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14/08/2012

Creux des journaux du mois d'août : en panne de sujets, s'en prendre à l'Eglise

Des rédactions accusent le cardinal Vingt-trois d'avoir "transmis aux diocèses un texte à lire le 15 août, très hostile à l'union et l'adoption homosexuelles" :




 

Titre dans Libération (14-15 août) : « Contre le mariage gay, l'Eglise fait appel à Marie ». Cible de l'article : la prière universelle transmise aux diocèses par le président de la CEF pour le 15 août. Qu'est-ce qui offusque la journaliste ? « Dans sa prière, le cardinal s'adresse aux "élus" de la nation, leur demandant que les enfants "cessent d'être les objets des désirs et des conflits des adultes pour bénéficier pleinement de l'amour d'un père et d'une mère". »

Cette phrase peut-elle être interprétée (de façon déformante) comme quelque chose de négatif ou d'hostile ?

Evidemment non.

Sauf si l'on tord son sens pour la mélanger à d'autres éléments...

Ce que la journaliste ne manque pas de faire :

- en opérant un salmigondis avec les parades de rue de lefebvristes en novembre 2011 contre une pièce de théâtre ;

- et en mélangeant deux données différentes : a) la dimension « politique » – c'est-à-dire collective – des débats de société, auquel l'Eglise a le droit de participer au même titre que tous les autres corps sociaux ; b) le fait que des catholiques français étaient englués hier dans une confiance dérisoire envers Nicolas Sarkozy...

L'élément b est sans rapport avec l'élément a, puisqu'en matière de moeurs les convictions de Sarkozy – et des trois quarts de l'UMP – sont pour le moins flottantes ; chez un certain nombre d'électeurs « conservateurs », les questions de moeurs furent donc invoqué avec facticité, pour masquer d'autres mobiles : économico-financiers plus que « sociétaux ».

Quant aux responsables de l'Eglise catholique en France, sans parler du pape Benoît XVI, leur sensibilité sociale n'est plus à démontrer. Il y a (heureusement) un décalage entre eux et le conglomérat des électeurs « conservateurs ».

Donc ce procès fait à l'Eglise par des médias n'est pas de bonne foi.

 

 

15 août,cardinal vingt-trois,catholiques,christianisme

Commentaires

CHANGER

> Le catholicisme n'est pas une sacralisation surnaturelle des intérêts de classe. Au contraire : si nos opinions sont contraires à ce que dit l'Eglise, il faut changer d'opinions !
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Écrit par : Jean-Guy Darbois / | 14/08/2012

FRANCE CULTURE

> Tout de même, Julie Gacon a invité Mgr Eric de Moulins-Beaufort, pour s'expliquer sur la question :
http://www.franceculture.fr/emission-les-matins-d-ete-mariage-homosexuel-fin-de-vie-de-quoi-se-mele-l-eglise-2012-08-13
Vers la fin de l'émission, malheureusement, la journaliste devenait de plus en plus agressive et fermée au dialogue; elle nous chantait l'habituel catéchisme libéral du sens inéluctable de l'histoire et de l'égalité absolutisée des individus egocentrés. Bref, le grand récit libéral...
J'ai apprécié son embarras, qu'elle résumait ainsi : l'Eglise est à gauche en matière "sociale" et à droite lorsqu'il s'agit des moeurs. Il ne lui est pas venu à l'esprit qu'une telle opposition droite/gauche, héritée de la distribution – fluctuante – entre différents groupements politiques au sein de l'hémicycle parlementaire, n'était plus pertinente. Elle ne s’est pas non plus dépêtrée de l’opposition en "camps" irréductibles, pour ce qui est son cas l’opposition entre parti du progrès (gauche) contre parti de la conservation (droite). Ce qui lui permet de court-circuiter le débat d’idées. Franchement, je me préoccupe peu de savoir si telle ou telle conception est de droite ou de gauche, si elle est moderne ou réactionnaire. La seule question valable, qui ne procède pas par étiquetage a priori, c’est : la proposition débattue est-elle profitable ou nuisible ?
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Écrit par : Blaise Join-Lambert / | 14/08/2012

