07/05/2012
La très prévisible chute du système sarkozyen
...n'a rien pour surprendre :
La chute du sarkozysme n'a rien pour surprendre : c'était une posture factice, mentalement instable, portée par un homme en qui les citoyens ne se reconnaissaient pas – et qui s'est condamné à force de se surévaluer en méprisant autrui. Ce personnage vient d'être rejeté. Les citoyens ont élu un personnage inverse, qui affiche constance et bonhomie. Nul ne s'y trompe : face à la crise du capitalisme tardif, les placidités de Hollande ne pèsent pas plus que les fébrilités de Sarkozy. Promettre la gentillesse n'est pas plus sérieux que de promettre l'activisme : ce sont des placebo.
De la réalité il fut assez peu question durant la campagne présidentielle ; il en sera moins question encore aux législatives, rixe entre des syndicats d'appétits. Si l'on souhaite aborder des choses réelles, je suggère qu'on lise le document que viennent de publier les évêques français : Enjeux et défis écologiques pour l'avenir 1. Ce sera le sujet de la prochaine note de ce blog, et de mon émission de demain matin à Radio Notre-Dame (7 h 30 – 8 h 30) avec Mgr Stenger.
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1. Le Cerf.
14:58 Publié dans Ecologie, En 2012, Idées, La crise, Social, Société | Lien permanent | Commentaires (48) | Tags : sarkozy, hollande, crise, écologie, évêques, christianisme
Commentaires
CE "CATHOLICISME" QUI DEVIENT UN ISLAM
> Personnellement, j'ai été effaré par l'attitude hystérique de certains milieux catholiques, face à l'arrivée probable de FH au pouvoir. NS : dernier rempart contre la barbarie. Houlà !
Mis à part le fait que "le combat pour la vie" sera, encore plus qu'avant, identifié aux intérêts d'une classe sociale (ce qui fait que les "réformes sociétales" qui se préparent risquent de passer comme une lettre à la boîte), cette crispation sur les "valeurs" chrétiennes m'interpelle.
A l'instar de F. Hadjadj, je pense qu'insidieusement le catholicisme français est (apparemment, car seul Dieu connaît le secret des coeurs) en train de devenir une idéologie, un système où, si on dit connaître Dieu, le respecter et le "défendre", on ne se laisse pas toucher par Lui. En résumé : un Islam. Formatage des mentalités, rivalité mimétique (?), qui risquent d'être lourds de conséquences, face aux menées d'un Islam conquérant.
On me dira, encore une fois, que le désespoir n'est pas chrétien. Mais je ne peux me départir de l'idée que, pour la nouvelle évangélisation, en France, c'est maintenant : GAME OVER
Et sans "please insert coin" en-dessous (quoique : l'Esprit Saint souffle où Il veut).
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Écrit par : Feld / | 07/05/2012
GROSSIERS
> Nicolas Sarkozy se serait montré digne dans la défaite, hier soir (enfin libre ?). Non plus faucon, comme il le fut pendant toute la campagne présidentielle, mais colombe (cherchant son Colombey ?). Reste qu’avec les législatives qui approchent nous ne sommes pas sortis du climat délétère et de la stratégie de la tension entretenus par la droite depuis des mois.
La grossièreté demeure. Grossièreté des approches économiques et sociales, grossièreté de la gouvernance cherchant en permanence sa validation dans la désignation de boucs émissaires (immigrés, étrangers, monde du travail, assistés, collectivités territoriales, et tout dernièrement Bruxelles, Schengen etc.), grossièreté des thèmes de campagne, grossièreté des contradictions et des revirements pour tenter de convaincre l’électeur, grossièreté à l’encontre de tout opposant et adversaire, grossièreté d’une pensée binaire contaminant trop souvent ceux ayant le devoir de la relayer, radios et télés sen tête…
J’espérais que la sortie de scène de Nicolas Sarkozy inciterait ses troupes à plus de retenue. Mais le secrétaire général de l’UMP, Jean-François Copé, ainsi que ses lieutenants, persistent notamment dans leur matraquage sur le « droit de vote des étrangers » (sans plus de précision sur les conditions d’application de cette mesure aux seules élections municipales), entre autres thèmes assez droitiers pour concurrencer le vote FN. Bref, plus c’est grossier, plus ça passe…
Devant cette réalité, je dois dire ma profonde tristesse de voir les « catholiques pratiquants » associés, dans une si grande proportion, 79 %, au vote en faveur du président sortant (sondage de « La Vie » : http://www.lavie.fr/actualite/france/79-des-catholiques-pratiquants-ont-vote-pour-sarkozy-07-05-2012-27165_4.php ).
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Écrit par : Denis / | 07/05/2012
LE MALAISE SARKOZY
> Rejeté ? Je trouve que les chiffres plaident pour une appréciation un peu moins sévère tout de même.
T.
[ De PP à T. - Rejeté par une majorité de Français, puisqu'il est battu. Et pour des raisons qui tiennent à l'attitude générale de Nicolas Sarkozy... J'ajoute que les votes blancs ou nuls ont battu les records, ce qui est une autre indication du malaise. ]
réponse au commentaire
Écrit par : Thomas / | 07/05/2012
Denis,
> si c'était FH qui avait recueilli 79% des voix des catholiques, si tant est que ces multiples segmentations de la population des votants aient un sens, auriez-vous aussi été affligé ?
Par ailleurs, ce thème du droit de vote des étrangers aux élections locales (et en effet on attend toujours un début d'explication des socialistes sur cette étrange restriction) a bien été imposé par la gauche non ? La future opposition ne devrait pas y répondre sous prétexte que ce sujet serait trop "droitier" ?
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Écrit par : Thomas / | 07/05/2012
JUSTEMENT
> Tiens, je parlais justement ce matin sur mon site de ces deux présidents "factices" qui se succèdent... Le premier affichait son bling-bling mental, mais ce n'était peut-être pas plus mal que de cacher ses artifices comme le second... Ce qui m'a intéressée et amusée hier soir, ce fut d'entendre Mélenchon rendre un hommage posthume à Sarkozy en disant que la situation très difficile dans laquelle se trouve l'économie européenne avait été gérée chez nous par un président qui "n'était pas le plus malhabile"...
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Écrit par : Alina Reyes / | 07/05/2012
PROBLEME
> Quand on se croit interdit d'accueillir amoureusement la vie, la grâce de son déploiement léger qui nous est donné, on la défend jalousement.
L'étendard de la « défense de la vie » est brandi avec d'autant plus d'aigreur vindicative, que le si digne combat est rageusement mené par celles et ceux qui ont intériorisé au plus profond d'eux mêmes le sentiment effroyablement coupable d'être porteurs de désirs de vie. Problème !
On s'enchaine avec d'autant plus d'ardeur militante devant les cliniques de l'avortement au chant des Ave Maria, que l'on est intimement enchaîné à une morale du corps sans tache, sous laquelle gémissent de désespoir nos désirs reclus et interdits d'expression. Oups !
Méfions-nous des apparences de la pudibonderie affichée. Bien souvent (et pour cause), entre les bonnes manières revendiquées autour des « choses du sexe » et l'attraction inavouable pour les assauts dominateurs dans les clubs SM, il n'y a qu'un tout petit pas !
De même, l'on porte d'autant plus haut et fièrement le drapeau de la famille et de ses valeurs éternelles quand on défend scrupuleusement en elle un système de contrôle moral, où chacun vis à vis de chacun est secrètement chargé d'une veille inquisitoriale au respect des tristes convenances de la civilité familiale. Henri, euuuuuuh.. tu jetteras quand même un coup d'oeil au petit Louis s'il te plaît...(gloups)... Son excès de douceur conjugué à ses élans fougueux m'inquiètent profondément! Je te rappelle que je ne veux pas de pédé ni de gauchiste dans la famille. Bon, maintenant on se prépare, c'est l'heure de la messe...
De quelle famille défend-on la cause? Certainement pas de la très Sainte Famille, dont on se contentera du joli poster, offert en cadeau d'abonnement à « Prions en Eglise », et que l'on affichera avec d'autant plus de soin dans la glaciale salle à manger, qu'on se détournera bourgeoisement de son mystère d'amour.
