté vers le contrôle jaloux de cet insaisissable.
Ces étouffeurs de vie cachés en « défenseurs de la vie », ne cessent de se cacher à eux-mêmes, derrière l'étendard de leurs « valeurs », la trace du coup de couteau qu'ils ont eux aussi reçus au plus intime de leur vie. Cercle infernal d'une pulsion de mort trangénérationelle, dont seule la grâce sauve.
______

Écrit par : Serge Lellouche / | 29/10/2012

UNE ODEUR "CHRISTIANISTE"

> D'accord avec Serge Lellouche. Il s'agit de contrôler fermement les enfants et, au-delà, toute la société. le mot de "valeur" a un petit parfum "christianiste" : le christianisme est réduit en moyen de faire tenir l'édifice social, le Christ passe en seconde position. Je m'interroge : qui tient la place, laissée vacante, de pierre angulaire ?
Les racines du mal seraient-elles voltairiennes tout simplement ?
"Partout où il y a une société établie, une religion est nécessaire; les lois veillent sur les crimes connus, et la religion sur les crimes secrets." Voltaire, Traité sur la Tolérance (1763), XX, p. 630, éd. Pléiade.
Preuve de la crispation : mon commentaire a été censuré ailleurs, pourtant ça ne me semblait pas bien méchant.

Isabelle


[ De PP à Isabelle - Voltaire à l'origine, et Maurras au début du XXe siècle : "l'Eglise de l'ordre", purgée du "venin du Magnificat".
(Que des maurrassiens ne m'envoient pas le Rectificatif, rituel depuis 70 ans : il n'est pas pertinent). ]

réponse au commentaire
______

Écrit par : Isabelle / | 29/10/2012

@ Serge et Isabelle

> Le plus grand déni de la réalité au nom des « valeurs », aujourd’hui, se situe-t-il dans les familles catholiques traditionnelles ou chez les militants gays et lesbiens ? Gare aux sorties de route et aux comportements très peu évangéliques, chacun au nom de ses « valeurs », et les LGBT ne sont pas en reste !
Cette ancienne marge LGBT est d’ailleurs en passe de devenir majoritaire (margeoritaire, condensé de marge totalitaire serait un bon néologisme, plus adapté à la situation) sous l’impulsion du gouvernement Ayrault.
En résumé, les homos et Ayrault (désolé !) veulent accoucher d’un monde où la nouvelle norme sociale (parent 1, parent 2, PMA et GPA…) renverra définitivement (croient-ils) les chrétiens (et juifs et musulmans…) que nous sommes dans une réalité dévaluée, marginale voire illégale.
Comme dirait Isabelle : « Que de coups portés à ce don de vie qui vient de Dieu »…
______

Écrit par : Denis / | 29/10/2012

Denis,

> Tout d'abord, notre divergence de vue ne me fera pas pour autant douter de votre sensibilité évangélique qui m'a bien souvent touché dans vos écrits sur ce blog ;)
Dans le fond, je ne crois pas que la bonne question soit de savoir qui de « la famille traditionnelle » ou de « la famille narcissique libertaire » est plus dans le déni de la réalité l'une que l'autre (et donc on choisit la mieux des deux).
Nous sommes pris dans un piège (sur-entretenu médiatiquement par les deux « camps ») qui consiste à vouloir nous faire adhérer à l'un des deux modèles dans le rejet viscéral de l'autre. Les deux camps, sans même le savoir, jouent la comédie de leur affrontement et ainsi enfument la réalité de leur cause commune : éluder le cœur du problème (là où ça saigne, là est la grâce). C'est tout bénéf pour tout le monde !
Le journaliste de Canal +, la quarantaine sympa, beau gosse, j'me marre donc je suis, jouit, sous les applaudissements d'un public acquis à sa cause, d'opposer la famille cool, moderne et affranchie des conventions, à la famille ringarde, reliquat de la vieille morale judéo-chrétienne dont il faut enfin se débarrasser une bonne fois pour toutes, et tout ira pour le mieux.
De l'autre côté, les médias catholiques suiveurs (quasiment tous, et encore...) ronronnent vers leur lectorat qui en redemande, le bon vieux combat qu'il faut mener pour sauvegarder la civilisation : défendre la famille catholique traditionnelle, ses valeurs, la bonne éducation de nos enfants, et leurs droits indéfectibles à pouvoir dire « papa » et « maman ». Elémentaire mon cher Watson ! Et en note de bas de page on ajoute, parce qu'on est des gens bien élevés : promis, on n'est pas homophobes !
Les cools contre les ringards, les esclaves de leurs pulsions contre les maîtres de leurs passions : la mise en scène du combat de la dérision contre l'hypocrisie, valeur sûre de la société du spectacle à la sauce catho-libertaire qui ne dit pas son nom.
Cette farce ignoble sous laquelle on étouffe ne tiendra pas.
______

