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07/01/2012

Retour en scène de la taxe Tobin : mais pour faire quoi ?

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Rappelons le principe de la taxe, conçue par le Nobel d'économie James Tobin en 1972 :


...prélever 0,01 % sur chaque transaction financière, ce qui aurait pour effet de limiter l'instabilité des marchés en freinant la spéculation délirante des banques, des traders et des fonds d’investissement. (« En revanche, soulignent les experts, l’investisseur lambda  ne réalise pas plus de dix opérations par an sur les marchés : la taxe serait donc indolore pour lui» ).

Le volume de la spéculation délirante atteignant des milliards tous les jours, la taxe (malgré son très faible montant) lèverait des millions d’euros. D'où le charme que lui trouvent soudain les gouvernements européens, acculés par la dette...

Or Tobin avait conçu sa taxe pour aider non pas les pays riches, mais les pays pauvres.

D'où la méfiance des organisations humanitaires...

 

Communiqué d'Oxfam France et d'autres ONG :

<< Effet d’annonce d’un candidat en campagne ou revirement soudain ? Après des mois d’atermoiements et de déclarations contradictoires, l’Elysée semble aujourd’hui vouloir donner un coup d’accélérateur à la création d’une taxe française sur les transactions financières (TTF), sans attendre un hypothétique consensus européen. Aides, Oxfam France, Coalition Plus et One France se félicitent d’une telle annonce, mais rappellent que de nombreuses zones d’ombre restent à éclaircir pour que cette taxe bénéficie aux populations les plus pauvres. En cette période pré-électorale propice aux déclarations d’intention, nos organisations appellent à la plus grande vigilance sur l’évolution de ce dossier. C’est pourquoi nous demandons à M. Sarkozy de se prononcer au plus vite et avec la plus grande clarté sur les modalités de sa mise en place : assiette, taux, affectation et calendrier.

Sans ces précisions indispensables, les déclarations relatives à la taxe devront être comprises non comme l’annonce d’une décision concrète et imminente mais comme une nouvelle promesse électorale d’un président en campagne.

1. Le spectre d’une taxe au rabais. Les sources gouvernementales citées dans la presse ces derniers jours parlent de lever "quelques centaines de millions d’euros par an", alors que la TTF rapporte 4 milliards d’euros par an en Grande-Bretagne et 11 milliards au Brésil. Or, gouvernement et majorité UMP ont rejeté en novembre un projet de TTF française beaucoup plus ambitieux, qui avait été intégré par le Sénat à la loi de finances 2012. "Soit le président de la République a soudainement pris conscience hier de la faisabilité de cette taxe au niveau national, comme nous le défendons depuis des mois et comme de nombreux rapports d’experts le démontrent (FMI notamment, en mars et en août), soit il s’agit d’un coup d’éclat électoral consistant à mettre en place une taxe au rabais, avec un taux et une assiette beaucoup trop réduits pour en faire une source de revenus satisfaisante", déclare Khalil Elouardighi de Coalition Plus.

2. Affectation : le grand flou. Si le montant des recettes générées par cette taxe pose question, nos organisations s’inquiètent également du manque de clarté quant à son affectation. L’an dernier M. Sarkozy avait pourtant été très explicite sur ce sujet : "Je ferai tout pour qu’un petit groupe de pays leaders adoptent ce financement innovant au bénéfice de l’Afrique et des pays les plus pauvres". Aides, One France, Oxfam France et Plus demandent que ce principe d’affectation soit clairement réaffirmé.