SUBJECTIF

> Bonne nouvelle! il semble que les libertaires croient en l'efficacité de la prière. Chic!
Sur le fond, il est vrai que prier pour que "les enfants [puissent] bénéficier pleinement de l'amour d'un père et d'une mère" paraît, si les mots ont un sens, une attitude fortement défavorable à l'adoption par les couples homosexuels . Alors, de "fortement défavorable" à "hostile" n'est qu'une question de perception subjective.
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Écrit par : Pierre Huet / | 14/08/2012

MARIE

> Pour ma part, j’estime que la guérison de notre mémoire française et chrétienne de tous les dévoiements libéraux-libertaires en cours et à venir passe par Marie. Notre anthropologie chrétienne et catholique a besoin de ce référent à la fois simple et sublime qu’est la Maman de Jésus-Christ, Mère de Dieu, accessoirement patronne principale de notre pays. C’est pourquoi je souhaite que la Conférence épiscopale aille plus loin en ouvrant en 2013 une année jubilaire pour célébrer le 375e anniversaire du Vœu de Louis XIII (http://suivrelechristavecmarie.wordpress.com/ ). Un tel jubilé pourrait être, en autres choses, l’occasion pour l’Eglise d’embrasser les quatre siècles écoulés en en montrant les ressorts spirituels, par et avec Marie, à la suite du Christ. Tout en saluant dans cette évolution ce qui fut et demeure salutaire, comme la séparation de l’Eglise et de l’Etat.
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Écrit par : Denis / | 14/08/2012

PAS FACILE

> Je suis assez étonné de constater souvent que des catholiques remettent en cause l'enseignement de l’Église ou les déclarations de tel ou tel évêque ou du Pape et demandent modestement à l’Église "d'évoluer", de "progresser". Même au sein des prêtres, certains bien intentionnés sans doute adoptent la position dominante sur le sujet des unions homosexuelles.
Ainsi ce ne serait plus nous-même que l’Église devrait former ou faire évoluer vers le bien mais l'inverse !
Certains homosexuels vont jusqu'au bout de cette logique en quittant l’Église catholique pour intégrer l'église anglicane favorable aux unions entre même sexe par exemple, il s'agit de trouver l'église (celle-ci ressemblant vaguement dans ses rites à l’Église catholique) qui nous gênera le moins possible. Ce qui ne veut pas dire qu'avoir des tendances homosexuelles et vivre en Église soit facile.

DV


[ De PP à DV - Vivre en chrétien n'est facile pour personne ! ]

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Écrit par : Damien Vigourt / | 15/08/2012

PEDOPHILES

> J'ai lu cet article sur le site de Libé. J'ai également consulté les commentaires des internautes : très intéressant, d'une certaine façon, car cela montre la vision de l'Eglise qu'ont la majeure partie de nos contemporains (en substance : que ces c...rds fassent d'abord prier pour leurs curetons pédophiles).
F.


[ De PP à F. - L'horreur de la pédophilie est un handicap atroce pour le témoignage des chrétiens. Et pourtant ils doivent témoigner. C'est une croix ! ]

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Écrit par : Feld / | 15/08/2012

INFLUENCE

> Les lobbies "nouvelles moeurs" et leurs associés libéraux sont à la manoeuvre à propos de la prière de l'Assomption (surtout à propos de la quatrième intention de cette prière universelle). On mesure une fois de plus, mais on ne le savait que trop, leur influence démesurée, directe ou indirecte, dans les médias.
Il leur est cependant difficile cette fois de noyer le débat dans "la lutte contre toutes les discriminations" et la "traversalité des stigmatisations" (phrase entendue) car les immigrés et notamment les musulmans sont particulièrement hostiles à [...] de la société occidentale.
Que le Seigneur nous donne de croire nous-mêmes aux prières que nous lui adressons et de guetter dans les événements ses réponses et ses appels à l'action !
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Écrit par : B.H. / | 15/08/2012

DATE

> Hasard si le demande d'intercession de Mgr Vingt-Trois est prévue pour le 15 août, que nos cadres voulaient supprimer comme jour férié ?
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Écrit par : Gégé / | 15/08/2012

ON EST BIEN

> Là, on frise le grotesque :
http://www.liberation.fr/societe/2012/08/15/act-up-donne-sa-version-de-la-priere-universelle-pour-la-famille_839834
Entre Escada et ça...on est bien, tiens.
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Écrit par : Feld / | 15/08/2012

