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03/10/2012

120 économistes contre l'erreur de Hollande

la crise,traité européen,françois hollandeDans Le Monde daté d'aujourd'hui, 120 économistes* dénoncent l'étranglement de la société française par "l'erreur tragique" de Hollande, exécutant de directives économiques et budgétaires dictées par des instances non-élues. Ces instances postulent l'axiome libéral selon lequel la crise serait due à la dette publique – or c'est un mensonge...

 


... puisque « l'Espagne et l'Irlande subissent aujourd'hui les attaques des marchés financiers alors que ces pays ont toujours respecté les critères de Maastricht ». En réalité, « la montée des déficits publics est une conséquence de la chute des recettes fiscales due en partie aux cadeaux fiscaux faits aux plus aisés, de l'aide publique apportée aux banques commerciales et du recours aux marchés financiers pour détenir cette dette à des taux d'intérêt élevés. La crise s'explique également par l'absence totale de régulation du crédit et des flux de capitaux aux dépens de l'emploi, des services publics et des activités productives. Elle est entretenue par la Banque centrale européenne qui appuie sans conditions les banques privées, et exige à présent une "stricte conditionnalité" d'austérité des Etats lorsqu'il s'agit de jouer le rôle de "prêteur en dernier ressort". En outre, cette crise est aggravée par le dumping fiscal intra-européen et l'interdiction qui est faite à la BCE de prêter directement aux Etats pour des dépenses d'avenir, au contraire des autres banques centrales dans le monde comme la Federal Reserve américaine... »

François Hollande avait promis de renégocier le traité. Il n'en a rien fait, ce qui n'étonne que les naïfs, et se soumet comme les Copé/Fillon à la soi-disant « règle d'or » qui interdira les dépenses publiques d'avenir et provoquera le dépérissement des administrations publiques**. Le traité européen « est porteur d'une logique récessive qui aggravera mécaniquement les déséquilibres actuels. Les pays qui souffrent de l'effondrement de leur demande intérieure seront amenés à réduire plus fortement encore leur demande publique. Alors que plusieurs Etats membres sont déjà en récession, cela menacera davantage l'activité et l'emploi, donc les recettes publiques, ce qui creusera in fine les déficits. Ainsi, l'OFCE prévoit déjà 300 000 chômeurs de plus en France fin 2013 du seul fait de l'austérité. A moyen et à long terme, cela hypothéquera la transition sociale et écologique qui nécessite des investissements considérables. »

Par ailleurs, « la garantie publique des investisseurs privés ne fait qu'encourager la spéculation, alors qu'il faudrait lui briser les reins en sortant de leurs mains la dette publique. »

Conclusion des 120 économistes : « l'austérité est à la fois injuste, inefficace et antidémocratique. »

Ils proposent donc de «réformer et démocratiser » les institutions européennes : « Il est possible de défaire le sombre bilan des politiques libérales d'une France qui comprend 5 millions de chômeurs et 10 millions de pauvres... Il faut briser l'étau des marchés financiers et non leur donner des gages. »

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* Dont Dominique Taddéi, Frédéric Lordon, Jacques Généreux, Paul Jorion, André Orléan, Jean Gadrey, Jean-Marie Harribey, Bernard Friot, Dominique Plihon, Guillaume Etievant, Jacques Rigaudiat...

** Idéal (en théorie) des dadais libéraux ! Ils déchanteront, au vu des résultats dans leur propre vie quotidienne.

 

Commentaires

LE PROBLÈME DE L'U.E. EN ELLE-MÊME

> Il y a aussi le problème de l'UE en elle-même. Les 120 économistes sont sans doute en désaccord interne sur ce sujet. Les uns pensant qu'on peut "réformer" le bazar dans un sens "démocratique" (?) : demandons au thaumaturge Habermas comment on pourrait réaliser ce prodige. Les autres pensant que l'U.E. en elle-même est tellement artificielle (étrangère aux peuples) que l'ultralibéralisme en a fait son outil : le seul outil au monde qui soit parfaitement docile. L'UE s'est édifiée sur la méfiance envers les peuples, c'était même sa raison d'être : rappelons-nous le matraquage médiatique "anti-populiste" des années 1990-2000.
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Écrit par : mathias sandorf / | 03/10/2012

SPECULATRICES

> Avec le nouvel étau fiscal l'activité va ralentir de plus en plus. Pourquoi travailler si c'est pour que Hollande nous prenne le fruit de notre travail ? Les classes moyennes vont payer le prix fort, ce qui est parfaitement injuste et économiquement démentiel (pendant que la classe spéculatrice est à l'abri). Gauche ou droite c'est la même chose.
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Écrit par : antonin / | 03/10/2012

INCAPABLE EUROPE

> « Briser l’étau des marchés financiers »… Pour rompre avec ce système, il faut un chef et une vision, ce que l’Europe s’est révélée incapable de produire.
Nous n’aurons que l’habituel scénario girardien : la désignation de boucs émissaires, histoire de patienter jusqu’au désastre final, à savoir la faillite de la zone euro et la révolte de ses populations.
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Écrit par : Denis / | 03/10/2012