Écrit par : Serge Lellouche / | 29/10/2012

LES DEUX CAMPS

> Tu as raison Serge, les 2 camps enfument la réalité, les non-dit que l'on crame de chaque côté piquent les yeux de tout le monde et on s'épuise à se déplacer face au vent pour éviter la fumée ! C'est l'alternance du je t'enfume tu m'enfumes ...
Oui :"Que de coups portés à ce don qui vient de Dieu" , et c'est un seul et même coeur qui saigne.
______

Écrit par : escargolibri / | 30/10/2012

@ Serge

> Vous dénoncez « l’hypocrisie » de « la bonne éducation de nos enfants ». De fait, si l’on devait reprocher quelque chose à certains milieux cathos, ce serait cette « bonne conscience » inaltérable de ceux qui sont « du bon côté ». Mais ce genre de dénonciation est à double tranchant. Je ne suis pas sûr que ce soit la meilleure façon d’évangéliser et d’éduquer. Un seul avantage : il est impossible de dénoncer « la-bonne-conscience » du voisin… en toute bonne conscience.
Ce qui nous laisse donc une chance de nous reconnaître pécheur, un beau jour, avec la grâce de Dieu !
______

Écrit par : Denis / | 30/10/2012

@ Denis,

> Votre interpellation, si je l'ai bien comprise, sous-entend qu'un tempérament fortement porté à la dénonciation serait par nature imperméable à la grâce de Dieu par laquelle on se reconnaît pécheur.
A partir de quel point, dénoncer l'hypocrisie est-il un manque d'humilité voir même un comble d'orgueil ?
A partir de quel point, se donner pour règle de ne jamais rien dénoncer devient-il contre-témoignage évangélique caché sous les apparences de l'humilité que l'on se plaît à se donner?
Peut-être avez-vous des réponses définitives à ces questions. Je l'avoue, moi non, et pour tout dire elles me travaillent à peu près à chaque instant...
______

Écrit par : Serge Lellouche / | 30/10/2012

CE QUE J'AI VECU

> Non, Serge, je ne sous-entends rien. J’observe simplement, car cela correspond à ce que j’ai vécu enfant et adolescent, que la critique quasi systématique de « la-bonne-conscience-chrétienne » et accessoirement « bourgeoise », à force d’être ressassée, est à double tranchant : on peut y laisser des plumes, jusqu’à en perdre la foi…
______

Écrit par : Denis / | 30/10/2012

@ Denis

> Profondément, je ne crois pas que voir derrière les apparences lisses ôte la foi, mais plutôt qu'une "foi" sociologique ne résiste pas alors. Purification qui peut laisser place, le jour venu, à la grâce. ("-Allons bon, la grâce, ça ne marche que dans un contexte sociologique porteur, hein, vous n'avez rien compris, soyez réaliste...!")
De nombreux témoins sont de fait des convertis de l'intérieur, parce que d'abord des exilés-expulsés du petit monde bourgeois.(Vous aurez compris que derrière cette dénomination c'est une manière de renoncer à être pour paraître, à penser par soi-même pour coller à la bienséance, à agir en conscience pour faire selon les réflexes programmés du clan,..., non une classe sociale particulière). Le jeune homme riche aussi craignait de perdre des plumes, en quittant son monde: quelle tristesse en son coeur!
Cher Serge, je vous rejoins là encore: à un moment si on ne laisse pas la vie en nous crier son indignation, ce sont les pierres, c'est-à-dire la violence aveugle et destructrice, qui crient, c'est notre coeur en douleur, pétrifié à force d'être comprimé, étouffé dans l'étau de la bonne conscience du clan, qui frappe aveuglément alors. Derrière les aigreurs sans cesse remontées, les critiques destructrices que dénonce Denis, on retrouve en effet ces coeurs blessés qui se sont endurcis pour survivre, faute d'avoir été entendus et pansés par leurs proches.
Je crois que personne n'est propriétaire du mystère de la vie dont nous sommes communautairement responsables, ni la "famille traditionnelle", ni le "couple branché", mais que nous sommes tous appelés, fils aîné avare comme fils cadet prodigue, à nous faire serviteurs inutiles du mystère de la vie, en entrant dans la joie du Père. Peut-être que je me trompe, mais cette joie je ne la vois nulle part, dans ce jeu mimétique que se renvoient actuellement les communautarismes où se réfugient nos concitoyens, à coup de com' et de lobbying, (-la preuve qu'on est dans le coup: voyez nos stars hyper-décomplexées, icônes de la catho-attitude!- De notre côté nous avons des chrétiens très sérieux, inspirés par la Bible, pro-mariage gay"....), Non, derrière les sourires plaqués de qui exhibe sa bonne conscience épanouie,les bonheurs affichés qu'on balance comme une claque à l'ennemi, cette joie du Père, je ne la vois nulle part. Enfin si, bien sûr, mais loin des flash et des clichés, dans le quotidien de tant et tant de boîteux qui avancent quand-même,en s'appuyant les uns sur les autres, sans se prendre trop au sérieux.
______