INDIVIDUALISME LIBERAL

> J'écoute une certaine Pedotti sur France inter; elle voit dans la prière remplie d'espoir que nous avons récitée en ce 15 août, un "repli identitaire"!
Donc... demander à Dieu qu'il fasse croître en nous la "solidarité", qu'il développe chez les dirigeants de notre pays le "sens du bien commun"; le prier pour que la "fidélité et la tendresse" règnent dans les familles, et que l'"aide" éducative et l'"amour" des parents l'emportent sur leurs égoïsmes destructeurs, c'est avoir une attitude identitaire!!!
Que fallait-il faire alors? prier Dieu pour que Sa Grâce se détourne des Français, que ceux-ci se complaisent d'avantage encore dans la division et le souci exclusif de soi? c'est hélas la logique finale à laquelle conduit l'individualisme libéral. D'où l'incapacité pour Mme Pedotti de comprendre l'esprit qui animait notre prière, de toute prière chrétienne en fait. Pour elle je le crains le monde se réduit à un match de boxe. Et les règles, s'il en reste quelques unes, sont celles du marché et de la rapacité des gouvernants.
Pourtant, Dieu est Agapê...
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Écrit par : Blaise Join-Lambert / | 15/08/2012

AU FOND

> J'ai eu l'occasion d'écouter la radio publique à plusieurs reprises ce matin, tout en vaquant à mes occupations chez moi. Des propos tenus à l'antenne, j'en ai conclu que la prière portait explicitement sur le mariage homosexuel.
Je me faisais la réflexion qu'une prière d'une telle force polémique ne pouvait qu'exciter la communauté homosexuelle, sans, probablement, avoir grande efficacité politique (encore que sur ce point, je ne sois pas un expert). Du reste, je me disais que, peut-être, l'intention de prière incriminée passait à côté d'un sujet plus grave, qui était celui de la dislocation de bien des familles. Enfin, je me demandais s'il ne valait mieux pas prier pour la conversion des coeurs au sein de tant de familles désunies (ou même parfaitement unies).
C'est à la messe de ce soir que j'ai eu la réponse à mes interrogations, en entendant le texte de la prière universelle, bien éloigné des élucubrations du matin.
Au fond, il est reproché à l'Église de continuer de tenir le discours qui est le sien depuis des années. Nul n'est obligé d'y adhérer, mais pourquoi lui en faire le reproche ?
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Écrit par : L. / | 15/08/2012

@ BH

> Justement, c'est la tactique de ce lobby: faire considérer les différences d'orientation sur le même plan que des différences de couleur de peau et assimiler "l'homophobie" au racisme.
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Écrit par : Pierre Huet / | 16/08/2012

