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12/01/2012

Un appel contre l'échec scolaire... qui perpétue une partie des causes de cet échec

 200809250859_zoom.jpgLa presse lance un « appel » signé de 52 personnes parmi lesquelles des noms honorables : Boris Cyrulnik, Stéphane Hessel, Axel Kahn, Thomas Piketty, Marcel Rufo. Motif : aujourd'hui 20 % des élèves de 15 ans sont en situation d'échec...


 

...Mais l'appel est signé aussi par plusieurs machineries syndicales (SE-Unsa, Sgen-CFDT) qui ne sont pas tout à fait innocentes de la situation actuelle. Et l'initiative de l'appel revient à une organisation nommée Afev (Association de la fondation étudiante pour la ville) : c'est une courroie de transmission du pédagogisme officiel de l'Education nationale, qui est l'une des causes de la catastrophe scolaire. On relève ainsi parmi les signataires les noms de personnages comme Philippe Meirieu, François Dubet ou Eric Debarbieux..

Cette proximité s'exprime dans les solutions proposées par l'appel, ainsi résumées dans les journaux :

1. « en finir avec l'amalgame entre effort et souffrance » (phrase vide de sens, à moins que ça n'obéisse à la norme du « ludique » consumériste : vecteur du marketing des comportements) ;

2. « réinventer le collège unique » parce que la « rupture » serait « trop brutale » entre le CM2 et la sixième (ce qui ne veut rien dire non plus, à moins qu'on ne sous-entende une descente supplémentaire du niveau d'effort afin de supprimer la « souffrance », etc) ;

3. dans la filière professionnelle, donner les moyens de permettre à l'élève de choisir son orientation (ce qui part d'une bonne intention : à condition de savoir ce qu'on met sous les mots).

Le Figaro laisse entendre que cet « appel », et le « pacte » orchestré par l'Afev, sont des éléments de la campagne présidentielle de François Hollande. C'est sans doute exact  mais ce n'est pas critiquable ; le corps enseignant a le droit de pencher à gauche, et le bilan scolaire du sarkozysme est peu défendable.

La vraie question serait de savoir pourquoi les propositions de la gauche officielle, et l'idéologie officielle de l'Education nationale depuis plusieurs dizaines d'années, ressemblent tellement à l'idéologie consumériste.

De là découle une autre question. Pourquoi les grands courants politiques refusent-ils de constater ce que tant d'enseignants et de parents ne connaissent que trop : la contradiction entre l'apprentissage de savoirs, encore plus ou moins dispensé par l'Education nationale, et la dispersion ludique, imposée (avec beaucoup plus de puissance) par la société de consommation ?

Cette contradiction est invivable pour les enseignants. Elle est invivable pour les parents quand ils sont lucides, chose hélas assez rare. Elle est invivable aussi pour les élèves, écartelés entre ce qui les attire (le ludique de consommation) et ce à quoi on les astreint (le scolaire). Témoin Théo, 12 ans, interviewé dans Libération : « Comme je n'aime pas, je m'ennuie, je rêve en classe. Je me sens plutôt ailleurs. J'ai envie de dormir. Ca me fatigue. Je n'écoute pas. Les professeurs me disent d'être plus attentif. Quand je me tiens la tête avec les bras, ils me disent d'arrêter. Le soir, j'aimerais bien m'amuser mais je ne peux pas à cause des devoirs; l'école, j'y vais parce que je suis obligé et pour retrouver les copains... » 1

Les charlatans du consumérisme prétendent avoir le remède : selon eux, la contradiction se résoudra en alignant définitivement le scolaire sur le ludique, autrement dit en zappant l'apprentissage des savoirs. Une pression énorme est exercée en ce sens depuis quinze ans2. Cette pression est scandaleuse ; elle continue aujourd'hui malgré trente ans de dégâts croissants. Et malgré les belles paroles de Libé, dont l'éditorial (accompagnant quatre pages à la gloire de l'appel des 52) déclare : « S'il faut sauver l'école, c'est parce que les valeurs républicaines […] restent les meilleurs antidotes aux valeurs de compétition permanente et d'individualisme qui nourrissent depuis des années les dérives du libéralisme. » Certes ! Mais Libé croit-il que l'on combat l'ultralibéralisme en appliquant à l'école l'idéologie consumériste, qui règne déjà sur le reste de la société ? Ahurissant aveuglement, que l'on retrouve d'ailleurs appliqué aux questions de moeurs, de spiritualité, etc.3

Nous serions heureux de savoir ce qu'en pensent des enseignants. Ce blog leur est ouvert.


