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08/03/2012

Doctrine sociale catholique : un nouveau site de référence et une conférence de presse évêques-Ceras

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Eclairages de l'Eglise, pour en finir avec les faux-semblants :


 

« Retrouvez les discours des papes et du Concile sur les grandes questions sociales depuis le XIXe siècle, ainsi que le contexte historique et politique dans lequel ils s’inscrivent. Découvrez aussi les principes structurants d'une "doctrine sociale" et les grands thèmes abordés par l'Eglise catholique. Doctrine vivante qui s'enrichit  des initiatives des communautés chrétiennes... »

Ainsi se définit le nouveau support www.doctrine-sociale-catholique.fr, qui a été présenté ce matin à Paris – au siège de la Conférence épiscopale – par ses animateurs : les jésuites du Centre de recherches et d'action sociale (Ceras). À cette conférence de presse participaient Mgr Bernard Podvin, porte-parole des évêques ; Mgr Jean-Luc Brunin, évêque du Havre, président du conseil famille-société de la CEF ; le P. Bertrand Hériard s.j., directeur du Ceras ; le P. Luc Dubrulle s.j., directeur de l'Institut d'études religieuses de l'Institut catholique de Paris ; et Monique Baujard, directrice du service famille-société de la CEF.

« Depuis plus d'un siècle,  les grandes encycliques sociales ont recueilli les fruits des engagements de nombreux chrétiens qui ont relevé les défis de l'industrialisation et de la mondialisation. Le nouveau site permet de comprendre la cohérence de cet héritage et de renouveler l'engagement des chrétiens face à la crise », ont -ils expliqué.

Il s'agit en effet de comprendre ce qu'est réellement la doctrine sociale de l'Eglise. Ce n'est pas un paquet de textes ficelés : c'est un chantier permanent, une « confrontation avec les évolutions de notre monde », selon la formule de Mgr Brunin. Les repères essentiels sont stables, mais les fruits de la confrontation sont différents selon les époques : on se tromperait « si l'on s'en tenait à des formules élaborées naguère dans d'autres contextes ». L'évêque du Havre souligne que le nouveau site est à la fois un outil thématique (mettant l'essentiel de la doctrine sociale à la disposition du public) et un outil chronologique (replaçant les documents dans leur contexte historique). Cette double approche, a indiqué le P. Hériard , permet de comprendre – par la chronologie – comment ces textes ont formé au fur et à mesure une véritable doctrine ; et – par la navigation thématique – comment les orientations de la doctrine sociale ne « tombent pas du ciel », mais naissent de la réflexion de terrain confrontée à l'événement. Ainsi dans l'encyclique de Pie XI (1931) Quadragesimo Anno, l'analyse incisive du capitalisme1 née de la confrontation avec la crise des années 1930.

La doctrine sociale de l'Eglise n'est pas dogmatiquement plaquée sur la réalité par des instances dirigeantes... Au contraire, explique le P. Dubrulle, c'est une démarche de la communauté catholique tout entière. Par exemple l'encyclique Rerum novarum de Léon XIII (1891), naissance de la doctrine sociale : elle est née « à la base », du fonctionnement en réseau de pratiques sociales (avec démarche de réflexion) ; puis des pèlerinages à Rome de milliers d'ouvriers emmenés par Léon Harmel2...

La doctrine sociale est donc une pulsation constante :

- d'abord les pratiques sur le terrain, face aux conditions toujours nouvelles de la société ;

- puis le « moment normatif » (par exemple Rerum novarum), informé par la pratique de terrain ;

- puis derechef l'action des catholiques (en initiatives multiples), fécondée par l'enseignement du Magistère. Jean-Paul II dans Centesimus annus parle de cette pulsation quand il évoque « la dimension pratique et expérimentale de la doctrine sociale ». Celle-ci est une « vérité de l'action » ; sa vérité est inséparable des actions qu'elle entraîne. Le témoignage réside dans les oeuvres, plus que dans la cohérence de la théorie. Ainsi la doctrine sociale catholique se présente comme une « science pratique de la charité dans la vérité ».

 


J'ajouterai personnellement ceci :

> Indissociables du succès des conférences de Carême 2012 à Notre-Dame de Paris, les éclairages donnés lors de cette conférence de presse tombent opportunément  – alors que se répandent chez des catholiques français : a) une fausse DSE (mélange d'idéologie libérale et de passéisme sous pavillon catho) ; b) une frilosité de « catholicisme-refuge », aux antipodes de la démarche sociale catholique. Comme le disait ce matin Mgr Brunin : «Le conseil famille et société a pour tâche d'aider l'Eglise à trouver le juste cap, entre les deux écueils que sont le repli confessionnel (une simple relecture ''religieuse'' des situations) et la pseudo-croisade (une proclamation autoritaire). La pensée de l'Eglise n'est pas une idéologie de plus : elle ouvre des perspectives vers l'écologie humaine et la mondialisation de la solidarité. »




christianisme,catholiquyes,ceras,évêques,social,économie,libéralisme,crise1QUADRAGESIMO ANNO  (PIE XI, 1931)

§ 68 - Il faut donc tout mettre en œuvre afin que, dans l’avenir du moins, la part des biens qui s’accumule aux mains des capitalistes soit réduite à une plus équitable mesure et qu’il s’en répande une suffisante abondance parmi les ouvriers...