LE DEBAT

> Très intéressé d'abord par le contexte historique du voeu de Louis XIII (1638). La guerre de Trente ans finira dix ans plus tard, puis ce sera le traité des Pyrénées (1659) qui consacrera la paix entre la France et les Habsbourg d'Espagne, avec ses clauses territoriales et matrimoniales (Mariage de Louis XIV et de Marie Thérèse d'Espagne le 9 juin 1660 à Saint-Jean-de-Luz - église somptueuse dédiée à Saint-Jean-Baptiste). Dans ce contexte, il est clair que la naissance d'un héritier de Louis XIII après 21 ans de mariage (1638) fut d'importance majeure, permettant à notre nation d'exister, après une sorte de guerre civile européenne et française (entre des princes et le roi de France). Tels furent les éléments concrets d'alors pour une forme particulière de pacification, qui eut son contexte et ses limites.
On notera aussi que la consécration à la Vierge, la construction des autels, la promulgation des fêtes fut d'initiative royale (on était déjà en plein gallicanisme avant les déclarations de 1682 attribuées à Bossuet).
Tout ceci est donc limité de bien des manières : par le contexte européen, par la forme de gouvernement en vigueur dans la France d'alors, par le jeu des relations entre la nation, l'Etat et l'Eglise à cette époque, par le caractère dévotionnel et public du catholicisme d'alors, etc.
Et pourtant, je pense que l'on touche ici à des réalités incontournables concernant le rapport des catholiques français à l'Eglise en et dans laquelle ils croient, à la nation à laquelle ils appartiennent, et aux pouvoirs publics s'exerçant légitimement aujourd'hui.
Je pense d'abord qu'un catholique ne peut se désintéresser de prier, rendant dans l'Eglise un culte à Dieu seul (à la fois unique et trinitaire) et s'adressant uniquement à lui dans la prière commune.
Je pense ensuite qu'un catholique ne peut se désintéresser des communautés naturelles auxquelles il appartient, qui relèvent à la fois de sa nature humaine sociale et de sa transmission culturelle dans des ensembles particuliers, à la fois identifiables et ouverts (la nation, pas le nationalisme).
Je crois que la prière renforce, à partir du lien à Dieu, le lien aux communautés humaines, pour y oeuvrer ensuite correctement, efficacement et généreusement.
Dans ce "correctement", il y a en particulier la question de la laïcité en général, dans notre pays, dans notre culture, plus particulièrement au regard de nos institutions politiques.
Enonçons le mieux possible quelques principes pour y voir plus clair :
1. Nous croyons en un Dieu créateur qui maintient dans l'être un monde qui ne se confond pas avec lui. Au commencement était la séparation, en conformité avec la Parole, entre Dieu et le monde, et entre les êtres du monde. Ce qui implique aussi la séparation entre les niveaux d'approches de la réalité et les degrés du savoir. Tout ceci pour une intelligence du réel et pour un fonctionnement relationnel sans mélange ni transgression ni violence. Au sommet de ce processus créateur "en séparation", la création de l'être humain séparé en homme et femme. Je ne vise ici ni les personnes, ni les tendances premières, ni d'abord les comportements consentis, mais la culture homosexuelle, à la fois ultralibérale et subjectiviste qui relève à mon sens, non seulement d'un mélange des genres, mais du genre du mélange associé à la négation redondante de l'idée de nature et à l'affirmation délirante de la liberté.
2. Les catholiques, à ma connaissance, sont invités par le dernier Concile à ne pas confondre leur appartenance à l'Eglise et leur appartenance à leurs diverses communautés humaines d'appartenance ; ce qui les amène à ne pas confondre ces communautés elles-mêmes, et à les appréhender dans leur consistance propre, leurs règles propres de fonctionnement, en conformité au dessein créateur du Dieu auquel ils croient comme membres de l'Eglise. Là encore, l'un n'est pas l'autre, même si tous viennent de la création divine selon leur mode propre et doivent rendre gloire à Dieu selon leur mode propre. Sur ces bases intellectuelles, je pense que l'objection des milieux intégrisants concernant la royauté universelle du Christ trouve ici une tout autre réponse.
