02/10/2012
Les évêques mettent en cause le libéralisme
"Prenant acte des graves dérives du libéralisme économique et éthique, nous entendons souligner la pertinence du message chrétien qui offre à tous les hommes son patrimoine toujours actuel, puisqu’il proclame un humanisme personnaliste et communautaire."
Extrait du message final de l’assemblée plénière des présidents des conférences épiscopales d’Europe (Saint-Gall, Suisse, 30.9.2012)
Le cardinal hongrois Péter Erdö, président de la CCEE.
12:06 Publié dans Eglises, Europe, Idées, La crise | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : libéralisme, église catholique
Commentaires
DE PLUS EN PLUS DE MAL
> On va avoir de plus en plus de mal à prétendre que "pour un catholique le libéralisme philosophique est critiquable mais pas le libéralisme économique" (dixit Famille chrétienne, Liberté politique, Jean-Yves Naudet, les croisés du cash flow, etc, etc).
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Écrit par : louis rossel / | 02/10/2012
LE TEXTE INTEGRAL
Message final de l’assemblée plénière
des présidents des conférences épiscopales d’Europe
Saint-Gall, Suisse, 30.9.2012
" Les Présidents des Conférences épiscopales d’Europe, réunis en Assemblée plénière à Saint-Gall (Suisse) du 27 au 30 septembre, se sont penchés sur les défis de l’évangélisation à la veille de l’Année de la Foi proclamée par Benoît XVI. À cette occasion, les évêques ont tenu à exprimer leur gratitude envers le Saint-Père, son magistère et son ministère pétrinien.
Nous sommes conscients que l’annonce de Jésus Christ est un grand « OUI » de Dieu à la vie de l’homme, à la liberté, à l’amour. En effet, l’Évangile révèle la vérité d’un Dieu-amour qui montre le vrai visage de l’homme, le sauve du mal moral, et porte son humanité à son plein accomplissement. Prenant acte des graves dérives du libéralisme économique et éthique, nous entendons souligner la pertinence du message chrétien qui offre à tous les hommes son patrimoine toujours actuel, puisqu’il proclame un humanisme personnaliste et communautaire. En regardant le Christ, l’Église annonce un homme racheté du péché, ouvert aux autres et à son Créateur, fermement ancré en Lui comme source et garant des valeurs qui inspirent l’action des individus et des peuples. Les cultures laïques qui défendent une autre vision anthropologique ne doivent pas regarder avec méfiance le message chrétien qui, depuis toujours, déploie ses deux ailes : celle de la foi et celle de la raison. Ces deux ailes, qui appartiennent à l’homme et à l’histoire de l’Europe, sont à la base de notre civilisation. En rendant témoignage à la vérité de la foi, l’Église participe au débat culturel et social en y apportant son bagage de sagesse et de culture et en présentant les élaborations de la raison droite. Il apparaît que la tentative pour redéfinir les fondements naturels de la société, tels que la famille et la cohabitation entre les diverses traditions historiques et religieuses, n’est pas casuelle.
Nous nous interrogeons sur le but de certaines attitudes de rejet et de discrédit systématique qui expriment l’intolérance, parfois même la discrimination et l’incitation à la haine de la foi, de la doctrine chrétienne, et donc des chrétiens. Certains estiment que leur voix est dérangeante et les accusent d’intolérance et d’obscurantisme ; en réalité, leur voix dérange parce que c’est une voix libre qui ne se plie pas aux intérêts et ne cède pas aux chantages. Déstabiliser la personne et la société ne joue pas en faveur du bien de l’homme, mais seulement d’intérêts partisans.
À la lumière de l’enseignement du Concile Vatican II, nous accordons une grande valeur à la liberté humaine, qui doit être utilisée dans le respect des droits des personnes et de leurs convictions religieuses.
Nous avons pris conscience de la situation difficile où se trouvent les catholiques de Bosnie-Herzégovine. Nous nous sentons concernés par leur sort et nous entendons les accompagner de notre attention solidaire, en espérant que leur liberté sera garantie.