LORDON

> Consécration pour un des signataires du texte, Frédéric Lordon : il fait ce mois-ci son entrée solennelle au panthéon glorieux des docteurs honorus ecotartuffus de La Décroissance.
Rappellons que cette haute distinction a valeur ad vitam eternam. On en est marqué à vie et au fer rouge, et aucun acte de conversion héroïque ne permet plus jamais d'en sortir, pas plus que du triangle des bermudes ou que d'un trou noir inter-galactique.
Lordon rejoint donc la cour des grands, des saints patrons de l'écotartufferie, qui ont pour nom Jean-Marie Pelt, Bixente Lizarazu, Pierre Rabhi, Yann Arthus Bertrand, Isabelle Autissier, Yannick Noah, Johnny Depp et tant d'autres, tous réunis autour du maître des maîtres, Nucolas Hulot...
En dernière instance, la très sainte cour de justice pour un monde sobre et fraternel lui a certes reconnue une circonstance atténuante : sa verve drôlatique.
Néanmoins, la sentence est sans appel : Lordon a écrit une pièce de théâtre sur la crise financière pendant que d'autres se coltinent le travail de terrain auprès des associations et syndicats ; par ailleurs, il n'a pas encore TOUT compris du lien entre le scandale financier et le scandale productiviste ; et il a définitivement trahi la cause des purs par sa participation à l'émission de France 3 « Ce soir ou jamais ». C'en est trop !
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Écrit par : Serge Lellouche / | 03/10/2012

LE MENSONGE ORIGINEL

> La légitimation d'une guerre ouverte contre les plus vulnérables (dits "assistés" en langage friedmanien) et d'une paupérisation accélérée des classes moyennes occidentales, s'enracine dans un mensonge, celui d'une dette publique qui serait due à un supposé "laxisme budgétaire".
Gaël Giraud, l'économiste jésuite, démonte ici très clairement ce mensonge auquel tant de catholiques se complaisent encore à croire. Non seulement explique-t-il contre la déferlante idéologique libérale-totalitaire, les dépenses publiques ont globalement diminué en 20 ans, et s'il y a eu laxisme c'est bien en matière fiscale. Et il revient sur la source première de l'endettement en France, la loi de 1973, crime historique contre le bien commun monétaire.
http://www.chretiensindignonsnous.org/2012/03/entretien-avec-gael-giraud/
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Écrit par : Serge Lellouche / | 03/10/2012

à Serge

> Je n'ai pas encore lu La Décroissance, juste vu le sommaire, et c'est vrai que j'ai été franchement surpris de voir Lordon dans la case des écotartuffes...Ce n'est pas un antiproductiviste certes, mais c'est un combattant sincère et efficace du délire financier, et sa présence dans les médias est très limitée en raison de ses positions (comme Paul Jorion), alors que sa verve lui ouvrirait toutes les portes s'il consentait à faire du Attali, du Minc ou du Allègre. La notion d'écotartuffe sous-entend par le nom une certaine hypocrisie. On n'est pas dans ce cas de figure ici.
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Écrit par : Gilles Texier / | 03/10/2012

CE N'EST PAS UNE ERREUR

> Erreur de Hollande ? Et si ce n’était pas une erreur ? Est-il si bête ? Ses ministres, les nombreux et brillants conseillers qui peuplent leurs cabinets le sont-ils tout autant ?
Et si plutôt, les raisons de toutes ces mauvaises décisions n’étaient que secondairement économiques ? Ne peut-on les comprendre par une autre clé d’interprétation ?
Essayons.
Soit la liste suivante non exhaustive: socialisme, fécondation in vitro, libéralisme, avortement, OGM, exode rural, ouverture de frontières, révolution, macdonaldisation de l’alimentation, contraception, délocalisations, dégradation de l’enseignement, industrialisation du vivant, rockandrollisation de la culture, déformation de l’Histoire, financiarisation de l’économie, destruction de la filiation...
tout ce bric à brac un point commun, l’autonomie de l’homme par rapport à la création et, sous entendu, par rapport au Créateur, l’émancipation. Ou plus concrètement la révolte contre les limites que nous impose celle-la et donc Celui-ci. Car la nature humaine, c’est naître de père et mère, prolonger à son tour sa famille, avoir un métier, aimer un terroir, d’être attaché à une tradition politique et de ce reconnaître dans une aire de civilisation, elle-même raccrochée à une compréhension du monde surnaturel, vraie ou fausse, c’est un autre sujet.
Cet esprit de révolte pousse les puissants de ce monde à vouloir «être comme des dieux » décidant du bien et du mal. Comme tout système révolutionnaire, il a son avant-garde de déracinés volontaires partageant leur temps entre avion, Sofitel et Carlton, et les masses à soumettre. Et quels meilleurs moyens de soumission que couper les individus des solidarités existantes, de leur retirer la fierté de gagner leur vie. Dans cette perspective, les ennemis deviennent au premier chef les producteurs indépendants, artisans ou agriculteurs, puis les PME et les familles. En face de cela, l’art de gouverner consiste avoir le plus de gens possible dépendant de la puissance publique pour ne pas crever de faim. Il vaut mieux un chômeur qu’un artisan. D’autre part, cette refondation de l’humanité est aidée par un étirement des relations économiques et une interdépendance forcenée des nations, c’est pourquoi la division internationale du travail est une composante importante de cette déshumanisation, et le système monétaire y a poussé fortement, c’est pourquoi nos dirigeants veulent le sauver quoi qu’il nous en coûte.
Cet esprit de révolte enfourche au cours du temps diverses montures, de plus en plus fortement dopées et débridées par la maîtrise scientifique et technique. Il n’y a pas si longtemps, c’étaient les socialismes (prolétarien ou national). Après l’échec piteux du socialisme, ceux qui s’en réclamaient, se revendiquant parfois chrétiens, se sont logiquement tournés vers ce qu’il y avait de plus apte à relancer le déracinement, cœur de la révolte: la mondialisation financière. Pour l’instant, mais cela peut changer. Pour cette raison, c’est une erreur de perspective de limiter notre critique à la monture financière sans regarder le cavalier, et interpréter les méfaits économiques comme un dommage collatéral et stupide de la financiarisation, alors qu’ils sont un outil essentiel dans la casse de la nature humaine.
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Écrit par : Pierre Huet / | 03/10/2012

