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13/10/2012

USA : "Je n'irais pas conduire 10 km pour aider des gens que je ne connais pas", déclare un des parrains de la nouvelle idéologie républicaine

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Que l'administration démocrate ait des exigences odieuses sur le plan moral, ne rend pas l'idéologie républicaine moins odieuse sur le plan social :

 


Vieux bonze de l'idéologie libertarienne, Don Ernsberger répète : « Je n'irais pas conduire 10 km pour aider des gens que je ne connais pas, mais j'aiderais mon voisin à éteindre sa grange en feu. Il n'y a pas besoin de collecter l'impôt pour ça » [1]. Si les libéraux refusent de payer des impôts, c'est pour ne pas aider des inconnus ? Instructif ! Et anti-évangélique... D'autant qu'Ernsberger est un vestige de la secte de la christophobe Ayn Rand : cette sulfureuse prêtresse d'un capitalisme de messe noire [2], morte en 1982 mais dont se réclame aujourd'hui Paul Ryan. « Le nom, les idées et les livres d'Ayn Rand reviennent en force en ce moment », constatent les médias. L'idéologie de Rand est une idolâtrie de l'ego (son principal essai s'intitule La vertu de l'égocentrisme) : position incompatible avec la foi chrétienne. Cependant une fraction des chrétiens américains font semblant de ne pas le savoir, ce qui horrifie les autres.

Pourquoi cette feinte ignorance, de la part de chrétiens allégués ? Parce qu'ils appartiennent aux bataillons extrémistes du parti républicain, qui sont le dark side de la droite [musique : ici]. Selon Alberto Alesina et Edward L. Glaeser, professeurs d'économie à Harvard [3], ces Américains préfèrent « donner à des gens de leur propre race, religion ou ethnie ». Ravaler la religion au rang de la « race », ou de l'ethnie, est l'inverse du christianisme. Frank Laird (professeur à l'université de Denver) explique à Corinne Lesnes : « on donne, mais aux siens ». Ce n'est pas l'attitude de l'Evangile.

Ce n'était pas non plus l'attitude des électeurs républicains autrefois. Sous la présidence Eisenhower, aucun d'eux n'aurait reproché au gouvernement ses grands chantiers à l'européenne ; aujourd'hui ils croient que l'Europe est « socialiste ». Sous la présidence Reagan, 62 % des républicains pensaient que l'Etat avait la responsabilité d'aider les plus pauvres ; aujourd'hui, 57 % croient que les pauvres le sont parce qu'ils ne veulent pas travailler... (Il n'y a pas d'emplois ? C'est de la faute d'Obama parce qu'il est « communiste »). Le parti républicain et ses électeurs sont la forme la plus aiguë de l'idéologie libérale hyper-individualiste, qui divise l'humanité – de façon darwinienne [4]– en winners et losers : les « gagneurs » contre les « perdants » ; autrement dit les makers (ceux qui « font » de l'argent) contre les moochers (les fainéants parasites). Cette vision païenne – fausse en tous temps – devient odieuse à l'époque où l'argent se « fait » non en créant des emplois, mais en les détruisant au casino spéculatif. [5]

Sachant que 41 millions d'Américains bénéficient du Medicare, que 61 millions bénéficient de la sécurité sociale (retraites), et que 94 % des 57 % de sondés mentent [6] quand ils prétendent ne s'être jamais servis de l'un des 21 programmes publics accessibles, les slogans randiens sont un mensonge sociétal pur et simple. Ou plutôt : un déni de société. Il est vrai que « rien n'existe qu'on pourrait appeler société », comme disait la regrettable Margaret Thatcher.

Bien entendu, et par ailleurs, ces constats n'excusent pas certains aspects de la politique de l'administration Obama qui semblent inadmissibles à de larges fractions de l'opinion américaine.

Mais que l'administration démocrate ait une attitude odieuse sur le plan moral, ne rend pas la nouvelle idéologie républicaine moins odieuse sur le plan social.

La présidentielle US oppose-t-elle la peste et le choléra ? N'étant pas Américains, nous sommes libres de l'envisager sans avoir à prôner une attitude ou une autre le 4 novembre prochain.

 

 _________

[1] Le Monde Culture-Idées, 13/10.

[2] voir dans notre blog : notes des 11/09, 09/09, 07/09, 16/08. Ayn Rand est honnie par les « conservateurs » à l'ancienne, surtout chez les pro-life chrétiens croyants.

[3] Combattre les inégalités et la pauvreté, Flammarion 2006.

[4] ainsi les fondamentalistes créationnistes (qui se croient anti-darwiniens) se retrouvent dans les rangs du pire : le darwinisme social.

[5] sans aller jusqu'à la question du modèle productiviste qui est un autre problème.

[6] étude nationale du Cornell Survey Research Institute en 2008 (cf Le Monde, supra).

 

Commentaires

CAPTATION

> En effet, le danger est grand d'une captation de la naïveté chrétienne par le cynisme des maîtres du système économique.
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Écrit par : kleinehand / | 13/10/2012

> Naïveté ? ou roublardise et double langage ?
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Écrit par : Gauvain Houel / | 13/10/2012

SI PEU

> L'un a gravement tort sur un point important, l'autre a gravement tort sur un autre point important. Rien ne peut forcer l'électeur à violer sa propre conscience en votant pour l'un ou l'autre. Les Américains le sentent, c'est pourquoi ils participent si peu aux élections !
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Écrit par : molly maguire / | 14/10/2012

ROMPRE CES CHAÎNES

> Nous n'avons aucun pouvoir sur la société la politique américaine, mais nous en subissons pleinement l'influence par la prédominance des moyens culturels et médiatique américains, et nous somme entraînés dans leurs guerres, que parfois même nous menons par délégation, comme en Libye. D'ou l'importance de rompre les chaînes institutionnelles (OTAN au premier chef!) et économiques qui nous lient aux USA. Mais c'est très difficile, c'est une véritable action de libération nationale.
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Écrit par : Pierre Huet / | 16/10/2012

Les commentaires sont fermés.