Dans le cadre européen qui est le nôtre, nous appelons au respect et à la disponibilité à un dialogue sans préjugé ni arrogance. Les chrétiens ont le sens de leurs responsabilités de citoyens, et s’appuient sur un patrimoine de vérité de deux mille ans qui se manifeste par des fruits de service, de bien et de civilisation. Notre mission nous appelle à être les Pasteurs sages de communautés présentes dans l’histoire comme un ferment dans la pâte, comme des lampes qui brillent de la lumière du Christ, pour le bien de tous les hommes. "
Le Conseil des Conférences épiscopales d’Europe (CCEE) réunit les présidents des 33 conférences épiscopales présentes en Europe représentées de plein droit par leur président, ainsi que les archevêques de Luxembourg, de la Principauté de Monaco et de Chypre des Maronites, et les évêques de Chisinau (Moldavie) et de l’éparchie de Mukachevo. Il est présidé par le cardinal Peter Erdö, archevêque d’Esztergom-Budapest, primat de Hongrie. Ses vice-présidents sont le cardinal Angelo Bagnasco, archevêque de Gênes et Mgr Józef Michalik, archevêque de Przemyśl. Le secrétaire général du CCEE est le P. Duarte da Cunha. Le siège du secrétariat se trouve à Saint-Gall (Suisse).
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Écrit par : PP / | 02/10/2012
NE CHICANONS PAS
> "Prenant acte des graves dérives du libéralisme économique et éthique"
Mais sans les dérives?
PH
[ De PP à PH - N'ayez donc pas le préjugé défavorable, même si le "bishop bashing" est le sport favori des catholiques français... Laissez à d'autres blogs le soin de s'évertuer à faire croire que les évêques seraient pour un libéralisme sans dérive.
D'une part, la dérive est consubstantielle au libéralisme - c'est même sa définition (il y a nécessairement dérive, puisque le libéralisme ne reconnaît aucune norme sinon la surenchère perpétuelle). Le libéralisme à quille serait un oxymore.
D'autre part, la pointe de cette phrase de la déclaration de le CCEE n'est pas dans sa première partie, mais dans sa seconde : le lien établi entre le libéralisme économique et le libéralisme éthique. Sachant (comme le souligne à juste titre Louis Rossel) que le réflexe du catho-libéral français est de dissocier ces deux formes du libéralisme (afin de sauver bien sûr le libéralisme économique), il est très significatif que les évêques les déclarent au contraire indissociables.
A partir de là, une prise de conscience peut s'opérer.
"Et nunc erudimini, reges !" ]
réponse au commentaire
Écrit par : Pierre Huet / | 02/10/2012
@ PP
> L'emploi généralisé de nos jours du mot "dérives" me met à chaque fois d'une irrépressible mauvaise humeur car son usage se veut généralement n'être qu'une clause de style mais il endommage la proposition à laquelle il s'applique.
-La dérive d'un bateau est dangereuse, pas le bateau.
-Un libéral vous dira que la dérive n'est pas consubstantielle au libéralisme, puisqu'il est guidé par la fameuse main invisible du marché, mais qui, à nos yeux n'est que le pendant du "sens de l'histoire" et sans plus de valeur.
N'oublions pas qu'après 1989, on nous a lourdement parlé des dérives du communisme pour ne pas le mettre en accusation lui-même.
PH
| De PP à PH - Mais pourquoi s'acharner contre ces évêques qui ont voulu bien faire, et qui évoluent dans le sens du réalisme (en s'éloignant de l'eurolâtrie) ? Dépassons les querelles de langage et regardons l'intention de ce communiqué final... ]
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Écrit par : Pierre Huet / | 02/10/2012
@ PH
> Achetez "la dérive totalitaire du libéralisme" de Mgr Schooyans (Mgr Schooyans fait partie de l'Académie pontificale des sciences sociales). Dans son édition de 1995 il fait apparaître une lettre de Jean-Paul II le remerciant pour ses analyses fidèles au Magistère.
On en parle à l'adresse suivante; vous verrez si le discours est mièvre: http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/assr_0335-5985_1993_num_82_1_1655_t1_0338_0000_4
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Écrit par : Nicolas Dangoisse / | 02/10/2012
Jean-Paul II dans Centesimus annus :
> « si sous le nom de « capitalisme » on désigne un système économique qui reconnaît le rôle fondamental et positif de l’entreprise, du marché, de la propriété privée et de la responsabilité qu’elle implique dans les moyens de production, de la libre créativité humaine dans le secteur économique, la réponse est sûrement positive même s’il serait approprié de parler « d’économie d’entreprise »’, ou simplement « d’économie libre ».
Mais si par « capitalisme », on entend un système où la liberté dans le domaine économique n’est pas encadrée par un contexte juridique ferme qui la met au service de la liberté humaine intégrale et la considère comme une dimension particulière de cette dernière, dont l’axe est d’ordre éthique et religieux, alors la réponse est nettement négative».
En glissant un bulletin "NON" dans l'urne en 1992, j'étais catholique.
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Écrit par : zorglub / | 03/10/2012
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