Quant à la si bonne éducation de nos petites têtes blondes, qu'il s'agit, au nom de la civilisation des meuuuuurent, de protéger des affres du libertarisme soixante-huitard, dont nous, catholiques français sommes évidemment préservés par sceau divin, ce serait folie d'en oublier les principes vitaux au moment du vote « crucial » pour l'avenir de notre civilisation.
On ne rigole pas avec les « points non-négociables » ! Question d'honneur n'est-ce pas ?
Tel est donc le principal révélateur de l'affolement électoral pathétique des catholiques : la projection dans l'ordre politique de leur grande névrose, autour de laquelle une communauté presqu'entière, transformée en tribu enfiévrée, a fait bloc dans son virulent refus de commencer de la résoudre.
66 % des catholiques pratiquants réguliers ont voté Nicolas Sarkozy au second tour de l'élection présidentielle, contre 34 % à François Hollande (*). Toutes nos félicitations à la machinerie médiacatholique, chargée d'alourdir toujours un peu plus la chape de plomb, lourdement posée sur les questions frémissantes qu'il s'agit aujourd'hui de poser, et qui deviendront explosives par l'effet inéluctable du retour du refoulé.
Opération réussie! 66% contre 48 % sur l'ensemble des français : les catholiques sont devenus l'avant-garde sur-normalisée du combat pour tous les dénis. Les choses sont désormais claires. Plongés dans un état de confusion névrotique abyssale, ils ont fantasmé en Nicolas Sarkozy le grand chevalier blanc de leurs saintes causes, à eux (**). Ca vire à la psychose...
Que ne faut-il pas gober pour continuer de faire l'autruche tout en se payant le luxe de se faire croire qu'on fait ainsi œuvre évangélisatrice ! Il a célébré l'héritage chrétien à Vézelay, défendu auprès de l'Europe son « identité chrétienne » et l'« Europe des clochers », il s'est même fait projeter le film « Des Dieux et des hommes », s'est même incliné devant la stèle de Charles Péguy, jusqu'à recevoir une dizaine de prêtres à l'Elysée. Dans un aveu relevant presque de l'héroïsme, il n'hésite pas même à déclarer au « Point » qu'il « voue une admiration sans limites aux moines » !
C'est assez de preuves : salut et chapeaux bas à l'artiste, il fut le grand défenseur de la civilisation de la vie et de l'amour, contre la clique socialo-communiste qui déferle désormais, prête à vendre notre nation, nos familles et la bonne éducation de nos enfants à Satan.
Euuh...euuuh Louis s'il te plaît je voudrais te parler, j'ai deux mots à te dire. Viens tout de suite me voir dans la salle à manger...
(*) http://www.pelerin.info/Signe-des-temps/L-actu-autrement/Sondage-IFOP-Pelerin-43-des-catholiques-ont-vote-pour-Francois-Hollande
79 % selon le sondage de La Vie, que nous propose Denis : http://www.lavie.fr/actualite/france/79-des-catholiques-pratiquants-ont-vote-pour-sarkozy-07-05-2012-27165_4.php
L'analyse de ce vote par ce même magazine : « Comment expliquer ce vote massivement à droite des catholiques pratiquants ? Parmi les nombreux éléments à prendre en compte – sociologiques, économiques et culturels - il faudrait sans aucun doute inclure les convictions anthropologiques et éthiques fortes de ces chrétiens. ». Incomparable anti-conformisme de La Vie !
(**) Sur Liberté Politique (n'ayons pas peur des mots!) : http://www.libertepolitique.com/L-information/Decryptage/Nicolas-Sarkozy-et-les-valeurs-chretiennes
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Écrit par : Serge Lellouche / | 07/05/2012
@ Thomas
1/ L’explication d’une telle proportion en faveur de « FH » comme vous dites aurait été tout autant difficile à trouver… si ce n’est le crédit fait à un candidat intellectuellement cohérent, plutôt équilibré dans ses jugements et soucieux de justice économique et sociale, et qui pratique, me semble-t-il, de façon très spontanée et naturelle le pardon des offenses ; attitude éminemment chrétienne ! De fait, les « catholiques pratiquants » ont voté, à mes yeux de façon identitaire, pour défendre un patrimoine – espérons-le – d’ordre spirituel mais aussi, d’après ce que j’ai pu observer et entendre dans ma banlieue bourgeoise, d’ordre matériel (bref, qui ne va pas nécessairement dans le sens du partage et de la justice).
2/ Sur le droit de vote des étrangers aux élections locales ; ils y accéderaient quand ils résident depuis cinq ans dans la commune, en situation régulière, cela va sans dire (à noter qu’ils pourraient être conseillers municipaux mais pas maire ou adjoint au maire). Ce droit existe pour les résidents des pays de l’Union européenne. La gauche veut l’étendre aux « non-communautaires ». Ça ne me choque pas que la voix d’un étranger puisse être associée aux décisions municipales et favorise ainsi son intégration dans la communauté civile. Sur l’attitude des politiciens de la droite à ce propos : ils tordent systématiquement la réalité en bastonnant l’opinion sur le thème du « droit de vote des étrangers », sans autre précision, et quatre fois sur cinq, sans être repris par les journalistes qui les ont invités. Et c’est ça qui me choque le plus, car il y a une volonté de manipuler et de tromper dans une large mesure l’opinion, une caractéristique de la campagne de l’UMP sur un grand nombre de sujets. Si vous trouvez ce comportement chrétien, je le regrette, et pour vous et pour eux.
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Écrit par : Denis / | 07/05/2012
à Serge
> attention à ne pas tomber dans une sorte de "racisme social". Tout membre d'un milieu social n'en est pas nécessairement le produit formaté conforme, docile et caricatural. Il y a beaucoup d'exceptions : la liberté humaine, ça existe.
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Écrit par : vianney / | 07/05/2012
à Serge Lellouche
> j'ai frémi de plaisir à la lecture de votre belle diatribe contre l'hypocrisie catho-sarkosiste. Mais justement, il y a problème. Les temps sont troubles, et en eau trouble, il est prudent de s'abstenir de procès d'intention. Il y a l'histoire (que font les hommes) et il y a la méta-histoire, dont la logique nous échappe.
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Écrit par : Frédéric Ripoll / | 07/05/2012
Merci Serge!
> Ce qui m'inquiète ce n'est pas tant le résultat, on pouvait voter honnêtement voter pour l'un comme pour l'autre, et ce n'est pas parce qu'on est catholique qu'on est de fait libéré des appartenances sociologiques, que cette campagne intra-cathos, où l'on n'a pas hésité à usurper l'autorité de l'Eglise en matière doctrinale pour forcer la conscience des citoyens catholiques, avec une violence inédite. C'est très grave. Il est à présent manifeste qu'il y a une dérive sectaire qui travaille à l'âme notre Eglise de France, et comme dans beaucoup de sectes,le maître argent n'est pas absent. Il est manifeste aussi que nombre de catholiques sont immatures en politique, non qu'ils votent mal (on vote tous comme on peut!), mais de ce qu'ils attendent pour choisir qu'on leur avance des arguments d'autorité, propagande à peine déguisée qu'ils se font un devoir sacré ensuite de reprendre en boucle sans avoir même cherché à les étudier. Quand on confond défense de la vie et Inquisition, DSE et anti-Mélenchisme primaire, conscience et réflexe identitaire, résistance et vote communautariste, discernement et test QCM autour des fameux PNN, pratique de la charité et don déductible des impôts,enfin être et paraître, au final on n'est....qu'une composante, au même rang que les autres communautés, LGBT,..., de la société ultralibérale-libertaire. De ces communautés closes qui procèdent par militantisme et lobbying, dont on étudie le pouvoir d'achat pour les études de marché.
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Écrit par : Anne Josnin / | 07/05/2012
A Serge
> J'espérais après les élections un retour au calme et au bon sens, de la part des militants catholiques, qu'ils roulent pour Sarkozy ou pour Hollande.
Ce qui me choque profondément de votre part, c'est la construction stéréotypée d'un personnage, celui de l'électeur catholique votant pour Sarkozy. Du même coup, nous perdons tout contact avec la réalité plurielle et complexe pour entrer dans le domaine du mythe. Pourtant, le président est élu, ce jeu de diabolisations réciproques n'a plus de sens. Et Hollande, ne vous en déplaise, est le fidèle disciple de l'ultralibéral Jacques Delors.
