Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

03/02/2012

Gaz de schiste : pression des pétroliers sur le gouvernement

gaz de schiste,écologie,pétroliers

Face à cette arrogance, que pèse l'Etat post-démocratique ?


 

<<  A l'approche de l'élection présidentielle, les pétroliers se réveillent. Aussi bien pour redorer une image ternie par l'envolée des prix des carburants, les profits records, une forme d'évasion fiscale et de dramatiques accidents, que pour défendre une « production française »1 d'hydrocarbures. Dans une Contribution au débat sur l'énergie publiée mercredi 1er février, l'Union française des industrie spétrolières (UFIP) demande au gouvernement de tout faire pour « développer les ressources nationales ». En un mot, de produire made in France  : « Il faut absolument exploiter » les gaz de schiste du sud-est, les huiles de schiste du bassin parisien, le pétrole récemment découvert au large de la Guyane par Total, Shell et Tullow, et l'or noir de la Méditerranée. >> (Le Monde, 2/02). Le lobby pétrolier n'hésite pas à recourir au langage insultant : il traite d' « arbitraire et rétrograde, digne d'une république bananière » la législation française fondée sur le principe de précaution. Cible : la loi interdisant la fracturation hydraulique (seule technique d'extraction du gaz de schiste, particulièrement dangereuse pour les humains et les nappes phréatiques).

Sachant que les bénéfices 2011 des compagnies pétrolières seront proches de leur record historique, l'arrogance de ce ton est insupportable.

D'autant que le pic de pétrole est atteint depuis 2005, d'où la fin de l'ère du pétrole bon marché ; et que les « nouveaux gisements » – connus de longue date pour la plupart – étaient restés inexploités pour deux raisons : leur non-rentabilité 2, et leur nocivité en termes de saccage de l'environnement. Si même ces gisements avaient été rentables, ils sont eux aussi voués à s'épuiser... Même M. de Margerie convient que nous aurons « beaucoup de chance » si nous parvenons à 100 millions de baril par jour d'ici à 2030. Tout le monde sait donc que notre système économique tout entier doit être révisé pour passer à la suite, autrement dit à une société qui ne soit plus fondée sur le gaspillage...

Au lieu de ça, les pétroliers ordonnent aux Etats de « gratter le sol pour pomper les dernières gouttes de pétrole », selon l'expression du professeur de thermodynamique Chems Eddine Chitour. Des régions françaises seront sacrifiées à ce « grattage » infernal, dès que l'UMP (si elle survit) ou le PS (s'il gagne) auront capitulé devant les prédateurs.

 

 _________

 1. De la part de pétroliers, cette affectation de patriotisme économique est une bouffonnerie.

 2. Coût d'exploitation trop élevé, en raison de grandes difficultés techniques.