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04/08/2012

Jean-Marie Vianney (objecteur de conscience, insoumis, déserteur, saint patron des curés de paroisse)

 conscrit-1810-depart.jpg

A l'origine de la destinée du saint curé d'Ars, cet épisode audacieux que l'imagerie conventionnelle a enfoui par la suite :




 

Extrait de sa biographie, tirée du livre de Mgr René Fourrey Le curé d'Ars authentique (L'Échelle de Jacob, 2009) :

 

<< La guerre d'Espagne réclame alors beaucoup de soldats et Jean-Marie est enrôlé en 1809. Les étudiants ecclésiastiques étaient exemptés du service militaire, mais il est possible que les vicaires généraux aient pensé que, vu la grande ignorance de Jean-Marie Vianney, le présenter comme étudiant aurait pu sembler frauduleux. Le conscrit déserte. Il existe de cette désertion deux versions, dont chacune a pour elle plusieurs témoins. Selon l'une, Jean-Marie Vianney, qui avait été malade et était encore convalescent, éprouva des difficultés à rejoindre son régiment, s'égara et, pour ne pas être puni comme déserteur, accepta la proposition d'un paysan de le cacher sous un faux nom, comme instituteur dans son village. Selon l'autre version, la désertion fut délibérée. Même les témoins qui présentent la désertion comme quasi-involontaire font état de la répugnance que la guerre d'Espagne inspirait à Vianney, qui, comme la plupart des catholiques, croyait cette guerre contraire à la volonté de Dieu. Il s'installe sous un faux nom au village des Noës et y donne des leçons aux enfants dans diverses familles. Le maire et le curé sont au courant de sa situation irrégulière et, d'ailleurs, ne craignent rien des habitants du village, qui, comme la plus grande partie de la population paysanne de la région, sont disposés à protéger les réfractaires. Quand, le 25 mars 1810, Napoléon signe un décret amnistiant les insoumis à condition qu'ils se mettent à la disposition des autorités départementales, Vianney, par une décision dont le caractère délibéré ne fait cette fois aucun doute, décide de rester déserteur. Les autorités impériales, qui refusent de croire que le père de Jean-Marie ignore la cachette du déserteur, lui infligent de lourdes amendes pour faire pression sur lui et finalement, le jeune frère de Jean-Marie accepte de servir à sa place contre une indemnité payée par le père. Il semble que le père ait tenu grief à Jean-Marie de sa conduite en cette affaire. >>

 

Cinq leçons à retenir de cette aventure :

- la vassalité politique du clergé concordataire envers le régime (« mes généraux, mes préfets, mes évêques », dixit Napoléon) ;

- la « répugnance » que la guerre d'Espagne inspirait à Jean-Marie Vianney (23 ans), comme à beaucoup d'autres catholiques, même si l'Eglise concordataire célébrait les vertus du régime ;

- la solidarité de tout le village autour du jeune insoumis ;

- la persévérance de celui-ci dans l'insoumission malgré la promesse d'amnistie impériale : c'était réellement de l'objection de conscience de sa part ;

- et la division causée dans la famille Vianney par l'attitude de Jean-Marie : celui-ci ne cède pas au conformisme (si « naturel ») de l'unité familiale, pas plus qu'il n'a cédé au conformisme (si « traditionnel ») de l'obéissance civique.

La mort de Jean-Marie Vianney sous les drapeaux aurait privé la Communion des saints du « patron de tous les curés de l'univers »*. Son insoumission-désertion est aussi un exemple : celui d'une conscience chrétienne droite, juge d'une guerre injuste.

 

 _________

* titre décerné par Pie XI en 1929.


 

Fig3.jpg

Murviedro, 1809 : exécution de moines par l'armée française.