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1. Théo ajoute qu'il préférerait devenir menuisier, et il dit : « dès que je peux, je fais un stage et je quitte l'école ». Ce qui pourrait être vu comme une condamnation du collège unique., si l'on faisait attention à ce que disent les adolescents

2. J'en parlais déjà dans un livre de 1997 : Ca donne envie de faire la révolution ! (Plon).

3. Il y aurait beaucoup à dire sur l'influence désastreuse du consumérisme (et de son annexe le pédagogisme de l'EN) sur la catéchèse catholique depuis trente ans.

 

Commentaires

MÈRE D'ELEVE

> Mon fils de 13 ans n'a pas accès à la télé le soir. Ce qui fait que le matin, il est à son affaire en cours. Ses copains non. Idem pour le Net : en week-end seulement et avec nous. Il n'y a pas de mystère. Les facultés d'attention ne sont pas illimitées.
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Écrit par : Tiphaine / | 12/01/2012

LE PUBLIC QU'IL FAUT AU MILIEU DIRIGEANT

> C'est caractéristique des idéologues de pratiquer la fuite en avant: si leur système ne marche pas, c'est qu'on ne l'a pas encore assez mis en oeuvre.
Le milieu dirigeant n'a surtout pas besoin de gens capables d'observation, d'analyse et de réflexion, ce qu'il lui faut, c'est un public manoeuvrable par l'émotionnel: il y a des études instructives de neuro-psychiatres sur l'influence des méthodes d'enseignement sur le développement de la personnalité et sa sensibilité au conditionnement.
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Écrit par : Pierre Huet / | 12/01/2012

REACTIONS D'UN PROF

> Bon, je suis allé voir le fameux texte que je viens de découvrir. Première réaction, il n'y pas d'enseignants parmi les signataires. Il y a quelques vieux prof du supérieurs qui n'ont pas vu un ado depuis longtemps, des people "has been" et des "intellos" inconnus. Par contre, on retrouve les sempiternels même "experts" depuis des décennies: Meirieu, Dubet, etc. Y sont aussi les "institutions" qui font la promotion du pédagogisme (et donc de la destruction de la mission de l'école: la transmission d'une culture aux générations futures): Se-unsa (ex-fen ou du moins ce qu'il en reste); sgen-cfdt, FCPE (parent d'élève en général classée à gauche mais plutôt adepte du cocooning de "mon chéri, mon coeur" que de la lutte des classes -sans jeu de mot-), etc.
On retrouve les même vieilles thématiques qui avaient donnée naissance aux sinistres IUFM au début des années 90, sous l'ère de Jospin, ministre de l'Education conseillé par un certain mamouthophobe. C'est à cette époque que l'alliance libérale-libertaire s'impose dans l'EN (après quelques tentatives pédagogistes plutôt dérivée de l'ambiance folle de mai 68). C'est un bon indicateur que de voir les "experts" nommés sous un gouvernement il y a 20 ans rester en place au gré des alternances.
Quant à la défense des "valeurs de la république" invoqué par Libé, c'est du pur "republico-washing". Ces gens-là ne pensent pas plus à la république que moi à ma première craie (quoique, ma première craie qui crisse sur le tableau....).
Suite au prochain billet.
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Écrit par : VF / | 12/01/2012

A P.P.

> Bon! Que repprochez-vous concrètement au « pédagogisme officiel de l’Education Nationale »? L'institution scolaire n'est pas forcément la première responsable de l'état de la société.

