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22/05/2012

Crise du catholicisme en France : oui, elle est radicale. Mais qu'on ne se trompe pas de diagnostic !

 catholiques,christianisme

Réflexions autour de l'enquête du Point :



 

 

http://www.lepoint.fr/societe/catholiques-de-l-allier-l-operation-verite-qui-fait-mal

 

« Cinq cent mille euros de déficit en 2015, diminution des fidèles de 40 à 50 % dans les 15 ans à venir et seulement 2,2 % de la population qui fréquente l'Église... » Résultats d'une enquête réalisée les 1er et 2 octobre 2011 dans le diocèse de Moulins (Allier), à l'initiative de l'évêque, Mgr Pascal Roland.

Le constat est le même que dans de nombreuses autres régions : les fidèles vieillissent, les prêtres se raréfient, etc.

Pourquoi ? et que doit faire l'Eglise catholique ?

« Le renouvellement de l'Église vit une rupture dans la transmission », constate Mgr Roland. Ce n'est qu'une partie du diagnostic. (On espère que l'évêque a ajouté l'autre explication, et dans ce cas on regretterait que la journaliste du Point ne l'ait pas retenue).

En effet, qu'appelle-t-on « rupture dans la transmission » ? Selon certains, transmission et tradition étant synonymes, la désertification catholique dans l'Hexagone ne s'expliquerait que par la crise des années 1970-1980 : c'est-à-dire, 1. la nouvelle liturgie, 2. le coma de la catéchèse. L'explication 1 est une illusion des « tradis ». Mais la cause 2 a joué (cf. les deux admonestations du cardinal Ratzinger en 1983 au sujet de la catéchèse française) : aligner l'enseignement de la foi sur les utopies de la pédagogie spontanéiste, c'était fabriquer une génération de catholiques ignorant le christianisme. Une grande partie de cette génération fait défaut aujourd'hui.

Cependant il y a autre chose. La situation actuelle s'explique aussi par un phénomène de société.

Ce phénomène est l'allergie au judéo-christianisme, dans une société européenne dont les comportements sont formatés en profondeur par la « vision de la vie » matérialiste mercantile : une vision produite par notre système économique.

De cette vision matérialiste mercantile, les catholiques ne sont pas indemnes (y compris les « classiques » dont les si belles paroisses sont loin de donner autant de vocations qu'on le dit) ; l'homme ressemble plus à son temps qu'à son père, et cela joue un rôle dans la désertification des diocèses.

Mais le matérialisme mercantile imprègne aussi les masses : et c'est le problème de la « nouvelle évangélisation ». Comment intéresser à la foi chrétienne des interlocuteurs nourris dans l'idée que « les monothéismes » (surtout le christianisme) ne sont que des tue-l'amour professés par des peine-à-jouir ? Comment ouvrir à l'idée du Salut des gens certains de n'en avoir aucun besoin ?

Là est l'obstacle. Et là seulement. Les catholiques doivent le franchir, s'ils veulent aider leurs frères non croyants à changer de vision de la vie : tâche qui aidera aussi le catholicisme français, non à « survivre », encore moins à se « restaurer », mais à se réinventer à travers l'Evangile.

Pour s'engager dans cette voie, encore faut-il que les catholiques français ne prennent pas de faux-fuyants. Le « remède à la crise » serait dans « une meilleure formation des fidèles », lit-on ici et là. C'est exact. Mais « formation » à quoi ? Quand les journaux et les blogs traditionalistes (imités de plus en plus par les « classiques ») parlent de « formation », ça ne débouche que sur le rabâchage des fausses vérités poussiéreuses de la Cité catholique des années 1960. Ou sur de laborieuses dissertations où l'on justifie le néolibéralisme par la scolastique médiévale... Mais ça débouche rarement sur l'étude des documents pontificaux récents ; et ça ne débouche jamais sur celle des documents épiscopaux français : par exemple Grandir dans la crise (2011), ou Enjeux et défis écologiques pour l'avenir (2012). Dans ces conditions, « se former » signifie se saturer l'esprit de fables du XIXe siècle : ce qui n'est pas la meilleure façon de comprendre le XXIe  – ni d'intéresser les gens d'aujourd'hui.

Oui, la formation est une priorité. Mais une formation véritablement chrétienne, c'est-à-dire spirituelle (l'Evangile) et tirant de l'Evangile les leçons qui s'imposent quant à la dignité de la personne et à la justice sociale : donc au changement de société. Donc à la mise en cause du système économique... Benoît XVI et les évêques français y appellent ; trop de catholiques français restent sourds à ces appels, ou font semblant de comprendre autre chose1; cette surdité est un scandale et une entrave à l'évangélisation. L'homme est le chemin de l'Eglise, dit Rome ! On ne touche le coeur de l'homme que si l'on partage ses soucis et ses angoisses, spécialement s'il croyait (on le lui a fait croire) que « les monothéistes » ne comprennent rien à l'humain. La première disposition chrétienne est l'empathie envers chacun2; la deuxième est l'audace et la liberté d'esprit, notamment vis-à-vis des conformismes de classe. C'est ainsi que les catholiques viendront « au contact des populations », comme dit le porte-parole du diocèse de Moulins. Le catholicisme social est inséparable de l'évangélisation : voilà la formation qu'il faut donner à tous.

 

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1. En 2012 on annonce encore des réunions (à la mode d'il y a dix ans) où de pieux néolibéraux viendront « donner des enseignements »... comme si les cruautés économiques et sociales étaient solubles dans le vocabulaire. Organisateurs : des congrégations ou des mouvements de laïcs, visiblement branchés sur autre chose que le Magistère.

2. L'empathie est l'inverse du sectarisme.


 

catholiques,christianisme

Cercle de "formation".

(Version "la France est chrétienne et le restera").