HOLLANDE = SARKOZY

> F. Hollande suit en fait dans les grandes lignes la même politique que N. Sarkozy, ce qui n'étonnera effectivement que les imbéciles (je vous accorde que ça fait pas mal de monde) : politique vis à vis de l'OTAN, vis à vis de l'UE, vis à vis de l'alignement sur les USA, vis à vis de l'enseignement, etc. La seule différence gauche-droite actuelle touche à la redistribution de la production et aux mesures pseudo-sociales (mariage gay, etc.). Mais sur le fond des dossiers, rien de bien nouveau. C'est en cela que la situation est désespérante, et que malheureusement il n'y aura aucune inflexion nette sans le passage par la case "rentrée dans le mur", s'il arrive un jour.
Sur F. Lordon: ses analyses sont brillantes et souvent fondées, mais compter sur une révolte sociale pour mettre à bas le système est totalement illusoire.
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Écrit par : BCM / | 03/10/2012

Gilles,

> je suis d'accord avec toi sur ce lien entre l'écotartufferie et l'hypocrisie : des bons sentiments écolos sans prolongement politique.
Ce que je trouve consternant, c'est que les critiques radicaux de la finance et ceux du productivisme semblent appartenir à deux mondes imperméables l'un à l'autre, alors que leur rencontre aurait une portée subversive dévastatrice pour les gardiens d'un système qui profite de cette division.
La spécialisation disciplinaire rend sourd.
Les uns combattent sur le front du scandale bancaire, de la dette et de l'austérité, tout en contribuant à entretenir le mythe d'un "retour à la croissance", comme aveugles à sa nature destructrice et à l'enracinement physique et terrien de la dynamique économique.
Quant aux décroissants, leur critique écologiste du productivisme s'accompagne bien souvent d'un silence déroutant sur la dynamique financière folle dans laquelle s'ancre la fuite en avant productiviste.
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Écrit par : Serge Lellouche / | 03/10/2012

> L'analyse de Pierre Huet me semble tout à fait pertinente.
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Écrit par : Barbara / | 04/10/2012

SDF

> Ce prototype d'élite totalement coupée de toutes racines pourrait illustrer de nombreuses notes en plus de celle-ci:
http://www.lefigaro.fr/argent/2012/10/05/05010-20121005ARTFIG00500-milliardaire-il-a-choisi-de-vivre-sans-domicile-fixe.php
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Écrit par : Pierre Huet / | 05/10/2012

> SDF : Sans Domicile Fixe ? ou Sans Difficultés Financières ?
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Écrit par : arf / | 05/10/2012

Pierre Huet :

> Une pépite : "l'un des fonds de Nicolas Berggruen, Justice Holdings, basé à Londres, a investi 1,4 milliard de dollars (1,07 milliard d'euros) pour s'offrir une participation de 29% dans la chaîne de restauration rapide Burger King. «C'est ce que nous faisons et produisons, ce sont nos actions, qui vont durer pour toujours», a déclaré le magnat au Wall Street Journal la semaine dernière. «C'est tout ce qui a réellement de la valeur.» Philosophe, Nicolas Berggruen se montre aussi philanthrope. Il a rejoint le mouvement The Giving Pledge lancé par les milliardaires Bill Gates et Warren Buffett, et a ainsi accepté de donner la moitié de sa fortune à des œuvres de charité."
Ben voyons...
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Écrit par : PMalo / | 05/10/2012

FINANCER LA MACHINE À CONSOMMER

> A mon avis, on a vécu dans l’intempérance, au-dessus de nos moyens, pour financer une machine à consommer qui a besoin d’énormément de cash comme carburant : le casino financier, la planche à billet, la dette publique, le crédit à la consommation, les allocations en tous genres etc. ; facteurs tout à fait interdépendants dans ce vaste dérèglement du « toujours plus ». Les uns et les autres se rejettent mutuellement l’accusation d’intempérance. Mais aujourd’hui, la fête est finie. Chacun doit le comprendre, y compris les défenseurs de la dépense publique. Stop !
« Financer des dépenses d’avenir » lis-je ? Je crois rêver. Et si on parlait des dépenses de l’avenir ? Un avenir tout proche… Si on parlait des 8 000 milliards ( !) d’engagements sur les pensions de retraite (droits acquis non encore distribués) qui s’ajoutent aux 1 700 milliards de la dette publique ? Si on parlait du financement du vieillissement de la population ? De l’explosion (le mot est faible) prochaine des dépenses « dépendance », peut-être 2 000 milliards de plus qui devront être financés par des actifs de moins en moins nombreux et de plus en plus taxés ? Nous n’en sommes plus à chercher des sous dans les poches des riches pour financer les « dépenses d’avenir », nous sommes arrivés aux limites du « sans limites ». Il va falloir faire moins, différemment, plus sobrement ; le tout en travaillant davantage, en faisant davantage d’efforts… et en partageant davantage.
Courage, on y arrivera ! Mais de grâce, ne rêvons pas à la dépense publique qui sauverait la machine à consommer en relançant le « moteur croissance » grâce aux taxes sur les riches (quel simplisme démagogique messieurs les économistes !).
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Écrit par : Guillaume de Prémare / | 06/10/2012