BJL

[ De PP à BJL - Demandez à VF. Lui, il est prof. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Blaise Join-Lambert / | 12/01/2012

LA QUESTION DU LIBERALISME

> Répondre à la question de l'alliance des pédagogistes avec le libéralisme n'est pas facile. Les réformes de l'EN sont presque toutes initiées par le plan Langevin-Wallon de 1947. Issu du programme du CNR (d'où le soutient de Hessel à l'appel des 52?), il a ce paradoxe d'être conduit par des personnalités communistes ( et le pc de 1944/47 n'est pas Mélenchon) mais prône l'application de pédagogies "nouvelles" venant en majorité (mais pas seulement cf le constructivisme de Piaget) du monde anglo-saxon (pédagogie de projet, pédagogie active, par objectif, etc.). Ces théories datent pour la plupart de la fin du 19e au milieu des années 30. Mais elles ont quasiment toute un point commun: l'Emile de JJ Rousseau et sa volonté de laisser l'enfant apprendre de façon autonome pour ne pas le "pervertir" par les "vices" des adultes. C'est le refus de la transmission et l'individualisme qui sont les moteurs de ces pédagogies. C'est ce qui a séduit des gens comme Freinet, écoeuré par le carnage de 14/18 ou mes collègues de gauche, voulant changer la société (d'ailleurs, une revue pédagogique avait comme sous-titre: "changer l'école pour changer la société").
Alors, comment cela bascule-t-il vers le consumérisme? Je pense que l'implosion idéologique de la fin du communisme, comme pour les soixante-huitards, crée un vide et ramène ceux qui voyaient ces pédagogies comme un moyen de lutter contre "l'élitisme bourgeois" et le "formatage" des enfants vers l'origine de ces théories: les "lumières" libérales. Et comme on en parlait ici il y a peu, le libéralisme est fondamentalement issu de ces philosophies des "lumières".
Un autre thème serait à étudier: le rôle des technologies comme palliatif aux échecs de ces théories. Et ce fut là, le cheval de Troie du matérialisme-mercantile dans l'école.
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Écrit par : VF / | 12/01/2012

CES GENS

> Etant en master en science de l'éducation, je peux vous dire qu'on a droit à tous les pédagogues dans nos cours. Malheureusement, notre apprentissage porte plus sur apprendre au sujet de ces gens et de leur théories de l'apprentissage, plutôt que sur le côté véritablement pratique du métier de l'enseignant. La seule chose qui nous permet de nous y confronter sont nos stages de quatre semaines dans un établissement...
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Écrit par : Théa / | 12/01/2012

ILLUSIONS ET BEAUX MOMENTS

> J'enseigne depuis trois ans et demi le français au lycée, en province (profonde) : Seconde, Première, BTS (industriels = dur, dur). Il n'y a pas de filière littéraire dans mon établissement (les classes "poubelles" sont d'autres filières). Je trouve très juste la contradiction soulignée par PP, entre l'enseignement, ou transmission de savoirs, et la dispersion ludique, qui est notre principal problème. Les élèves sont sympathiques mais d'un niveau culturel de plus en plus dégradé : souvent il n'y a pas de livre à la maison, même pas les ouvrages scolaires des parents, et acheter des livres de poche à moins de 5 € leur est plus difficile que payer des forfaits téléphoniques hors de prix. Surtout, l'invasion massive des nouvelles technologies dans la vie des adolescents et dans l'enseignement nous impose de passer notre temps à faire des diaporamas, à travailler en vidéo, bref à utiliser les "TICE" ! On nous fait même des stages spéciaux pour cela. Sans parler des collègues qui ont leur profil Facebook pour communiquer avec les élèves, ni du réseau pédagogique interne à l'établissement, ni de l'appel sur ordinateur en début d'heure pour pouvoir alerter par SMS les parents d'élèves absents, ni du cahier de textes en ligne (logiciel Pronote), ni du fait qu'on passe son temps à lire des mèls remplis de pièces jointes sans fin que nous envoie l'administration... 6 ordinateurs pour 130 profs en salle de travail, et une seule personne pour la maintenance informatique...
Alors, oui, les articles de 'La Décroissance' sur l'informatique me parlent ! Vive la bonne vieille analyse de texte papier-crayon !
Et en parlant avec nos élèves, nous savons vite lesquels passent leur nuits à jouer à "Call of Duty" (interdit au moins de 18 ans...) : il sont nombreux, il y a même des filles. Les intéresser à "L'illusion comique" de Corneille relève alors de l'illusion comique. Ils vivent dans une illusion tragique, dans un monde peuplé de fantômes. L'industrie du divertissement a tout envahi. Cependant, ici et là, il y a de vrais beaux moments avec les élèves, quand ils s'ouvrent à leur faculté symbolique et parviennent à interpréter.
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Écrit par : Alex / | 12/01/2012

SUR LE TERRAIN

> Théa, être prof est un art qui s'apprend sur le terrain. J'ai débuté au tout début des IUFM (j'en aurais à raconter..) et c'est grâce à quelques collègues anciens que j'ai vraiment appris mon métier. J'espère que vous aurez cette chance d'en rencontrer.