 

Commentaires

L'INVASION DU MERCANTILE

> Très bonne analyse. On pourrait la prolonger en voyant, dans le matérialisme mercantile un facteur quasiment unique jouant dans l'ensemble des questions citées et des autres :
1. La liturgie utilitaire au service des émotions à produire et d'un narcissisme à conforter, aux antipodes de la réforme de Vatican II : une liturgie mercantile.
2. La catéchèse faussement pédagogique coupée d'un enseignement réel des contenus dans leur organicité et leur déploiement historique : une catéchèse mercantile.
3. L'acte pastoral conçu comme une offre répondant à la demande du moment, dans un contexte de séduction : une pastorale mercantile.
4. L'ecclésiologie pratique de type associatif se nourrissant de la désacralisation puis de la transgression des rôles pour mieux en assurer la reconstruction sur un modèle fonctionnel et gratifiant, notamment pour des acteurs en manque de reconnaissance sociale : une ecclésiologie mercantile.
5. Le passage à une religion séculière réinvestissant le sacré dans les "valeurs" et refondant la pertinence des éléments religieux en rapport à cette seule dimension : une religion mercantile adogmatique, sorte d'idiot utile des sociétés de pensée libérale et autosuffisante.
J'en passe et des meilleures, en ce qui concerne la dissolution religieuse interne à une Eglise çà et là en processus temporaire d'insignifiance.
Mais - et c'est là un autre point de vue - il me semble que ce matérialisme mercantile de caractère transversal se nourrit d'autre chose, se fonde sur autre chose. Si l'empathie (être dans la souffrance de l'autre) est nécessaire, elle ne suffit pas. La relation n'est pas faite de fusion et de confusion, mais d'alliance. Il est tout autant nécessaire de signifier l'altérité, la spécificité, la distance, pour fonder la communauté. J'en veux pour preuve le grand récit de Gn 1, qui est traversé de part en part par le principe de séparation (et de la Loi), alors qu'il s'agit de relater l'émergence du monde, un monde jaillissant de Dieu, situé non pas en confusion mais en alliance avec lui et en alliance interne au monde des êtres. Or, si quelque chose ne permet pas la reconnaissance de l'altérité - celle des autres, celle de Dieu - c'est bien la tyrannie des pulsions et le narcissisme totalitaire. Exactement ce qui va de pair avec le matérialisme mercantile. De cela, nous avons besoin d'être sauvés, et d'abord par la grâce de la Loi nouvelle ; ainsi, nous pouvons retrouver davantage la maîtrise, la relation sociale juste, et la vitalité de l'Eglise dans cette conversion humaine et d'abord spirituelle ; celle qui fait que nous sommes rendus à notre capacité de parler aux autres hommes du fait même que nous sommes simplement et humblement redevenus nous-mêmes, n'étant membres ni d'une secte, ni d'une chose molle singeant l'uniformité, et vivant à la colle avec l'air du temps. La "Lettre à Diognète" est à mon sens d'une actualité brûlante. Merci encore pour ce débat.
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Écrit par : Père Christian / | 22/05/2012

LES FIDÈLES SONT AILLEURS

> Il me semble que notre façon de comprendre et de vivre « la crise du catholicisme » est symptomatique de la crise elle-même.
De la même façon qu'un trader fixé sur les fluctuations des valeurs boursières, nous scrutons avec une angoisse enfiévrée l'évolution des courbes, avec effroi leur déclin qui nous mènerait à notre perte : celle du nombre de fidèles dans les églises, les courbes comparées du nombre de « croyants » et de « pratiquants », la courbe du déficit financier appréhendée à la façon d'un premier ministre rendant des comptes à Bruxelles, l'impératif de « retourner au contact des populations» affiché avec le même langage qu'un vieux dignitaire du PS, la mise en place d'une « équipe prospective » chargée de « faire des propositions ». On pourrait peut-être demander à Jacques Attali ? « Restaurer l'espérance et la croissance du nombre des fidèles ». Monseigneur, voici mon rapport...
Nous ne crevons pas de nos pertes financières ou du nombre de fidèles « perdus », nous crevons d'avoir à ce point épousé le langage et les réflexes défensifs du monde, d'être habités par la peur mortifère du lendemain, par l'obsession du déclin et du rabaissement. Nous crevons de notre normalité, de notre soif de respectabilité, de notre défense acharnée de ce qui reste de notre pré-carré « à nous ». Nous n'avons plus rien à donner à force de ne plus rien accueillir. Crise du catholicisme = crise de la foi. En France plus qu'ailleurs, le monde catholique est devenu le continent de la peur. Peur de tout.
Les « fidèles » sont ailleurs, du côté des « canards boiteux » de tout poil, qui n'ont plus grand chose à perdre ni à compter, suffisamment bas, indignes et mal-propres, pour accueillir le cœur ouvert les torrents de grâces providentielles promis à tout ceux qui se reconnaissent petits.
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Écrit par : Serge Lellouche / | 22/05/2012

CONSUMERISME SACRAMENTEL ?

> Pour aller dans le sens du Père Christian, j'ai commencé, il y a peu, à sérieusement me poser la question de la responsabilité de l'Eglise elle-même (nous et notre clergé, en somme) dans cette crise de mercantilisme. Et si je crois comme PP qu'il faut plus de formation des fidèles, c'est parce que je crois qu'on ne peut pas être baptisé sans une vraie éducation à la vie sacramentelle (sauf incarnation de la vocation baptismale contrainte et forcée, comme dans le cas des martyrs), qu'on ne peut pas recevoir le sacrement du mariage sans s'engager dans une vie conjugale de nature sacramentelle, idem pour l'eucharistie, etc...
Et comme on ne peut pas attendre, de fait, de tous les baptisés qu'ils soient ainsi engagés dans le témoignage de foi, ou de tous les couples ayant reçu le sacrement de mariage qu'ils soient dans le témoignage de la réalité sacramentelle du mariage, ... Je crois que la première chose à faire, c'est que l'Eglise arrête l'hémorragie qui consiste à brader les sacrements de l'initiation et de la vie chrétienne.
Comme tout le monde, je suis très touché quand dans notre communauté nous accueillons les enfants pour leur première communion, ou quand nous accueillons des familles qui font baptiser leur nouveau-né. Mais de la même manière qu'on n'ordonne pas un prêtre à la naissance en espérant qu'il se consacre bien à la prêtrise plus tard, aujourd'hui dans le contexte actuel de notre société, je crois que ça n'a plus de sens de baptiser des enfants dont la vie n'est pas consacrée au témoignage de la foi ou au martyre, ni de marier des couples quand on sait, de l'aveu même des prêtres, qu'au moins 50% des mariages ne sont pas sacramentellement valides.
Comme je l'écrivais récemment, continuer de justifier le baptême ou la communion des jeunes enfants à peine formés, en s'appuyant sur le récit du baptême de la famille du centurion Corneille, ça n'a du sens que dans les familles qui se convertissent aujourd'hui au catholicisme au péril de leur vie. Parce qu'alors seulement, il y a de fait un témoignage de foi, au sens fort. La vocation baptismale est une vocation au témoignage. Etre baptisé, c'est rendre compte de notre Espérance, c'est être des témoins de la foi en Jésus Christ. Et ça ne s'arrête pas à la sortie de la célébration du baptême.
Je crois que cette grande braderie des sacrements, en particulier le baptême, l'eucharistie et le mariage, est une catastrophe spirituelle et a peut-être trop largement contribué à la sécularisation ou encore à cette ruine du mariage que nous ne cessons de pointer du doigt. Oui, il y a une espèce de consumérisme, et je crois qu'il a commencé en tout premier lieu son infestation géante, sa pandémie même, en s'attaquant à la source : les sacrements.
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Écrit par : Pneumatis / | 22/05/2012

