23/09/2012
Protester contre la dénaturation du mariage...
...sans oublier de comprendre ses causes :
La famille « est menacée en bien des endroits, par suite d’une conception de la nature humaine qui s’avère défectueuse. Défendre la vie et la famille dans la société n’est en rien rétrograde, mais plutôt prophétique car cela revient à promouvoir des valeurs qui permettent le plein épanouissement de la personne humaine, créée à l’image et à la ressemblance de Dieu. Nous avons là un véritable défi à relever...» Ces sept lignes (dans un discours de 170 lignes qui parlait de bien d'autres choses) ont soulevé un tapage politico-médiatique en France, parce qu'elles ont été lues par le pape devant des évêques français, le 21 septembre. Et la presse d'emboucher les trompettes de l'Apocalypse : Benoît XVI « déclarait la guerre » (au gouvernement français), il « secouait » des évêques français « paralysés », et on allait voir à Paris la même chose qu'à Madrid il y a deux ans : les évêques envoyant dans la rue le « peuple de droite » – sans parvenir à dissuader Zapatero-Hollande de voter des réformes inclues dans son programme.
Cette perspective plaît à droite et à gauche, pour des raisons qui n'ont rien à voir avec la vision de l'Eglise catholique. Voir la petite « guerre d'Espagne » se reproduire à Paris avec le même résultat, beaucoup le souhaitent. Les journaux, pour enrayer la chute des ventes. La droite, dans l'espoir de rejouer 1984. Et surtout François Hollande, pour la même raison que naguère Zapatero : tant que les citoyens se polarisent sur des questions de moeurs, ils oublient le traité européen, la crise mondiale et l'évidente capitulation de la classe politique (tous partis confondus) devant la finance. Dieu seul sait ce que l'avenir nous réserve ; mais l'avenir n'est pas un paramètre pour la classe politique.
Reste le problème de la réforme du mariage. Un catholique ne peut qu'être aux côtés des évêques, comme on l'a vu lors de la prière du 15 août qui fut lue dans tous les diocèses (les évêques français ne sont donc pas aussi « paralysés » que le prétend la droite). A la mi-septembre, le cardinal Vingt-Trois s'est heurté au refus gouvernemental d'organiser un grand débat avec la société civile, sur ce sujet qui concerne pourtant la vie de la société... Le soi disant « mariage pour tous » sera voté, par la gauche en bloc et l'aile bobo de l'UMP, sauf surprenant virage d'un certain nombre de députés : virage que les défenseurs de la conjugalité (chrétiens ou agnostiques) vont tenter d'obtenir en écrivant aux élus. Nous appuierons évidemment cette mobilisation.
Mais pour bien contester, il faut comprendre ! La surenchère des revendications particulières, leur pression croissante sur les lois communes, ne naissent pas de rien. L'idée que le méchant « Etat » doit se plier aux gentilles exigences privées, vient de l'esprit de marketing commercial qui s'est substitué à tout depuis l'invasion de l'ultralibéralisme : ce que nous voyons se déployer aujourd'hui, dans tous les domaines, eût été impensable avant le tournant des nineties. Quand le patron de Goldman Sachs se déclare en faveur de la dislocation du mariage et de la famille parce c'est du « good business », tout observateur lucide – qu'il soit hétéro ou homosexuel – doit entrer en méditation : « Dieu se rit de ceux qui déplorent des effets dont ils continuent de chérir les causes », disait Bossuet.
17:46 Publié dans Ecologie, Idées, Social, Société | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : famille, mariage, ultralibéralisme, marketing
Commentaires
DEFILER
> Désolé d'aller aussi directement au but. Mais il me semble que nous ne devons pas renoncer a priori à l’idée d’une mobilisation populaire contre le mariage et l’adoption pour les couples homosexuels – et contre ce qui va avec : la disparition des mentions du « père » et de la « mère » dans le Code civil.
Si le législateur n’est pas accessible à la raison, nous pouvons encore voter avec nos pieds. Seule exigence pour une telle manifestation, à laquelle il serait bon que de nombreux prêtres et évêques participent, aux côtés des familles : qu’elle soit parfaitement évangélique, c’est-à-dire joyeuse et pacifique. En conséquence, que les Civitas et autres excités de l’identité chrétienne de la France adoptent un profil bas, humble, franciscain, minoritaire (de frère mineur), bref, entendent l’évangile du jour (Mc 9 :30-37) et le mettent en pratique: « Ils se taisaient, car, sur la route, ils avaient discuté entre eux pour savoir qui était le plus grand.
S'étant assis, Jésus appela les Douze et leur dit : "Si quelqu'un veut être le premier, qu'il soit le dernier de tous et le serviteur de tous."
Prenant alors un enfant, il le plaça au milieu d'eux, l'embrassa, et leur dit :
"Celui qui accueille en mon nom un enfant comme celui-ci, c'est moi qu'il accueille. Et celui qui m'accueille ne m'accueille pas moi, mais Celui qui m'a envoyé." »
Défiler oui, mais avec la confiance et la simplicité des enfants allant à la rencontre de leur Père bien aimé, leur tendre Créateur, leur doux Sauveur.
