02/09/2012
L'évangile de ce dimanche est celui qu'il faut ré-expliquer à chaque génération depuis deux mille ans...
...pour que nous, chrétiens, ne soyons pas "un obstacle sur la voie du christianisme" (Berdiaev) :
Marc 7,1-23 :
Les pharisiens et quelques scribes étaient venus de Jérusalem. Ils se réunissent autour de Jésus,
et voient quelques-uns de ses disciples prendre leur repas avec des mains impures, c'est-à-dire non lavées.
Les pharisiens en effet, comme tous les Juifs, se lavent toujours soigneusement les mains avant de manger, fidèles à la tradition des anciens ;
et au retour du marché, ils ne mangent pas avant de s'être aspergés d'eau, et ils sont attachés encore par tradition à beaucoup d'autres pratiques : lavage de coupes, de cruches et de plats. -
Alors les pharisiens et les scribes demandent à Jésus : « Pourquoi tes disciples ne suivent-ils pas la tradition des anciens ? Ils prennent leurs repas sans s'être lavé les mains. »
Jésus leur répond : « Isaïe a fait une bonne prophétie sur vous, hypocrites, dans ce passage de l'Écriture :Ce peuple m'honore des lèvres,mais son coeur est loin de moi.
Il est inutile, le culte qu'ils me rendent ;les doctrines qu'ils enseignent ne sont que des préceptes humains.
Vous laissez de côté le commandement de Dieu pour vous attacher à la tradition des hommes. »
Il leur disait encore : « Vous rejetez bel et bien le commandement de Dieu pour observer votre tradition.
En effet, Moïse a dit : Honore ton père et ta mère. Et encore : Celui qui maudit son père ou sa mère sera mis à mort.
Et vous, vous dites : 'Supposons qu'un homme déclare à son père ou à sa mère : Les ressources qui m'auraient permis de t'aider sont corbane, c'est-à-dire offrande sacrée.'
Vous l'autorisez à ne plus rien faire pour son père ou sa mère,
et vous annulez la parole de Dieu par la tradition que vous transmettez. Et vous faites beaucoup de choses du même genre. »
Il appela de nouveau la foule et lui dit : « Écoutez-moi tous, et comprenez bien.
Rien de ce qui est extérieur à l'homme et qui pénètre en lui ne peut le rendre impur. Mais ce qui sort de l'homme, voilà ce qui rend l'homme impur. »
Le purisme formaliste s'accompagne historiquement de la pression sociale - qui est le pire obstacle pour les non-croyants, soulignait Nicolas Berdiaev :
« Les croyants doivent prendre plus au sérieux la réalisation de leur christianisme dans la plénitude de leur vie. Le christianisme fut dénaturé du fait qu'il était une religion de domination, une religion d'Etat et l'Eglise fut tentée par l'épée des césars. C'est pour cela que, dans la conscience de bien des hommes, le christianisme cessa d'être la religion de la croix, parce qu'il se rattachait à l'idée de persécuteur et non de persécuté. Les temps sont venus où il sera demandé au chrétien un plus grand héroïsme, un plus profond amour expiatoire, plus d'intégrité et de conscience dans la confession de sa foi ; les temps sont venus où les chrétiens cesseront d'être un obstacle sur la voie du christianisme. »
De la dignité du christianisme et de l'indignité des chrétiens, 1931.
00:49 Publié dans Eglises, Témoignage évangélique | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : jésus-christ, évangile, christianisme, catholiques
Commentaires
LES "CHRISTIANISTES" NE SONT PAS LES CHRETIENS
> Le purisme formaliste a pour but de séparer les croyants des autres, vus comme des impurs. (Le mot ''pharisiens'' voulait dire : ''séparés''). Pourquoi cette hantise des ''autres '' ?
Comme dit saint Paul, ''ce n'est pas contre la chair et le sang que nous devons combattre mais contre les principautés, les puissances, les ténèbres de ce siècle''. Autrement dit : contre les forces spirituelles du mal, qui hantent tout ce qui est dans le siècle y compris nous-mêmes et sont capables de pervertir aussi la religiosité, en faisant d'elle le masque d'intentions troubles !
(p. ex. l'auto-idolâtrie camouflée en « défense de notre identité » : comme disait je ne sais plus qui le mois dernier, il faut arrêter de confondre les « christianistes » avec les chrétiens).
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Écrit par : obed edom / | 02/09/2012
BERDIAEV A RAISON
> Le formalisme lié à la pression sociale caractérise bien des religions qui ont le politique pour but réel. (Exemple-limite : le culte horrible de Tenochtitlan qui cimentait son emprise sur les autres cités).