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Écrit par : Blaise Join-Lambert / | 07/05/2012
> Denis, si je comprends bien,quelque soit la configuration vous êtes indigné en fait !
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Écrit par : Thomas / | 07/05/2012
> Ce que j'aimerais savoir, c'est la proportion de catholiques ayant voté blanc...
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Écrit par : Théa / | 07/05/2012
"POUR MA PART..."
> Pour ma part, je ne suis pas choqué que 79% des catholiques pratiquants aient voté Sarkozy au second tour et je pense qu'il faut éviter le côté condescendant pour ceux-ci que l'on trouve parfois en commentaire ici.
-Une grande partie l'a fait sans aucun enthousiasme, pour éviter le pire avec Hollande, c'est à dire l'euthanasie, la menace sur l'école libre et le mariage homosexuel principalement. Comme il 'a été dit sur ce blog, ces catholiques n'ont pas apprécié en majorité le gouvernement de Sarkozy.
-Vous me direz que pour un catholique, il y a d'autres sujets que les trois points que j'ai cités, comme l'immigration et la pauvreté. Je suis tout à fait d'accord, mais le problème est que sur ces sujets, l'avantage de Hollande est en fin de compte flou et même discutable. Est-ce que taxer les riches aide vraiment les pauvres lorsque les riches fuient le pays et que ces revenus de court terme servent en partie à embaucher des fonctionnaires ? Est-ce que les immigrés sont aidés lorsque l'on supprime les règles sur l'immigration ? Peut-on dire que la France rejette les immigrés lorsque environ 130 000 étrangers deviennent français chaque année ?
-Enfin je connais des catholiques de terrain, proche des pauvres au quotidien, n'ayant rien "d'identitaire" qui ont voté Sarkozy pour ces raisons. Encore une fois, sans enthousiasme...
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Écrit par : ludovic / | 07/05/2012
INVECTIVES ?
> Le buzz chrétien autour de cette élection a confirmé au moins une chose : la constance des catholiques.
Constance par-dessus les clivages politiques, par-dessus les diverses sensibilités esthétiques, constance dans le temps bien sûr, constance dans quoi ? dans l’invective réciproque. On ne peut être qu’inquiet en se demandant ce que penserait un non chrétien un peu curieux en parcourant les commentaires postés par les internautes sur les blogs cathos. Dont celui-ci avec une remarquable vigueur !
Car s’il est vrai que certains on la tradition triste, ou l’intégrisme agressif, ou le progressisme déçu, ou encore le libéralisme paniqué, il est décevant de constater qu’il existe aussi la sobriété implacablement hautaine.
Mais il n’y a pas à créer une fraternité des Chrétiens Désolés pour accueillir ceux qui le sont par ces entre-déchirement, il y a nos braves paroisses qui savent, imparfaitement certes, nous faire vivre ensemble.
PH
[ De PP à PH - Ne prenons pas au tragique les invectives : ou alors il faudrait brûler les livres de Bloy, de Bernanos et d'autres qui pourtant n'ont pas laissé une réputation de mauvais chrétiens ! Ce blog existe pour donner la parole - entre autres - à des points de vue catholiques qui ne sont pas beaucoup (euphémisme) accueillis par les médias hexagonaux, y compris catholiques, surtout aujourd'hui où une seule tendance tend à accaparer toute la visibilité en surfant sur la montée des peurs... Si certains de ces points de vue sont à haute teneur combative et choquent d'autres intervenants, je crois que ceux-ci doivent répondre, non en leur intimant de se taire, mais en exprimant le point de vue opposé. Que chacun se mette à la place de l'autre... Toute violence est l'expression d'une douleur, disait justement Bernanos. ]
réponse au commentaire
Écrit par : Pierre Huet / | 07/05/2012
à Thomas
> Oui, je suis indigné, notamment, par ceux qui ferment les yeux sur certains discours haineux de la campagne électorale, tout en affichant des convictions chrétiennes.
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Écrit par : Denis / | 07/05/2012
à Anne Josnin,
> "Dérive sectaire" : je crois que le terme n'est pas trop fort. L'agitation de ces derniers jours m'a vraiment surpris, tant par sa soudaineté que par sa brutalité. Et quels moyens ! Ne pas hésiter à faire circuler un message (appelant à voter NS) faussement attribué à un homme d'Eglise de haut rang, fallait oser !
Vraiment, j'en suis tombé des nues.
Et après, on s'étonnera que, parmi les baptisés adultes, (qui ont fait une rencontre personnelle avec le Christ), apparemment, l'immense majorité "quitteraient le navire" moins de 5 ans après leur baptême (cf une étude de FC il y a deux-trois ans de cela).
Ah tiens, j'y pense : le texte de l'Evangile de dimanche (Jn 15, 1-8) :
À l’heure où Jésus passait de ce monde à son Père, il disait à ses disciples : « Moi, je suis la vraie vigne, et mon Père est le vigneron. Tout sarment qui est en moi, mais qui ne porte pas de fruit, mon Père l'enlève ; tout sarment qui donne du fruit, il le nettoie, pour qu'il en donne davantage.
Mais vous, déjà vous voici nets et purifiés grâce à la parole que je vous ai dite : Demeurez en moi, comme moi en vous. De même que le sarment ne peut pas porter du fruit par lui-même s'il ne demeure pas sur la vigne, de même vous non plus, si vous ne demeurez pas en moi.
Moi, je suis la vigne, et vous, les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là donne beaucoup de fruit, car, en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire.
Si quelqu'un ne demeure pas en moi, il est comme un sarment qu'on a jeté dehors, et qui se dessèche. Les sarments secs, on les ramasse, on les jette au feu, et ils brûlent.
Si vous demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous, demandez tout ce que vous voudrez, et vous l'obtiendrez. Ce qui fait la gloire de mon Père, c'est que vous donniez beaucoup de fruit : ainsi, vous serez pour moi des disciples. »
Oui : "Les sarments secs, on les ramasse, on les jette au feu, et ils brûlent..."
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Écrit par : Feld / | 08/05/2012
@Théa
> Je ne sais pas pour les catholiques, mais dans l'ensemble de l'électorat, on atteint 5.8% des votants et 4,7% des inscrits, ce qui est un des plus forts taux de votes annulés, historiquement parlant.
http://www.lepoint.fr/fil-info-reuters/les-votes-nuls-et-blancs-un-avertissement-pour-hollande-07-05-2012-1459160_240.php
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Écrit par : François S. / | 08/05/2012
JE NE SAIS PAS
> Très prévisible? Je ne sais pas. Prévue, oui, mais les derniers jours ont amorcé une inversion de tendance qui n'a pas suffi, c'est certain. Il n'empêche, l'épiscopat français est préoccupé aujourd'hui (voir la réaction de Mgr Podvin dans La Croix, via mon blog ou directement sur le site de la Croix), pas seulement le microcosme tradi dont les excès soulignent l'insignifiance. N'oublions pas que, chez eux aussi l'abstention a souvent été prônée sous prétexte que NS (Nicolas Sarkozy, pas Notre Seigneur, si jamais un tradi lit, il faut préciser...) ne remettait pas en cause la loi Veil et dans l'espoir d'un éclatement de la droite qui profiterait au FN. Allez jeter un oeil sur [...], lecture édifiante!!! Comme quoi la focalisation sur les points non négociables n'a pas forcément servi NS (cette fois on peut comprendre cela de diverses manières).
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Écrit par : Hubert Houliez / | 08/05/2012
SOCIOLOGIQUES
> Merci, Serge pour cette satire d'un certain milieu catho. Bien qu'un peu cruel, c'est assez bien vu, mais concernant plutôt une minorité.
Au-delà de l'attachement prétendu aux "points non négociables", beaucoup d'autres éléments interviennent dans le vote massif des cathos pour Sarko.
Mais s'agissant précisément de la "défense des PNN", à prendre "au mot" ce jusqu'au boutisme en faveur d'un "vote du moindre mal Sarko", on se demandera à présent en quoi cette noble cause en sort grandie dans les coeurs et les consciences de la majorité de nos compatriotes ?
Que nous le voulions ou non, cette cause primordiale est à présent - encore davantage - identifiée auprès du plus grand nombre avec le bling-bling et le cortège de casseroles attribué - à tort ou à raison - au "président des riches"...