A titre d'exemple, je demeure épaté par la définition du mariage sacramentel tel que dans le droit canonique de 1983 au n°1055. On y décrit le mariage sacramentel d'abord et seulement comme un acte humain, en référence au créateur et au fonctionnement propre de l'être humain selon sa nature. Dans un deuxième temps, on définit le mariage humain comme sacramentel en raison du baptême des contractants, et de l'élévation gracieuse qu'y apporte le Christ. Nulle trace de l'institution d'un mariage "religieux" différant du mariage tout court, ni de l'origine ecclésiale de l'institution du mariage, dans sa dimension naturelle ou dans sa dimension sacramentelle. Ce qui implique que la réalité du mariage des catholiques s'appréhende seulement selon la raison ou bien selon la foi et la raison, en raison de ses dimensions à la fois distinctes et inséparables. Et ceci fonde la possibilité pour les catholiques d'avoir une parole sur tout mariage et sur toute institution humaine -en particulier civile - en rapport avec le mariage humain, une parole fondée sur la seule raison.
3. Je pense que, vu de l'intérieur de l'Eglise, il est important de distinguer la communauté instituée en tant que telle - la communion hiérarchique - et les catholiques vivant en ce monde, qui ne sont pas la même chose, qui ne gèrent pas la même chose, et qui ne le font pas de la même façon. C'est ainsi que le laïcat est pensé comme étant de plein pied dans les réalités de ce monde créé et dans leur mise en oeuvre selon la raison. Les laïcs ont, je crois la grâce, d'entrer de plein pied dans le débat en décléricalisant ces questions, ce qui a une importance réelle en contexte français. C'est ainsi que, tout en me réjouissant de l'initiative spirituelle et parfaitement légitime du Cardinal de Paris, je considère que celle-ci appelle une action propre des laïcs, immédiatement situés dans ces débats, et mieux en place dans l'animation éthique de la société que dans une cléricalisation liturgique ou indûment hiérarchique au sein de l'Eglise.
4. L'Eglise ne fait pas la loi civile ni ne gère les affaires publiques mais est parfaitement fondée à dire ce qu'elle en pense ; on réclame même de sa part une parole dans certains domaines : c'est ainsi que l'on sens confusément que la loi civile et les décisions gouvernementales ne sont pas par essence indiscutables, alors même que le respect efficace des autorités légitimes est de mise. Il y a comme un sentiment que quelque transcendance doit perdurer par rapport à la loi positive, évitant que la démocratie républicaine française ne s'absolutise et ne devienne une sorte de religion séculière. Sans confondre les époques ni les gravités, on se souviendra de l'accession d'Hitler au pouvoir après une élection démocratique. La démocratie a besoin de se reposer sur autre chose de supérieur pour continuer à être viable ; ce quelque chose s'appelle l'intelligence du réel, l'appréhension et l'appétence du bien, l'usage correct de la raison.
5. Mettons les pieds dans le plat :
A quoi sert l'écologie politique si c'est pour dissoudre en même temps l'idée de nature humaine ?
A quoi sert l'instauration de la parité si c'est pour ranger le sexe dans l'appréhension subjective généralisée du genre ?
A quoi sert de sexualiser la fonction politique tout en désexualisant le mariage ?
A quoi sert la non-discrimination si c'est pour forcer les époux catholiques à entrer dans une vision pour eux inacceptable du mariage dans la pratique pénalement obligatoire du mariage civil ainsi repensé ? On n'est plus très loin du devoir d'objection de conscience.
A quoi sert tout cela si ce n'est pour éradiquer de façon frénétique, compulsive, désordonnée, en pleine conformité avec les dogmes des sociétés de pensée, les restes de culture catholique ayant façonné la culture d'une nation ?
A quoi sert cette fuite en avant sociétale si ce n'est pour se distraire des problèmes quotidiens des gens, de leurs inquiétudes, de leur insécurité quotidienne concernant leurs personnes, leur travail et leurs biens, en particulier pour les gens modestes ?
A quoi sert le politique qui, toutes couleurs confondues, ingurgite "usque ad nauseam" le logiciel ultra libéral économique, social, sociétal, qui déstructure les consciences et les peuples ?
A quoi sert une "émancipation des dogmes" qui se consomme à ciel ouvert en perte de la raison ?
6. L'Eglise ne peut qu'être modeste alors qu'elle doit témoigner; l'Eglise doit témoigner alors qu'elle ne peut qu'être modeste ; c'est ici la croix de ce que nous sommes, de ce que nous n'avons pas voulu être, sel de la terre et lumière du monde. C'est ici le contre témoignage brûlant dans les petites choses et dans les choses énormes, insoutenables, concernant les enfants et les jeunes. Tous n'ont pas failli de cette façon, mais tous sont comme réduits à la honte et au silence. L'Israël biblique avait déjà ce sens-là, et se relevait chaque fois par la contrition et la prière. Pour continuer à être pour le monde, tout en se sentant avec, et prononcer une Parole, celle de leur coeur devenu humble et celle d'un Autre, sans se payer de mots.

