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21/01/2012

Contre l'idolâtrie des marchés (et leur tyrannie démentielle)

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         Un économiste donne aux libéraux une leçon de réalité :


 

Jean-Yves Naudet1 devrait cesser de psalmodier les mantras de 1776, s'acheter une nouvelle paire de lunettes (sur le marché autorégulateur), et lire les deux pages d'entretien que son confrère André Orléan vient d'accorder au Monde du 21 janvier 2. Il y découvrirait ce qui se passe dans le monde réel - chose qui ne lui serait pas inutile s'il persiste à présider des colloques, sous l'oeil pieux des bons messieurs.

André Orléan est membre du groupe des « économistes atterrés ». (Ecartons ici la controverse entre ceux-ci et les objecteurs de croissance, ce n'est pas le sujet.) Son entretien au Monde pose le problème de la tyrannie des marchés. Extraits :

> Qui gouverne en Europe ?

 « Dans la zone euro, c'est le marché. Le pouvoir politique se conforme à ses priorités et craint ses évaluations. […] En même temps, le marché est un souverain profondément erratique et incohérent. Il n'est jamais satisfait. […] Au final, on a l'impression que dans la zone euro, la confiance ne reviendra jamais. […] Une Banque centrale européenne coupée du politique est une très mauvaise chose. Elle est, en elle-même, l'expression d'une crise très profonde de la démocratie européenne, de son impuissance congénitale »

 > Mais quand on dit les marchés, de quoi parle-t-on ?

 « On parle des marchés financiers. On en parle comme s'ils résumaient toute l'économie, et qu'ils étaient rationnels et stables. [En réalité] les marchés financiers reposent sur des paris subjectifs, spéculatifs. Ce sont des marchés de promesses. On y vend et achète des anticipations. Leur logique est d'une nature mimétique […] Ils ressemblent très fortement à ces médias qui cherchent à découvrir non les informations importantes, mais celles susceptibles d'être appréciées par le public. Pour cette raison, un marché financier est par nature mobile, instable, plein de dérapages incontrôlés. Il s'y produit inévitablement des bulles, qui explosent quand l'écart à la réalité devient trop énorme pour être nié. Or la théorie libérale veut nous faire croire que les marchés financiers donnent des valeurs pertinentes, des prix objectifs, et qu'au final l'autorégulation va l'emporter. C'est ainsi que la financiarisation a été vendue aux populations. Cette construction a été démentie par les crises qui se succèdent... »

> Qu'est-ce que le capitalisme actuel ?

 « A partir des années 1980, on a liquidé progressivement les blocs de contrôle […] parce que les jeux du marché faisaient apparaître de fortes opportunités de profit. Ce faisant a émergé une forme nouvelle de capitalisme, financiarisée.  […] La finance saisit l'économie dans sa totalité […] En, conséquence, la primauté du politique sur le terrain de l'évaluation globale se trouve battue en brèche par la finance. C'est une situation inédite, qui met en danger la vie démocratique. » [Le poids disproportionné des agences de notation, par exemple] « est le reflet de l'impuissance des autorités politiques à faire valoir une autre vision du monde que celle des intérêts financiers.  […] L'Europe est intoxiquée par la financiarisation, ce dont témoigne l'omniprésence des hommes de la finance dans les lieux de pouvoir. Aujourd'hui, Goldman Sachs a supplanté l'ENA pour ce qui est des élites européennes. »

> Que faire ?

 Orléan fait notamment quatre propositions : a) instituer un nouveau Glass-Steagall Act (USA 1933-1999) séparant banque de dépôt et banque d'investissement, pour « faire connaître publiquement les dangers de la spéculation et en protéger les circuits des dépôts et du crédit » ; b) obliger les banques à faire leur métier (« investir dans l'économie réelle, créatrice de biens et d'emplois ») et « réorganiser le métier bancaire, le détourner de la spéculation » ; c) permettre aux pays de la zone euro de pratiquer des politiques budgétaires autonomes, donc que la BCE garantisse les dettes ; d) imposer plus fortement les hauts revenus... Etc.

 

Ce sont des mesures d'urgence qui n'abordent évidemment pas le problème de fond : celui d'une économie polarisée sur le mythe de la croissance indéfinie et illimitée. En attendant, il faut lire in extenso les deux pages du Monde. (Entre autres sur le parti-pris de la BCE en faveur des banques, contre les Etats).