UNE PROFONDE CRISE DE LA FOI

> Je crois que le Pape a vu juste en nous proposant une Année de la Foi : la crise du catholicisme chez nous est une profonde crise de la foi. Dans ce creux, le matérialisme mercantile a pu prendre une place de choix : il flatte nos pulsions, nos émotions, nous fait miroiter la liberté de pouvoir recréer le monde selon nos désirs et à notre mesure. Au contraire, la foi est une adhésion de l’être à un Autre, et implique sans cesse de se quitter soi-même pour entrer dans sa volonté, son désir, qui est vie et liberté pour chacun. La sequela christi est exigeante, mais elle seule nous conduit à la Vie. Et cette foi a un contenu bien précis et objectif, qui empêche nos petits arrangements avec notre conscience et avec la vérité. Voilà où mènent une vraie catéchèse et une véritable liturgie, dans laquelle le silence, la beauté des chants, des gestes, des objets, nous tournent intérieurement vers Celui qui vient et se donne à nous. Mais on a fait de la catéchèse une chose insipide et mièvre, ne cherchant plus à transmettre la foi. Et de la liturgie un bazar bruyant, au cours de laquelle on veut écouter des chants qui flattent nos émotions religieuses. Ou alors, des cérémonies cérébrales où l’on réduit la foi à de l’intellectualisme desséchant. Or ce n’est pas anodin : cela conduit les croyants à devenir « accro » à la stimulation émotionnelle si bien dispensée par le matérialisme mercantile, et à ne voir dans la foi qu’une posture intellectuelle qui en fait ne saisit pas le fond de l’être.
Oui, la formation est nécessaire. Mais quelle formation ? Celle des apôtres : vivre avec le Christ au quotidien, recueillir sa Parole en nos cœurs pour s’en nourrir. Ceci afin de pouvoir chaque jour aller vers notre monde, vers les hommes, pour les accueillir et écouter leur misère (elle est profonde et générale me disait un prêtre) et leur annoncer l’Espérance et la Miséricorde qui nous viennent du Christ. Les gens croient ne pas avoir besoin de salut ? Non, les gens ne croient plus au salut : ils sont désespérés et ne croient plus qu’un salut existe et soit possible. Leur solution : le suicide (il y en a tellement !) ou la fuite dans les plaisirs éphémères. Le monde a tellement besoin de bons samaritains qui recueillent les hommes blessés sur le bord de la route, qui pansent leurs plaies, et qui les conduisent à l’auberge !
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Écrit par : Pema / | 22/05/2012

ESPERANCE

> Merci à Serge Lellouche de rappeler l'existence des "torrents de grâces providentielles". Ce commentaire vient à point pour éclairer un article réaliste mais trop sombre de PP (PP : on dirait que vous faites trop attention à ce qui ne va pas, en ce moment. Certes, à vue d'homme, peu de raisons d'espérer, mais le Christ est au milieu de nous et ça change tout ! )
Personnellement, j'ai une trentaine d'années, des enfants, j'habite à la campagne. Je SAIS que dans quelques années, il me faudra faire beaucoup de km (à cheval, en vélo ? le prix du pétrole sera sans doute prohibitif !) pour aller à la messe ou voir un prêtre. Pour le caté, la vie communautaire, ça va être galère.
Mais enfin, nous ne serons ni les premiers, ni les derniers à devoir vivre chrétiennement avec peu de prêtres, peu d'écoles catho, pas de belles salles paroissiales, etc etc... Je sens bien qu'en famille nous réinventerons ces gestes que des millions de chrétiens ont accompli dans le monde et à travers les siècles : bénédicités et autres bénédictions, prière familliale, soutien matériel accru à l'Eglise etc...
Nous sommes aux pieds de la Croix. Notre Maître est défiguré, rejeté, honni. Nous allons devoir nous cacher, cacher jusqu'à notre deuil. Mais n'oublions pas que nous croyons en un Dieu mort ... et ressuscité ! Alleluia !
D.


[ De PP à D. - Navré de vous donner l'impression de trop regarder ce qui ne va pas : mon travail est journalistique, c'est-à-dire indexé sur l'actualité. Ce n'est pas moi qui choisis ce qui se passe, et l'on ne doit pas fermer les yeux sur les situations pénibles... Que le Christ soit au milieu de nous ne nous épargne pas les réalités : Il était au milieu des martyrs du Colisée et ça ne supprimait pas les lions. Pour le chrétien, ce qui compte est d'être disponible à l'Espérance : pas de se donner de faux espoirs contre toute évidence. Même inconfortable, le réalisme est plus constructif que les paradis artificiels. ]

réponse au commentaire

Écrit par : dgeni / | 22/05/2012

FUITE

> Bien d'accord avec vous : ces appels continus à "se former" de manière intransitive sont hélas une pauvre façon de masquer la fuite des chrétiens hors du monde et de l'intelligence.
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Écrit par : JG / | 22/05/2012

à dgeni

> Il me semble que le dernier paragraphe de l'article de PP donne des pistes positives ?
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Écrit par : nati / | 22/05/2012

SOMBRE ?