> Cher Blaise, je vous répondrais demain, là je suis trop crevé et en plus, j'ai pas remplis mes ENT...

> Oh que je vous comprends mon cher Alex. l'invasion de l'informatique et du temps réel est une horreur totale.
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Écrit par : VF / | 12/01/2012

ON SE TROMPE DE REMEDES!

> J'ai été professeur de collège de 1972 à 2001 et toute ma vie j'ai vu les gouvernements successifs administrer à l'Education Nationale des doses croissantes de poisons(appelés réformes par les ministres et les syndicats) pris pour des remèdes. Maintenant que le malade est dans le coma, on pense que c'est parce que les doses étaient insuffisantes pour enrayer le déclin.Les profs qui pensaient autrement étaient très mal vus par leurs collègues et leur principal(c'est pourquoi je suis absolument contre la notation des professeurs par les chefs d'établissement, les premiers fossoyeurs de l'Education Nationale!).
Qui aura un jour le courage de taper du poing sur la table en disant qu'il faut absolument tout autre chose que ce qu'on fait depuis 40 ans? Je crois qu'on ne pourrait vraiment réformer de fond en comble l'Ed.Nat que par un référendum.
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Écrit par : Monique T. / | 12/01/2012

EN AMATEURE

> Saltimbanque de l'Education Nationale, je pose ma caravane là où je trouve un remplacement (Enseignement Privé), et m'essaie alors au rôle de professeur. C'est donc en amateure davantage qu'en professionnelle que je porte mon regard sur cette institution, que je n'ai jamais connue autrement qu'en crise.
Je crois que la priorité est de restaurer la confiance, et ce à tous les niveaux (élèves, professeurs, parents, direction). Et pour cela arrêter le flicage permanent qui s'exerce au-travers les évaluations,tests, notations, sondages, statistiques, rapports,etc qui créent un stress permanent, génèrent une ambiance délétère, et doublent voire triplent le travail des enseignants. La plupart des professeurs sont des gens honnêtes et consciencieux, aimant leur métier, mais je cherche les profs heureux! Idem de nos très chers élèves (oh, comme on les a à coeur!)des parents si anxieux et tellement sur la défensive,des Directions prises entre des exigences contradictoires,(dont la pression permanente de faire du chiffre et de soigner l'image comme une entreprise privée).
Je reste persuadée que la meilleure des pédagogies est celle qui correspond aux talents de l'enseignant. Rendez les profs heureux dans leur classe, et vous verrez que le reste suivra!
Et en effet l'école se doit d'être un sanctuaire qui protège des vices de son temps: ici c'est ce chantage permanent au triple A qu'il faut combattre.
On pourrait ajouter que ce culte désastreux de la rentabilité immédiate se fait aux dépends de la lente construction de l'homme et de la société: plus on multiplie les heures passées en classe, et moins on a le temps! Il y a un stress, une course contre le temps énorme qui, depuis le haut de la hiérarchie jusqu'aux parents, pèse plus encore que leurs cartables(beaucoup trop lourds!) sur les épaules fragiles de nos jeunes. L'école devrait être le lieu de l'éloge de la lenteur et du rythme naturel, celui d'un enfant n'étant pas nécessairement celui de son camarade. Mais qu'en 12 ans de scolarité, à courir sans arrêt d'une notion, d'un pré-requis à l'autre, pour boucler le programme,vite vite, au sortir du collège un jeune ne sache toujours pas lire...!
Il faudrait repenser à ce sujet les services environnants, ces lieux de vie,de respiration et de re-création: cour, étude, self, pensionnat, infirmerie, foyer,... et ces honteux toilettes que tant d'élèves évitent!, et reconnaître davantage le personnel qui y travaille, souvent confidents des élèves: beaucoup d'incidents voire de drames seraient évités si on les écoutait.
Rendez les élèves heureux!(ce n'est pas moi qui le dit, c'est Don Bosco). (J'ai d'ailleurs à ce sujet une contre-proposition à faire à ce cher monsieur Duncan pour lutter à l'école contre l'obésité, symptomatique de notre société de consommation....)
Puisque c'est le temps des propositions et des rêves: pourquoi pas une bi-direction d'établissement: paternelle et maternelle(pourquoi limiter le modèle familial à la cellule familiale?):l'un veillant au bon ordre,l'autre au bien-être? Et oui, l'école reste aussi le lieu des utopies:-)
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Écrit par : Anne Josnin / | 13/01/2012