Si la question était vraiment d'ordre tactique, et à s'en tenir strictement à la défense d'une authentique culture de la vie, était-il intelligent - d'un point de vue strictement prudentiel - de lier ces PNN à un seul candidat dont l'échec était raisonnablement prévisible ?
Les choix politiques beaucoup plus nuancés des catholiques allemands et italiens pourrait nous donner à réfléchir. La participation massive de nos frères cathos, qui aux Grünen, qui à la gauche italienne, ont très significativement influencé les positions de ces partis en matière éthique et s'agissant des questions de société...
Personnellement, je pense que d'autres enjeux furent probablement à l'oeuvre dans ce vote massif. Le plus important en fut peut-être la dimension toujours plus "communautariste", voire tribale du catholicisme français. Ce n'aurait pas été les PNN, c'eût probablement été autre chose.
Le moindre des paradoxes n'est pas qu'une majorité des catholiques pratiquants sont très loin de profiter du "système". Les paroisses de l'Ouest parisien ne sont pas nécessairement très représentatives à cet égard. Certains défendent en fait cyniquement "leur bout de gras", et ont très vite compris qui défendait le mieux leurs intérêts personnels, mais ils ne représentent sans doute pas la majorité.
Beaucoup de nos frères cathos appartenant aux classes moyennes ou moyennes-supérieures se sentent également - parfois à tort, souvent à raison, comme beaucoup d'autres Français - guettés par le déclassement social, et plus ils le sont, plus ils se raccrochent à certains signes symboliques d' "appartenance". Et le positionnement "à droite" en constitue l'un des plus importants. L'Eglise ayant progressivement perdu les classes populaires, si tous les "bourgeois" ne sont pas cathos, tous les cathos le sont sociologiquement de fait, et ceux qui ne le sont pas s'efforcent par mimétisme d'y ressembler et d'en adopter les signes d'appartenance et les codes, peut-être avec plus d'enthousiasme encore.
Je connais pas mal de personnes qui, vivant en dessous du niveau de pauvreté, et éventuellement survivant au quotidien dans "l'assistanat", mais cultivant encore quelques signes d'une prospérité familiale passée, sont - du fait de leur situation précaire - dans une impossibilité mentale et psychologique de militer ailleurs qu' "à droite", quoi que puisse recouvrir cette étiquette. Ils ont des circonstances atténuantes.
Bien que la grande majorité des cathos soit très loin d'appartenir à la grande bourgeoisie financière, les crispations et peurs psychologiques des "has been" se conjuguant à l'ambition sociale et au mimétisme de quelques "not yet", en fait toujours davantage les alliés automatiques de l'idéologie néo-libérale et de ses plus fidèles serviteurs.
Et ce n'est pas le moindre des paradoxes, que, plus les cathos s'appauvrissent, plus ils semblent se ranger "comme un seul homme" du côté de l'ordre établi. Cela contribue effectivement à faire évoluer les fidèles vers un ghetto sociologique cultivant toujours davantage "l'entre-soi", et toujours moins l'ouverture aux "pas comme nous" et une compassion incarnée vis-à-vis de "tous" les pauvres.
Cela implique un massif "bouchage d'Eglise", et ne place pas la nouvelle évangélisation sous les meilleurs auspices.
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Écrit par : J.Warren / | 08/05/2012
MIMETIQUES
> Ce jeu de miroir, cette rivalité mimétique entre catholiques de droite et catholiques de gauche me paraît plutôt vain. L’UMP, un parti bourgeois, défenseur de l’Ordre ? soyons sérieux ! le parti socialiste l’est tout autant… La différence se joue essentiellement sur des « valeurs », elles-mêmes évolutives, en bonne logique libérale… l’opportunité, l’intelligence qu’il y aurait eu à voter Hollande plutôt que son concurrent de droite est mince !
Je propose de sortir de ces clivages politiques désuets, de relire ce qu’ont à nous dire les prophètes, ce que nous enseigne le Christ, – ce que nous rappellent à temps et à contre-temps nos évêques et le pape.
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Écrit par : Blaise Join-Lambert / | 08/05/2012
A propos de ce que vient de dire J Warren
Je ne comprends plus !
> "Les choix politiques beaucoup plus nuancés des catholiques allemands et italiens pourraient nous donner à réfléchir. La participation massive de nos frères cathos, qui aux Grünen, qui à la gauche italienne, ont très significativement influencé les positions de ces partis en matière éthique et s'agissant des questions de société..."
Je croyais que la plupart des intervenants de ce blog étaient d'accord pour dire : surtout n'allez pas militer dans un parti politique ou vous faire élire sous l'une ou l'autre étiquette.
Evitez ce monde là, tournez lui le dos, vous ne pourrez que vous faire broyer et instrumentaliser, et investissez vous ailleurs dans des associations par exemple....
Comment allons nous inventer une nouvelle démocratie sans partis politiques ? Tous dans la rue ?
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Écrit par : FL / | 08/05/2012
NE MELANGEONS PAS LES PROBLÈMES
> à FL - Ne mélangeons pas les problèmes, svp !
J. Warren se borne à comparer l'éclectisme politique des catholiques italiens ou allemands (avec ses effets de modernité), et l'enfermement droitier des catholiques français, visiblement persuadés que le catholicisme consiste à regretter les années 1960.
Il ne dit pas que cet éclectisme suffit à "inventer une nouvelle démocratie".
Et pourquoi prendre à parti "la plupart des intervenants de ce blog" en ayant l'air de les accuser de ne rien comprendre à l'utilité des partis ? Il faudrait pour cela commencer par prouver cette utilité, vu ce que les partis sont devenus depuis vingt ans. La dégénérescence des grands partis ilotisés par la sphère financière, on voit ce que ça donne en Grèce.
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Écrit par : Armand-Jean / | 08/05/2012
DESACCORD
> "Confusion névrotique,dénis de réalité,appui au président bling bling,etc..." Je suis effaré du mépris tournant au racisme dont beaucoup des contributeurs font preuve envers leurs correligionnaires ayant voté NS ;s'y reflète un antisarkosysme instinctif ,viscéral au point d'en être irréfléchi (pardon de le dire mais ça saute aux yeux)entretenu par toute une presse depuis 5 ans,insensible à l'évolution du personnage central(enfin ,jusqu'à avant-hier) du drame en question et , somme toute ,bien peu critique des excès pouvant aussi être reprochés aux gens d'"en face"...
Mal pensant pour la gauche et tout autant pour les gens de droite(combien de fois j'ai retourné en protestant et en rétablissant la vérité des méls envoyés en masse qui n'étaient que des "hoax" mensongers et calomnieux contre Hollande,Aubry et autres...)j'ai cependant considéré au premier comme au second tour qu'à tout prendre NS était le moins pire des choix qui s'offraient à moi .
Bien sûr je n'y retrouvais ni la prise en compte de lla dimension écologique de la crise dans laquelle nous sommes entrés et loin d'être sortis ,ni le retour à un certain localisme qui va avec ,en réaction aux excès d'une mondialisation joyeusement assumée par tous ceux qui n'en souffrent pas, à droite et à gauche,etc....Mais enfin mon choix n'était,nen déplaise à certains ni névrotique ni absurde et je l'assume pleinement sans pour autant me reconnaitre dans les pitoyables repréntations que je viens de lire au long de ce post .
Quand je vois ici tant de gens qui se demandaient s'ils ne fallait pas voter Mélanchon ou sont même passé à l'acte,je reste pantois.Cela ne m'empêche pas de très bien comprendre comment un certain niveau de révolte et d'indignation peuvent dans un premier moment amener à ce type de réaction instinctive -qui ne m est pas non plus étrangère mais enfin il faut bien secondariser et utiliser notre raison - mais je retrouve bien là le goût pour la politiquue du pire qui a dans le passé incité tant de fois catholiques et gens de droite(l'extrême-droite que l'on n'aime guère sur ce site en ayant toujours fait une spécialité ,du reste !) pour la politique du pire,qui on le sait,ne marche strictement jamais .Vous vous rappelez Léon Bloy,ce polémiste ultr-violent et sans charité malgré sa foi et son génie : "J'attends les cosaques et le Saint-Esprit!"
A défaut on trouve bien dans la plupart des posts cette " tentation essenienne"(attention à ce quelle ne tourne pas vite au pharisaisme) des catholiques,dénoncée ces jours-ci (je ne retouve plus les références) que je comprends mais ne peux partager.
