Ayrault existe ! mais c'est contre des paysans

 

Faible devant les forts, fort devant les faibles... À Notre-Dame-des-Landes, le Premier ministre envoie 200 gendarmes, 300 CRS et un hélicoptère pour expulser manu militari les opposants à "l'ayraultport" :

 

Quand le Medef fronce le sourcil, le Premier ministre recule. (On l'a vu dans la comédie des Pigeons*). Jean-Marc Ayrault est donc au garde-à-vous devant Vinci, à qui est affermée la construction du deuxième aéroport nantais.

Création inutile selon les économistes, nuisible selon les écologistes, inique selon les paysans expulsés, cet aéroport soulève la colère du monde agricole et des défenseurs de l'environnement. Manifestations, grèves de la faim, résistance de propriétaires expulsables...

Vinci invoque l'urgence : le chantier de l'aéroport doit s'ouvrir début 2013 et s'achever en 2015. Hier avant l'aube, le Premier ministre a donc envoyé 500 gendarmes et CRS (appuyés par "un hélicoptère à visée nocturne") expulser par la force les quelques dizaines d'opposants qui campent sur le site de Notre-Dame-des-Landes, certains depuis trois ans.

Réplique du paysan Sylvain Fresneau : "ici c'est chez nous, dès que les gendarmes seront repartis tout le monde va reprendre position sur le site."

Le ministère de l'Intérieur avertit donc qu'il va "sécuriser les lieux et les faire gardienner".

"Sécuriser", "gardienner" ? pour le vocabulaire de gauche aussi, le changement c'est maintenant.

Les paysans de Notre-Dame-des-Landes vont voir débarquer des colonnes d'agents de sécurité en treillis-rangers, crâne rasé, tonfa et bombe à gaz au ceinturon, chien de combat en laisse**. (C'est curieux, cette habitude parisienne d'envoyer des Bleus dans la région nantaise... Voilà au moins une tradition qui ne disparaît pas).

Faible devant les forts, fort devant les faibles, Jean-Marc Ayrault n'a pas hésité à s'asseoir sur une promesse formelle de François Hollande : début mai, pour calmer les esprits avant de désigner Ayrault comme chef du gouvernement, le nouveau président de la République s'était engagé à ne pas faire expulser de Notre-Dame-des-Landes "les opposants détenant encore un titre de propriété" avant que la justice "n'ait tranché tous les recours déposés". Les promesses n'engagent que ceux qui les écoutent.

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* NDPP – Cf notre note du 12/10. Par ailleurs, des blogs ultra-cathos donnent en exemple à la mobilisation de défense du mariage... le coup monté des Pigeons : comparaison non seulement inadéquate, mais scandaleuse quand on sait de quoi il retourne. Certains ont le don de rendre antipathiques les meilleures causes en les mélangeant aux plus douteuses.

** Mais tout ça privé : donc sympa. (Si c'était des fonctionnaires de l'Etat, ce serait indigne parce que contraire à la subsidiarité). Les bien-pensants n'auront pas un mot de protestation.

      À Nantes la République ne recule pas. 

 

      (ailleurs, c'est une autre affaire).