> Sombre note, sombres commentaires... auxquels la vraie réponse était publiée il y a deux jours...ici même. Donner envie!
Certes, il faut des indignations, des condamnations, et des saintes colères. Mais ne faut-il pas d’abord des rencontres d’amitié montrant des chrétiens heureux de l’être et de se retrouver à prier, méditer et même se récréer ensemble?
Il a été courant, banal même, de reprocher à des générations précédentes de catholiques de ne plus voir qu’un péché : le sexe, et d’être d’ennuyeux pisse-froid. Il y avait du vrai, et cela a amorcé l’hémorragie.
Ensuite est venue une autre génération pour laquelle le péché contre l’esprit avait changé, c’était de ne pas croire au Progrès, mais ils étaient d’aussi tristes figures. Continuation de l’hémorragie. Et cette Foi quasi religieuse dans le Progrès (on a même parlé de mystique du développement !), aspect de la crise des années 70-80 trop peu relevé par les journalistes, relayée par des mouvements catholiques s’est atténuée mais prolonge ses dégâts de nos jours, en particulier dans les campagnes, comme l’Allier, ou elle a aidé à soumettre la paysannerie à l’esclavage productiviste.
Pendant ce temps, les mouvements traditionalistes recrutaient. Pourquoi ? Justement, leurs membres étaient heureux d’être ensemble, la liturgie était belle, davantage parce qu’elle y était soignée qu’ancienne, on y venait en famille, il y avait des mariages, des naissances…Bref : la vie. Certes, on y critiquait l’action de la hiérarchie mais cela arrivait aussi (pas dans le même sens) dans des paroisses, des mouvements, des journaux ayant pignon sur rue.
Aussi est-il indispensable d’avoir la sobriété joyeuse et la décroissance sinon heureuse, au moins sereine sous peine d’être perçus comme une nouvelle génération de doctrinaires.
De nos jours, des paroisses revivent. Ici, il y a plusieurs baptêmes d’adultes par an et bien davantage de recommençants de vingt à quatre-vingts ans. Il y a des « bourgeois » mais pas seulement et on y est obsédé par aucune théorie économique. On y partage la Foi, on s’entre-aide.
Il n’y a pas qu’aux éclopés de la solitude, des séparations, des deuils que cela donne envie de venir ou revenir : mariages et baptêmes auxquels nos prêtres surchargés se dévouent à préparer leurs paroissiens, sont des occasions fécondes d’approfondissement. Ensuite, mais ensuite seulement, les chrétiens revigorés peuvent refaire le monde, ce qui est indispensable, mais ne doit pas se faire sans conversion, sinon, ce n’est que de la révolution et du sang.

PH


[ De PP à PH :
1- Parfaitement d'accord. Sauf sur la description idyllique des groupes tradis : je les ai connus autant que vous... et ça explique ce que j'en dis.
2 - Le sombre, comme la lumière, font partie de la vie qui est faite de contrastes et d'alternances. Ne vouloir que de l'ensoleillé, c'est fabriquer un ghetto d'utopie. On sait comment ça finit, et ceci nous ramène au point 1.
3 - La note qui vous choque ne prône aucune "sainte colère". Elle recommande une formation ouverte sur le social et sur les réalités humaines. Si vous trouvez ça sombre, je m'inquiète ! ]

réponse au commentaire

Écrit par : Pierre Huet / | 22/05/2012

EMPATHIE

> "La première disposition chrétienne est l'empathie envers chacun ; la deuxième est l'audace et la liberté d'esprit, notamment vis-à-vis des conformismes de classe."
OUI
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Écrit par : Christine / | 22/05/2012

NE PAS CONFONDRE

La "Cité catholique", c'est aussi un excellent forum tenu par des gens fidèles au Magistère. Que vos lecteurs ne la confondent pas avec celle que vous citez, et qui n'ont de commun que le nom !

T.

[ De PP à T. - Merci de le préciser. C'est en effet une homonymie fâcheuse, quoique rétrospective. ]
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Écrit par : Théophile / | 22/05/2012

REFLEXIONS

> bonsoir,
Je tombe par hasard sur votre site, et je me permets quelques réflexions,ayant l'impression que la parole est plutôt libre ici.
Premièrement, je me présente: je suis baptisé, communié, confirmé, et je n'ai pas mis les pieds dans une église depuis longtemps, hormis à des fins touristiques. Je me suis marié à l'église pour faire plaisir à ma belle-famille, mais avec l'impression de me livrer à quelque chose de pas trés bien, un simulacre. raison pour laquelle je n'ai pas voulu faire jouer une comédie à mes enfants.
pourquoi intervenir ici? Je ne sais pas vraiment, juste peut-être l'envie d'apporter un témoignage, une perception.
Je n'ai jamais été touché par la foi chrétienne, pourtant je sens une forte spiritualité. Je crois à des choses comme la providence, l'immortalité de l'âme, la puissance de l'énergie collective, ce moment où comme le disait Kant ce que nous maîtrisons et ce que nous ne maîtrisons pas vont dans le même sens.
Je pense comme beaucoup d'entre vous que notre monde éprouve un très fort besoin de spiritualité, et je le sens et le vois en mesurant l'ampleur de l'incrédulité de tout un chacun vis à vis de tout mouvement qui dépasse sa propre personne. Finalement peu croient encore à la possibilité d'autre chose, et peut-être même d'autrui. D'où à mon sens les mouvements de repli sur l'existant que l'on constate un peu partout. comme un reflux massif de l'énergie spirituelle.
Les causes? La fin des idéologies, qui ont démontré l'inefficacité des dogmes prétendant transformer le réel selon une idée pure. En fait des carcans étouffants pour l'humain, dans toute sa diversité. voilà pourquoi à mon sens une religion ne peut plus prėtendre s'inscrire en opposition frontale au réel tel qu'il est. au contraire, les religions feraient je pense oeuvre plus utile à tenter de relever partout où elle se trouve la spiritualité, cette présence de l'esprit, et à mon avis cette présence de l'amour. Cette vibration amoureuse qui nous saisit, nous rassemble. Ce quelque chose qui fait que malgré toutes les haines, les divisions, les êtres humains se retrouvent en harmonie, en communion oserais-je dire. voilà pour le moment...
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Écrit par : egmont Labadie / | 22/05/2012

LES IMMIGRANTS

> Concernant l'engagement social des chrétiens, voilà qu'un collectif de 18 associations chrétiennes publie un document important sur la question de l'immigration sous le titre: "A la rencontre du frère venu d'ailleurs".
Le journal LA VIE en fait une présentation sous la forme d'une interview avec François SOULAGE, Président du Secours Catholique et co-auteur du document. Je me permets de citer ce passage où Pierre SOULAGE s'exprime sur le rôle spécifique des chrétiens: "Il ne suffit pas de célébrer. Nos communautés chrétiennes ont le devoir impératif d'être accueillantes à ces personnes issues de l'immigration. Est-on capable de les intégrer et d'être un exemple pour la société française ? Est-on capable de dialoguer avec les autres religions ? Est-on capable de nous ouvrir à d'autres cultures et à d'autres formes de pratiques religieuses ? Nos communautés devraient être à la pointe du dialogue et de la diversité. Or, dans nos églises, les immigrés sont souvent au dernier rang. Si nos paroisses se resserrent sur le noyau dur du chrétien blanc de peau, petit-bourgeois, la société française n'évoluera pas."
http://www.lavie.fr/actualite/economie/francois-soulage-etre-chretien-c-est-refuser-les-murs-22-05-2012-27777_6.php
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Écrit par : Arnaud Le Bour / | 22/05/2012

@ PP

> Précisons: certains groupes tradis avaient mieux commencé qu'ils n'ont fini, c'est pourquoi ils recrutaient quand les paroisses étaient dans un délire dont vous avez connaissance mais que vous n'avez pas vécu, et c'est différent, vous étant éloigné de l'Eglise à cette triste période.
Ce que je trouve excessivement sombre, c'est la représentation des catholiques actuels. Ceux que je connais ne sont pas si ignares des réalités que vous le pensez et la pastorale ne me donne pas l'impression de mercantilisme que dénonce le Père Christian et d'autres intervenants. Cette différence de perception vient peut-être de la fréquentation de milieux différents ?