Les paganismes sont tribaux... L'islam est sociétal et juridique... (seul le bouddhisme échappe en partie à la règle générale).
Le christianisme, en revanche, sépare le religieux du politique.
Jésus dit que César n'est pas Dieu.
Si César reconnaît Dieu, tant mieux. S'il ne le reconnaît pas, tant pis : ça ne change rien à la foi ni à la mission du chrétien (disent les lettres de saint Paul).
Conséquence : faire du christianisme une convention sociale, ou pire une religion d'Etat, c'est faire mentir Jésus, contredire l'Evangile, paganiser le christianisme, semer pour des siècles l'indignation légitime contre le « cléricalisme » !
Cette indignation n'a plus de sens en 2012 mais elle sert de prétexte "historique" à la nouvelle christianophobie, et elle en a préparé le succès de masse par la déchristianisation survenue en
200 ans par vagues successives (entre quelques phases de rémission).
En ce sens Berdiaev a raison.
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Écrit par : Malintzi / | 02/09/2012
IDEOLOGIE DE GARDIEN
> " La déchristianisation survenue en 200 ans par vagues successives". D'où la nullité du slogan "la France est chrétienne et le restera". Ca veut dire quoi, puisque les Français ne sont pas chrétiens ?
Idéologie de gardien de musée qui voudrait devenir gardien de prison.
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Écrit par : louis rossel | 02/09/2012
à Malintzi
> "Berdiaev a raison" et aussi Vatican II qui a redressé le cap historique (orthodromie) du catholicisme. Le deuxième concile du Vatican est bel et bien une sorte de rupture : non envers
la foi mais envers le triomphalisme politico-religieux de l'âge classique et la religiosité politique passéiste des réactionnaires du XIXe, qui ont eu pour effet l'athéisme moderne. Les errements politico-religieux ont dénaturé l'image du christianisme et propagé l'anti-christianisme. Il faut rappeler cela aujourd'hui où nous avons la tentation de plaider pour le passé en l'idéalisant en bloc pour "résister à la cathophobie" : ce qui n'aboutir qu'à donner des armes à celle-ci, effectivement. ("Vous voyez comme sont les croyants, ils ne reconnaissent pas les fautes, ils rêvent de rétablir l'intolérance dans la société", etc). Ca fait du mal en voulant faire du bien.
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Écrit par : nepomuk / | 02/09/2012
QUAND DES "TRADITIONS" ANNULENT LA PAROLE DE DIEU
> Commentaire de Sr Marie-Christophe Maillard (servite de Marie, enseignante à l'Ecole Cathédrale) dans 'Paris-Notre-Dame' du 30/08 :
"L'évangile de ce dimanche nous rapporte une polémique entre Jésus et les pharisiens autour d'un thème cher aux juifs : la tradition.
De quelle tradition s'agit-il et d'où procède-t-elle ?
La réponse de Jésus va s'articuler autour des oppositions lèvres/coeur, extérieur/intérieur.
Jésus, en effet, ne réprouve pas la tradition : il la situe à sa véritable place, il lui donne son réel statut.
Jésus commence par interpeller vigoureusement les pharisiens en leur attribuant le terme 'hypocrites'. L'hypocrite est celui qui porte un masque, qui se donne un look extérieur, qui cherche à paraître : et c'est finalement celui dont le jugement est trop court, parce que faussé...
Jésus poursuit en citant le prophète Isaïe adressant des reproches au peuple de l'Alliance, dont le culte se concentre sur des rubriques, sans y mettre son coeur. Dans la Bible, le coeur est toujours le lieu du discernement, de l'option, du 'oui' dit au Dieu de l'Alliance. D'où la gravité du reproche fait au peuple.
Jésus complète son enseignement par une remarque portant sur le lieu et l'origine des désordres humains : le 'dedans', le 'coeur'.
La pointe du récit est cette 'lamentation' du Christ ainsi exprimée : 'En vous attachant à la tradition des hommes, vous annulez le commandement de Dieu.' Quoi de plus grave que de rendre inopérante la Parole de Dieu ? Et cela par la dureté de notre coeur...
La tradition est bonne et divine quand elle procède d'un coeur bon, se déterminant, non à partir de son esprit propre, mais à partir de l'Esprit qui, seul, peut nous 'adapter' au Dieu de l'Alliance. "
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Écrit par : noémi / | 02/09/2012
PARTOUT
> "Trouver Dieu partout, ne l'enfermer nulle part." (Gustave Thibon)
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Écrit par : gersende / | 02/09/2012
DEBAT
> D’accord avec votre commentaire de Marc, pas très à l’aise avec la citation de Berdiaev et certains des commentaires. Accuser les catholiques passés, d’être coupable de la déchristianisation est un thème à manier avec une grande prudence par nous, catholiques. Car c’est, tout autant que le passéisme, une façon de regarder en arrière. Et dangereuse ! Si l’accusation est trop massive, elle rejaillit sur l’autorité même de l’Eglise dont on finira par se dire que si elle a été si faillible dans le passé, pourquoi ne le serait-elle pas maintenant ?