 

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1. Economiste Catholique de Référence (Autoproclamé mais Incontournable), qui fait comme si l'économie n'avait pas de comptes à rendre à l'Evangile. Cf : https://www.contrepoints.org/2011/11/13/55186-les-catholiques-face-a-la-crise. (un article exsudant le  mépris envers le document du Conseil pontifical Justice et Paix).

2. Que Naudet se rassure : Orléan n'est pas un zazou. Il n'a que trois ans de moins que lui. On peut le lire sans crainte.

 

Commentaires

DE QUI

> Le dessin est génial, d'ou vient-il?
-"Mais quand on dit les marchés, de quoi parle-t-on ?" Est-ce la bonne question? Ne faut-il pas plutôt demander "DE QUI parle-t-on?", car derrière ces mystérieux marchés, il y des organisations, des institutions, des hommes, et aussi des modes de pensée. Dans votre "Ecologie, de la Bible à nos jours", vous abordez le sujet.
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Écrit par : Pierre Huet / | 21/01/2012

PALINODIES

> Avertissement - Je ne mettrai en ligne aucun commentaire "catholique" qui ferait semblant de ne pas savoir ce que Jean-Paul II, Benoît XVI, les évêques de divers pays, le Conseil pontifical Justice et paix (etc) disent de la tyrannie des marchés.
En particulier, je suggère un examen de conscience aux auteurs de messages qui diraient : "l'Evangile ne conseille rien en matière de régulation financière". La nullité de cet argument serait trop flagrante, ainsi que sa mauvaise foi. C'est avec de telles palinodies que l'on a dégoûté du catholicisme des générations entières, et fait passer les catholiques soit pour des glands, soit pour des fourbes.
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Écrit par : PP / | 21/01/2012

LE SOULÈVEMENT OU LA TABLE RASE

> Loin des mantras de 1776, Frédéric Lordon pose la question : quel remède à la crise démocratique européenne cachée derrière l'esclavage de la dette ? Le soulèvement ou bien la table rase par l'effondrement financier :
http://www.france.attac.org/videos/leur-dette-notre-democratie-intervention-de-frederic-lordon.
...mais il est vrai, les évangiles ne donnent aucun conseil pour mettre à terre les agences de notation. Ben mince alors !
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Écrit par : Serge Lellouche / | 21/01/2012

CA VA CHANGER

> Autoproclamés mais Incontournables
J'ai eu un échange de mails l'été dernier avec un économiste catholique utra-libéral à qui je mentionnais le texte de Paul VI 'Octogesima Adveniens', une lettre pontificale adressée au Cardinal Roy secrétaire du Conseil Pontifical Justice et Paix, en signalant que Paul VI met clairement et sévèrement en garde les catholiques quand à l'adhésion au libéralisme.
Il m'a répondu grosso modo que Paul VI était mal formé en économie. J'avais mentionné à cet économiste que Benoît XVI citait le texte de Paul VI dans 'Caritas in Veritate'.
Je n'y avais pas prêté attention sur le coup (je suis assez lent), mais puisque Benoît XVI cite 'Octogesima Adveniens' dans 'Caritas in Veritate'...cela veut-il dire que Benoît XVI aussi est mal formé en économie?
Je pense particulièrement à la dernière partie de l'article de Jean-Yves Naudet: "Ce texte doit donc être pris pour ce qu’il est : à coté de rappels doctrinaux, il contient surtout des analyses et propositions prudentielles, présentées explicitement comme une contribution au débat. C’est donc avant tout un objet de discussion. Sa publication rapide, en pleine crise, ne lui donne pas la distance nécessaire et le fait s’aventurer sur des propositions insuffisamment fondées, contestables et surtout pas très originales."
Ce que j'apprécierai beaucoup des économistes catholiques de l'"Association des économistes catholiques" c'est qu'ils changent de nom et s'appellent par exemple "les économistes catholiques libéraux".
Je ne me sens absolument pas représenté par ces gens.
"C'est avec de telles palinodies que l'on a dégoûté du catholicisme des générations entières": oui, dans certains milieux il est bien difficile de défendre l'Eglise et son message (option préférentielle pour les pauvres, etc) quand on est flanqué de tels économistes. On nous dit: "vous avez vu vos économistes catholiques...!"
Il y a des économistes catholiques non libéraux.
Enfin, il y a à mon avis une contradiction à dire qu'il faut défendre la vie du début à la fin quand on ne la défend pas ... au milieu. "Je suis catholique, libéral et je suis contre l'avortement, contre l'euthanasie mais pas contre le fait que les pauvres américains meurent faute de couverture médicale..." Cherchez l'erreur.