PH


[ De PP à PH
- Mais si : c'est en voyant ce qui se passait dans ces paroisses (1968-1970) que je m'étais éloigné de l'Eglise, avec cette idée fausse mais caractéristique de la génération de droite de 1968 (qui lisait Nietzsche alors qu'Onfray n'avait que dix ans) : "une telle décadence est un retour du catholicisme à ses origines."
- Lors de mon retour au catholicisme, c'est en voyant ce qui germait dans les milieux traditionalistes (1985) que je m'en suis rapidement éloigné. En 1986 j'étais à Paray. En 1988
je publiais des articles contre les sacres schismatiques d'Ecône dans Le Figaro Magazine.
En 1990 je critiquais la mainmise du FN sur le pèlerinage de Chartres. Etc... Vieilles histoires déjà. Ma "ligne" présente ne date pas d'hier, contrairement à ce que croient les ultras !
- Je ne présente pas les catholiques actuels de façon "excessivement sombre". Je dis qu'une grande partie de la génération qui n'a pas été bien catéchisée fait défaut aujourd'hui, ce qui est sociologiquement indiscutable ; et je dis que les catholiques ne sont "pas indemnes" de la vision matérialiste mercantile, ce qui explique le manque de vocations y compris dans les milieux pratiquants. (Ou alors ce manque devient inexplicable). Ensuite je me permets de suggérer qu'en donnant une véritable "formation" on répondrait aux besoins de l'avenir : ce qui ne me paraît pas être une vue "sombre" des choses ? ]

réponse au commentaire

Écrit par : Pierre Huet / | 22/05/2012

@ Arnaud Le Bour

> Venez dans le Val d'Oise, vous y verrez une autre réalité que celle que vous décrivez.
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Écrit par : Pierre Huet / | 22/05/2012

HERITAGES

> Et si l'église payait seulement son passé? Depuis l'empereur Constantin, la hiérarchie catholique a toujours été l'alliée des puissants au pouvoir, sacrant un empereur, aidant un roi de droit divin , soutenant des sanglantes dictatures sud-américaines elle a aussi, pendant très longtemps, mal géré les multiples crises de la pédophilie, préférant préserver l'institution à se ranger du coté des victimes (à chaque crise sa vague de débaptisation). Quand le pape tend la main aux "traditionnistes", "leféveriste" et autres mouvances "dures", comprenant mgr Williamson, n'est ce pas un message qui peut aussi éloigner des gens? Comment voulez vous que le peuple oublie tout ceci? Vous dénoncez le matérialisme mercantile mais le pays ou l'argent est roi et le capitalisme une éducation fondatrice est aussi la contrée de dieu ou le christianisme domine largement les esprits, jusqu'à citer dieu sur leur monnaie. Aucune évangélisation ne peut rayer les vérités du passé, il vous faudrait préalablement faire changer beaucoup de choses pour le faire savoir par la suite.
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Écrit par : pashine / | 23/05/2012

LE CONSUMERISME

> En plein accord avec votre vision magistralement démontrée. La crise de la foi est un problème occidental car la vitalité de l'Eglise est démontrée dans de nombreuses régions du monde : Afrique, Amérique latine, Vietnam, évangéliques, etc... Ce n'est plus à démontrer, il s'agit d'un problème occidental donc une raison occidentale = le consumérisme. Et comme je partage votre vision de la solution : le seul vrai moyen est de donner de bonnes raisons de croire, de donner envie à des gens qui ne sont pas des idiots qui "doivent croire" = pour quelles raisons j'aurai envie de vous suivre? La formation aussi, ça m'énerve un peu car on n'est jamais assez formé et il faut donc toujours se former et on peut rester avec ces raisonnements bien au chaud dans sa bulle. Démonstration implacable comme d'habitude!
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Écrit par : olivier le Pivain / | 23/05/2012

@ PP

> Pardonnez-moi, je ne connaissais pas cette partie de votre itinéraire.
Juste encore un "détail": il n'y avait hélas pas que la droite néo-païenne à prétendre que la décadence était un retour du catholicisme à l'Evangile: c'était, dans la sinistre période 1965-1978, la conviction de nombreux catholiques engagés, de prêtres aussi.
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Écrit par : Pierre Huet / | 23/05/2012

A Pierre Huet,

> Je me suis tout simplement contenté de présenter ce document qui sortira demain et que je trouve essentiel pour dialoguer de la question de l'immigration dans l'Eglise. Essentiel car ça devient très inquiétant de voir des chrétiens tenir le même discours que le Front National.
L'essentiel de mon commentaire est composé d'un extrait de l'interview que Pierre SOULAGE a accordé au journal LA VIE. Pour votre information, le président du Secours catholique habite Nanterre et il connaît bien la dangerosité de certains quartiers.
L'immigration ne se règle pas par des mesures restrictives exercées par l'UMP pendant 5 ans mais par une réflexion profonde sur les causes et sur une étude approfondie de nos plans d'urbanisme. Pour nous chrétiens, voir dans le migrant un frère.
De plus, la grande majorité de l'immigration ne se fait pas vers l'Europe. Je cite:"Les migrants internationaux représenteraient aujourd'hui environ 230 millions de personnes, soit 3% de la population mondiale, un taux à peu près stable depuis quarante ans. Mais surtout, seulement 37% des migrations internationales se font du Sud vers le Nord."(Revue FAIM ET DÉVELOPPEMENT MAGAZINE p.17, novembre 2011)De plus, on annonce près de 250 millions de réfugiés climatiques pour les 40 ans à venir.
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Écrit par : Arnaud Le Bour / | 23/05/2012

CHEMINS

> "Heureux les hommes dont Tu es la force :
Des chemins s'ouvrent dans leur coeur !"