J'appelle donc les lecteurs de ce site (dont je partage par ailleurs tant de préoccupations positives) à cesser de cataloguer,de juger à temps et contre temps ceux qui font d'autres choix et à promouvoir en effet -comme on le trouve aussi et surtout ici,heureusement- la réflexion sur ce que peut être une valeur ajoutée chrétienne à la réflexion et à l'action politique , ainsi qu'à l'action associative à laquelle je crois aussi beaucoup .
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Écrit par : François Desales / | 08/05/2012
@ PdP
> Sur un plan général, vous avez raison, la polémique est parfois indispensable. Sur ce, n'est pas Bernanos ou Bloy qui veut.
Surtout, les saintes colères de l'entre-deux tours, et même d'avant, sont déplacées en regard de l'enjeu, tant parce que le Président du fantôme de République Française n'a guère plus de liberté d'action qu'un président de canton suisse, et parce que les deux candidats dont l'élection était possible partageaient l'acceptation du système. FH savait très bien qu'il ne négocierait rien du tout sur la stabilité monétaire. D'ou la nocivité sans contre-partie des ces règlements de compte.
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Écrit par : Pierre Huet / | 08/05/2012
@ Warren
> "L'Eglise ayant progressivement perdu les classes populaires, si tous les "bourgeois" ne sont pas cathos, tous les cathos le sont "
Quelqu'un peut-il nous dire ou trouver des statistiques là dessus? Si, en s'aventurant à l'écart de l'axe Invalides-Versailles on se risque au Sacré-Coeur, ou dans les paroisses Saint-Ouen, Sarcelles, Garges ou même dans les paisibles coteaux de Montmorency et bien d'autres, on s'aperçoit que ce cliché n'est pas si vrai.
Dans quelle proportion?
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Écrit par : Pierre Huet / | 08/05/2012
CORNELIEN
> Les commentaires de ce blog sont intéressants mais me mettent mal à l'aise par certains jugements péremptoires qu'on y trouve. Certains semblent oublier que tous les catholiques ont la même problématique : voter pour un candidat qui soit le plus proche de leurs convictions profondes. Or dans cette élection, il n'y en avait aucun et celui qui pouvait sembler le plus proche (F Bayrou) était inaudible et parfois bien déroutant. Sur les aspects économiques, je ne vois pas de différences entre FB et NS. Le premier est sans doute plus lisse et moins provoc que le second mais on ne peut pas fonder son vote uniquement sur un "feeling" de gentil garçon. Il faut parfois des gens qui bousculent et remettent en cause l'ordre établi et NS l'a fait même s'il aurait du le faire plus équitablement à tous les niveaux de la société.
J'ai voté pour lui à cause de cela, parce que son programme avait le mérite de la clarté et que je le crois moins influencer par la franc maçonnerie. Mais je suis bien conscient que ce vote participe à l'association catholique-droite qui pose un énorme problème en France et qui bloque les tentatives d'évangélisation dans certains milieux. Et je sais aussi, qu'il y a à droite des personnes dont les valeurs sont très loin des valeurs évangéliques. Donc je suis écartelé et je ne peux que constater que ce système à 2 grands partis, tel qu'il existe aujourd'hui dans de nombreuses démocraties et de plus en plus en France, me met devant des choix cornéliens. Manifestement je ne suis pas le seul et nombreux sont ceux qui ont fait comme moi en votant NS non pour suivre les messages diffusés sur internet (aussi virulent de la part des pro que des anti -NS d'ailleurs) mais parce cela leur semblait le meilleur choix de programme.
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Écrit par : Dubreuil Guillaume / | 08/05/2012
LE FAUX DEBAT
> Oui, merci Armand-Jean. S'il est besoin de le préciser, ma contribution n'avait en rien pour objet de tenter de persuader que le "vote de moindre mal" catho devait choisir Hollande... En aucun cas. Il ne me convainc pas davantage. Il m'est peut-être "optiquement" - pour l'heure - un peu moins antipathique que Sarko, mais je n'en attends pas grand chose, sur la base de ce que j'en connais, à tort peut-être.
Il s'agissait de prendre un peu de hauteur par rapport à ce type de faux-débat (Hollande contre Sarko contre le vote blanc) qui ne rend aucunement justice à la question du nécessaire engagement des cathos en politique, lequel n'est pas soluble dans la militance au profit d'un parti ou de l'autre.
Il s'agissait encore moins de procéder à une "chasse au sorcières" sur la base des choix électoraux posés - en conscience éclairée, c'est à espérer - par les uns ou par les autres.
Je me suis efforcé de comprendre - non sans subjectivité, mais en m'efforçant d'être objectif - quelques raisons de la fixation idéologique, politique et sociologique sur "la droite " de nombreuses personnes catholiques que je croise quotidiennement et que j'apprécie beaucoup par ailleurs, s'agissant de la plupart d'entre eux, et les graves conséquences spirituelles de cette identification entre "les cathos" et "la droite", et la transformation progressive du catholicisme en France en "un club" parmi d'autres.
Ce "mélange des genres" et cette confusion entre la foi et les divers conditionnements sociologiques - véhiculant également beaucoup de valeurs estimables par ailleurs, du moment que ces différents "biens" sont hiérarchisés et ordonnés au bien commun -, comporte de grands risques spirituels et métaphysiques.
La bonne volonté des uns et des autres n'est pas mise en cause, et il s'agit encore moins de "juger" les personnes, mais quand il y a confusion entre un "habitus", des styles de vie et une culture forcément relatifs, avec la foi au Dieu vivant et vrai, hypothéquant sérieusement le partage même de cette foi vis-à-vis de nombreuses personnes de bonne volonté, nous sommes devant un sérieux problème.
A cet égard, ce qu'a écrit Feld sur le fait que la grande majorité des nouveaux baptisés quitteraient le navire moins de cinq ans après leur baptême est littéralement glaçant et devrait tous - à commencer par moi - nous inviter à un sérieux examen de conscience.
"Qu'as-tu fait de ton frère"...
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Écrit par : J. Warren / | 08/05/2012
EXTREMISMES
> la vérité c'est que les modérés (politiquement parlant j'entends), sont tous devenus des extrémistes, à gauche avec leurs idées alambiquées comme le mariage homosexuel, l'adoption par les couples homosexuels, l'euthanasie (et encore en Belgique une loi vient d'être déposée pour permettre désormais l'euthanasie aux enfants, aux déséquilibrés....aux déments,....sisi!!!???....on arrête plus le progrès....à quand pour les chrétiens....?)à droite ils le sont devenus avec le sens de ce qu'est une entreprise, un bénéfice, avec l'argent quoi.
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Écrit par : jean christian / | 08/05/2012
à Armand Jean
> Merci de relire ma note. Je n'ai pas pris à parti, j'ai simplement fait un constat et posé une question. Je m'exprime mal sans doute
Pardon de vous le dire, mais je ne vois pas depuis l'existence de la démocratie d'autres organisations que ce qui s'appellent des partis politiques pour la faire fonctionner. Qu'il n'y en ait aucun aujourd'hui dont il soit possible de partager les programmes est autre chose. Comment faisons nous ? Je remarque par ex dans ma ville du Val de Marne que des "gens de droite" imitent maintenant "ceux de gauche" en allant dans la rue quand ils ne sont pas d'accord ou veulent exiger quelque chose. Je me suis dit aussi que les gros meetings organisés dans la rue au moment des présidentielles allaient peut être inciter les gens à le faire de plus en plus une fois qu'ils s'y seraient habitués.
Sur un autre sujet, toujours dans ma ville du Val de Marne, ce ne sont pas du tout des populations aisées qui peuplent les églises. Comme Pierre Huet, j'aimerais savoir où trouver des infos sur les appartenance sociales des cathos.
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Écrit par : FL / | 09/05/2012
LES CHRETIENS SONT UNE CROIX POUR LE CHRIST
> Ce qui est revigorant dans cette histoire, la nôtre, c'est que le soi-disant "progrès" n'existe pas, - et la fameuse "décadence" n'a pas d'avantage de consistance historique. Nous vivons dans un monde marqué par le péché où le bon grain et l'ivraie croissent ensemble. Une telle situation nous interdit aussi bien le pessimisme radical que la confiance béate dans notre maîtrise des choses. Nous rêverions d'un camp des saints; malheureusement les chrétiens sont davantage une croix pour le Christ : par leurs péchés, ils continuent à Le supplicier jusqu'à la fin du monde. Nous ne sauverons pas le monde; mais le sachant nous pouvons marcher sur les pas du Rédempteur.