Écrit par : Anne Josnin / | 30/10/2012

ISAIE 42

> Dans ce débat, chers Serge et Anne, qui nous occupe à propos du mariage et de l’adoption pour les personnes de même sexe, et donc du témoignage qui nous est demandé, je pense à Isaïe 42:1-4 (Mt 12 :1-2) évoquant le Messie : « Voici mon serviteur que je soutiens, mon élu en qui mon âme se complaît. J’ai mis sur lui mon esprit, il présentera aux nations le droit. Il ne crie pas, il n’élève pas le ton, il ne fait pas entendre sa voix dans la rue ; il ne brise pas le roseau froissé, il n’éteint pas la mèche qui faiblit, fidèlement, il présente le droit ; il ne faiblira ni ne cédera jusqu’à ce qu’il établisse le droit sur la terre, et les îles attendent son enseignement. »
Le 17 novembre, qu'en pensez-vous ? Faudra-t-il pourtant nous rendre « dans la rue », si celle-ci se confirme comme le seul espace disponible pour ouvrir véritablement le débat et « présenter le droit » (au regard de ces espaces de communication saturés par les lobbies, qu’évoque Mgr Vingt-Trois) ? Si nous faisons ce choix, il faut espérer que nous serons capables de suivre les recommandations du prophète Isaïe : pas de « verbe haut » – pas de mépris – pour exprimer notre foi et nos convictions, mais pas le silence non plus, pas ce silence que Jésus lui-même a refusé pour ses disciples (« Je vous le dis, si eux se taisent, les pierres crieront », Lc 19:40). Rien en tout cas qui conduise, selon la parole d’Isaïe, à briser le « roseau froissé » d’en face (le militant PS, LGBT…). Bref, un authentique combat spirituel !
_____

Écrit par : Denis / | 31/10/2012

@ Serge

> J'ai le sentiment que ce que contre quoi Denis vous met en garde, c'est moins de dénoncer l'hypocrisie - ce qui est légitime et même nécessaire - que d'en voir en excès et - là c'est moi qui m'exprime - un peu facilement.
Je suis toujours intéressé par vos commentaires, comme par ceux d'Anne. Quand vous dénoncez l'obsession étouffante des "valeurs" et du "qu'en dira-t-on", je vois de quoi vous parlez tous les deux. Je vois très bien même. Mais en même temps - et à lire certains commentaires, il me semble n'être pas le seul - je suis toujours surpris aussi par l'ampleur que vous donnez à cette dénonciation. Là où, regardant autour de moi, je reconnais quelques cas heureusement rares, vous semblez voir la norme. Ne voir même que ça. Peut-être ne venons-nous pas des mêmes milieux, je ne sais pas. Je n'en ai en tout cas jamais côtoyé d'aussi affreux que celui que vous décrivez.
Je côtoie par contre beaucoup d'amis qui se mobilisent - voir qui organisent - des marches pour la vie ou - ce fut le cas en Belgique aussi - contre le mariage gay. Personne n'est parfait,, mais je vois néanmoins des gens simples et sincères et parfois très courageux, qui, comme nous tous, se débattent comme ils peuvent avec les préjugés que la vie leur a laissés. Et pour tout dire aussi, des gens qui ont tous des enfants épatants et pleins de vie.
Ayant moi-même toujours été ambivalent sur cette question, la fois où j'ai tout de même participé à une marche pour la vie, ce sont beaucoup d'autres amis que j'ai retrouvés. Des couples chrétiens ou des célibataires, soucieux de bien faire et gentils. Là aussi, très loin de la caricature que vous dressez pour justifier votre refus de participer à ce genre de manifestation. Non, pour reprendre un de vos exemples anciens, je n'y ai pas croisé de trader qui venait d'affamer un pays africain. C'eut été trés surprenant d'ailleurs, et quand bien même il y en eut eu un, c'eut été dérisoire de lui donner de l'importance (à moins d'être un journaliste - mais vous ne faites tout de même pas confiance à la presse pour vous dire qui était là, n'est-ce pas?)
Alors, est-ce à ce point différent en France par rapport à mon expérience belge? Je ne sais ... (je connais tout de même quelques français aussi et il ne me semble pas). Peut-être est-ce moi aussi qui ne sais pas voir.
Je garde ceci dit pour boussole cette citation, entendue il y a longtemps, d'un évêque je crois, et qui m'avait tout de suite plu: on est plus souvent dupe par excès de méfiance que par excès de confiance. On pourrait aussi bien dire: par excès de colère que par excès de bienveillance. C'est du moins ce que je crois.
Amicalement
______