"Il ne faut pas perdre de vue l’objectif premier de cette taxe : faire payer aux spéculateurs les conséquences mortifères de la crise dans les pays du Sud et répondre aux grandes urgences mondiales, qu’elles soient sanitaires, sociales ou environnementales. Nous ne pouvons dissocier les conditions de mise en place de la TTF avec celles de son affectation. Or dans ses récentes déclarations, le gouvernement fait clairement l’impasse sur cette question", déplore Stéphane Simonpiétri, directeur des programmes internationaux de Aides. "Si l’on ne définit pas dès maintenant à quoi servira cette taxe en ces temps d’austérité quasi obsessionnelle, la tentation sera grande d’en détourner le fruit pour renflouer les caisses de l’Etat. Or dans les pays pauvres, la crise ne se chiffre pas en nombre de A, mais en nombre de vies humaines", prévient Guillaume Grosso, directeur de One France.

"Nous demandons que M. Sarkozy tienne ses promesses faites au pays du Sud, et en particulier à l’Afrique. L’aide au développement a déjà subi de plein fouet l’impact de la crise et les effets du changement climatique imposent aux pays du Sud de nouvelles dépenses non financées, ne privons pas les pays pauvres de cette nouvelle ressource", insiste Luc Lamprière, directeur d’Oxfam France. Seule une taxe à la hauteur des enjeux permettra d’atteindre les Objectifs du millénaire pour le développement fixés par l’ONU : lutte contre l’extrême pauvreté et les changements climatiques, accès universel au traitement pour les malades du sida, alphabétisation…

Aides, Oxfam France, Plus et One France l’affirment depuis longtemps : une telle taxe est faisable au niveau national et permettra à notre pays de montrer l’exemple, afin que de nombreux autres Etats nous suivent dans cette voie. Hélas c’est encore un peu tôt pour se réjouir, car de grandes interrogations subsistent encore et nous sommes dans ce dossier trop habitués aux déceptions. >>

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Commentaires

CONTEXTE DE CRISE

> Il est assez évident que dans un contexte de crise , toutes les taxes vont dans un pot commun d'entrées fiscales et que la notion d'affectation spécifique d'une taxe devient de plus en plus floue et à la limite a peu de sens . La question de l'aide aux pays pauvres devrait à mon sens être abordée en profondeur et d'abord autrement que par des aides financières , du moins aussi longtemps que les pays donateurs n'ont pas un certain droit de regard sur l'emploi de l'aide.
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Écrit par : BrunoK / | 07/01/2012

UNE IDEE DU PAPE

> rappelons surtout que les papes, Benoît XVI par exemple dans l'encyclique sociale 'Caritas in veritate', appellent à un gouvernement politique de l'économie mondiale fondé sur le principe de subsidiarité. Une taxe Tobin mondiale décidée par les gouvernements nationaux (subsidiaire en plein, ça !) me paraît une application de cette idée du pape. Même si les idées du pape donnent des ulcères aux papistes.
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Écrit par : bernard gui / | 07/01/2012

INSANE

> « L'affaire de la taxe Tobin est une absurdité [...]. Si nous le faisons en France, on va encore le payer de dizaines de milliers de chômeurs supplémentaires », s'exclame-t-il, ce jour-là, avant de poursuivre : « Ce que vous ne comprenez pas, c'est que le monde a changé, le monde est devenu un village. A chaque fois que nous pénalisons la création de richesse sur notre territoire, nous favorisons la création de richesse chez les autres [...]. Réveillez-vous, le monde a changé ! »

c.

[ De PP à C. - C'est le discours (économiquement insane) d'un personnage n'ayant aucune notion de la déconnexion de la sphère financière et l'économie réelle en 2012. Je veux bien mettre cette insanité en ligne ; mais pouvez-vous en fournir le mode d'emploi (au 36e degré) ? Tous les lecteurs de ce blog ne sont pas équipés d'un déconnomètre électronique. ]

réponse au commentaire

Écrit par : clopinette / | 08/01/2012

UNE BONNE CHOSE

> Bien sur que cette taxe est une bonne chose et ne pénalise aucune création de richesse, la bulle financière n'en créant pas. Mais à terme, ce qu'il faut, c'est désintoxiquer l'économie réelle de l'addiction financière.
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Écrit par : Pierre Huet / | 09/01/2012

Les commentaires sont fermés.