D’abord, il faut toujours prendre de la distance avec soi-même : une telle accusation ne nous valorise-t-elle pas individuellement ou collectivement ? « Merci mon Dieu de ne pas nous avoir fait comme nos grands-parents. » Oui, il faut regarder l’intérieur des cœurs et en ce domaine particulièrement, charité bien ordonnée commence par soi-même.
Il ne sert à rien de déplorer qu’il y ait eu des états chrétiens : dans l’Europe du Xème siècle ou tout le monde était chrétien, il ne pouvait en être autrement. Il y avait bien des Juifs, mais ils avaient leur vie communautaire en ghetto, ce qui n’avait pas que des inconvénients pour eux, ainsi pouvaient-ils se préserver de nombreuses occasions de souillures.
Oui, ensuite ces états on dérivé vers un absolutisme « une foi, une loi, un roi », ce qui n’a pas empêché l’action charitable des ordres religieux et des confréries de laïcs. Nous avons eu Monsieur Vincent dans un période bien peu reluisante.
Surtout, le XIXème siècle qu’on aime tant vilipender a vu éclore ou renaître une pléthore de congrégations charitables et missionnaire qui étaient au contact du petit peuple qui n’en était point scandalisé semble-t-il.
Les papes de ce même XIXème n’ont pas dissocié le libéralisme politique –ce qui leur vaut d’être considérés comme réactionnaires- c'est-à-dire la dissociation de corps intermédiaire et l’atomisation des peuples en individus, du libéralisme économique. Etait-ce si mal vu ?
PH
[ De PP à PH - Mais non, pas "merci mon Dieu de ne pas m'avoir fait comme mes grands-parents" ! Mais : merci mon Dieu pour le concile Vatican II, qui a recentré le cap dans la fidélité à la vérité essentielle... (C'est la vocation de tout concile de l'Eglise universelle). ]
réponse au commentaire
Écrit par : Pierre Huet / | 02/09/2012
MAIS SI, DEBAT
> Débat ? pourquo ? Il y a le Concile oui, mais aussi certains comportements de délectation dans une repentance qui outrepasse celle des papes. Il y a de l'hommerie comme disait je ne sais plus qui. Et en ce domaine aussi. Et c'est dans les deux sens qu'on peut faire du mal en voulant faire du bien.
PH
[ De PP à PH - "Débat", précisément, parce qu'il devient lassant d'entendre rabâcher que toute critique objective du passé relève du "comportement de délectation et de repentance". "La vraie tradition est critique" : ce n'est pas moi qui le dis, c'est Maurras, pour une fois bien inspiré. ]
réponse au commentaire
Écrit par : Pierre Huet / | 02/09/2012
EXPLIQUER
> "L"Evangile à réexpliquer à chaque génération" : c'est ce qui, pour certains, fait la supériorité de l'islam sur le christianisme. Le Coran ne se réexplique pas ; il s'impose. Et les résultats sont là : quand il s'implante quelque part, l'islam, généralement, ne recule plus ("l'Eglise ne repousse plus jamais", pour reprendre l'expression de Daniel-Ange).
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Écrit par : Feld / | 02/09/2012
@ PP
> Sans doute avez-vous eu la chance de ne pas trop rencontrer de "repentants" insupportables de suffisance ou de savoir surmonter le recul qu'ils inspirent, mais je vous assure que ça existe et que ça pollue gravement le sujet.
PH
[ De PP à PH - Mais si, j'en ai rencontré, et je connais le problème comme vous. Mais le critiquable n'est pas la repentance : c'est la suffisance...
Elle consiste à se fermer à la parole réelle de l'Eglise alors qu'on se dit catholiques. Les "progressistes" des années 1970-80, hors d'âge mais pas tout à fait disparus en l'an 2000, auraient voulu que la nécessaire (et magistérielle) repentance jubilaire de Jean-Paul II devienne abjuration des "dogmes" et de la théologie, surtout dans le domaine moral.
La suffisance existe d'ailleurs aussi chez les anti-repentants, lesquels vous démontrent (contredisant le pape) que l'Inquisition était l'amie du genre humain... ]
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Écrit par : Pierre Huet / | 03/09/2012
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