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14/03/2012

"Ossuaire du frère de Jésus" à Jérusalem : une embrouille

...mais nos médias veulent y croire :


Le collectionneur Oded Golan était soupçonné d'avoir fabriqué deux faux en 2002 en faisant graver : a) sur un ossuaire antique (boîte de calcaire), les mots « Jacques fils de Joseph, frère de Jésus » ; b) sur une tablette de pierre, les mots « Joas roi de Judée », suivis d'une inscription censée décrire la réparation du Temple de Salomon vers l'an – 800. Oded Golan affirmait avoir acheté ces objets à des marchands arabes à Jérusalem-Est. En 2003, le service des Antiquités israéliennes a dénoncé l'ossuaire et la tablette comme deux faux (l'ossuaire pouvant être d'époque, mais pas l'inscription). D'où l'inculpation de Golan... Finalement, et en dépit des Antiquités israéliennes, le tribunal s'est déclaré aujourd'hui hors d'état de statuer.

D'où le titre des dépêches occidentales : «  Le mystère de l'ossuaire du "frère de Jésus" reste entier » . Manière de sous-entendre (une fois de plus) que le Jésus de l'histoire ne correspond pas au Christ des évangiles... En effet, écrit l'agence Reuters, « Jacques est mentionné dans les évangiles comme un "frère" de Jésus. Pour l'Eglise chrétienne, Jésus n'a eu ni frère ni soeur et le terme de "frère" doit être pris au sens large comme désignant un parent proche ». L'objectif constant des médias, notamment français, est d'incruster l'idée que l'Eglise cherche à maintenir une idée fausse et irrationnelle, vouée tôt ou tard (plutôt tard, au bout de deux mille et quelques années) à être réfutée par une découverte archéologique.

Le problème est que ce n'est pas une question de foi ni d'Eglise chrétienne, mais de connaissance élémentaire des cultures moyen-orientales. Il suffit d'ouvrir la Bible. Au chapitre 11 du livre de la Genèse rédigé plusieurs siècles avant le Christ, il est question des deux frères Abram et Harân. Ce dernier a un fils nommé Loth, qui est donc le neveu d'Abram. Or Abram dira à Loth, au chapitre 13 : « Qu'il n'y ait pas de querelles entre moi et toi... nous sommes frères. » Le terme « frères » n'a dans cette culture qu'un sens de consanguinité clanique.*

Pour prouver qu'un neveu peut quand même être un frère au sens moderne du terme, Oded Golan va devoir découvrir une tablette de révélations gravées de la main d'Abraham. Il devrait retourner faire les boutiques dans Souk el-Bazar. Nos médias comptent sur lui.

 

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* Et les noms Jacques, Jésus, Joseph étaient très courants au Ier siècle.


 

12367.jpg

L'ossuaire, en couverture d'un livre de gare :

niveau  Da Vinci Code.


20:34 Publié dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (6)

Commentaires

DES CENTAINES

> Sur la fréquence de ces noms, renvoyant à Jacob, à son fils Joseph et à Josué, les archéologues israéliens avaient estimé qu'il pouvait y avoir à cette époque, simultanément, des centaines de Jésus fils de Joseph et frère de Jacques. Frère en un sens ou un autre. Cette parenté étendue est encore pratiquée de façon très extensive dans bien des sociétés. Anecdote amusante, au Congo, le beau frère d'un de mes fils, prêtre il faut le préciser, me présentait à toute la famille: "c'est notre beau-père".
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Écrit par : Pierre Huet / | 14/03/2012

SYMPTOMATIQUE

> C'est symptomatique de la pensée unique : un axiome fixé d'avance. Après on coupe tout ce qui dépasse dans l'actualité pour l'ajuster à l'axiome. L'expertise par les Antiquités israéliennes est donc passée sous silence. Et Golan élevé à la dignité de "collectionneur". Pourquoi pas "érudit" ?
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Écrit par : sèlah / | 15/03/2012

QUESTION DE CULTURE

> Question de connaissance des cultures antiques mais aussi de culture tout court. L'info-spectacle est faite par des technoïdes pour qui rien n'existe en dehors de leur mental programmé. La programmation comporte une entrée "religions", ainsi formatée : "les religions sont des vestiges en voie de disparition". Même si les événements de l'actualité montrent le contraire.
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Écrit par : filpouche / | 15/03/2012

IMPOSSIBLE

> Je ne suis pas sûr que la compréhension du qualificatif "frère de Jésus" fasse autant l'unanimité parmi les exégètes. Par exemple, François Blanchetière est persuadé que Jésus avait des frères et non des cousins. Et plusieurs ouvrages ont été écrits par des exégètes pour réfuter une telle position partagée par leurs confrères. Ainsi, "Les quatre frères de Jésus" de Paul-Laurent Carle s'opposait aux remises en cause de la Maternité virginale de Marie, aussi bien de la part des exégètes que des journalistes.
Il n'y a pas d'accord universellement partagé sur le sujet.

BJL


[ De PP à BJL - Je ne parle pas d'un impossible "accord universellement partagé" (il y a trop
de petits inventeurs au concours Lépine de l'exégèse), mais de certitudes de civilisation.
Vouloir ne professer que ce qui serait "'universellement partagé" serait renoncer à penser.
Rien n'est "universellement partagé". Il y a encore aujourd'hui une secte de géocentristes.)

réponse au commentaire

Écrit par : Blaise Join-Lambert / | 15/03/2012

JAMAIS ?

> Bien sûr, je suis plutôt - comme vous - le tenant d'une fraternité prise au sens large. D'un point de vue théologique, cela me paraît la seule position valable. Difficile, en effet, de comprendre métaphoriquement cette déclaration du Symbole : « Il a pris chair de la Vierge Marie ». Mais pour ce qui est du travail exégétique le débat existe. Dès qu'on aborde la famille du Christ, les théories concurrentes abondent (qu'elles soient pour ou contre la Maternité virginale de Marie). A mon avis, c'est un domaine où nous ne parviendrons jamais à de quelconques certitudes.

BJL


[ De Pp à BJL - A ceci près que le "semper virginis" fait partie du Credo : autrement dit, des certitudes de l'Eglise catholique... ]

réponse au commentaire

Écrit par : Blaise Join-Lambert / | 15/03/2012

PAS DEUX FOIS LE MEME

> Mais pourquoi cher PP remontez vous dans l'ancien testament????
Seul le nouveau testament démontre votre assertion!!! bien sur!
tout d'abord, juste une question pour les lecteurs : pensez-vous que dans une famille juive, des parents puissent appeler deux de leurs enfants par le même prénom?
NON, bien sur, et les prénoms des enfants de Jacob devenu Israël le confirme. Bien plus, tout l'ancien testament démontre qu'un père donne toujours des prénoms différents à tous ces enfants!
Parce que chaque enfant possède un prénom aimé de Dieu, et qu'il est UNIQUE!
Alors expliqué moi pourquoi dans l'évangile de Saint Jean, au pied de la croix, on peut lire : jésus "sa mère et la soeur de sa mère Marie de clopas..." ???
Simplement parce que la femme dénommée "Marie", est bien la soeur de "Marie" la maman de Jésus, selon le sens de cousine...très habituel en ces temps là.
CQFD.
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Écrit par : jean christian / | 15/03/2012

Les commentaires sont fermés.