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Écrit par : Blaise Join-Lambert / | 09/05/2012
RELATIVISER
> D'accord avec FL et Pierre Huet.
Comme je le soulignais dans un autre fil, depuis le tournant libéral-libertaire des socialistes dans les années 80, les protestants – essentiellement sous la poussée des évangéliques – se sont mis à voter à droite. Or les protestants évangéliques viennent en grande partie de milieux sociaux modestes. Ce qui me conduit entre autres à relativiser fortement l’explication unilatérale du vote catholique par la lutte des classes. Une approche rationnelle, qui ne cèderait pas aux passions, consisterait à admettre plusieurs facteurs d’ordre différents : l’histoire politique, le territoire, les milieux sociaux, la modification idéologique de la gauche, etc. Mais d'abord : qu'en est-il des enquêtes statistiques? Il s'agit de sortir de la construction fantasmatique, a priori, d'un électeur catholique soi-disant générique.
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Écrit par : Blaise Join-Lambert / | 09/05/2012
@ FL, Warren et aux autres
> j'ai trouvé une enquête IFOP
http://www.ifop.fr/media/pressdocument/238-1-document_file.pdf
On y trouve des informations sur la répartition socioprofessionelle des catholiques.
Ce qui frappe d'abord, c'est la proportion de retraités chez les pratiquants. Pour notre discussion sur l'embourgeoisement des catho, il faut se ramener à la répartition chez les actifs.
Désolé le blog ne conserve pas la tabulation.
respectivement pour ensemble pratiquants, non pratiquants nous avons:
agriculteurs 2% 6% 2%
artisans commerçants 5% 6% 5%
cadressup prof liberale 12% 14% 11%
Intermédiaires 25% 25% 25%
employés 32% 31% 33%
ouvriers 25% 19% 25%
ACTIFS 100% 100% 100%
Les écarts ne sont pas bouleversants!
Voir aussi à la fin la chute de popularité du président sorti, chez les catholiques dès 2010 !
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Écrit par : Pierre Huet / | 09/05/2012
SOCIOLOGIE
> Merci pour ces données, Pierre.
Ce serait intéressant de pouvoir comparer avec la répartition en catégories socio-professionnelles de la population française dans son ensemble.
L'idée de l'exercice n'étant évidemment pas de "casser du bourgeois" (!) mais de comprendre mieux les raisons principales du vote catholique massif en faveur de Sarkozy, et plus largement, l'identification entre "catho" et "la (les?) droite(s)", et ses conséquences notamment, s'agissant de la nouvelle évangélisation, et de l'intégration de nouveaux baptisés éventuellement issus d'autres milieux.
Le drame n'est évidemment pas que "la (ou les ?) bourgeoisie(s)" (au sens large) soit surreprésentée(s) dans beaucoup de nos paroisses, mais bien que "les autres" n'y soient pas, ou peu.
JW
[ De PP à JW - La "surreprésentation" bourgeoise n'est qu'un effet de l'amenuisement du catholicisme populaire : phénomène dont il faut identifier les causes, qui sont diverses. ]
réponse au commentaire
Écrit par : J.Warren / | 09/05/2012
@ J Warren
> L'information est accessible par le lien indiqué.
Mais en l'occurrence, la surreprésentation des anciens chez les pratiquants entrainant celle des retraités (46%), il est plus représentatif de la sociologie des catholiques de se référer aux actifs, les retraités n'étant pas ventilés par activité antérieurs, c'est donc un fourre-tout.
La seule sous-représentation sensible, sans être massive, est celle des ouvriers.
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Écrit par : Pierre Huet / | 09/05/2012
@ PP
> Mais justement, la "surreprésentation" bourgeoise n'est nullement massive! La seule catégorie, faible en valeur absolue, ou les pratiquants sont bien plus fréquents que dans la moyenne, ce sont les agriculteurs.
On s'aperçoit que, contrairement au cliché si répandu, le catholicisme populaire n'a pas disparu, comme le montrent sans la moindre ambiguïté les diagrammes de la P. 14 du doc de l'IFOP dont j'ai donné le lien, ce qui devrait être pris en compte pour comprendre le comportement électoral des cathos et c'est peut-être plus dérangeant que ledit cliché.
Pour moitié les pratiquants sont ouvriers, employés, et pour encore un quart "intermédiaires" c'est à dire agents de maîtrise, techniciens, infirmiers, enseignants...
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Écrit par : Pierre Huet / | 09/05/2012
Cher Pierre,
> le mode de fonctionnement que décrit Serge, que je connais bien aussi, se retrouve dans toutes les catégories socio-professionnelles encore utilisées en sociologie, qui ne sont plus pertinentes pour comprendre notre pays: il y a un "bourgeoisisme" identitaire qui se propage par mimétisme, au sein des établissement catholiques et paroisses notamment, et les foyers les plus modestes sont parfois les plus scrupuleux en la matière, sacrifiant un confort de vie pour être irréprochables au niveau des codes d'apparence vestimentaire par exemple, en particuliers chez leurs enfants. A défaut de transmettre un héritage, on fait tout pour les introduire dans ce cercle très fermé (par ses codes d'appartenance, auxquels on doit"s'initier") sur lequel on fantasme.
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Écrit par : Anne Josnin / | 10/05/2012
A Blaise Join-Lambert,
> 79 % d'élécteurs catholiques (ou 66 selon Pèlerin) votant NS au second tour, contre 48 % sur l'ensemble des français.
Mieux vaut fantasmer sur le « fantasme d'un électeur catholique générique », plutôt que d'ouvrir les yeux sur un mouvement de fond à l'oeuvre. Quand on ne veut rien voir, on ne souligne jamais trop qu'un catholique de Limeil-Brevannes ça n'a RIEN à voir avec un catholique versaillais. Ne confondez pas esprit nuancé et esprit fragmenté !
Continuera-t-on longtemps, comme vous semblez le faire, de se cacher derrière la complexité des choses, afin de mieux nier les tendances lourdes du positionnement catholique en politique et les ressorts névrotiques qu'il révèle, quand peut-être en 2017, suivant les pressants appels de médias catholiques, 70 % des catholiques voteront Marine Le Pen au deuxième tour, au nom des points non-négociables et de la sauvegarde de la France chrétienne face à l'Islam ? « La mort dans l'âme » dira-t-on alors, comme on a dit dimanche « voter pour le moins pire ». On verra...
On nous dira peut-être alors, face à ceux qui "généralisent abusivement", qu'un catholique retraité ça n'a RIEN à voir avec un catholique étudiant en école de commerce. Et on continuera de brasser de l'air.
Là où me semble-t-il il y a une nuance et une distinction à apporter, c'est entre d'une part la propagande à sens unique des médias catholiques dominants, et d'autres part la diversité des sensibilités et des milieux catholiques, évidemment bien réelle, qui ont en majorité, et à des degrés divers, intégré les injonctions de cette propagande...avec le résultat statistique plus que net que cela donne en termes électoraux.
Bref, arrêtons d'ergoter sur des nuances qui n'en sont pas, ou dans lesquelles on veut bien se noyer pour ne lever aucun voile.
Toujours est-il, que cela plaise ou non, qu'une élection présidentielle est bien souvent un instant révélateur de tous les non-dits de l'inconscient collectif, et l'on aura beau jeu de se cacher derrière notre grand sens de toutes les nuances individuelles pour éluder cet aspect des choses et le réduire complaisamment ainsi à un « mythe ».
Du point de vue catholique, ce qui s'est massivement et parfois violemment exprimé, encore une fois au-delà des nuances individuelles et au-delà de la question du choix du candidat, c'est l'opposition, pour le coup sans nuances aucune, d'une « morale de la vie » (puisant son argumentaire politique dans les points-non négociables) à un libertarisme, qui consiste dans le domaine des mœurs à un culte du moi triomphant : je baise avec qui je veux, quand je veux, guidé par mes seules pulsions, je suis propriétaire de ma vie au point d'être libre d'en déterminer la fin, etc...