ND


[ De PP à ND :
- Entièrement d'accord avec vous.
- Le drame du catholicisme français est sociologique : il s'est racorni, se réduisant maintenant au milieu bourgeois libéral-conservateur (oxymore).
- Reste que ces gens ne manquent pas de culot, de se poser en super-cathos tout en haussant les épaules dès que le pape dit quelque chose qui ne leur convient pas !
- Mais ça va changer. Les colloques bien-pensants risquent d'être un peu animés dans les mois à venir. ]

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Écrit par : Nicolas Dangoisse / | 21/01/2012

LE FOURVOIEMENT DES ECONOMISYTES CATHOLIQUES FRANCAIS

> A noter que les préconisations d'André Orléan n'ont strictement rien de totalitaire, puisqu'il ne s'agit même pas de nationaliser les banques. Ce sont des propositions de bon sens.
Mais pourquoi diable y a-t-il autant d'économistes catholiques libéraux?
Il semble c'est qu'il y a eu de nombreux catholiques dont je ne discute pas la sincérité, qui se sont engagés dans la haute fonction publique internationale y compris financière, pour travailler "à unir les hommes", disons: la génération Delors. Et dans les mêmes décennies, d'autres, partis de rien ont créé la grande distribution comme une croisade pour le pouvoir d'achat des pôôôvres. La combinaison du mondialisme des premiers et de la puissance d'achat des second a coulé notre industrie. Nous n'avons plus guère de pauvres ouvriers: ils sont au chômage.
Et tout cela a été labellisé catholique par l'empreinte de ces "grands ancêtres" et beaucoup n'arrivent plus à décoller l'étiquette.

PH


[ De PP à PH - Vous avez raison. Un exemple de la naïveté (euphémisme) catholique en ce domaine : traversant avec moi le hall d'accueil d'un groupe français de grande distribution, le personnage - catho connu - qui m'accompagnait me montre les néons au plafond, dix mètres au dessus de nos têtes : "Tu as vu ? ils sont en forme de croix". C'était il y a dix ans. ]

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Écrit par : Pierre Huet / | 21/01/2012

DU MAL DANS LE BIEN ?

> Complément.
L'idée de défendre la vie en son début, son milieu et sa fin, je ne l'ai pas vraiment inventée.
Je ne suis pas sûr que le raisonnement soit valide mais le voici.
Saint Ignace de Loyola dans les règles de discernement de la deuxième semaine dit: pour savoir si une consolation sans cause précédente vient du démon ou du Saint-Esprit, qu'il faut en examiner le début, le milieu et la fin. On trouve une très bonne explication de cela dans "Art et pratique du discernement spirituel, le bon grain et l'ivraie " par Thomas Green, sj , Desclée De Brouwer, 1996.
Autrement dit, s'il se trouve quoi que se soit de mauvais, dans le début, le milieu ou la fin de la consolation sans cause précédente, celle-ci est mauvaise et vient du diable.
Il y a une phrase en latin mais je ne l'ai pas retrouvée sur le web qui doit dire quelque chose comme: "bonum integro, malum est malumque". Le bien est intégralement bon, le mal c'est ce qui contient un petit peu de mal. Autrement dit le bien qui contient du mal, même une trace infime, c'est du mal un point c'est tout.(On doit trouver ça chez le Père Louis Lallement)
Application à notre sujet (est-ce légitime?): à quoi bon défendre la vie en son début et à sa fin, si ce n'est pour la défendre en son milieu? Cela vaut aussi pour nos conduites contraires à la vie (addictions diverses, conduites à risques (conduite automobile par exemple)...

ND


[ De PP à ND - Il y a aussi le mal sous apparence de bien, notion bien connue en théologie. C'est une tentation qui peut revêtir des formes innombrables. Exemple : une démonstration publique de "foi" dont la forme scandaliserait les incroyants au lieu de les évangéliser. ]

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Écrit par : Nicolas Dangoisse / | 22/01/2012

CE QUI VA CHANGER

> Petit erratum: je voulais dire une "consolation avec cause précédente".
Début, milieu et fin: si on trouve quelque chose de mauvais dans un seul de ces trois moments, alors l'action morale est mauvaise.
Question: pourquoi dites vous cela va changer? Albert Einstein ne disait-il pas: "Il est plus facile de désintégrer un atome qu'un préjugé"?

