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05/10/2012

Chrétiens d'Europe : le dur chemin du témoignage

Au Parlement européen à Bruxelles, un séminaire organisé par la COMECE sur "la discrimination des chrétiens en Europe" ... Occasion de relire Sophonie :

europe,chrétiens


Selon Mgr Florian Kolfhaus, du Secrétariat d'Etat du Saint-Siège, « une des questions clés est la protection des décisions de conscience à motivation religieuse ». « Dans certains pays, la liberté de conscience est mise à mal, en particulier dans les professions médicales», a signalé l'eurodéputé Konrad Szymanski... L'Europe invoque les droits de l'homme, l'égalité des droits, la non-discrimination, a-t-il dit, « et c'est bon signe » : cependant « cela ne signifie pas que notre propre démocratie libérale ne peut pas évoluer vers un système discriminatoire ; de plus en plus de chrétiens se sentent discriminés ». L'eurodéputé polonais Jan Olbrycht a signalé « plusieurs développements discriminatoires inquiétants contre les chrétiens en Europe, contre lesquels nous devons agir conjointement et de manière décisive », et déclaré : «certaines de ces violations majeures pourraient contribuer à accroître la sensibilisation du public et intensifier les efforts de lutte contre la discrimination des chrétiens qui se sentent de plus en plus comme une minorité en Europe ».

D'autres intervenants ont souligné l'interprétation idéologique de la Convention européenne des droits de l'homme à propos de certains dossiers soumis à la Cour de Strasbourg. A leur avis, un décalage s'instaure entre « les minorités agissantes qui influencent le processus décisionnel » et « la majorité silencieuse des chrétiens qui ont peur de prendre une place centrale dans l'agenda politique ». A l'inverse, Mgr Piotr Mazurkiewicz (secrétaire général de la COMECE) a évoqué « les résultats positifs récents protégeant l'égalité et la liberté religieuse » au sein du Conseil de l'Europe et de la Cour de Luxembourg...

 

Mon commentaire : Vice-président du PPE (groupe de la droite libérale européenne), Olbrycht semble expliquer par « plusieurs développements discriminatoires inquiétants » le fait que les chrétiens « se sentent de plus en plus une minorité ». S'il pense ça, il a tort. Et les catholiques auraient tort de le croire ! Car c'est sociologiquement indiscutable : les chrétiens en Europe sont réellement « de plus en plus une minorité », et ce n'est pas à cause des discriminations. La foi chrétienne des Européens n'est plus (et depuis longtemps) un phénomène de masse. Comme foi elle n'est pas en train de disparaître, mais de se concentrer, autour de môles spirituels et dans des mouvements d'évangélisation : autrement dit chez les chrétiens motivés. Ce qui disparaît réellement, en revanche, c'est l'ancien catholicisme de conformité sociale (les fameux « catholiques non pratiquants »)*. Pourquoi disparaît-il ? Pour des raisons multiples, dont fait partie la pression formidable du matérialisme mercantile et du relativisme libéral - auxquels on ne peut résister sans la foi.

Témoins contre l'idolâtrie, comme le « petit reste d'Israël » annoncé autrefois par les prophètes, les catholiques motivés auront pour vocation de mettre en lumière le coeur de la foi. Ils subiront donc encore plus de « discriminations ». Mais ils trouveront dans les deux Testaments de quoi comprendre ce signe, et remercier Celui qui les en revêt et qui parle à son peuple (« Jérusalem ») à travers le prophète Sophonie**: « En ce jour là, tu n'auras plus à rougir de toutes tes mauvaises actions, de ta révolte contre moi, car à ce moment-là, j'aurai enlevé du milieu de toi tes vantards orgueilleux, et tu cesseras de faire l'arrogante sur ma montagne sainte. Je maintiendrai au milieu de toi un reste de gens humbles et pauvres ; ils chercheront refuge dans le nom du Seigneur. »

_________

* Sauf dans les sondages, où l'on continue à demander « une opinion en tant que catholiques » à des gens qui se soucient très peu de catholicisme.

**  3, 11-12.

 

Commentaires

CHOISIS

> première lettre de Paul aux Corinthiens
" Frères,
vous qui avez été appelés par Dieu, regardez bien : parmi vous, il n'y a pas beaucoup de sages aux yeux des hommes, ni de gens puissants ou de haute naissance.
Au contraire, ce qu'il y a de fou dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi pour couvrir de confusion les sages ; ce qu'il y a de faible dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi pour couvrir de confusion ce qui est fort ; ce qui est d'origine modeste, méprisé dans le monde, ce qui n'est rien, voilà ce que Dieu a choisi pour détruire ce qui est quelque chose, afin que personne ne puisse s'enorgueillir devant Dieu.
C'est grâce à Dieu, en effet, que vous êtes, dans le Christ Jésus, qui a été envoyé par lui pour être notre sagesse, pour être notre justice, notre sanctification, notre rédemption.
Ainsi, comme il est écrit : Celui qui veut s'enorgueillir, qu'il mette son orgueil dans le Seigneur."
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Écrit par : Guillem Larchant / | 05/10/2012

DU BOULOT

> L'Eglise romaine a du boulot si elle veut se décanter d'un respect anachronique envers les "grandeurs d'établissement" et les mondanités rances.
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Écrit par : psaume 68 / | 05/10/2012

"Pourquoi disparaît-il ?"