(psaume 83).
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Écrit par : sèlah / | 23/05/2012

PAIX

> "Laisse monter vers Toi, Seigneur, le bruit de notre terre pour l'accueillir dans ton silence, et fais descendre sur nous ta paix, Jésus, ton Fils, Dieu à jamais."
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Écrit par : Irénée / | 23/05/2012

"C'EST LUI QUI FAIT L'UNITE"

> "Dans votre vie, mettez l'amour au-dessus de tout ; c'est lui qui fait l'unité dans la perfection.
Et que, dans vos coeurs, règne la paix du Christ à laquelle vous avez été appelés pour former en lui un seul corps. Vivez dans l'action de grâce." (Colossiens 3, 14-15).
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Écrit par : Philippe Ozier / | 23/05/2012

@ pashine

Au cours de son histoire, l'Eglise a aussi bien été l'alliée que l'ennemie des pouvoirs en place; et elle-même était un pouvoir (ce qu'elle est toujours). Méfions-nous des généralités...
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Écrit par : Blaise Join-Lambert / | 23/05/2012

@ Arnaud le Bour

> Pas question de contester ce que dit Pierre Soulage, mais la réalité est multiforme.
Scène de la vie de mon diocèse, parmi d'autres:
http://www.catholique95.com/diocese/presentation.php?identifiant=1203appelados
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Écrit par : Pierre Huet > | 23/05/2012

LES VOCATIONS

> Est-ce si vrai que les vocations font défaut? J'ai souvenir que c'est un constat que le cardinal Lustiger réfutait fermement. Chiffres à l'appui, il montrait que le nombre de vocation suivait simplement - et depuis longtemps - l'évolution du nombre de pratiquants.

luc2


[ De PP à L. - Il y a des nuances locales, mais c'est malheureusement vrai. Cf la sévère homélie du vicaire de Sainte-Jeanne-d'Arc de Versailles, il y a quelques années, abondamment commentée (131 messages !) sur notre blog :
http://plunkett.hautetfort.com/archive/2008/09/22/demain-une-eglise-sans-pretres.html#more. ]

réponse au commentaire

Écrit par : luc2 / | 23/05/2012

A lire,

> une petite étude intéressante : http://www.vatican.va/roman_curia/pontifical_councils/cultr/documents/rc_pc_cultr_20040315_doc_i-2004-ple_en.html de Hervé Barreau, Directeur de Recherche honoraire au CNRS, Membre de l’Académie Internationale de Philosophie des Sciences, Bruxelles. Je cite l'intro :

"La position que je voudrais défendre, car je ne suis pas le seul, me semble-t-il, à en être convaincu, est que l’Église, de par son ouverture au monde, recommandée jusqu’à l’imprudence depuis le Concile de Vatican II, s’est rendue aveugle, chez nombre de ses représentants officiels, à des lames de fond d’indifférence et/ou d’hostilité à l’égard de l’Évangile, qui ne se trouve plus, du coup, appréhendé dans sa teneur et sa logique propres même parmi ceux qui se disent encore chrétiens. Quatre courants culturels principaux concourent à ce danger de submersion du christianisme, tel qu’il se trouve induit par les idéologies contemporaines : le matérialisme occidental, le scientisme dirigé contre nos traditions religieuses, le rationalisme érigé en religion de l’humanité, la séduction des religions orientales."
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Écrit par : Pneumatis / | 23/05/2012

LE TREND

> Certes, mais justement. L'article auquel vous référez relate l'expérience d'une seule paroisse. J'ai parcouru très rapidement les commentaires et pour autant que j'ai pu voir, personne n'a vérifié si globalement le constat était vrai. Entendons-nous, je ne nie pas qu'il y ait beaucoup moins de vocations, mais Mgr Lustiger insistait sur le fait que la proportion de vocations par rapport au nombre de partiquants restait globalement stable, et ce depuis longtemps.
Voici quelques chiffres glanés sur Internet. Ordinations diocésaines en France en 1970: 279 (source: article de la revue Kephas, c'est fiable je pense :), en 2006: 68 (source Zenit). % de messalisant dans la population 1972: 20%, 2006: 4,5% (source étude Ifop). En résumé, dans les deux cas sur la même période, une division par 4. Et l'évolution sur base de ce critère est plutôt favorable puisque depuis 2006, le nombre d'ordination a nettement augmenté: 109 en 2011.
On peut même donner une image beaucoup plus favorable de la capacité des catholiques actuels à fournir des vocations en constatant qu'en fait, le nombre d'ordination s'est écroulé au début des années 70 et est depuis resté stable avec un trend légèrement positif alors que le nombre de pratiquants à continué à fondre. Ordinations en 1977: 99, 1986: 81, 1996: 95. Proportion de messalisants: 1978: 14%, 1987: 6%. En résumé, entre 1977 et 2011, le nombre de pratiquants a été divisé par trois alors que le nombre d'ordinations a un peu augmenté.
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Écrit par : luc2 / | 23/05/2012

@ P.de Plunkett,

> A signaler, la parution chez Parole et Silence (2012) du dernier ouvrage du P.Humbrecht OP, L'évangélisation impertinente: Guide du chrétien au pays des postmodernes, qui traite en profondeur de toutes ces questions. C'est un livre passionnant, didactique sans être ennuyeux, et d'un ton enlevé qui tranche.

J.

[ De PP à J. - Je l'ai reçu et je ne tarderai pas à en parler. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Jean / | 23/05/2012

ANNEE DE LA FOI

> La feuille de route pour l’Eglise universelle, à compter du mois d’octobre prochain, est donnée par BXVI dans la lettre apostolique Porta Fidei. Je pense que c'est un texte majeur, un élan pour la grande réforme spirituelle dont l'Eglise a besoin, pas seulement pour une année, mais pour le 21ème siècle.
Quelques extraits :

Travailler aux œuvres de Dieu :
« Nous ne pouvons accepter que le sel devienne insipide et que la lumière soit tenue cachée (cf. Mt 5, 13-16). Comme la samaritaine, l’homme d’aujourd’hui peut aussi sentir de nouveau le besoin de se rendre au puits pour écouter Jésus qui invite à croire en lui et à puiser à sa source, jaillissante d’eau vive (cf. Jn 4, 14). Nous devons retrouver le goût de nous nourrir de la Parole de Dieu, transmise par l’Église de façon fidèle, et du Pain de la vie, offerts en soutien de tous ceux qui sont ses disciples (cf. Jn 6, 51). L’enseignement de Jésus, en effet, résonne encore de nos jours avec la même force : « Travaillez non pour la nourriture qui se perd, mais pour la nourriture qui demeure en vie éternelle » (Jn 6, 27). L’interrogation posée par tous ceux qui l’écoutaient est la même aussi pour nous aujourd’hui : « Que devons-nous faire pour travailler aux œuvres de Dieu ? » (Jn 6, 28). Nous connaissons la réponse de Jésus : « L’œuvre de Dieu, c’est que vous croyiez en celui qu'il a envoyé » (Jn 6, 29). Croire en Jésus Christ est donc le chemin pour pouvoir atteindre de façon définitive le salut. »