Cher Guillaume,

> Le "toujours plus" de dépenses publiques est une construction idéologique néo-libérale mensongère qui sert de justification à l'appauvrissement accéléré du bien commun publique. Je vous renvoie à l'économiste jésuite Gaël Giraud, la dette n'est pas le produit d'un excès de dépenses publiques (elles ont diminuées en 20 ans), mais du renflouement des banques par les Etats (donc par les contribuables) de cadeaux fiscaux aux plus riches et de la loi inique de 1973 soumettant les emprunts d'Etat aux taux d'intérêt des marchés.
N'entretenez pas cette confusion dans les esprits Guillaume! Elle est déjà assez prégnante comme ça!
La fin du "toujours plus", vous le savez bien, c'est sur un tout autre plan qu'il faut l'annoncer, celui de la démesure productiviste et consumériste, et des intérêts financiers qui la stimulent dans une fuite en avant folle.
Amitié.
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Écrit par : Serge Lellouche / | 06/10/2012

@ Serge Lellouche et Guillaume de Prémare

> On ne peut pas séparer les deux familles de toujours plus. Basiquement, un arrêt du toujours plus productiviste va entraîner un gel puis une récession des rentrées fiscales et des cotisations sociales, sauf à faire crouler encore plus vite l'économie réelle sous un prélèvement insupportable. L'économie financière, off-shore, restera elle, intouchable tant qu'on aura pas rejeté la libre circulation des biens et des services.
Et ce n'est pas parce qu'une dépense est publique qu'elle est pertinente. Si vous avez des théories pédagogiques foireuses, vous pouvez recruter des enseignants, vous aurez toujours 20% d'illettrés. Une redondance des systèmes administratif ne facilitera pas la vie des gens, au contraire etc.
Donc il va falloir faire preuve d'intelligence, mais dans un état ou la gestion des ressources humaines de la fonction publique est assurée par les syndicats qui, pour avoir une base ne pensent qu'en effectifs, ça va être difficile.
C'est bien pour ça que nos partis de gouvernement, EELV et Front de Gauche compris ne jurent que par la croissance.
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Écrit par : Pierre Huet / | 06/10/2012

DEBAT

> Pas d’accord ami Serge. Je crois que, sur la question de la dette et de la dépense publique, Giraud nous enfume. On a inventé la société de consommation dans les 30 glorieuses, avec démographie exceptionnelle et plein emploi. Ensuite, nous n’avons pas voté un budget à l’équilibre depuis 1974. Sans compter que la quasi-totalité de ces budgets ont été basés sur des hypothèses de croissance (ah la croissance !) sciemment surestimés, d’où les collectifs budgétaires quasi-systématiques. On a rendu la consommation, qui ne pouvait plus se financer toute seule, en partie dépendante de la dépense publique. Des pans entiers de l’économie sont devenus dépendants de la dépense publique (que serait Bouygues sans la dépense publique ?) On a perverti le système d’assurance sociale – ô combien nécessaire – pour le mettre au service de la consommation : l’essentiel, c’est que les gens puissent consommer, qu’ils travaillent ou non. Exemple : le système de retraite est passé d’une logique de revenu de subsistance (procurer un revenu décent aux vieux pour qu’ils puissent vivre décemment) à une logique de revenu de remplacement (donner le maximum possible pour qu’ils puissent consommer). Autre exemple de dérive budgétaire : lors de la décentralisation, on a transféré des compétences de l’Etat aux collectivités sans transférer les fonctionnaires qui allaient avec. Les effectifs de la fonction publique sont devenus hors de proportion. Bien sûr, il a fallu du cash pour cela ; et la hausse continue des prélèvements obligatoires ne suffisait pas. Alors, l’Etat s’est mis dans les mains de la finance, pour finir par en être totalement dépendant et lui donner les clés. Le deal était clair : laissez-nous fabriquer le cash comme nous l’entendons (dérégulation) et nous vous financerons. Tout cela pour faire vivre le rêve quasi-gratis de la société de consommation : moins d’efforts, moins de travail, plus de temps libre et de réalisation de soi par la consommation.
Aujourd’hui, alors qu’on se demande si tout cela n’est pas en train de nous péter dans les doigts, il y a des économistes qui nous enfument en disant que si nous sauvons la finance et que nous mettons l’Etat à la diète tout sera sauvé ; et des économistes qui nous enfument en essayant de faire croire au petit peuple qu’il suffirait de taxer les riches pour que tout rentre dans l’ordre. C’est vraiment trop pratique : pas d’efforts à produire, on rase gratis. Je pense qu’il faut sortir des idéologies et regarder les choses en face : l’heure de la sobriété à sonné, pour tout le monde, y compris l’Etat. Et cette sobriété doit s’accompagner d’un travail acharné et d’efforts importants. Pour ma part, je refuse de faire des efforts pour rembourser les marchés financiers, mais je suis prêt à travailler encore plus pour un vrai projet de société solidaire, pour mon pays, pour nos enfants.
Il faudrait, à mon avis, étudier la faisabilité des quelques hypothèses :
- Ne pas rembourser une grande partie de la dette publique
- Réduire les dépenses retraites en plafonnant les pensions
- Réduire les dépenses de santé les plus courantes (franchises plus importantes sur les consultations, franchises plus importantes sur certains médicaments, déremboursement de certains médicaments ayant un équivalent générique, franchises plus importantes sur les arrêts de travail)
- Augmenter le différentiel entre SMIC et revenu d’assistance (augmenter le SMIC et baisser le RSA, ou conditionner le RSA à certains services à la collectivité)
- Plafonner les indemnités chômage
- Faire baisser d’autorité le prix de l’immobilier qui pèse dans le budget des ménages
- Travailler 45 heures par semaine
- Favoriser fiscalement l’emploi indépendant (artisans, commerçants, petites entreprises)
- Défavoriser fiscalement la grande distribution
- Plan de réindustrialisation sur les meilleurs savoir-faire français (ils sont nombreux)
- Protection de notre industrie par des barrières douanières
- Réorientation de notre agriculture vers une agriculture paysanne qui respecte le sol, avec en parallèle un plan de réinvestissement de l’espace rural par des écoles familiales agricoles (agriculture locale de subsistance)
- Plan « Marshall » national pour la famille et l’éducation
(Tout cela, c’est beaucoup de travail, beaucoup d’efforts. Je n’ai aucune chance d’être élu ;)
Bon, je ne dis pas que toutes ces idées soient bonnes et justes, je ne sais pas, c’est à étudier, mais il y a bien un moment où il faut réfléchir à des solutions concrètes.
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Écrit par : Guillaume de Prémare / | 06/10/2012