Écrit par : Luc2 / | 01/11/2012

Cher Denis,

> par cette référence à Isaïe, vous décrivez la mobilisation pour la famille traditionnelle en tentant désespérément de l'identifier à l'image prophétique du combat juste et discret des petits, seuls contre tous, sans relais aucun, portés dans un humble rassemblement de serviteurs dévoués et désintéressés, insufflé par l'Esprit de pauvreté fraternelle et joyeuse donné par grâce aux coeurs blessés qui n'ont plus rien à perdre, face aux troupes puissantes, déterminées et vindicatives, elles, de l'alliance de fer PS-LGBT.
On y croirait presque.
______

Écrit par : Serge Lellouche / | 01/11/2012

Cher Serge,

> Ce que vous décrivez est d’actualité, cela ressemble tout à fait à la confrontation annuelle entre les vénérateurs d’Halloween et les paisibles adeptes de la fête de tous les saints (auriez-vous assisté hier soir à un défilé de zombies ?). Et n’allez pas croire que je cède à la tentation (vilaine) de décider qui est bon et qui est méchant en l’occurrence, tant il est vrai qu’on peut trouver partout, dans toutes les communautés, dans toutes les familles, des « sépulcres blanchis ».
Au reste, je remercie Luc2 de vous avoir écrit avec tant de justesse ce que je n’ai pas su exprimer. De fait, j’admire votre talent, votre intelligence, votre radicalité et votre grand cœur de converti, mais je trouve que vous cédez parfois, dans votre vision des « familles chrétiennes », à un romantisme un peu sombre, trop oublieux des combat spirituels qui ont traversé de tout temps, traversent et traverseront ces mêmes familles jusqu’à la fin des temps.
______