500.000 €

> "Afev (Association de la fondation étudiante pour la ville) : c'est une courroie de transmission du pédagogisme officiel de l'Education nationale" : avec 500.000 € de subventions étatiques ce n'est pas très étonnant...
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Écrit par : Thomas / | 13/01/2012

Remarque d'un professeur du public détaché dans le privé :

> Le sérieux handicap de l'école de la République et plus largement de la République, provient à mon sens de son incapacité à définir l'homme réellement. Il est suivant les besoins un individu ou un brigand s'il refuse le pacte républicain (en 1793), un amas de cellules qui s'humanisent brusquement à la douzième semaine de gestation jusqu'à la fin de leur dignité suivant les injonctions de l'économie ou bien une part de marché pour un principal de collège comme je l'ai entendu. Bref, toutes les données anthropologiques sont modulables selon les "tendances de l'histoire" comme nous le rappelait un ministre aujourd'hui.
La définition chrétienne est transcendante aux variabilités de l'espace-temps : créé à l'image de Dieu, l'homme est temple de l'Esprit Saint de sa conception à sa mort naturelle. Il me semble qu'une telle approche permet davantage de résister aux sirènes de la consommation compulsive.
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Écrit par : Isabelle / | 15/01/2012

LE PEDAGOGISME DANS LA CATECHESE(dénoncé dès 1983 par le cardinal Ratzinger)

> Il a sévi pendant 40 ans-probablement dans tout le monde occidental- avec le succès que l'on sait et je ne suis pas sûre que, dernièrement, on y ait vraiment remédié- comme le demandait le Pape aux évêques de France à Lourdes en 2008.Celui-ci avait déclaré que la catéchèse était plus affaire de CONTENU que de méthode.Au sujet du contenu de la foi, il faut lire les deux récents documents du St Siège instituant la très importante ANNEE DE LA FOI(du 11/10/2012 au 24/11/2013), accessibles sur le site du Vatican(vatican.va- the Holy See) aux rubriques"Motu Proprio" et"Actualités":PORTA FIDEI de Benoît XVI du 11/10/2011 et la Note de la Congrégation de la doctrine de la foi(très précise et pratique) sur l' Année de la foi, datée du 07/01/02013.
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Écrit par : Monique T. / | 16/01/2012

> Pas reçu ! renvoyez-le, svp.
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Écrit par : PP à VF / | 17/01/2012