Père Christian


[ De PP au P. Christian - "A quoi sert l'écologie politique si c'est pour dissoudre en même temps l'idée de nature humaine ?" Vous avez tout à fait raison d eposer cette question. C'est un débat vif à l'intérieur même de l'écologie militante, entre les deux courants : le "libéral-libertaire" (EELV etc), et le courant radical antimalthusien ("La Décroissance"), qui pose la même question que vous au nom de la logique d'une écologie plénière. Il faut toujours rappeler ça aux catholiques-votant-à-droite, qui ne le savent pas ou ne veulent pas le savoir. ]

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Écrit par : Père Christian / | 16/08/2012

BON BUSINESS

> Christine Pedotti, que cite Blaise, fait partie de la Conférence catholique des Baptisé-e-s Francophones (rien que ça!). Elle prône une Eglise qui bouge, moderne, démocratique, sympa, en phase avec son temps, enfin libérée du poids de la hiérarchie et de la tradition. Par les temps qui courent, c'est un bon business.
J'avais entendu il y a quelques temps une interview de cette même personne en compagnie d'Anne Soupa. Toutes deux avançaient l'idée qu'il fallait réformer le mode d'organisation des conciles un peu sur le mode des Jeux Olympiques et dans un esprit démocratique : à date régulière et à chaque fois dans une ville différente. Peut-être, toujours sans rire, finiront-elles par proposer l'élection des papes par un vote des internautes du monde entier. Faut savoir vivre avec son temps, pas vrai?
Ce catholicisme, pompeusement appelé progressiste, n'est pas l'opposé du catholicisme intégriste. Finissons en avec cette illusion que les médias aiment à entretenir. Ils sont le revers de la même médaille : idolâtres de la tradition et idolâtres du changement, et fondamentalement imperméables au travail de la Grâce au coeur de notre Eglise, sainte et pécheresse.
Les uns comme les autres ne se laisseront jamais sauver par l'Eglise et par ce mystère de salut qui la portera jusqu'à la fin des temps. Ils sont les uns comme les autres convaincus de la haute mission qui est la leur : sauver l'Eglise.
Bref, deux modes de manifestation du sentiment de toute puissance infantile dans le domaine catholique.

SL


[ De PP à SL - Comme disait quelqu'un de cette mouvance : "c'est déjà pas drôle d'être catholique, si en plus il fallait croire aux dogmes..." ]

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Écrit par : Serge Lellouche / | 16/08/2012

CONFUSION DES ESPRITS AU QUEBEC AUSSI

> Je vous écris sur un autre sujet, veuillez me pardonner, je crois que cela vous intéressera car il vient d’éclater une controverse au Québec qui a tous les symptômes de la saga de l’an passé sur les pièces de théâtre en France. Il y a en ce moment chez nous une campagne électorale pour élire le prochain gouvernement provincial. Il y a deux jours (mardi le 14 août), le premier parti d’opposition, le Parti québécois (PQ), a proposé une « charte de la laïcité » visant à clarifier certaines règles quant à la question des accommodements de nature religieuse avec le public. Il est entre autres proposé que les fonctionnaires ne pourraient plus porter de signes religieux dans l’exercice de leurs fonctions. La porte-parole du PQ qui a présenté le projet en conférence de presse en compagnie de la chef du parti, Pauline Marois, est une intellectuelle d’origine algérienne nommée Djemila Benhabib. Celle-ci a émigré au Québec il y a quinze ans après avoir connu les années où le FIS faisait des ravages dans son pays. Lors de la conférence de presse, un journaliste lui a fait remarquer qu’elle s’était prononcée dans le passé en faveur du retrait d’un crucifix au-dessus du fauteuil du président de l’Assemblée nationale, qui y a été installé en 1936. Elle a mentionné qu’elle s’était exprimée à titre d’intellectuelle sur ce qu’elle estimait être une question de principe, mais qu’elle se ralliait à la position de son parti qui justifie le maintien du crucifix à partir de sa valeur « patrimoniale », une sorte d’hommage au passé. Le maire de la ville de Saguenay (autour de 100 000 de population) situé dans le nord du Québec s’en est pris violemment à Mme Benhabib le lendemain matin en utilisant des « arguments » franchement xénophobes (voir l’extrait édifiant qui suit, désolé il y a une publicité avant).
http://www.radio-canada.ca/sujet/elections-quebec-2012/2012/08/15/002-maire-tremblay-crucifix-benhabib.shtml
Le problème est que Monsieur Tremblay se dit lui-même être un fervent catholique, qui va à la messe tous les jours. Il se bat d’ailleurs devant les tribunaux pour pouvoir continuer à réciter une prière « chrétienne » avant les séances du conseil municipal. Mentionnons que si la région du Saguenay est socialement plutôt « conservatrice », la pratique religieuse n’y est pas vraiment plus forte que dans l’ensemble du Québec. Paradoxalement, c’est à Montréal que les églises sont les plus remplies à cause de l’immigration, notamment celle en provenance de l’Afrique et de l’Amérique latine.
Évidemment, pas besoin de vous expliquer le résultat catastrophique de l’opération dans l’opinion publique. La plupart condamnent le maire pour sa xénophobie à laquelle ils associent tout naturellement le catholicisme. Ceux qui défendent le maire parlent de son « courage » et de la défense de « nos valeurs » et de « notre héritage » alors que la majorité d’entre eux ne vont pas plus à l’église que la moyenne des Québécois c’est-à-dire très peu.
Il faudrait établir impérativement une saine distance quant à ce type de propos qui sont catastrophiques pour la « nouvelle évangélisation ».