Écrit par : Denis / | 01/11/2012

Chers Denis et Luc2,

> sur le fond je partage votre amour des familles catholiques, dont je suis tirée,-dont j'ai été, dans les formes du moins- où j'ai tant d'amis. Je ne vois aussi que trop où elles s'abîment parfois, voire souvent, et mes cris d'indignation sont d'abord des cris du coeur. C'est pourquoi j'ai envie de leur crier: ne vous illusionnez pas! Vous êtes beaucoup plus perméables au monde que vous ne l'imaginez, et l'exhibition de signes extérieurs de distinction ne vous met pas à part ni ne vous garde purs, mais au contraire, vous vous cachez à vous-même et il n'est alors point de guérison possible. Jésus est venu pour les pécheurs, et nous familles catholiques le sommes aussi, qui avons besoin du médecin. Présentons nos plaies à Sa lumière, ne cherchons pas à les dissimuler pour "montrer l'exemple". Nous n'avons définitivement aucune leçon à donner à quiconque, mais une Espérance à communiquer, plus forte que toutes nos faiblesses, tous nos découragements, tous nos échecs, toutes nos limites. La preuve? Nous n'avons pas été capables de nous opposer aux manipulations sur l'embryon, à prendre en charge nos enfants surnuméraires en perdition dans les couloirs de la mort de nos laboratoires, et voilà qu'à présent nous nous sentons investis de la mission suprême de nous opposer, jusqu'au martyr? au mariage civil de personnes de même sexe, qui projettent d'adopter ensuite. Et se serait uniquement au nom de l'enfant? Rien d'homophobie habillée de catholiquement correct? Que ne l'avons-nous alors défendu avec plus d'ardeur, l'enfant que nous disons haut et fort aimer, quand on en a fait un rat de laboratoire, quand on l'a laissé fabriquer hors du corps de la femme fécondé dans l'union des corps intimes, par des entreprises à valeur marchande! Alors que faire? Demander pardon, à tous les enfants non-nés, et aux enfants vivants, en deuil de fratries non accueillis, parce que nous avons failli à notre mission d'adultes protecteurs.Et nous faire plus humbles. Qu'en pensez-vous? De marches pour nous rassurer entre nous sur la pureté de notre conscience, personnellement je n'en veux plus. Comment avoir la conscience en repos quand tant et tant d'hommes meurent,avortés dans le sein de nos filles, mais aussi d'hypothermie dans le froid de la rue et des coeurs , de violence sociale dans nos entreprises devenues folles, d'abandon aux vices des fauves dans nos prisons ....parce que nous sommes occupés ailleurs?... Oui les enfants ont besoin d'un père et d'une mère. Ce n'est pas en le scandant sur les places publiques, comme ces payens qui rabachent, qu'on devient bon parents, qu'on aime nos enfants, mais en actes qui petit-à-petit ouvrent nos coeurs à la grâce sans laquelle nous sommes enfermés dans les limites de notre péché.
Pour ce qui est des "combats spirituels" dont vous parlez Denis, les familles non-chrétiennes n'en sont pas épargnées, elles ne souffrent pas moins, et si nous savons y voir la dimension spirituelle, elles y voient souvent mieux que nous la dimension humaine, qui les rend parfois plus humbles et réalistes, quand de notre côté nous pouvons leur apporter le sens de la grâce, qui ouvre à l'Espérance. Là non plus il n'y pas supériorité de la famille chrétienne sur celles du monde. Ne nous mettons pas à part, laissons-nous mélanger, pétrir, mêlés à l'intime avec notre monde, afin que toute la pâte lève.
Permettez-moi de rajouter une remarque: votre référence à Halloween me semble emblématique de cette erreur de jugement que je vois chez nombre de nos frères d'Eglise: on s'attaque à des symboles, certes condamnables, mais en laissant le champ libre à ce qu'ils représentent, dont nous sommes aussi complices. Vaut-il mieux s'indigner devant des enfants déguisés de façon morbide, ou devant des adultes qui participent par leur travail et leur mode de vie à une société morbide, suicidaire et criminelle tout-à-la-fois? On s'attaque à un texte de loi,au nom de l'enfant, alors qu'on se montre incapable de protéger les plus vulnérables? Et moi qui me contente trop souvent d'écrire, ne suis-je pas aussi,finalement, "catho de papier"?
______