> Le christianisme disparaît. Nous ne sommes effectivement plus qu'une petite minorité. J'ai pourtant envie de dire: pas de panique, au début, du temps du Christ, ils n'étaient pas bien nombreux.
Il y a à mon avis un point important à souligner, c'est cette masse immense de chrétiens (non pratiquants) qui ont reçu un catéchisme de niveau école primaire (il n'y a là rien de péjoratif). Le problème c'est que par ailleurs, dans leurs études en sciences, économie, droit, histoire et tout ce qu'on voudra, on leur a donné un niveau bac+2, +3, +4, +5 et même plus. Les voilà donc adultes au plan intellectuel et enfants au plan de la foi. Ils sont contraints de faire le grand écart. Et comme dirait Alexandre Jollien (à un autre propos) "à la fin de la journée, ça fait mal aux cuisses." Résultat, comment la foi pourrait-elle résister à une telle pression (a fortiori si les études profanes contiennent, ce qui est souvent le cas, des propositions contraires à la foi)? Ils ne volent pas, et ne peuvent pas voler, sur les deux ailes de la raison et de la foi comme le voudrait Jean-Paul dans « Fides et Ratio » car l'une des deux ailes est complètement atrophiée.
Il y a donc à mon avis un immense besoin de formation. Comme le disait un prêtre que je connais: l'anticléricalisme de nos jours est surtout le fait de baptisés non croyants. Combien seront passés du catéchisme de leur enfance à une attitude opposée à l'Eglise car ils n'auront pas rencontré des chrétiens leur permettant de faire la jonction entre ce qu'ils ont appris à l'école et à l'église?
ND


[ De PP à ND - Oui, avec deux correctifs : a) la "disparition du christianisme" est un phénomène localisé à l'Europe (spécialement à la France) et inexistant dans le reste du monde ; b) même là où le christianisme "disparaît", la foi continue à vivre et à se manifester à travers les groupes motivés. ]

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Écrit par : Nicolas Dangoisse / | 06/10/2012

A PP :

> Récemment, j'ai lu le dernier ouvrage du P. Humbrecht, que vous avez évoqué dans une précédente note (http://plunkett.hautetfort.com/archive/2012/09/13/le-chretien-dans-notre-societe.html).
Curieusement, il ne semble pas se féliciter plus que cela de la disparition de l"ancien catholicisme de conformité sociale". Plus exactement (si j'ai bien compris), il soutient qu'une présence chrétienne dans la société ne peut pas subsister sans que l'on atteigne une "masse critique" de chrétiens au sein de cette même société. Pour lui, cette masse critique, composée, au moins pour partie, de chrétiens plus qu'imparfaits, soutient malgré tout les plus faibles dans la foi...en n'empêchant pas pour autant l'éclosion de la sainteté. Alors que le "petit troupeau"ne peut qu'être tiré vers le bas.
Il faut bien reconnaître que les faits lui donnent raison : divorces de couples de la génération JP II, abandon du sacerdoce par de jeunes prêtres, censés être "en acier trempé", déconfiture de certaines communautés dites "nouvelles"... Le fait pour les chrétiens de ne plus vivre "en chrétienté" est lourd de dangers. Dans un pays où la première religion, en terme de pratiquants, est l'Islam, on ne peut qu'être pessimiste. A mon avis, dans 20 ans, ce sera plié.

F.

[ De PP à F :
- Si un "petit troupeau" ne peut qu'être "tiré vers le bas", alors le christianisme n'existe pas en 2012, parce que le "petit troupeau" du Ier siècle a été "tiré vers le bas" et que la foi ne s'est jamais répandue dans le monde !
- Prétendre que le christianisme ne peut exister sans un contexte de chrétienté est donc une affirmation à la fois anti-historique et anti-évangélique. Laissons-la aux partisans de la nostalgie et à ceux qui refusent le monde réel. On les verra défiler le 18 novembre sur le macadam stérile, derrière les drapeaux du passé trouble, prêts pour des compromissions néo-miliciennes.
- Dernier point : l'obsession du crépuscule est typiquement franco-catholique. Pourquoi les protestants évangéliques vont-ils, eux, de l'avant, annonçant pour les années à venir leur objectif d' "une église pour dix mille habitants" ? Il me semble qu'ils sont chrétiens, eux aussi, et pas du tout hantés par une perspective de disparition. Encore moins par un concept de "chrétienté" qui leur a toujours été étranger... ]

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Écrit par : Feld / | 06/10/2012

LE CATHOLICISME EST-IL ELITISTE ?