 

Commentaires

LA MÊME CONNAISSANCE

> vêpres de ce soir :
"Tu as donné à ton Eglise des pasteurs animés de l'esprit de l'Evangile
- accorde à ton peuple la même connaissance et le même courage."
______

Écrit par : sèlah / | 04/08/2012

IMITEZ

> "Souvenez-vous de ceux qui vous ont dirigés : ils vous ont annoncé la parole de Dieu. Méditez sur l'aboutissement de la vie qu'ils ont menée, et imitez leur foi. Jésus Christ, hier et aujourd'hui, est le même, il l'est pour l'éternité. Ne vous laissez pas égarer par toutes sortes de doctrines étrangères." (lettre aux Hébreux 13, 7-9).
______

Écrit par : kleinehand / | 04/08/2012

L'OEUVRE DE DIEU

"Heureux ceux que Dieu a placés
dans une terre à travailler
en y tenant une espérance !
L'oeuvre de Dieu n'est pas finie :
au long des jours, au long des nuits
Il fait lever dans le silence
l'Arbre aux oiseaux, l'Homme Jésus
pour que son Règne soit connu.

Heureux ceux que Dieu fait briller
aux yeux des foules sans berger
pour les gagner à sa confiance !
Dans l'univers plus fraternel
ils sont le feu, ils sont le sel
Dieu les rappelle à son Alliance :
ses volontés sont accomplies
quand tout devient eucharistie.

Dieu fort à qui tout appartient
le monde et tout ce qu'il contient
donne à ce temps de rendre grâce. "
______

Écrit par : sèlah / | 04/08/2012

SIMPLEMENT

> Si je comprends bien, la biographie de Mgr Trochu qui est souvent présentée comme l'ouvrage incontournable sur le Saint curé, obéit servilement aux idées reçues de son temps. Alors, il vaudrait mieux lire la biographie que vous indiquez.

B.


[ De PP à B. - J'ai mis simplement ces informations historiques à votre disposition. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Bernard / | 05/08/2012

JE NE PENSE PAS

> Je ne pense pas que St JM Vianney soit pour autant le précurseur des babas-cools, ni que son objection de conscience soit un élément déterminant de son chemin vers le Ciel.
La question est complexe : la guerre d'Espagne n'était pas une guerre juste assurément, mais déserter est toujours délicat car cela suppose de laisser les autre se faire tuer à sa place...
C'est cornélien...
CC


[ De PP à CC - Ce n'était pas cornélien pour les paysans du Lyonnais qui appelaient Napoléon "le Tue-Hommes", et qui se soustrayaient en masse à la conscription ! Exactement ce que firent les paysans vendéens en 1793 : le déclencheur de l'insurrection fut la levée de trois cent mille hommes, et les jeunes ont déserté en foule au chant du Vexilla Regis. Refuser la guerre est un devoir dans certains cas. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Clément Cassiens / | 07/08/2012

INJUSTE

> Guerre injuste au plan moral et inutile au plan politique puisque l'Espagne était avant l'invasion française notre alliée (avec son aide, nous venions juste de "bouffer" le Portugal, ce que les Espagnols ont soigneusement "oublié")
Comme les choses sont rarement simples rappelons que la famille royale espagnole n'était pas "très intéressante" au plan moral : Ferdinand VII présenté comme le roi dieudonné par l'historiographie espagnole, avait renversé son propre père, Charles IV avec lequel Napoléon s'était partagé le Portugal... pas très joli tout ça.
ça n'enlève rien au fait que nous n'avions rien à faire en Espagne

Il y a un réel mépris pour l'Espagne chez Napoléon qui était un digne enfant des Lumières, imprégné du mépris de Voltaire pour ce pays.
Voltaire ne cessait d'attaquer Espagne et Portugal, présentés comme des pays attardés mentalement, comme un biais pour attaquer l'Eglise (disons au passage qu'il a fait la même chose pour les Juifs au point que plusieurs des ses écrits tomberaient aujourd'hui sous le coup de la loi)

Napoléon a fait la guerre à toute l'Europe et c'était fatal dès l'instant où dans le serment du sacre il a juré de protéger les conquêtes de la Révolution.
Comme ces conquêtes étaient territoriales et en plus idéologiques : la France va libérer le monde, la révolution était intrinsèquement belliqueuse.

On en peut pas glorifier la Révolution et condamner les guerres que son idéologie la condamnait à mener, ce que refusent de comprendre le srédacteurs des manuels d'histoire.

"les volontaires" de 1792 ? un invention pure et simple sauf ds les département frontaliers.
______

Écrit par : zorglub / | 20/08/2012

Les commentaires sont fermés.