@ G d P

> Si c'était sur Facebook, je cliquerais sur "j'aime".
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Écrit par : Pierre Huet / | 07/10/2012

@ Serge Lellouche et Guillaume de Prémare

> Finalement, messieurs, vous n'êtes pas en désaccord tant que cela sur le fond du problème, à savoir que productivisme et dérives financières sont intimement liés.
Je plussoie au programme de G de P (vous aurez au moins ma voix !). Mais force est de constater que sa mise en oeuvre supposerait une véritable "révolution culturelle"...ou, pour le moins, des évolutions telles (la fin du pétrole bon marché ?) qu'une remise en cause profonde des mentalités et pratiques actuelles devienne inéluctable.
S'agissant de la question des retraites, quelque chose, dont on ne parle pas énormément, pourrait influer le cours des choses : l'abaissement probable de la durée de la vie. Je ne sais pas pour vous, mais moi, je vois de plus en plus de gens qui passent l'arme à gauche avant 70 ans...à la suite d'un cancer. De plus en plus nombreux, de plus en plus mal soignés (si on diminue parallèlement les dépenses publiques de santé), les cancers risquent de faire de plus en plus de victimes...

F.


[ De PP à F. - On peut lire avec profit le papier de Serge Latouche dans 'La Décroissance' d'octobre. Il aborde les difficulté du problème et clarifie le débat. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Feld / | 07/10/2012