Cher Blaise,

> ...je vais essayer de vous expliquer ce que je reproche au "pédagogisme" officiel sans en faire une thèse.
Pour faire court, il y a deux niveaux de dégâts.
En premier, la surface émergée de l'iceberg: les programmes. On ne va pas en faire une tartine, mais en gros, ils sont mal conçus, édulcorés au possible, impossible à tenir dans une programmation annuelle, sans parler des thèmes plus que sujets à caution (ex: la fameuse théorie des genre en svt ou le développement durable en géo). On peut même considérer qu'il sont conçu pour s'adapter à la démarche consumériste (par exemple, en histoire en 6e, les civilisations de l'orient ancien commencent par une étude obligatoire du site de Gizeh où la « compétence » demandée est de savoir décrire et présenter le site. Bref, faite un dépliant pour touriste ignare...)
En second lieu, le gros problème à mon avis, du moins le plus lourd à corriger: la déstructuration et le formatage des esprits. Il n'est pas évident de traiter cela en un commentaire sur un blog, mais ces différentes méthodes (voir billet ci-dessus) formatent les esprits des enfants de la sorte qu'il ne peuvent plus lire et décrypter correctement (la fameuse méthode globale -qui existe toujours mais déguisée- et qui conduit 40% des élèves de 6e à ne pas savoir lire -sur les deux niveaux: déchiffrage plus que laborieux et ignorance abyssale du vocabulaire de base qu'un enfant de 12 ans doit connaître. C'est au point que la ré-édition de la série du club des cinq dut être "traduite"-), construire une pensée raisonnée, acquérir de nouvelles connaissances, les structurer et les organiser, bref les maîtriser pour pouvoir les utiliser et arriver à penser. Si l'on veut remédier à cela, il faut un boulot énorme de ré-éducation surtout si le sujet est âgé (lisez les livres de Marc Lebris là-dessus ou les expériences du programme slecc et du grip). Les enfants deviennent ainsi des sujets habitués à suivre leur pulsions du moment sans cohérence, ni structure, ni réflexion logique. De plus, ajouter à cela les théories constructivistes (en gros, l'enfant ne peut bien apprendre que s'il découvre lui-même les choses donc il faut qu'il expérimente tout) et vous avez un échec total de l'école.
Alors, pour camoufler cela (l'échec et le formatage), on lance d'autres variantes: pédagogie différenciées, pédagogie de projet et, summum actuel, l'informatique et surtout le net. Rendez-vous compte, c'est génial, plus besoin d'apprendre car on a tout dans l'i-phone. Du coup, plus besoin d'apprendre, plus besoin de réfléchir, il faut juste apprendre aux jeunes à chercher la bonne application et à être sans cesse à jour en matériel (marché énorme et plus que juteux que les entreprises s'arrachent).
C'est là que c'est fabuleux ou délirant: l'école devient une machine à fabriquer des personnes pulsionnelles, habituées à ne faire que ce qui fait plaisir, ce qu'elle peuvent réussir, sans "souffrance" en étant "cocoonées" constamment et cela sans savoirs réellement acquis, ni construits, tout en leur faisant croire qu'ils sont libres et maîtres d'eux-mêmes (le maître mot est "autonomie") alors qu'elles sortent de l'école sans avoir la culture et la réflexion qui les rendraient vraiment libres.
Bref, l'EN, au lieu d'être un rempart contre le matérialisme-mercantile, un sanctuaire de la formation de l'âme et de l'esprit, est devenu un des plus important allié du système. Alors oui, l'EN (et la plupart des école privées) a aussi sa part de responsabilité dans le désastre actuel.
Quelques adresses intéressantes:
*le blog d'un collègue de lettre, alliant analyse, constats, poésie et humour:http://celeblog.over-blog.com/
Le blog de J.P Brighelli. Un partisans de l'école républicaine. Des billets intéressants, mais les commentaires le sont beaucoup moins.http://bonnetdane.midiblogs.com/
A lire sur le grec en banlieue: http://www.sel.asso.fr/article.php?id=95
http://marc.le.bris.free.fr/
A lire: 'La fabrique du crétin' de Brighelli;
'Et vos enfants ne sauront pas lire ni compter', marc Lebris
'Autopsie du mammouth' de Claire Mazeron (la direction de l'EN vue de l'intérieur) ;
'Le pacte immoral' de Sophie Coignard (comment nos élites savent tout et ne font rien) ;
'Journal d'une institutrice clandestine' de Rachel Boutonnet (une plongée dans le monde merveilleux des IUFM et de la formation);
'Homère et Shakespeare en banlieue', d’Augustin d’Humières et Marion van Renterghem. Je ne l'ai pas encore lu, mais j'ai l'expérience des banlieues et je sais que l'on peut y faire de belles choses. J'ai écouté les auteurs dans l'émission de Finkielkraut: excellent!

> A Isabelle: Bienvenue sur ce blog. Il me semble que vous vous égarez. Nombre de monarchies ont une vision de l'homme (ou du moins l'ont laisser s'installer) correspondant plutôt à ce que vous reprochez à la république: réification de l'homme (GB), avortement tardif (GB, Espagne) ), euthanasie (Pays-Bas, Belgique). Et vous avez des républiques qui résistent (Irlande, Malte, etc.). C'est dommage que vous voyiez de vrais problèmes avec des lunettes de 1905 colorées à la Maurras. Ce n'est pas une question de régime politique mais de système matérialiste-mercantile qui s'est imposé sur l'ensemble de la planète. C'est ce système qui à perverti la définition de l'homme, pas le régime politique. C'est la marchandisation de tout les aspects de la vie, le profit comme unique moteur de la société qui ont détruit cela. Comme je trouve dommage et tellement réducteur que vous voyiez la foi comme un rempart et pas comme une adhésion amoureuse à un dieu fait Homme. La foi est amour, pas sectarisme.