§ 95 - On ne peut attendre du libre jeu de la concurrence l’avènement d’un régime économique bien ordonné. C’est en effet de cette illusion, comme d’une source contaminée, que sont sorties toutes les erreurs de la science économique individualiste. Cette science, supprimant par oubli ou ignorance le caractère social et moral de la vie économique, pensait que les pouvoirs publics doivent abandonner celle-ci, affranchie de toute contrainte, à ses propres réactions, la liberté du marché et de la concurrence lui fournissant un principe directif plus sûr que l’intervention de n’importe quelle intelligence créée. Sans doute, contenue dans de justes limites, la concurrence est chose légitime et utile ; jamais pourtant elle ne saurait servir de norme régulatrice à la vie économique. Les faits l’ont surabondamment prouvé, depuis qu’on a mis en pratique les postulats d’un néfaste individualisme. Il est donc absolument nécessaire de replacer la vie économique sous la loi d’un principe directeur juste et efficace.

§ 113 s. - Ce qui à notre époque frappe tout d’abord le regard, ce n’est pas seulement la concentration des richesses, mais encore l’accumulation d’une énorme puissance, d’un pouvoir économique discrétionnaire, aux mains d’un petit nombre d’hommes qui d’ordinaire ne sont pas les propriétaires, mais les simples dépositaires et gérants du capital qu’ils administrent à leur gré. Ce pouvoir est surtout considérable chez ceux qui, détenteurs et maîtres absolus de l’argent, gouvernent le crédit et le dispensent selon leur bon plaisir. Par là, ils distribuent en quelque sorte le sang à l’organisme économique dont ils tiennent la vie entre leurs mains, si bien que sans leur consentement nul ne peut plus respirer. Cette concentration du pouvoir et des ressources, qui est comme le trait distinctif de l’économie contemporaine, est le fruit naturel d’une concurrence dont la liberté ne connaît pas de limites ; ceux-là seuls restent debout, qui sont les plus forts, ce qui souvent revient à dire, qui luttent avec le plus de violence, qui sont le moins gênés par les scrupules de conscience. À son tour, cette accumulation de forces et de ressources amène à lutter pour s’emparer de la Puissance, et ceci de trois façons : on combat d’abord pour la maîtrise économique ; on se dispute ensuite l’influence sur le pouvoir politique, dont on exploitera les ressources et la puissance dans la lutte économique ; le conflit se porte enfin sur le terrain international, soit que les divers États mettent leurs forces et leur puissance politique au service des intérêts économiques de leurs ressortissants, soit qu’ils se prévalent de leurs forces et de leur puissance économiques pour trancher leurs différends politiques. Ce sont là les dernières conséquences de l’esprit individualiste dans la vie économique, conséquences que vous-mêmes, vénérables Frères et très chers Fils, connaissez parfaitement et déplorez : la libre concurrence s’est détruite elle-même ; à la liberté du marché a succédé une dictature économique. L’appétit du gain a fait place à une ambition effrénée de dominer. Toute la vie économique est devenue horriblement dure, implacable, cruelle. À tout cela viennent s’ajouter les graves dommages qui résultent d’une fâcheuse confusion entre les fonctions et devoirs d’ordre politique et ceux d’ordre économique : telle, pour n’en citer qu’un d’une extrême importance, la déchéance du pouvoir : lui qui devrait gouverner de haut, comme souverain et suprême arbitre, en toute impartialité et dans le seul intérêt du bien commun et de la justice, il est tombé au rang d’esclave et devenu le docile instrument de toutes les passions et de toutes les ambitions de l’intérêt. Dans l’ordre des relations internationales, de la même source sortent deux courants divers : c’est, d’une part, le nationalisme ou même l’impérialisme économique, de l’autre, non moins funeste et détestable, l’internationalisme ou impérialisme international de l’argent, pour lequel là où est l’avantage, là est la patrie.

 

christianisme,catholiquyes,ceras,évêques,social,économie,libéralisme,crise2. Léon Harmel : organisateur du catholicisme social en France (rompant avec les nostalgies néo-médiévales du marquis de La Tour du Pin). En 1887, il emmène à Rome un "pèlerinage de la France ouvrière" rassemblant plus de 1400 ouvriers ; ils seront 10 000 en 1890 auprès de Léon XIII, qui publiera Rerum novarum l'année suivante. "Peu apprécié du patronat chrétien, Harmel se distingue peu à peu d'une partie des catholiques sociaux, lorsqu'il affirme la responsabilité de l'État dans l'ordre de la justice sociale, puis la nécessaire autonomie de l'organisation ouvrière face au patronat (il est parmi les initiateurs du premier congrès ouvrier chrétien en 1893)."

 

Commentaires

ALLELUIA EN CARÊME

> Alleluia bien que ce soit le Carême ! Enfin on parle de la doctrine sociale de l'Eglise selon ce qu'elle est vraiment, non selon les intérêts catégoriels qui la déforment.
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Écrit par : Nati / | 09/03/2012

Il faut lire l'article « Libéralisme », qui devrait faire grincer les dents de certains :
http://www.doctrine-sociale-catholique.fr/index.php?id=6714
Dès le premier paragraphe le ton est donné : «Comme pour le marxisme, l’Église a distingué le libéralisme comme idéologie condamnable du libéralisme comme mouvement historique avec lequel on peut composer dans la pratique sociale. »
La condamnation est sans équivoque.
______

Écrit par : Blaise Join-Lambert / | 09/03/2012

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