Guillaume,

> Gaël Giraud ne vous enfume pas, il vient tout simplement bousculer une croyance solidement ancrée en milieu catholique bien-portant, croyance à laquelle vous ne voulez pas renoncer : en économie, la règle n°1 consiste à bichonner le riche et, comme on sait, tout le reste suivra, plus les riches seront riches, moins les pauvres seront pauvres, plus ceux-ci deviendront à leur tour de bons petits entrepreneurs dignes d'allègements fiscaux. Juste une question de patience...
Remettre en cause cet axiome ne pouvant donc relever que de l'enfumage gauchiste, d'une posture idéologique et bien entendu d'une démagogie anti-riches simpliste (Alain Minc appelle ça du populisme).
De fait, dans la liste de propositions que vous avancez, les riches s'en sortent plus que bien, à quelques exceptions près, et l'urgence historique apparaît clairement à vos yeux : réduire ou plafonner drastiquement les dépenses en aides sociales. On connaît le refrain.
Quels niveaux d'écarts salariaux (vous ne parlez pas de ce volet dans vos propositions), quel degré d'injustice fiscale (vous n'en parlez pas plus, hormis pour la grande distribution), quels stades de précarisations sociales devront être atteints, pour qu'un doute ne vienne surgir à votre esprit quant à l'imposture de cet axiome?
Face à « la crise », votre discours m'effraie car il est celui de l'indifférenciation, en vogue depuis plus d'un an dans la déferlante de propagande que nous subissons, via Le Figaro, Le Monde ou La Croix : nous sommes TOUS également responsables de l'endettement, les individus, les Etats et les marchés.
Ben voyons... Redoutable ruse idéologique à laquelle vous succombez : noyer le poisson et diluer la visibilité d'un crime organisé en mettant sur le même plan de responsabilités l'immaturité du consommateur lambda tombant dans tous les pièges séducteurs du crédit facile à la consommation, et la foudroyante offensive idéologique du système de domination néo-libérale qui a fait depuis 30 ans de l'endettement le dernier ressort d'un capitalisme aux abois.
Ce système a méthodiquement crée la dette, source de profits faramineux pour une petite oligarchie financière qui possède la plupart des médias, lesquels médias se sont donc vus tout naturellement chargés d'expliquer au bon peuple que la dette...c'est la faute à l'Etat, trop dépensier, qui a les yeux plus gros que le ventre, Lui.
Par ce système de la dette, cette oligarchie a pris le contrôle de l'argent, des richesses et des Etats. Un esclavage est à l'oeuvre sous nos yeux Guillaume. Simplisme? Allons...
Permettez-moi d'ajouter ces quelques propositions puisque vous ne les faites pas :
- rétablissement des ordonnances de 1944 sur la liberté de la presse, en brisant la collusion des pouvoirs financiers avec les médias.
- Démantèlement des agences de publicité, ce vaste système nuisible de lavage de cerveaux, cœur du système idéologique de la consommation effreinée et du crédit illimité.
- Audit publique de la dette (j'en conviens, vous y appelez implicitement)
- retour à des emprunts d'Etat à taux zéro (donc révolution sur le plan européen) et au monopole d'Etat sur la création monétaire. Ca fait un gros gros gros paquet de milliards de gagnés.
- Minimum des minimum : séparation stricte des métiers bancaires, banques de dépôt interdites de spéculation financière.
- Volonté politique de s'attaquer enfin aux paradis fiscaux, de remettre en cause toutes les niches fiscales accumulées depuis 20 ans sous les gouvernements UMPS. Bref simplifier la fiscalité par un retour strict à la progressivité de l'impôt. C'est pas la révolution bolchévique, c'est une base minimum de justice sociale. Et à tous les riches qui entretiennent valises à la main le chantage à l'exil fiscal, on leur souhaitera un bon voyage en leur rappelant que leur argent, plus ils en ont, plus ils licencient. Bye bye!
- Réorientation de la dépense publique : Augmentation prioritaire de l'allocation adulte handicapé, des subventions aux services d'aide à la personne, généralisation des centres de soins palliatifs en hôpital public, etc... (il faut savoir ce qu'on veut quand on affiche pieusement « son souçi de la dignité humaine du plus pauvre et du plus vulnérable » tout en adhérant à des politiques de restrictions budgétaires dont souffrent en premier lieu les plus pauvres et les plus vulnérables).
- Instauration d'un tribunal de justice pour juger des crimes de la finance. On en profitera pour supprimer la prison, école du crime, et les financiers jugés coupables seront astreints à des travaux d'intérêt général, de rééducation au réel et au sens des limites, les pieds dans la boue d'un maraîchage bio par exemple...
Après on peut commencer à parler de sobriété, une fois la fumée chassée.
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Écrit par : Serge Lellouche / | 07/10/2012

FAITS ET CHIFFRES

> Des faits et des chiffres. Gaël Giraud : "À ceux qui affirment que l’état actuel des finances publiques des États européens est dû à des dépenses excessives, il faut demander : où sont les armées de fonctionnaires que nous aurions embauchés depuis dix ans? Les hausses de salaire extravagantes qui leur auraient été accordées? Les postes budgétaires qui ont eu les faveurs de cet argent prétendument jeté par la fenêtre? L’éducation? Les transports publics? Le logement social? Entre 1993 et 2007, la part des dépenses publiques dans le Pib a diminué en France, passant de 55 % à 52,3 %. La part de l’État stricto sensu est même passée de 25,5 % à moins de 20 % du Pib, tandis que gonflait celle des collectivités locales, du fait de la décentralisation. Dans l’Union à 15, les dépenses publiques sont également stables depuis dix ans – au détriment de nos engagements de Lisbonne.
En vérité, la hausse des dettes publiques n’est pas due à l’explosion des dépenses, mais à l’érosion systématique des recettes fiscales. Celles de l’État représentaient 15,1 % du Pib en 2009, contre 22,5 % en 1982. L’arithmétique est simple, hélas : baisse des recettes, stagnation ou baisse des dépenses. Le sauvetage des banques en 2008-2009 et le coût du service de la dette ont fait le reste : en l’absence d’« effet boule de neige », la dette publique française aurait représenté 43,8 % du Pib en 2008 au lieu de 67,4 %. L’abolition des différentes niches fiscales consenties depuis 2000, en France, permettrait à l’État de récupérer 75 milliards d’euros chaque année. Autant d’argent qu’il ne serait pas nécessaire d’emprunter sur les marchés."
http://www.ceras-projet.org/index.php?id=5269
Enfumage ?
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Écrit par : Serge Lellouche | 07/10/2012

@ Serge Lellouche et Guillaume de Prémare

> Il faudrait vous mettre d'accord sur ce qu'est la dépense publique :
budget de l'Etat seul ?
ou budget de l'Etat + collectivités locales + protection sociale + participation à l'Union Européenne ?
Ce n'est pas la même chose !
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Écrit par : Pierre Huet / | 07/10/2012