> A Monique: entièrement d'accord avec vous. D'ailleurs, Meirieu a sévi aussi dans l'enseignement catholique. Ceci dit, en 2012, nous avons un gros défi: 98% des enfants qui viennent encore au catéchisme ne sont pas chrétiens. Ils viennent pour faire plaisir à la grand-mère, par rituel social, rite de passages, etc. Leur familles ne sont plus chrétiennes. Donc un catéchèse, c'est-à-dire un enseignement intellectuel ayant pour but d'affermir la foi d'un enfant, ne peut plus être faite. Il faut évangéliser d'abord ces enfants. Ensuite, on les catéchisera. Le succès des catéchèses pour adultes, c'est qu'elles sont faites pour des gens qui sont convertis, enflammés par le Christ. Pour des enfants gavés de playstation, de portable (dès la maternelle maintenant), de pub, et qui ne vivent que pour consommer, une catéchèse classique ne fera rien du tout. Je sais de quoi je parle, j'ai fait du catéchisme.
Evangélisons. Le vrai défi est là et les enfants peuvent être touchés, je le vois bien dans mes classes. Ensuite, il est vital, c'est tout à fait vrai de bâtir de vrais catéchismes, qui ne soient ni le questions-réponses automatique de 1880, ni les délires pédagogos que j'ai subis moi-même.
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Écrit par : VF / | 18/01/2012

EFFETS PERVERS

> les parents sont lucides? "chose hélas rare",je lis le post... pas d'accord!
Ne faudrait-il pas clairement se positionner face à des systèmes pyramidaux qui ont des effets néfastes? Les parents subissent à l'instar de nombreux enseignants aussi très lucides et dégagés de leurs avancement de carrière.
Bien se fixer et tout simplement rappeler que l'enseignement est une affaire d'individus où des hommes et des femmes avec toutes leurs compétences sont trop souvent empêchés d'exercer correctement leurs missions auprès des enfants (les moyens financier ne manquent pas quoi en disent les "dit syndicats"mais très mal répartis,la moyenne du coût par enfant reste très élevée par rapport à d'autres pays,y compris européen):
les lourdeurs des systèmes administratifs font de la démesure au détriment de l'humain;les enseignants sur le terrain sont en décalage par rapport aux "faiseurs de lois"(toujours changer de programme dans une course infernale pour coller à la modernité),de nouvelles règles à appliquer, sinon gare! Leurs carrières pourraient en pâtir(le chantage à l'argent, toujours la monnaie pour diviser).
Le second effet pervers de ce système élargit le fossé entre enseignants et parents...et les pauvres gamins sont au milieu subissant la pression.
Des mécanismes d'autoprotection de l'administration rendent inaudibles de nombreux témoignages d'enseignants et de parents (malgré les associations de parents d'élèves quand celles-ci sont indépendantes et hélas ce n'ai pas toujours le cas).
Je m'exprime en tant que parent ayant subit(surtout mon fils) les foudres d'une enseignante "directrice", sûre de sa compétence en matière de pédagogie(fière d'être unsa et absente 1jour par semaine pour permanence syndicale),carriériste,gauchiste(troksiste)convaincue,gourou et un peu sorcière à mon goût, le bras très très long:les parents ont beau se plaindre...rien ne se passe;les enseignants mutent autour... c'est normal!L'élu du secteur râle car il veut des enfants pour éviter la fermeture de classes et continu à râler car il ne peut rien.
Résultat, les parents doivent se transformer en enseignant 1 ou 2 ans et effectuer le travail non fait sur les enfants quand ils le peuvent;
le plus dur est de décomplexer l'enfant,après pour les apprentissages ça suit sans problème aidé de bons manuels et de supports multimédias(budget supplémentaire à prévoir).
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Écrit par : Stéphan / | 19/01/2012