Écrit par : Anne Josnin / | 01/11/2012

@ Denis et Luc,

> D'abord merci beaucoup de vos commentaires qui, au-delà de nos divergences partielles, m'aident à avancer vers plus de justesse, y compris et d'abord grâce aux critiques que vous m'adressez, avec votre bienveillance que j'apprécie beaucoup.
Au risque des excès éventuels que cela peut comporter (je veux bien admettre que je puisse parfois y succomber), je suis résolument convaincu que la vocation des baptisés est aujourd'hui de mettre des mots dans la prison obscure des non-dits, dans le domaine de la famille et dans bien d'autres.
N'est-ce pas là s'inscrire dans le sillage de Vatican II, qui a pleinement justifié la responsabilité apostolique des laïcs ?
« La vocation propre des laïcs consiste à chercher le règne de Dieu précisément à travers la gérance des choses temporelles qu’ils ordonnent selon Dieu. Ils vivent au milieu du siècle, c’est-à-dire engagés dans tous les divers devoirs et travaux du monde, dans les conditions ordinaires de la vie familiale et sociale dont leur existence est comme tissée. À cette place, ils sont appelés par Dieu pour travailler comme du dedans à la sanctification du monde, à la façon d’un ferment, en exerçant leurs propres charges sous la conduite de l’esprit évangélique, et pour manifester le Christ aux autres avant tout par le témoignage de leur vie, rayonnant de foi, d’espérance et de charité » (Lumen Gentium 31)
Nommer le réel ne relève donc pas en premier lieu d'une démarche étroitement intellectuelle ou guidée par une recherche a priori de la polémique, c'est d'abord une question de vie et de vérité. Mystère ô combien chrétien de la parole source de vie.
La mort, c'est le déni de la réalité, c'est le refus acharné, le plus souvent sous un mode subtilement policé, de mettre en lumière par le langage ce qui est, ce qu'il en est de soi, ce qu'il en est de nos familles, de nos nations, etc...
Déni de la réalité chez les personnes homosexuelles selon les mécanismes que décrit bien Philippe ariño, à savoir déni de l'altérité fondamentale et irréductible de l'homme et de la femme. Déni de la réalité chez beaucoup de catholiques dans le refuge apeuré dans la citadelle des valeurs chrétiennes et de la bonne morale bien-pensante.
Je suis ici d'autant moins dans une attitude de colère (Luc) que je crois profondément que ce déni, au delà des perversions en acte et en pensée qu'il génère, est d'abord une méga-construction défensive d'autant plus solidement ancrée qu'elle vise à masquer et à se couper de la blessure intime qui nous habite tous sans exception, certes à différents degrés.
Tout le non-dit et donc ce qu'il s'agit de nommer, est en lien avec cette blessure la plus intime, cette faille primordiale dont il faut se convaincre de toute notre foi qu'elle est le lieu privilégié de notre conversion dans la grâce du Christ. Du point de vue de la foi chrétienne, s'acharner à la contourner ou à l'éluder par l'enfumage des « valeurs », revient en effet, souvent malgré soi, à s'éloigner du centre de la foi chrétienne : l'infinie miséricorde de Dieu donnée dans le tombeau de ce qui a été cadenassé ou tué en nous, le miracle de la résurrection révélé du cœur de la croix.
C'est le moment de savoir si l'année de la foi sera l'occasion d'agréables discussions théologiques de salon entre catho-bloggeurs bien éduqués, ou si, par l'action de l'esprit saint, elle sera réancrage en chaque personne et en chaque famille vers ce cœur brûlant de la foi chrétienne : le don de vie du Seigneur en ce qu'il y a de plus petit, de plus vulnérable, de plus défiguré en chacun d'entre nous.