Donc deux blocs se faisant face, deux « systèmes de valeurs » anthropologiques dont on a inlassablement mis en scène, politiquement, médiatiquement, intellectuellement, l'irréductible opposition. La défense des valeures éternelles d'un côté, l'appel à la jouissance immédiate de l'autre. La mise en scène d'un affrontement entre deux univers sourds et imperméables l'un à l'autre. A ma droite Christine Boutin, bouche pincée et bible à la main, à ma gauche l'homosexuel du marais déluré et déguisé en drag queen. Les solides oppositions figées et caricaturales, ça paie médiatiquement et politiquement, et dans le fond, des deux côtés on y trouve son compte : chaque « camp » se fige dans ce qu'il a de caricatural et de ridicule en se nourrissant par provocation ou par réaction de la fuite en avant de l'autre camp dans le sens inverse.
Miroir aux alouettes pour éviter de nommer ce qu'il s'agit aujourd'hui de nommer.
Le non-dit anthropologique, plus encore que politique, de cette divertissante mise en scène : et si le drag queen était le petit-fils de Christine Boutin ? Dit autrement : qu'est-ce qui, souterrainement et profondément, relie un « combat pour la vie » en voie de raidissement accéléré et une culture des pulsions individuelles dont on exige qu'elles n'aient plus de limites ? Le libertarisme est-il psychologiquement et historiquement la réponse mortifère, insensée et desespérée à une blessure encore à vif, infligée par une morale catholique pervertie dans la tâche non moins mortifère à laquelle elle s'est crue assignée, de défendre énergiquement la vie, plutôt que de l'accueillir dans la grâce de toutes nos vulnérabilités humaines ?
Et si, dans une spirale de mort infernale, le petit Louis, évoqué dans mon commentaire initial, si intimement blessé dans ses désirs de vie non-reconnus, interdits d'expression, déclarés « impropres » par une soi disant morale catholique de la vie, se faisait en retour tueur de vie, dominateur parmi les dominateurs ?
Quel le Seigneur en fasse un prophète!
Les « défenseurs de la vie » contre les partisans gay et lesbiens d'une « culture de mort » : trompe l'oeil ! Ce sont les deux faces de la même médaille d'une névrose collective, profondément enracinée, deux formes de déni de la vie : un interdit violemment jeté sur elle, et son accaparement égoïste et perverti.
Nous qui n'avons que le mot « évangélisation » à la bouche, ça serait quand même pas mal de commencer par nous laisser évangéliser, de nous ouvrir à ces grâces de vie données aux grands malades de la vie que nous sommes.
C'est peut-être la-dessus qu'il faudrait commencer à mettre le doigt, plutôt que sur les comparatifs statistiques des votes ouvriers et retraités en milieux catholiques, non?
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Écrit par : Serge Lellouche / | 10/05/2012
A Serge Lellouche
> Si je vous ai bien compris, vous préférez l’interprétation aux statistiques ; l’opposition bloc contre bloc à la complexité du tissu social et à la pluralité des courants d’opinion. A ce compte-là, évidemment, je suis un mou !
Commençons donc par faire le ménage…
Déjà, le Front National : pourquoi vous focaliser dessus ? Les électeurs catholiques ayant voté pour ce parti sont tout de même moins nombreux que la moyenne nationale.
Je laisse aussi de côté le thème, propre à se gondoler, d’un « France chrétienne » soi-disant inquiétée par l’islam, et qui ne peut rencontrer de succès que dans certains milieux restreints : il n’y a plus de France chrétienne depuis longtemps, pas l’ombre d’une chrétienté. La majorité des gens le savent ; ils ne sont pas idiots.
Les « points non-négociables », enfin, c’est déjà un slogan. Je doute fortement que la majorité des catholiques français en connaisse la formulation, répétée à satiété comme un mantra par certains groupes militants. De même le « combat pour la vie» : l’expression est vague, le mot « vie » lui-même devient abstrait, polymorphe et facilement pris à contresens dès qu’on quitte le club des initiés… Tous ces mots d’ordre sont excellents pour mobiliser les activistes des différentes « causes » catholiques ; mais ils quittent difficilement le cercle de la militance.
Quant aux dégâts causés par une morale janséniste et/ou kantienne (sans marquage confessionnel particulier), au fond ce sujet est hors de propos dans la question politique qui nous occupe. Mais c’est vrai que j’exclus votre explication du vote par l’expression collective d’un non-dit psychique. Dans ce cas, vous allez en effet trop loin : tout ce que vous pourriez légitimement soutenir, c’est que la morale janséniste-kantienne, triomphante au XIXe siècle, a dû peser lourdement sur les mutations postérieures de la société, dans le sens d’un libertarisme libéral. Mais à moins de faire de quelques groupuscules très actifs et bruyants les représentants de la majorité, votre opposition blocs contre blocs ne tient pas.
S’il y a bel et bien opposition entre « deux "systèmes de valeurs" anthropologiques », sachons les replacer à leur juste niveau. Il s’agit essentiellement de la recomposition du rapport des forces politiques à la suite du tournant libéral-libertaire des années 70-80. Michéa, Cavanaugh, MacIntyre ont décrit en termes similaires cette redoutable opposition dialectique : une droite libérale en économie mais conservatrice de la morale « privée », qui cependant ne remettra jamais en cause les « acquis » de la gauche ; une gauche en retrait pour les thèmes économicistes, libérale en matière de morale « privée », mais qui ne reviendra jamais sur les « réformes » de la droite. Bref, il s’agit d’une sorte de partage des rôles et d’un jeu de dupes. L’électeur catholique (pas lui seul) est l’otage de cette opposition dont il n’a pas lui-même posé les termes. Entre deux choix impossibles, quel est le meilleur ?
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Écrit par : Blaise Join-Lambert / | 10/05/2012
> je répète ce que j'ai déjà dit : en cas de désaccord (ce qui est fréquent), prière de ne pas insulter l'autre. Contentez-vous d'exposer votre point de vue. Chacun a le droit de dire ce qu'il a sur le coeur, sans se faire traiter de ceci ou de cela par ses contradicteurs. Tout message contenant des appréciations désobligeantes et ad hominem envers un autre intervenant, sera mis de côté.
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Écrit par : PP à tous / | 10/05/2012
@ Anne Josnin
> Le « bourgeoisisme identitaire » auquel vous recourez, pose problème. Comme la fable de la grenouille qui voulait être plus grosse que le bœuf ! Un « bourgeoisisme » émancipé de toute notion de bourgeoisie, qu’est-ce à dire ? nous évoluons dans le vague, et le vague n’est pas une bonne chose.
Tout ce qu’on peut dire, c’est que la scolarisation obligatoire, ainsi qu'un mode de production industriel couplé à la société de consommation, ont joué un rôle décisif dans la domination d’un système de valeurs « bourgeois » ou libéral sur la population française. Par exemple : la consommation de masse a remplacé les productions artisanales populaires. La mise en place de monopoles a étouffé (complètement ?) l’expression autonome des « basses » classes et plus généralement des individus. Ce qu’Ivan Illich a pu analyser de long en large.
Vous parlez, sans beaucoup de précision, de « cercle très fermé », de « codes d’appartenance », d’initiation, etc. De tels critères ne sont pas spécifiquement « bourgeois » et n’ont rien de répréhensible en soi. Nous n’allons tout de même pas abolir la vie en société…
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Écrit par : Blaise Join-Lambert / | 10/05/2012
@ Serge,
> En tant que "catholique versaillais" de très longue date je ne peux qu'être d'accord avec vous et surtout sur cette tendance à un communautarisme latent de cette bourgeoisie catho qui, qu'on le veuille ou non, est bien surreprésentée parmi les pratiquants....
J'ai eu donc beaucoup de mal à faire admettre mon vote blanc du second tour : "Tu te rends comptes, voter blanc c'est faire passer le mariage gay..."
Il y a comme un tropisme, une tradition à perpétuer dans ce vote droitier, une main invisible...;)
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Écrit par : Tangui / | 10/05/2012
à Serge Lellouche
> Je n’ai pas été suffisamment clair à propos du vote frontiste chez certains catholiques.