@ Serge Lellouche

Cher Serge,
Une fois n'est pas coutume, là, je ne te suis pas du tout. Non pas tant sur le constat que tu fais que sur les conséquences qu'on doit logiquement en tirer, si on s'y arrête. Je suis d'accord avec toi : la "crise" que nous connaissons est - le terme a été utilisé par beaucoup- la suite d'un véritable "hold-up" de la classe financière. Mais une fois qu'on a dit ça, que fait-on ? Ni toi ni moi ne nous leurrons à ce sujet : la solution politique globale qui, seule, pourrait arrêter la machine avant le gouffre, ne pourra pas être mise en oeuvre par nos dirigeants. Logique, de leur point de vue : ce système est parfait...puisqu'il leur a permis d'être à sa tête. Désespérant, quelque part : rien à faire, mis à part se faire sauter à la grenade aux entretiens de Valpré ou se tirer une balle dans la bouche tranquillement chez soi. Pas très positif, tout ça (lol).
Je suis d'accord avec Guillaume de Prémare pour dire que, d'une certaine façon, nous sommes complices (tout autant que victimes) des structures de péché dans lesquelles nous vivons. Ne vaut-il pas mieux nous interroger sur nos propres complaisances plutôt que de désigner des responsables (même s'ils sont vraiment responsables...) ? Plus ça va, plus je pense qu'il faut d'abord nous convertir. Militer pour la paix et la justice la rage au coeur, c'est le risque de contribuer à mettre en place une structure de péché cent fois pire que celle que l'on se propose - à raison- de mettre à bas. Dans la prière, demandons la paix du coeur. Je te rassure : mon coeur n'est pas en paix. Car, depuis des années, je n'arrive plus à avoir une vie de prière digne de ce nom ....
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Écrit par : Feld / | 07/10/2012

CE CAS

> Ce cas est caricatural, mais comme dans toute caricature, nous y retrouvons nos défauts.
http://www.la-croix.com/Actualite/S-informer/Monde/Castellon-redoute-l-aggravation-de-la-crise-_NG_-2012-10-07-861920
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Écrit par : Pierre Huet / | 08/10/2012

@ Pierre Huet,

> Sortons de ce piège qui consiste à ramener l'attention et toutes les questions autour du faux problème des dépenses publiques. C'est une redoutable diversion qui nous détourne du véritable enjeu historique. Arrêtons de se demander « qu'est-ce que l'on entend et que met-on derrière « dépenses publiques ». Demandons-nous plutôt : « que cache-t-on derrière cette surpolarisation culpabilisante sur les dépenses publiques».
Comment enfumer les esprits afin de masquer une politique déterminée de guerre sans merci contre les plus vulnérables, jugés inutiles, improductifs et non compétitifs, autre définition du libéral-totalitarisme ?
Par une diversion mensongère nourrie nuits et jours par les médias aux ordres, par laquelle on désigne un impératif, celui de « résorber enfin la dette publique » et d' «équilibrer les comptes de la nation », comme dit la chanson gravement mis en péril par un « excès de dépenses publiques » à destination de tous ces « assistés », qui feraient quand même bien de se bouger le cul pour créer leur petite entreprise (afin de prendre part à leur tour à cette guerre sauvage, horizon dernier de notre humanité libérale).
Le fait historique de notre temps est le plein déchaînement de la sauvagerie libérale, entourloupée dans une rhétorique très propre, subtilement camoufflée dans le langage technique de la « nécessaire discipline budgétaire », asséné par des personnes très bien élevées, très sérieuses et dotées de très jolies cravattes.
Une réalité : la guerre libérale contre la vie vulnérable ; un alibi trompeur : la dette et notre supposé « laxisme budgétaire ».
Ce trompe l'oeil ne tiendra pas.
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Écrit par : Serge Lellouche / | 08/10/2012

Cher Feld,

> Extraits du compendium de la doctrine sociale de l'Eglise :
« la priorité reconnue à la conversion du cœur n'élimine nullement, elle impose, au contraire, l'obligation d'apporter aux institutions et aux conditions de vie, quand elles provoquent le péché, les assainissements convenables pour qu'elles se conforment aux normes de la justice, et favorisent le bien au lieu d'y faire obstacle » (compendium, 42).
Ou encore : « l'œuvre de miséricorde grâce à laquelle on répond ici et maintenant à un besoin réel et urgent du prochain est indéniablement un acte de charité, mais l'engagement tendant à organiser et à structurer la société de façon à ce que le prochain n'ait pas à se trouver dans la misère est un acte de charité tout aussi indispensable. » (Compendium, 208)
Je m'en tiens à cela, à la fois sans aucune illusion quant à l'avènement d'un paradis terrestre pour lequel nous n'avons pas à nous battre, et dans un élan directement issu de ma conversion personnelle, qui se joue comme pour toi, comme pour nous tous, tous les jours dans le concret de nos vies quotidiennes.
Je ne sais plus quelle sainte disait (tu me l'as dis l'autre jour mais j'ai oublié:) « je ne suis pas chargée de vous le faire croire, je suis chargée de vous le dire».
Bref, essayer de « dire les choses » dans les débats qui agitent la cité, à la lumière de notre foi, vécue dans notre conversion personnelle, est d'abord un témoignage et non une attente de « résultats ».
L'avènement, non pas du paradis terrestre, mais d'un monde plus juste et plus fraternel, ne relèvera jamais de notre volontarisme politique révolutionnaire, mais, selon la seule volonté de Dieu, d'une irruption de l'Esprit Saint en ce bas monde, annoncé par Marthe Robin dans une nouvelle Pentecôte.
J'entends trop autour de moi, jusque dans mon dialogue actuel avec mon accompagnatrice, cette tendance forte à vouloir séparer voir opposer la conversion personnelle de l'engagement politique. L'Eglise nous appelle pourtant à rétablir un prolongement entre ces deux réalités, dont je m'aperçois à quel point leur lien est fructueux, mais aussi souvent problématique tu as raison de le rappeller, et je ne le sais que trop! Equilibrisme bien précaire en effet. Mais le chrétien n'est-il pas d'abord un équilibriste ?
Ce dont il faut se débarasser, ça n'est pas d'un engagement politique radical (il s'agit au contraire de le retrouver), mais de l'illusion de la « victoire » politique, cette fausse espérance : Notre cœur et notre âme sont tournés vers la seule victoire finale du Christ.
Quid de la foi chrétienne et de l'esprit révolutionnaire ?
Les communistes à l'ancienne préparaient la révolution les sourcils froncés et le couteau entre les dents, avec l'ardente certitude que portés par les lois de l'histoire favorables aux « forces de progrès », leur combat les mènerait au triomphe historique, prélude à l'avènement du paradis terrestre socialiste. Comme on le sait, la suite de l'histoire n'est qu'une aigre et cruelle désillusion...
Il me semble qu'au contraire, les chrétiens sont des révolutionnaires d'autant plus libres qu'allégés par leur foi de l'illusion de leur triomphe politique à venir. Nous savons pour notre plus grande joie que les seules causes politiques révolutionnaires qui valent la peine d'être menées au nom de notre foi, sont des causes perdues ici-bas : notre pélerinage terrestre est dominé par l'empreinte du Mal.
Mais nous connaissons, par foi, le fruit sublime de notre défaite, vécue aux pieds de la croix du Seigneur.
Fraternellement