FS


[ De PP à FS - Merci de ces informations. C'est le même problème qu'en France : la montée du laïcisme par peur de l'islamisme, d'un côté ; et, de l'autre côté, l'apparition de pseudo "défenseurs du catholicisme" qui n'ont pas la foi et qui confondent catholicisme et appartenance ethnique ; ce ne sont donc pas des chrétiens. Dans cette pagaille mentale, le rôle des évêques est de parler. ]
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Écrit par : François S. / | 17/08/2012

> Un porte-parole de l'Assemblée des évêques et un directeur des communications au diocèse de Québec se sont exprimés de façon critique sur Monsieur Tremblay:
http://tvanouvelles.ca/lcn/infos/regional/quebec/archives/2012/08/20120816-210022.html
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Écrit par : François S. / | 17/08/2012

PITOYABLE

> Pour confirmer le titre de votre article, j'ai un très bon ami qui fait partie des instances dirigeante d'une association de lutte contre l'homophobie, très engagée pour le mariage homosexuel. Il a été interviewé au sujet de la prière universelle par un média. En aparté, la journaliste lui a confié qu'elle couvrait ce sujet parce qu'ils n'avaient pas grand chose à se mettre sous la dent. Pitoyable...
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Écrit par : Gilles Texier / | 17/08/2012

@ François S et PP

> Bien sur ce Jean Tremblay a perdu une belle occasion peser ses mots  avant de parler, mais, vu d'ici en tout cas,  doit-on pour autant lui jeter la pierre? son exaspération n'est-elle pas compréhensible?
- Il faut prendre garde aux maladresses ou même aux pudeurs d'expression: parler d'identité dans un tel cas manifeste souvent l'attachement à ce que la vie publique fasse référence et même révérence au Christ
- Cette Mme Benhabib sonne partout  le tocsin sur le péril que représentent les concessions légales faites à l'Islamisme dans l'espace public (port du voile). Mais est-ce en faisant le vide dans ledit espace qu'on en restreindra l'avancée. Justement nombre de musulmans nous reprochent  cette laïcisation et nous méprisent pour cela.
-  Si elle est si intellectuelle, elle aurait pu comprendre que l'appartenance à un pays est plus qu'un acte administratif, et garder une certaine distance sur un point si affectif pour le peuple qui l'accueille.
- la stricte séparation entre   l'identité culturelle et la religion n'est-elle pas, au Québec, un produit récent de la Révolution tranquille? L'attachement à l'Eglise Catholique n'a-t-elle pas été un des points de résistance à l'assimilation par le conquérant, comme il l'a été en Irlande et en Pologne?
- Mais au Québec, c'est de l'intérieur de l'Eglise, par la recherche de modernité de certaines élites (ou prétendues telles) que s'est développé un courant d'émancipation tous azimuts, (voir 'Les origines catholiques de la Révolution tranquille', Michael Gauvreau, trad. Richard Dubois, Montréal, Fides, 2008.)  laquelle Révolution tranquille qui prétendait libérer le christianisme des encroûtements sociologique dans un contexte de conflits de génération et de mépris du catholicisme populaire (là-bas aussi!)  s'est accompagné d'une déchristianisation ultra-rapide. La modernité de l'Action Catholique puis des intellectuels catholiques serait donc une déroute pastorale majeure, doublée d'un échec culturel de même ampleur: l'américanisation consumériste de la Province.
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Écrit par : Pierre Huet / | 18/08/2012

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