Redécouvrir la foi :
« A la lumière de tout ceci j’ai décidé de promulguer une Année de la foi. Elle commencera le 11 octobre 2012, lors du cinquantième anniversaire de l’ouverture du Concile Vatican II, et se terminera en la solennité de Notre Seigneur Jésus-Christ Roi de l’univers, le 24 novembre 2013. Le 11 octobre 2012, aura lieu aussi le vingtième anniversaire de la publication du Catéchisme de l’Église catholique, texte promulgué par mon Prédécesseur, le Bienheureux Pape Jean-Paul II [3], dans le but d’exposer à tous les fidèles la force et la beauté de la foi. Ce document, fruit authentique du Concile Vatican II, fut souhaité par le Synode extraordinaire des Évêques de 1985 comme instrument au service de la catéchèse [4] et fut réalisé grâce à la collaboration de tout l’épiscopat de l’Église catholique. Et j’ai précisément convoqué l’Assemblée générale du Synode des Évêques, au mois d’octobre 2012, sur le thème de La nouvelle évangélisation pour la transmission de la foi chrétienne. Ce sera une occasion propice pour introduire la structure ecclésiale tout entière à un temps de réflexion particulière et de redécouverte de la foi »

Témoignage, pénitence et conversion :
« Le renouveau de l’Église passe aussi à travers le témoignage offert par la vie des croyants : par leur existence elle-même dans le monde les chrétiens sont en effet appelés à faire resplendir la Parole de vérité que le Seigneur Jésus nous a laissée. Justement le Concile, dans la Constitution dogmatique Lumen gentium affirmait : « Tandis que le Christ, ‘saint, innocent, sans tâche’ (He 7, 26), n’a pas connu le péché (cf. 2 Co 5, 21), venant seulement expier les péchés du peuple (cf. He 2, 17), l’Église, elle, qui enferme des pécheurs dans son propre sein, est donc à la fois sainte et appelée à se purifier, et poursuit constamment son effort de pénitence et de renouvellement. (…) Dans cette perspective, l’Année de la foi est une invitation à une conversion authentique et renouvelée au Seigneur, unique Sauveur du monde. »

Redécouvrir les contenus de la foi :
« Nous désirons que cette Année suscite en chaque croyant l’aspiration à confesser la foi en plénitude et avec une conviction renouvelée, avec confiance et espérance. Ce sera aussi une occasion propice pour intensifier la célébration de la foi dans la liturgie, et en particulier dans l’Eucharistie, qui est « le sommet auquel tend l’action de l’Église, et en même temps la source d’où découle toute sa force » [14]. En même temps, nous souhaitons que le témoignage de vie des croyants grandisse en crédibilité. Redécouvrir les contenus de la foi professée, célébrée, vécue et priée [15], et réfléchir sur l’acte lui-même par lequel on croit, est un engagement que chaque croyant doit faire sien, surtout en cette Année. »

Confession personnelle de la foi de l’Eglise :
« La profession de la foi elle-même est un acte personnel et en même temps communautaire. En effet, l’Église est le premier sujet de la foi. Dans la foi de la communauté chrétienne chacun reçoit le baptême, signe efficace de l’entrée dans le peuple des croyants pour obtenir le salut. Comme atteste le Catéchisme de l’Église catholique : «‘Je crois’ ; c’est la foi de l’Église professée personnellement par chaque croyant, principalement lors du Baptême. »

Le catéchisme de l’Eglise catholique :
« En cette Année, par conséquent, le Catéchisme de l’Église catholique, pourra être un véritable instrument pour soutenir la foi, surtout pour tous ceux qui ont à cœur la formation des chrétiens, si déterminante dans notre contexte culturel. »

La foi et les œuvres, la charité :
« L’Année de la foi sera aussi une occasion propice pour intensifier le témoignage de la charité. Saint Paul rappelle : « Maintenant donc demeurent foi, espérance, charité, ces trois choses, mais la plus grande d’entre elles, c’est la charité » (1 Co 13, 13). Avec des paroles encore plus fortes – qui depuis toujours engagent les chrétiens – l’Apôtre Jacques affirmait : « A quoi sert-il, mes frères, que quelqu’un dise : ‘J’ai la foi’, s’il n’a pas les œuvres ? La foi peut-elle le sauver ? Si un frère ou une sœur sont nus, s’ils manquent de leur nourriture quotidienne, et que l’un d’entre vous leur dise : ‘Allez en paix, chauffez-vous, rassasiez-vous’, sans leur donner ce qui est nécessaire à leur corps, à quoi cela sert-il ? Ainsi en est-il de la foi : si elle n’a pas les œuvres, elle est tout à fait morte. Au contraire, on dira : ‘Toi, tu as la foi, et moi, j’ai les œuvres ? Montre-moi ta foi sans les œuvres ; moi, c’est par les œuvres que je te montrerai ma foi’ » (Jc 2, 14-18). »

La croix, prélude à l’espérance :
« La vie des chrétiens connaît l’expérience de la joie et celle de la souffrance. Combien de saints ont vécu la solitude ! Combien de croyants, même de nos jours, sont éprouvés par le silence de Dieu alors qu’ils voudraient écouter sa voix consolante ! Les épreuves de la vie, alors qu’elles permettent de comprendre le mystère de la croix et de participer aux souffrances du Christ (cf. Col 1, 24), sont un prélude à la joie et à l’espérance où conduit la foi : « Lorsque je suis faible, c’est alors que je suis fort » (2 Co 12, 10). Nous croyons avec une ferme certitude que le Seigneur Jésus a vaincu le mal et la mort. Avec cette confiance assurée nous nous en remettons à lui: présent au milieu de nous, il vainc le pouvoir du malin (cf. Lc 11, 20) et l’Église, communauté visible de sa miséricorde, subsiste en lui comme signe de la réconciliation définitive avec le Père. »
Texte intégral :
http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/motu_proprio/documents/hf_ben-xvi_motu-proprio_20111011_porta-fidei_fr.html
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Écrit par : Guillaume de Prémare / | 24/05/2012