Ce qui ne me semble pas nommé dans ce « grand débat sur la famille » que tous les catholiques appellent de leurs vœux, et que ces mêmes catholiques s'empressent en urgence d'en vite refermer les portes dès qu'il s'écarte des sentiers battus, c'est ce mystère de mal au cœur des familles, souvent imperceptible car si profondément incrusté, et masqué par les apparences de l'harmonie familiale savamment entretenues socialement et dans de pieuses formules religieuses : l'insaisissable déploiement de la grâce au cœur des familles est l'ennemi juré du bon ordre des valeurs familales chrétiennes.
Les familles sont traversées par ces mécanismes inconscients si subtils d'étouffement de cette nouveauté de Dieu, non-maitrisable car ne relevant pas de notre volonté propre, et donc défiée car perturbant la stabilité du pouvoir familial.
Des personnes plus que d'autres au sein des familles (mystère d'élection) sont signes vivants de la grâce et de ses promesses de vie, et donc surnaturellement l'objet d'un déni qui va jusqu'à la tentative de leur destruction (mystère de persécution).
Tel que le décrit notre amie Anne, il y a un mystère de ce refus obscure de la joie du Père derrière la bonne conscience affichée et l'exhibition de notre bonne conformité aux valeurs familiales chrétiennes. Que d'enfants, d'adolescents, d'époux, d'épouses, astreints à souffrir en silence au nom des apparences de la respectabilité familiale, qui plus que tout, plus que la vie, doit être préservée dans sa blancheur immaculée.
Le cœur du combat spirituel au sein des familles, qu'évoque Denis, n'est-il pas de cet ordre de l'accueil ou du déni de cette vie par la grâce, et du rapport à ces figures de vulnérabilité qui en sont tout particulièrement le signe (vous savez, ces personnes que les puissants défenseurs de l'ordre familial s'acharnent à vouloir enfermer aux yeux de tous, sous l'étiquette de « fous » ou de « folles », ou d'« instables »...)
Du point de vue de la foi chrétienne, la famille ne se fortifie dans le roc-Christ, paradoxalement que dans la reconnaissance de la vulnérabilité fondamentale du foyer et dans la foi indéfectible qu'en cette vulnérabilité irrupte la puissance d'amour vivifiante de la grâce.
A contrario, la consolidation forcenée des familles autour des valeurs et de la morale respectable, c'est la tragédie spirituelle et humaine de familles qui au-delà de toutes les apparences sont construites sur du sable.
N'est-il pas temps d'en finir avec les vaines stratégies catho-communicationnelles de « défense de la famille », et à l'occasion de cette année de la foi, d'ouvrir le débat sur la famille à la lumière de cette parole de vie : 
« Il ne suffit pas de me dire : ’Seigneur, Seigneur !’, pour entrer dans le Royaume des cieux ; mais il faut faire la volonté de mon Père qui est aux cieux. Ce jour-là, beaucoup me diront : ’Seigneur, Seigneur, n’est-ce pas en ton nom que nous avons été prophètes, en ton nom que nous avons chassé les démons, en ton nom que nous avons fait beaucoup de miracles ? Alors je leur déclarerai : ’Je ne vous ai jamais connus. Écartez-vous de moi, vous qui faites le mal ! Tout homme qui écoute ce que je vous dis là et le met en pratique est comparable à un homme prévoyant qui a bâti sa maison sur le roc. La pluie est tombée, les torrents ont dévalé, la tempête a soufflé et s’est abattue sur cette maison ; la maison ne s’est pas écroulée, car elle était fondée sur le roc. Et tout homme qui écoute ce que je vous dis là sans le mettre en pratique est comparable à un homme insensé qui a bâti sa maison sur le sable. La pluie est tombée, les torrents ont dévalé, la tempête a soufflé, elle a secoué cette maison ; la maison s’est écroulée, et son écroulement a été complet. » (Matthieu 7, 21-27)
______