ND


[ De PP à ND - Ce qui va changer, c'est : a) que les rangs des obstinés vont s'éclaircir, certains d'entre eux étant en train d'ouvrir les yeux ; b) des courants non conformistes sont en train d'apparaître chez les jeunes catholiques français, et ils sauront intervenir dans le débat. ]

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Écrit par : Nicolas Dangoisse / | 22/01/2012

NAUDET ET SA RHETORIQUE CAPTIEUSE

> L’objectif de JY Naudet est de démontrer que le libéralisme n’est pas en cause, que les agents économiques privés ne sont pas en cause (hormis des dérives individuelles liées à la crise morale), que seule la sphère publique est en cause, le reste n’étant que symptômes et non maladie. Sa rhétorique est redoutablement habile. Et elle est, à mon avis, captieuse. Il mêle sa démonstration d’éléments de vérité : l’hypertrophie de l’Etat, le niveau des prélèvements obligatoires, la folie de la dette publique, les politiques monétaires des banques centrales, les dérives technocratiques etc. Et il articule avantageusement (pour son point de vue) ces éléments vrais pour aboutir à une conclusion fausse : retrouver la vertu dans les finances publiques, redimensionner (à la baisse) le rôle de l’Etat, instiller de l’éthique dans le système global et réformer ses excès seront des solutions suffisantes pour instaurer un libéralisme à visage humain, un bon capitalisme.
Ce qui doit être démonté, à mon avis, c’est la césure rhétorique entre la responsabilité de la sphère publique (la maladie) et les comportements de la sphère privée (les symptômes). Cette dialectique enferme dans un débat sans fin entre les tenants du « c’est la faute à l’Etat » et ceux du « c’est la faute aux banquiers ».
Ce débat technico-idéologique est inextricable est fait oublier la vraie racine du mal : le projet global de contre-civilisation du matérialisme consumériste.
Je pense que, d’une certaine manière, cela dépasse la question de l’ultralibéralisme : une face de la pièce est ultralibérale (une finance dérégulée qui "fabrique de l’argent" pour alimenter le système), l’autre face est ultra-étatiste (ce que le privé ne peut, par définition, apporter à tous – à savoir la capacité de consommer beaucoup -, l’Etat le fournit en se surendettant auprès des fameux marchés qui, ainsi, le tiennent pas les bourses, si j’ose dire). Et il y a bien sûr le phénomène de l’hyperclasse financière mondiale qui tire le meilleur profit de cette machine consumériste et règle à sa main les instances supranationales (dont l’UE) et les institutions financières mondiales (FMI, Banque mondiale, grandes banque centrales etc.).
Pour le reste, dans l’analyse de la note du conseil justice et paix, je trouve que la distinction faite par Naudet entre éléments doctrinaux et éléments prudentiels est juste et nécessaire. Il me semble que c’est la bonne méthodologie pour poser le débat.

GP


[ De PP à GP :
- "Dans l’analyse de la note du conseil justice et paix", Naudet pousse subrepticement le lecteur vers le réflexe bourgeois qui a toujours consisté à penser que l'Eglise "doit se mêler de dire la messe et laisser l'économie aux gens sérieux", comme disait un vieil oncle. C'est inadmissible de la part d'un soi-disant "économiste catholique".
- Je ne suis pas d'accord avec l'usage fait par Naudet (comme par les anti-Vatican II) de la distinction entre le "doctrinal" et le "prudentiel". L'ecclésiologie a beaucoup progressé sous Jean-Paul II dans ce domaine. Ce qui n'est pas "doctrinal" oblige tout de même le catholique, de quelque façon ! Ou sinon, quoi ? L'Eglise parle pour ne rien dire ? le magistère ordinaire n'est pas un lieu théologique ? A ce compte, on peut évacuer toute la doctrine sociale comme étant... prudentielle et non doctrinale, ce qui serait un paradoxe.
- J'ajoute cette réflexion... prudentielle : un outil intellectuel exact peut fonctionner en faveur de l'erreur s'il est entre les mains d'un homme de mauvaise foi. ]

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Écrit par : Guillaume de Prémare / | 22/01/2012