SL


[ De PP à SL - "je ne suis pas chargée", etc : c'est Bernadette Soubirous parlant au curé Peyramale. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Serge Lellouche / | 08/10/2012

@ Serge Lellouche

> Mais précisément, il faut sortir du pseudo combat pour ou contre les dépenses publiques. Dans le fonctionnement actuel, elle participent pleinement au "toujours plus", et parfois, leur niveau contraint à avoir un revenu élevé.
Quelle différence de mentalité entre le frimeur qui veut un gros 4x4 pour l'exhiber devant le casino d'Enghien et les élus qui endettent leur commune pour de faramineux et énergiquement voraces équipements genre stades nautiques? je n'en trouve pas. Si vous voyez, expliquez moi. Oui, il faut une limite à certaines dépenses, car nous voyons déja des personnes mises en difficulté par le niveau d'imposition local (agriculteurs, retraités).
Ce qui est vrai, c'est que dans le contexte de dumping mondial actuel les entreprises recherchent les moindre coûts, alors si vous voulez mettre fin à cette course à l'économie, et si vous voulez changer de modèle économique sortez D'ABORD du libre échange mondial. Les reconversions seront bien assez difficiles à faire si on veut éviter une épouvantable misère. Les situations de Peugeot et Arcelor-Mittal illustrent combien est difficile à gérer une baisse de consommation Elles seront impossibles dans un système ouvert sans restriction. Car en attendant il faut bien que les gens gagnent le quotidien de leur vie et celle de leurs familles.
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Écrit par : Pierre Huet / | 08/10/2012

@ Pierre Huet

> je comprends bien ce que vous voulez dire par votre parallèle entre le 4X4 du frimeur et le stade nautique du maire assoiffé de grandeur pour sa ville.
Et c'est, je suis bien d'accord avec vous, exactement dans la même logique du "toujours plus" (inutile, polluant, clinquant, etc...).
Mais soyons clairs quand nous parlons des dépenses publiques, et distinguons nettement une dépense publique au sevice de cette croissance guerrière dont j'ai parlé plus haut, et une dépense publique au service du bien commun, d'investissements réellement écologiques et sociaux, au service des personnes les plus fragiles.
Et soyons tout aussi clairs : aujourd'hui, dans la propagande anti dépenses publiques dans laquelle nous baignons, laquelle des deux est l'objet d'une stigmatisation permanente ?
Tenez, un petit exemple, parmi tant et tant d'autres, de l'hypocrisie générale quand on parle de l'usage « excessif » des dépenses publiques, en stigmatisant toujours les plus précarisés (« assistés », « profiteurs du système de protection sociale », etc...) plutôt que les vrais goinfres, et en faisant gros gros gros silence sur les grasses primes que s'accordent les dirigeants de Science Po Paris grâce aux deniers publics...
« La discipline budgétaire », parlons en : par le plafonnement du RSA, des indemnités chômage, des retraites, ou par l'interdiction des primes de complaisance que le président de la Fondation nationale des sciences politiques s'auto-accorde sans en rendre le moindre compte au conseil d'administration ?
Ah ça, l'austérité y'en a qu'ont la chance de jamais en voir la grise couleur. On va tous se serrer la ceinture, riches et pauvres : mon œil !
Et oui, l'option préférentielle pour les pauvres appliquée au budget, c'est aussi des choix très concrets en matière de dépenses ET de rentrées fiscales !
http://www.lemonde.fr/enseignement-superieur/article/2012/10/08/sciences-po-la-cour-des-comptes-denonce-la-gabegie-de-l-ere-descoings_1771637_1473692.html
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Écrit par : Serge Lellouche / | 08/10/2012

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