Écrit par : Serge Lellouche / | 02/11/2012

TOUS

> La conversion c'est pour tout le monde.
Le puritanisme c'est se voir meilleur dès lorsqu'on appartient à tel ou tel milieu social.
Aucun milieu n'est à l'abri. Nous sommes appelés à la conversion pas au défilé d'auto-satisfaction.
Jésus appelle à la conversion, pas à l'ascension sociale, il n'appelle pas à l'indignation vertueuse mais à la vertu.
D'accord avec Nati sur le fait qu'on ne peut se baser sur les non-dits puisqu'on ne peut pas tout dire. On se réjouit pour ce qu'il y a de bon mais c'est vrai avec Serge qu'on aimerait aussi qu'on mette autant d’énergie pour aborder aussi d'autres problèmes aussi importants.
Cette question du mariage et de l'adoption choque plus parce que les gens y sont plus sensibilisés mais aussi parce qu'ils y voient une question de nature/contre-nature de la personne humaine; une quetion de déni du réel.
Si l'on explique que le traffic d'être humain est comme l'avortement un déni d'humanité, de dignité humaine, ils se mobiliseront.
Il s'agit d'un conflit global non seulement parce que la dignité de l'un vaut la dignité de l'autre mais aussi parce que cela se passe partout.
Le combat pour la vie est la quatrième guerre mondiale.
Les champs de batailles sont dans les consciences, sur internet, les assemblées nationales, la rue, les salons, partout
Par notre expérience de la vie, nous sommes tous plus ou moins sensibilisés à tel ou tel combat pour la vie : pour l'un, ce sera l'adoption homo, pour l'autre le trafic d'êtres humains mais nous faisons tous partie de la même armée.
Cela n'empêche que je ressens souvent ce que dit Serge à propos de la mobilisation à sujet unique et la bonne conscience à oeillère.
Mais parler en général c'est facile, voyons qq exemples précis sortis des mytholgies politiques des 50 dernières années :
- La bonne conscience du catho-gaullolâtre : l'abandon au massacre des harkis est pour lui un "point de détail de l'histoire" puisque largement insuffisant pour remplacer son culte du général par l'approbation ou non, au cas par cas, des options choisies par de Gaulle sur d'autres sujets selon qu'elles étaient conformes ou non à la foi.
-La bonne conscience de la dernière poignée de catho pétainistes sur la participation de la police aux arrestations de juifs, ils se lamentent par ailleurs sur les harkis mais trouvent plein de bonnes excuses à la politique juive de Laval
-La bonne conscience du catho de gauche admirateur des "porteurs de valises" qui permettaient au FLN de mettre des bombes ds les lieux publics pour tuer les passants ; il manifeste le 17 octobre pr commémorer un massacre dont la commission officielle d'historiens formée sur ordre de Lionel Jospin avait conclu à l'inexistence, mais restera chez lui le 5 juillet (massacre des Pieds Noirs d'Oran)
Beurk ! et ce n'était que qq exemples...
Il ne doit pas y avoir de "catho de gauche ou de "catho de droite" car c'est mettre sur le même plan des choses qui ne sont pas comparables dans le meilleur des cas et la plupart du temps, c'est une politisation de la foi et c'est inadmissible.
On peut avoir souffert tant qu'on a pu, cela reste inadmissible. Ce n'est pas parce que j'ai souffert, que je suis indigné que j'ai le droit de tirer sur tout ce qui bouge, que j'ai toujours raison, que j'ai le droit.
Se dire "catho de gauche" ou "catho de droite" c'est mettre sur le même plan le Vendredi Saint et Mai 68, la mort du Christ et celle de Louis XVI.
Le Fils de Dieu et un brave homme, Jésus et les fils à papa de la Sorbonne
On a le droit d'être catholique sans être déconnatoire.
C'est vrai, "catho de gauche" ou "catho de droite" sont des expressions maladroites par lesquelles les gens cherchent à définir qu'ils ont une foi qui s'exprime plus dans le domaine social pour les premiers et ds le domaine moral pour les autres.
Mais outre que cela nie l'action de "cathos de gauche" ds le domaine moral (mais oui !) et de "cathos de droite" ds le domaine social (mais oui !), depuis quand est-ce incompatible dans la foi ?
Depuis quand l'action sociale n'est pas morale ? Et l'action morale n'est-elle pas sociale ?
Pas sociale l'aide aux femmes confrontées à l'avortement ?
Pas morale l'aide aux prostitués ?
On reproche aux intégroïdes de brandir des drapeaux à Sacré-Cœur, mais se dire "catho de gauche" ou "catho de droite", c'est pareil.
Foutez-moi ces expressions aux chiottes. Les plus beaux qualificatifs nous les avons : catholiques, enfants du Seigneur, frères et sœurs de Jésus.
Nous ne sommes pas de Paul ou de Pierre mais du Christ
En se disant "catho de gauche" ou "catho de droite" chacun à sa manière, on agit comme si l'Evangile était beau mais inapplicable.
On prostitue son énergie et son admiration à des gens et des mouvements politiques qu'on estime mieux à même de faire du bien sur terre au prix de passer sous silence des choses inadmissibles et on s'étonne que cela scandalise.
Drapé dans un catholicisme confortable car relatif à nos options politiques donc à ce qui nous convient, on éloigne les petits de la foi.
On mériterait de se voir attaché une pierre autour du cou et d'être flanqué à l'eau.
Le terrestre ne doit pas l'emporter sur le spirituel : c'est nous qui sommes faits à l'image de Dieu et non l'inverse.
Jésus est Dieu, venu pour nous amener vers le Père
Et humainement, Jésus n'est ni un BCBG, ni un guévariste.
C'est un aristo qui était ouvrier : charpentier descendant du roi David.
ça donne une idée de l'importance que Dieu donne à tout ça ...
Nous sommes COMPLETEMENT au-dessus de tout ça parce que nous sommes IN-CLA-SSABLES pour les étiquettes du monde.
Vous en doutez ?
voyez plutôt : notre croyons en un Homme-Dieu mort et ressuscité. Ça, ça fait déjà beaucoup mais ce n'est pas tout ! Car Jésus notre Dieu est aussi :
-un youpin
-un prolo
-un aristo
-un condamné à mort
Nous sommes INCLASSABLES parce que nous ne sommes pas d'ici.
La charité c'est aussi de ne pas réduire qq'un à l'image qu'on a de lui ou son milieu social, surtout s'il se vautre dedans car alors l'aide ne peut venir que de nous pour l'aider à s'en sortir.
On ne réduit pas une personne à son péché, à son erreur, à sa tendance, à son milieu.
Pardon à ceux que je peux agacer
______

Écrit par : zorglub / | 02/11/2012

> Merci Zorglub! J'aime ce ton décapant. Vous avez raison. La conversion c'est pour maintenant. Pour moi.
______

Écrit par : Anne Josnin / | 04/11/2012

Les commentaires sont fermés.