ELEMENTS DE DOCTRINE ET ELEMENTS PRUDENTIELS

> Pour avancer sur cette question, prenons un exemple.
Dans Laborem Exercens, JPII exprime les grands principes d’une juste rémunération. Il explique qu’un salaire unique (donc sans obligation d’avoir les 2 conjoints qui travaillent) complété par les prestations familiales (la somme de ces 2 éléments constituant le « salaire familial ») doit suffire à faire vivre dignement une famille. Ici, c’est un véritable point de doctrine qui est énoncé. Il éclaire vivement la conscience (et donc l’engage gravement) sur le fait qu’il n’y a pas aujourd’hui une juste rémunération du travail dans notre système économique. Ensuite, il y a la manière de parvenir à une juste rémunération : cela concerne le salaire en lui-même, les prestations familiales, mais aussi les charges auxquelles la famille doit faire face, à commencer par la charge immobilière qui est la plus lourde. Il y a plusieurs leviers sur lesquels il est possible d’agir. En partant du point de doctrine énoncé par JPII, et constatant que la justice (donner à chacun ce qui lui est dû) n’est pas respectée, il y a plusieurs manières d’établir la justice. Ces différentes manières sont les options prudentielles, qui sont sujettes à débat, à préférences, à opinions. Cette distinction est celle qui est enseignée par l’Eglise elle-même, valorisant la légitime liberté d’opinion et reconnaissant que diverses solutions (plus ou moins efficaces) peuvent être apportées. Cet outil intellectuel proposé par l’Eglise (Naudet n’invente rien) est tout à fait pertinent. Il permet aux catholiques et aux hommes de bonne volonté de débattre librement (et avec une conscience éclairée) de différentes options prudentielles en se référant à la même doctrine, en poursuivant la même finalité. C’est ainsi que les laïcs, auxquels « revient, d’une manière particulière, d’éclairer et d’orienter toutes les réalités temporelles auxquelles ils sont étroitement unis » (Lumen Gentium), peuvent exercer leur responsabilité, avec leur liberté de conscience et d’opinion (pas de liberté sans responsabilité, pas de responsabilité sans liberté).
Imaginons maintenant qu’un document du conseil Justice et paix vienne rappeler cette doctrine de la juste rémunération et examine dans le même temps les aspects prudentiels qui y sont liés, proposant d’agir prioritairement sur tel ou tel levier. Il y aura, dans ce document, des éléments de doctrine et des éléments prudentiels. Si un catholique vient contester le point de doctrine, c’est ennuyeux. S’il débat des éléments prudentiels qui sont proposés, c’est légitime parce que c’est non seulement sa liberté, mais encore sa responsabilité.
Si c’est cela que dit Naudet, je suis d’accord sur le principe, bien que je sois en désaccord avec la quasi-totalité de son analyse prudentielle. Après, il y a la question de la bonne ou de la mauvaise foi. Je ne connais pas Naudet, je ne l’ai jamais rencontré, je n’ai fait que le lire. De mauvaise foi, on peut en effet faire un mauvais usage d’un outil intellectuel pertinent. Cependant, le mauvais usage qui en est fait par tel ou tel n’annule pas la pertinence de l’outil, particulièrement quand cet outil nous vient de l’Eglise pour définir le périmètre de la DSE. Pourquoi l’Eglise définit-elle le périmètre de sa doctrine ? Parce qu’elle veut en protéger l’autorité et lui conserver sa force. Et si sa doctrine venait à empiéter sur la liberté de conscience et d’opinion et/ou être confondue avec un catalogue d’opinions variables et de prises de positions circonstanciées, elle se détruirait. Ainsi, la responsabilité de la hiérarchie ecclésiastique dans l’usage qu’elle fait de son autorité d’enseignement est grande. Et la responsabilité des laïcs dans l’usage qu’ils font de la doctrine est grande également.
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Écrit par : Guillaume de Prémare / | 23/01/2012

MAGISTERE

> Jusqu'il y a peu j'ignorais tout des degrés d'autorité du Magistère.
Peut-être ceci aidera ceux (s'il y en a) qui sont dans le cas dans lequel je me trouvais.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Magist%C3%A8re_de_l%27%C3%89glise
http://www.portstnicolas.org/L-eglise-du-village/Ecclesiologie/Le-magistere-du-pape-et-des
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Écrit par : Nicolas Dangoisse / | 23/01/2012

UTOPIE LIBERALE

> J'ai toujours été surpris par cette défense du libéralisme qui consiste à dire: c'est l'intervention de l'Etat (par exemple en créant trop de liquidité,ou de dette) qui est la vraie cause de pourquoi nous avons volé dans le décors.
Je croyais naïvement les marchés capables de s'auto-réguler. Ce que nous disent les économistes libéraux c'est en somme: oui, pourvu qu'il n'y ait pas de perturbation extérieure. Voilà qui est inquiétant, parce que des perturbations extérieures, il y a des tas de raisons qu'il en surgisse: naturelles, sociales etc ... Faut-il comprendre que les marchés ne sont capables de s'auto-réguler que dans un monde ou rien ne s'éloignerait de la perfection théorique? C'est-à-dire dans un monde qui n'existe pas. Surprenant aveu de faiblesse ...
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Écrit par : luc2 / | 23/01/2012

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