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Écrit par : Denis / | 23/09/2012
D'ACCORD
> J'endosse totalement votre dernier paragraphe, mais je ne comprends pas votre malaise à l'idée qu'on puisse vouloir "rejouer 1984". Que s'est-il passé cette année-là? Est-ce que ce fut un échec? Ou bien que s'est-il passé depuis cette année-là? Le néo-libéralisme a-t-il aboli la liberté d'expression et la liberté d'assemblée? Quelqu'un a-t-il renoncé au nom des catholiques au droit de se prévaloir des mêmes facultés civiques dont est titulaire n'importe quel citoyen? Ou bien quelqu'un a-t-il oublié le décret Apostolicam Actuositatem, l'encyclique Christifideles Laici, la Note doctrinale du cardinal Ratzinger concernant certaines questions sur l’engagement et le comportement des catholiques dans la vie politique - bref, le rôle propre et l'autonomie officiellement acquise et reconnue du laicat bien formé dans les affaires qui intéressent l'ordre temporel dont il a la responsabilité, ceci depuis Vatican II et dans le magistère subséquent? Simples questions.
P.S.: en 1984, ce n'est pas tant la droite que le cardinal Lustiger qui a su "jouer" - et gagner. SVP respecter sa mémoire.
C.
[ De PP à C. :
- Belle envolée mais inutile : nous sommes parfaitement d'accord. C'est la droite qui est à côté de la plaque si elle croit rejouer quoi que ce soit : en 1984 ce n'est pas elle qui jouait, mais une partie du peuple français. Le RPR a cru récupérer la mise ; mais ça ne s'est pas produit.
- Comme tout le monde j'étais dans la rue en 1984 ; comme journaliste, j'étais en contact avec les organisateurs. Je crois donc connaître un peu ce qui s'est passé.
- Ne croyez pas non plus que je sois irrespectueux envers le cardinal Lustiger, que j'ai bien connu et auquel j'étais profondément attaché. L'un des derniers entretiens qu'il ait accordés fut pour mon livre "Benoît XVI et le plan de Dieu", paru en 2005. ]
réponse au commentaire
Écrit par : Claude / | 23/09/2012
LE DESIR NE FAIT PAS LE DROIT
> La position de l'Eglise n'est évidemment pas nouvelle, aussi le tapage indigné d'une certaine presse est évidemment hypocrite :
Le doc ci-dessous date de 2003 :
Ce projet n'est pas bon pour l'homme puisque cela ne lui convient pas. Il est contraire à la nature de l'Homme et cette constatation est à la portée de toute personne honnête ; c'est comme l'humanité de l'embryon, ce n'est pas une question de foi.
http://www.vatican.va/roman_curia/congregations/cfaith/documents/rc_con_cfaith_doc_20030731_homosexual-unions_fr.html
Mais là encore les 2 catégories de catho-gogo vont se faire avoir :
1/ le catho-gogo qui croit que la formation ne sert à rien, qu'il faut "suivre son coeur" (application pseudo-catho de l'idée très répandue : "le principal c'est d'être sincère", "tu fais comme tu le sens") par les bons sentiments :
- "puisqu'ils s'aiment ! " "comment un catho peut refuser le droit de s'aimer officiellement !" "tu prives des enfants de papas ou de mamans" etc etc
2/ le catho-gogo qui confond le pécheur et le péché se fera avoir par la droite qui se présente comme le hardi défenseur de la famille et du mariage (ce qui fait rigoler : lois sur la pilule, l'avortement, le divorce, la pornographie=la droite)
- par d'autres encore : "ne vous en faites pas, l'adoption sera reconnue mais ne leur sera jamais appliquée"...
Le désir ne fait pas le droit.
On a commencé par nier Dieu en disant qu'observer la nature était suffisant pour savoir que faire.
Aujourd'hui stade suivant : on nie la nature pour faire ce qu'on veut.
Comme il y a autant de volontés que d'individus, une telle vision des choses, à terme, aboutit à l'éclatement de la société .
La droite ferait mieux de la boucler car elle n'a jamais été en retard dès qu'il s'agissait de suivre servilement les dérives quand ce n'est pas elle qui les propose.
"Je mets mon espoir dans le Seigneur, je suis sûr de sa parole". Je n'ai jamais pu dire ça de quiconque en politique.
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Écrit par : zorglub / | 24/09/2012
LE MARIAGE CATHOLIQUE
Nous nous sommes déjà accordés un temps sur la distinction nécessaire et importante entre l'Eglise et le monde séculier à propos du mariage.
C'est un sacrement et un engagement devant Dieu qui vise à l'élévation de l'âme pour un couple catholique.
Ou ce n'est que la ritualisation d'une union sexuelle à des fins patrimoniales pour un couple de non-croyant.
Il n'y a pas de point commun, sinon l'appellation mariage, mais comme je le souligne cela ne correspond pas à une chose identique.
Ce débat sur le mariage n'existe donc pas parce qu'il relève de deux conceptions différentes du monde et de la vie qui n'ont rien en commun.
La doctrine catholique est spiritualiste, l'idéologie au pouvoir est matérialiste.
Vouloir engager un débat serait donc vain comme vouloir mêler l'eau et le feu.
Dieu est généreux et miséricordieux. Il sait pardonner. Il a l'esprit large.
Si le Père pardonne, le chrétien ne peut donc pas avoir la prétention d'imposer sa vision. Ce serait un péché d'orgueil.
Le chrétien doit seulement s'attacher au sens du mariage qui est le sien. Celui d'aimer et l'énoncer tel quel pour expliquer ce qu'il signifie dans la foi qu'il professe.
Vatican II a consacré la liberté réligieuse, celle de croire ce que l'on veut ou même de ne pas croire. L'amour n'est pas le monopole des chrétiens.
Pour le reste, ce n'est pas du domaine des chrétiens.
Le monde séculier nous donne la liberté de croire.
Soyons charitables et aidons nos frères et soeurs à vaincre les discriminations du monde séculier.
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Écrit par : Qwyzyx / | 11/10/2012
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