Cher Stephan,

> désolé du retard, mais je croule sous le boulot et pas mal d'autres choses. D'accord avec vous sur la lucidité des parents. Nombres d'entre eux consomment de l'école voire simplement de l'occupationnel culturel comme me disait l'un d'entre eux (et vous verrez quand ce sera privatisé et qu'il y aura la mise en place de "chaînes scolaires" comme il y des mac-do....)
L'enseignement n'est pas tant une affaire d'individus (vous expliquez bien les lourdeurs de l'appareil) qu'un métier d'artisan.
Ce ne sont pas tant des mécanismes d'auto-protection de l'institution qui gênent, que la main-mise par le camp des pédagos fous sur elle. l'Unsa que vous décriez à juste titre en est le bastion avec le Sgen. Ils sont ultra-minoritaires mais tiennent l'inspection générale. Et pour des raisons allant de la lâcheté à l'intérêt, les différents ministres depuis 30 ans leur ont laissé les clefs. Lisez 'Le pacte immoral' de Sophie Coignard et vous comprendrez mieux les choses.
Moi aussi, quoique de la maison, j'ai eu à me frotter à ce genre de personnage que vous décrivez à propos de mes enfants. Le problème pour eux, c'est que je connaissais la boutique. J'ajoute que j'ai testé aussi le privé pour ma progéniture pensant y trouver un meilleur accueil et surtout une meilleur écoute quant aux handicaps d'un des miens. Il n'en fut rien.
Le problème des syndicats est simple: il sont corrompus en majorité. Comment? par les avantages que donnent le ministère: poste détachés, subventions, etc. Les principaux syndicats ne sont plus libres et nombre de leurs élus ne sont plus devant des classes depuis des lustres. Là aussi, il y a matière à réforme. Aucun syndicat ne devrait recevoir de subsides, point barre.
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Écrit par : VF / | 23/01/2012

@ VF,

> C'est positif de mettre en doute certaines affirmations que j'ai pu poser par rapport à un regard de parent;ce n'est que mon point de vue qui est tout de même basé sur une expérience vécue de très près face à quelques personnes dépositaires (et non détentrices)de l'autorité au sein de l'éducation nationale. Ces personnes,au grand mépris des parents, rédigent des rapports et des évaluations à leur guise sur des jeunes enfants jusqu'à effectuer des diagnostics .Elles sont beaucoup plus mesurées sur les enfants de parents "bien placés".
C'est un agriculteur qui m'a ouvert les yeux( étant trop occupé au moment critique) pour arrêter la mascarade,lui aussi dans le même cas: il récupérait son fils contrarié et énervé le soir à la sortie de la classe...
Les enfants n'ont pas à être des "tampons"dans n'importe quel cas de figure.
En 2011 deux initiatives venues d'en haut ont fait débat:
-la 1ère, du ministère proposant d'évaluer les enfants dès la maternelle en trois catégories(étiquetage avec dossier).
- la 2ème,proposition venant de la "madone du poitou", rendre l'école obligatoire dès 3ans.
Je crois qu'il y a danger!
En ce qui concerne l'enseignement catholique sous-contrat(qui est payant),tout dépend des écoles, des enseignants et bien sûr de l'académie du lieu.
Pour les écoles hors-contrat,je suis assez réticent à des établissements exclusivement catholique;en fin d'année, j'ai reçu une demande de don de la part d'un prêtre(plutôt traditionaliste)souhaitant former des futurs cadres de la société et de l'église de demain.Si tel est le seul objectif, je m'écarte.
Sur un blog,j'ai lu l'exemple d'une école catholique en banlieue parisienne qui avait l'air de fonctionner pas si mal, accueillant d'autres cultures.Et pourquoi pas?Il y aurait des murs à faire tomber.
Le plus important,ce sont les transmissions des savoirs auprès des enfants.
ps:le livre de S.Coignard,c'est prévu, mais je vais doucement n'étant pas un intellectuel,je mets beaucoup de temps avant de digérer.
Bien cordialement.
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Écrit par : Stéphan / | 24/01/2012

PERDRE SON TEMPS

> Juste l'anecdote du jour. je viens de perdre mon après-midi (journée de solidarité oblige) à écouter le docte verbiage de "femmes savantes" (vous savez, celles qui vous parlent de géniteurs d'apprenants, d'outils scripteur, de triangle didactique ou d'interface cognitive verticales...) nous expliquer comment gérer des enfants en échec scolaire. Sauf que, elle n'ont pas d'enfants, ne sont jamais devant une classe et ne font que nous recracher un "digest" de Meirieu, la Garanderie etc. Le pire de l'affaire (à part que j'avais prévu de passer mon après-midi à reprendre mon cours sur la guerre froide et corriger 50 copies), c'est de voir mes collègues, dociles, gober toutes ces fadaises. Molière, reviens, tu as encore de quoi écrire!
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Écrit par : VF / | 25/01/2012

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