@ Blaise Join Lambert

> Majoritairement opposée aux pouvoirs communistes et alliée des "capitalistes". La période la plus criante à cet égard reste l'ére de Jean Paul2, son anti-communisme viscéral, compréhensible de par son parcours, en a fait un allié objectif du capitalisme, il a beaucoup pardonné à ceux qui luttaient contre les communistes, en amérique de sud comme ailleurs. Ce n'est en rien une critique, c'est une simple constatation. D'une manière générale, la relation de l'église avec l'argent n'est pas toujours très exemplaire, il faudrait clarifier l'attitude à adopter. Pour prendre des exemples, sans polémique, quand le numéro1 de l'église othodoxe russe porte une montre de marque de plusieurs dizaines de milliers d'euros, ça choque certains fidèles, quand les évêques orthodoxes d'Athènes voyagent en hélicoptère ou en jet privé, ça peut énerver quelque peu le croyant moyen. Dans un monde de com, les détails comptent car ils sont exploitables par les concurrents et adversaires.
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Écrit par : pashine / | 24/05/2012

LE CATHOLICISME N'EST PAS UN ENSEMBLE DE VALEURS À DEFENDRE

> Un des éléments qui alimentent cette crise est le fait que le catholicisme soit d'abord vu par une partie des pratiquants comme un ensemble de valeurs à défendre. Plus on parle de valeurs, moins on témoigne de l'amour de Dieu (et moins on évangélise) puisqu'on semble se crisper sur des notions temporelles qui nous font passer à côté de ce qui rend la foi chrétienne révolutionnaire : par amour pour l'humanité, Dieu s'abaisse en prenant notre condition humaine et son Fils connaît l'une des pires morts qui soit pour l'époque. Parlons d'abord de l'Incarnation, de la Croix, de la Résurrection, parlons de l'amour divin avant de parler de valeurs! Parler de valeurs, c'est prendre un aller simple pour le déclin irrémédiable. Mais c'est un discours très répandu.
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Écrit par : Mahaut / | 24/05/2012

@ Mahaut

> Tout-à-fait d'accord! la "défense des valeurs" est particulièrement insipide. Avant de "défendre" quoi que ce soit, je devrais me poser cette question toute simple : « à quoi m'engage l'amour de Dieu? », puis écouter la parole de Dieu, et les évêques, pour former mon discernement.
Ainsi, je suis contre l'avortement non parce que la vie serait sacrée, mais parce que le Christ nous a enseigné à prendre soin des plus petits d'entre nos frères (Matthieu 25, 31-46). Les "valeurs" n'ont aucune pertinence; mais c'est dans le face-à-face avec le Christ que nous nous formons une conscience morale; que nous apprenons ce qu'est la justice, ce que sont le bien et le mal.
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Écrit par : Blaise Join-Lambert / | 24/05/2012

DEBAT

> Tout à fait d'accord avec Mahaut, un rien moins avec Blaise.
Les "valeurs" doivent être remises à leur place: elles ne sont pas le coeur de la foi, juste une conséquence. Comme disait le pape, encore cardinal: ce n'est pas un point d'entrée dans la foi. Je n'irais pas jusqu'à dire pour autant qu'elles ne sont pas pertinentes et surtout pas que je forme ma conscience dans le seul face à face avec le Christ. Les valeurs cristallisent la réflexion de l'Eglise qui nous enseigne aussi sur le plan moral. La réponse à un déséquilibre (ceux qui en font trop sur les valeurs), ce n'est pas un déséquilibre inverse, c'est l'équilibre.
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Écrit par : luc2 / | 25/05/2012

A Mahaut et Blaise Join-Lambert,

> Le catéchisme de l’Eglise catholique (paragraphes 675-677) annonce ce que me semble-t-il le monde catholique est en train de vivre : cette "défense des valeurs" n'est elle pas un signe de cette crise profonde de la foi, d'une glorification de l'homme par lui-même au mépris du Dieu incarné, donc d'une apostasie de la vérité?
Je crois que par les temps qui courent, il y a vraiment matière à méditer ce passage autour de l'imposture anti-christique à l'oeuvre, annonciatrice de l'ultime Pâques de notre Eglise:

Je cite:
«Avant l’avènement du Christ, l’Eglise doit passer par une épreuve finale qui ébranlera la foi de nombreux croyants. La persécution qui accompagne son pèlerinage sur la terre dévoilera le « mystère d’iniquité » sous la forme d’une imposture religieuse apportant aux hommes une solution apparente à leurs problèmes au prix de l’apostasie de la vérité. L’imposture religieuse suprême est celle de l’Anti-Christ, c'est-à-dire celle d’un pseudo-messianisme où l’homme se glorifie lui-même à la place de Dieu et de son Messie venu dans la chair.
Cette imposture antichristique se dessine déjà dans le monde chaque fois que l’on prétend accomplir dans l’histoire l’espérance messianique qui ne peut s’achever qu’au-delà d’elle à travers le jugement eschatologique : même sous sa forme mitigée, l’Eglise a rejeté cette falsification du Royaume à venir sous le nom de millénarisme, surtout sous la forme politique d’un messianisme sécularisé, « intrinsèquement perverse ».
L’Eglise n’entrera dans la gloire du Royaume qu’à travers cette ultime Pâque où elle suivra son Seigneur dans sa mort et sa Résurrection. Le Royaume ne s’accomplira donc pas par un triomphe historique de l’Eglise selon un progrès ascendant mais par une victoire de Dieu sur le déchaînement ultime du mal qui fera descendre du Ciel son Epouse. Le triomphe de Dieu sur la révolte du mal prendra la forme du jugement dernier après l’ultime ébranlement cosmique de ce monde qui passe. »
Fin de citation.
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Écrit par : Serge Lellouche / | 25/05/2012

VOTES

> Oui, il faut remettre les "valeurs à leur juste place, secondaire par rapport à l'Amour et application de celui-ci.
Sur ce, ne critiquons pas trop vilainement ceux qui s'engagent pour tel ou tel combat et qui, du coup votent mal (au fait, qui vote bien, qu'est-ce que bien voter?) et ne jugeons pas leurs motifs profond que nous ignorons.
Concrètement, retarder telle ou telle loi, c'est diminuer un tant soit peu le nombre de leurs victimes. Ne l'oublions pas.

PH


[ De PP à PH - La couleur du vote est la dernière chose qui nous intéresse, dans ce blog ! ]

réponse au commentaire

Écrit par : Pierre Huet / | 25/05/2012

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