> il me semble que la "crise " actuelle du catholicisme si l'on se réfère au nombre de catholiques tient surtout à la nature même du catholicisme: une religion à forte connotation intellectuelle et réflexive inhérente à une conversion jamais totalement atteinte et en perpétuelle remise en cause.Et bien sûr les facilités du consumérisme et du matérialisme sont un concurrent redoutable et rendent inaudibles au plus grand nombre le message de l'Eglise.
Qu'il est bien loin le catéchisme de notre enfance et ses réponses (trop) simples qui donnaient un vernis de foi.
En définitive le catholicisme serait-il élitiste (sur le plan intellectuel) ? J'ose espérer que non .Qu'en pensez-vous ?

philippe


[ De PP à Ph. - Vous posez une question cruciale. Le catholicisme - la foi chrétienne vécue dans l'Eglise catholique - présente la singularité d'être infiniment simple dans son noyau kérygmatique, et complexe dans les développements de ce noyau. La foi catholique est simultanément "une folie" (dit saint Paul) et une démarche de raison étayée sur des textes authentiques et des événements historiques ; cette foi est tout sauf irrationnelle, mais le mystère sur lequel elle ouvre déborde de toutes parts la raison humaine ! La théologie catholique est un chantier humain prodigieux, cependant elle repose sur quelque chose que l'homme n'a pas pu inventer (le mystère trinitaire). Cette complexité ressemble à celle d'un organisme biologique vivant, y compris dans le coeur mystérieux de l'être que l'homme ne peut se donner à lui-même mais dont il pressent l'existence au fond de lui.
Tout ceci est long à enseigner au néophyte.
Cette longueur est-elle un handicap dans la société actuelle, où l'on fuit la complexité (et où la religion "tendance" est l'islam qui peut s'inculquer en soixante minutes) ? Peut-être, selon les apparences. Mais il y a tout de même beaucoup de conversions au christianisme : et ce sont des démarches d'adhésion à une foi complexe et mystérieuse.
Est-ce pour autant de l'élitisme ? Non : le sanctoral comporte autant de grands incultes que de grands intellectuels.
La grossièreté et l'impatience diffusées par le consumérisme rendent-elles impossible l'initiation à la complexe foi catholique ? Non plus, sinon il n'y aurait aucune conversion.
Il faut d'ailleurs observer à quoi tiennent ces démarches de conversion : elles ne sont jamais motivées par des questions de "valeurs", de "culture chrétienne", de "politique chrétienne" ou de problèmes de société ; mais toujours par l'appel de la Personne du Christ et du mystère d'où elle nous parle. N'importe qui peut être touché par cet appel. L'esprit souffle où il veut. L'élitisme est étranger à la tradition catholique. ]

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Écrit par : philippe / | 06/10/2012

à PP,

> sur votre réponse au commentaire de Philippe : je suis d'accord avec vous, les véritables conversions se font en réponse à un appel personnel du Christ, et non sur la question des valeurs (j'en ai fait moi-même l'expérience, il y a une vingtaine d'années...). Mais peut-on faire pour autant l'économie de la question de l'empreinte que peut (ou doit ?) laisser la foi en Christ au sein d'une société donnée ? Le "petit troupeau" de l'an 01 a bien fini par atteindre la "masse critique"... Un christianisme contraint de se constituer en contre-société ne risque-t-il pas - même s'il se fortifie- de céder à l'orgueil ? Un christianisme de purs, ou supposés tels, qui a du mal à s'ouvrir aux pauvres et aux petits... et à laisser leur chance aux médiocres ? Récemment, un de mes collègues de travail, libanais chrétien maronite, me parlait des coptes d'Egypte. Pour lui, en substance, des gens qui ne se "prenaient pas pour de la m...".

F.


[ De PP à F. - Mais bien sûr, tout ça est exact. Et ne change rien à la réalité de la situation... Ou bien on s'imagine que sans la "masse critique" d'antan on n'a plus qu'à disparaître ; ou bien on se met dans l'esprit de l'an 01 et on se dit que le christianisme est à ses débuts, selon la formule de Lustiger. Entre ces deux attitudes le choix est vite fait. ]

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Écrit par : Feld / | 07/10/2012

MESSORI

> sans compter que comme dit Vittorio Messori, "vivre sous une société de chrétienté ça devait être étouffant" !
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Écrit par : Pernelle / | 07/10/2012

@ Pernelle

> C'est sûr. Mais vivre dans une société anomique, qui organise sa propre désorganisation, ce n'est pas tellement mieux.
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Écrit par : Feld / | 07/10/2012

LES MARTYRS

> Pour redonner un peu d'espoir; c'est le Père Descouvemont qui dit quelque chose comme:"Il n'y a jamais eu autant de martyrs chrétiens qu'au XXème siècle; le sang des martyrs et semence de chrétiens; en attendant les évêques gèrent la crise!"
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Écrit par : Nicolas Dangoisse / | 07/10/2012

Les commentaires sont fermés.