D’après un sondage Harris Interactive réalisé le 6 mai dernier pour l’hebdomadaire La Vie, seuls 15% des catholiques pratiquants réguliers auraient accordé leurs suffrages au Front National, alors que la moyenne nationale est de 18, 5%. Le vote frontiste croît chez les catholiques a proportion de leur désaffiliation de l’Eglise : 21% des pratiquants occasionnels ont voté pour Marine Le Pen.
« Pratiquants réguliers » désigne pour Harris Interactive « ceux qui se rendent à la messe au moins une fois par mois ». La définition du mot est donc très large. On aurait pu s’attendre à ce que le pourcentage soit encore plus faible si les sondeurs s’étaient limités aux catholiques se rendant à la messe une fois par semaine.
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Écrit par : Blaise Join-Lambert / | 10/05/2012
LES CHRETIENS DE GAUCHE EN FRANCE
> Au-delà de la sociologie, je crois que le poids de l’histoire est important. Originellement, le catholicisme politique est principalement de droite, dans la France des blancs et des bleus (19ème siècle). Et c’est un catholicisme de combat, de résistance, conséquence de la violence révolutionnaire contre l’Eglise. En face, la gauche est très majoritairement contre le catholicisme, que ce soit la gauche radicale maçonnique, la gauche socialiste d’inspiration marxiste ou la gauche anarchiste. Dans ce 19ème siècle d’oppositions violentes où la question religieuse est centrale, se structure le paysage politique français, avec un catholicisme politique de droite : légitimiste, social et contre-révolutionnaire ou encore orléaniste, libéral et bourgeois.
Mais tous les catholiques ne sont pas de droite et monarchistes. Et comme le catholicisme français ne peut marcher avec une gauche qui lui est étrangère voire hostile, il va alors produire sa propre gauche. C’est le Sillon, progressiste et social. Issue de cette mouvance, la démocratie chrétienne française ne sera cependant pas le grand mouvement de gauche catholique qu’il aurait peut-être pu être. A la Libération, le paysage politique change totalement, les enjeux ne sont plus les mêmes. La démocratie chrétienne, née à gauche, sera finalement une alliée de la droite. Une autre gauche chrétienne surgit dans les combats de la Résistance (Témoignage chrétien). Mais ce sont davantage des chrétiens qui rejoignent la gauche historique française qu’une gauche chrétienne structurée comme telle. Dans les années 1950 commence le compagnonnage avec le parti communiste et la CGT. Une grande désillusion succède rapidement à une grande espérance, c’est l’échec d’une utopie.
Dans les années 1970, se déploie une nouvelle aventure de gauche pour les chrétiens, notamment avec le PSU. Là encore, c’est l’échec, notamment parce que le PSU sera absorbé par le PS.
Le résultat de cette histoire, c’est qu’il n’y a pas en France d’offre politique de gauche susceptible d’entrainer en nombre des catholiques. La responsabilité première de cette situation tient aux échecs successifs des chrétiens de gauche, qui n’avaient certes pas la partie facile dans un catholicisme politique né à droite. Je pense donc que la balle est aujourd’hui dans leur camp.
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Écrit par : Guillaume de Prémare / | 11/05/2012
POURQUOI LES CATHO ONT VOTE MAJORITAIREMENT NS ?
> Si on regarde les attitudes effectivement FH serait plus du profil du bon catho (régulièrement présenté comme "bienveillant", ne plaçant pas son ambition avant ttes choses, ...etc)
Cependant, rendez sur le site AUDACE2012.
Un sondage a été fait et les questions envoyées à tous les candidats.
FH a choisit de s'alllier aux défenseurs des droits liberticides en matières de moeurs.
NS a effectué le choix inverse.
Aussi peut-on avoir l'impression que chacun a pris un choix opposé à son style.
Votons-nous plus pour un style, l'amabilité d'une personne, ou bien pour ses engagements ?
NS le méchant diviseur, a choisi de s'aligner sur les "choix non négociables" des croyants.
FH le gentil rassembleur a choisi d'aller à l'opposé des "choix non négociables" des croyants.
Il est [hélas ?] beaucoup plus difficile de revenir sur les choix de société que sur les erreurs économiques.
Il vaut mieux un "méchant" qui nous laisse sur le bon chemin qu'un "gentil" qui nous égare.
Voila, à mon humble avis, la morale du vote des catho.
Il ne vous reste qu'à poser la même question à vos députés, et agir en conséquence.
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Écrit par : Franz / | 11/05/2012
Cher Blaise,
> avec les instruments intellectuels, les concepts philosophiques et les données socio-économiques, bref tous les outils à disposition du pouvoir et de l'intelligentsia, qui avait compris ce qui se passait à l'Est la veille de la chute du Mur? Qui avait anticipé le printemps arabe?
Ce qui se vit dans notre société s'écrit d'abord dans la chair de nos vies, lettres de feu et de sang, voilà ce dont nous essayons, maladroitement sans doute, il nous faut inventer les mots, de rendre compte. Je pense comme Serge que les Français qui se rattachent au patrimoine catholique (ils ne sont pas répertoriés sociologiquement, mais ils sont de plus en plus nombreux, face au vedettariat médiatique de l'Islam, à se vivre héritiers-défenseurs d'une France catholique dont ils ne connaissent que les quelques stéréotypes du programme scolaire et des dépliants touristiques, et cela n'a rien à voir avec la pratique), sont mûrs pour voter Marine massivement dans les années à venir. Ces français là ne sont pas la bourgeoisie, ils sont le peuple 'sain', souvent des campagnes, beaucoup de jeunes d'ailleurs. Le bourgeoisisme lui est en partie le signe d'un effacement de la classe moyenne qui par désespoir s'accroche de toutes ses forces à ce qu'elle croit être une classe supérieure par l'assurance qu'elle montre, oui on y trouve beaucoup de grenouilles qui se grossissent, jusqu'à exploser tragiquement comme la famille Dupont de Ligonès (vous voyez que je n'y vois pas une appartenance de sang, mais bien " a way of life" basé sur une apparence "comme il faut": on y trouve des descendants de la noblesse comme de paysans,de banquiers, de commerçants, d'ouvriers ou d'immigrés: d'ailleurs cela n'a plus aucune signification aujourd'hui: ce qui est signifiant sociologiquement n'est pas d'où l'on vient, mais où l'on vit). Que l'auto-estampillé bourgeois, sente le vent de l'Histoire allant enfin dans son sens, le peuple le rejoindre dans sa défense des valeurs éternelles, il y verra ce messianisme secrètement tant attendu (la reconnaissance qu'il avait raison et la récompense à toutes ses continences!) et se fera le champion idiot d'un national-catholicisme violent, toute haine enfin débridée, puisque n'est-ce-pas c'est pour la bonne cause. Cogner alors sur les faibles de demain, étrangers ou homosexuels, arrangerait peut-être ceux qui, multi-milliardaires, multi-nationales, savent depuis longtemps prospérer sur les champs des guerres civiles des pays pauvres. Reste que la Providence est un enfant qui joue en liberté et se rit des puissances qui agitent ce monde. Et que ce j'écris n'est que tentative maladroite de traduire, avec les mots d'hier, des intuitions partielles et subjectives de ce que le présent, tel qu'il me travaille à l'intime, porte en germe pour demain.
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Écrit par : Anne Josnin / | 11/05/2012
À CHACUN
> Je profite de l'exhortation de notre cher PP pour dire à chacun, spécialement ceux avec qui j'aime à ferrailler, combien par-dessus tout je suis touchée de pouvoir discuter avec vous dans la recherche commune de la vérité, animée par cette même foi en Jésus: quelle liberté vraiment que la nôtre, quelle joie de savoir que, par-dessus nos différends, et même avec nos différences,nos incompréhensions, nos limites, nos humeurs, (comme nos enthousiasmes et nos moments de grâce!), nous unit Celui qui est le Chemin, la Vérité et la Vie, Lui qui regarde avec bienveillance nos pages raturées et écoute avec une patience infinie nos discours de cancres bègues, Lui le seul Maître! Oui vraiment merci à chacun. De tout coeur.
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Écrit par : Anne Josnin / | 11/05/2012
@ anne
> Merci d'écrire cela. C'est ce que je pensais à l'instant! Quel enrichissement ces échanges! quelle beauté ces triturations de méninges au service d'un surplus de lumière... Merci à tous.
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Écrit par : catherine / | 11/05/2012
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