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06/01/2012

Jeanne "résistante" ? Oui, c'est ce que disait Bernanos...

"Jeanne fut en vérité le visage de la première résistance française, à l'époque où au milieu des plus terribles épreuves se forgea la conscience nationale", a déclaré Sarkozy à Vaucouleurs :


 

Sarkozy se moque de l'histoire et n'en parle qu'à l'approche des élections.  On ne sait pas qui a lui a écrit ce discours.

Mais on voit qui s'élève contre : les amnésiques et les nostalgiques.

Les amnésiques ne veulent commémorer que les fautes et les crimes de l'histoire de France ; ils zappent la mémoire amicale des Français. En fait ils détestent leur propre pays.

Les nostalgiques sont le symétrique inverse des amnésiques : ils font du passé une idole, un bout de bois taillé à leur mesure.

Lisez les réponses de Jeanne à ses juges : elle avait une âme de compassion. C'est pour cela qu'on se souvient d'elle, et qu'on ne peut pas accepter son annexion par « de durs petits esprits » (comme disait Bernanos, justement à ce sujet). Ils sont aussi sourds que leurs idoles de bois. Hélas, ils ne sont pas muets. La phrase de Sarkozy sur Jeanne « résistante » les révulse : on devine pourquoi. Ils ne savent pas que Bernanos en est l'auteur indirect, ni ce qu'il disait de leurs grands-pères.

 

Commentaires

LE PASSEISME ANACHRONIQUE FAIT PARTIE DES IDOLÂTRIES

> "Comme un épouvantail dans un plant de concombres qui ne protège rien, ainsi en est-il de leurs dieux de bois plaqués or et argent. Ou bien, c'est au buisson d'épines dans un jardin, sur lequel se posent tous les oiseaux, ou encore à un cadavre jeté dans l'obscurité, qu'ils sont comparables, leurs dieux de bois plaqués or et argent. A voir leur pourpre et leur éclat se gâter, vous comprendrez que ce ne sont pas des dieux. Finalement ces objets seront dévorés et seront la honte du pays. Mieux vaut donc un homme juste qui n'a pas d'idoles : il sera à l'abri de la honte."
(Baruch 6, 69-72). Le passéisme anachronique fait partie des idolâtries, lui aussi, au même titre que l'hédonisme de l'instant présent.
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Écrit par : Martin Pirès / | 07/01/2012

PITOYABLE

> Pitoyable concurrence entre politiciens à qui s'arrachera Jeanne d'Arc. Elle qui n'a vraiment rien à voir avec eux...
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Écrit par : Perrin Prunier / | 07/01/2012

PAS PLUS LES UNS QUE LES AUTRES

> A la limite le discours de Sarkozy écrit par un historien ou par Guaino était moins à côté de la plaque que le discours réplique de Le Pen devant cent bonshommes place des Pyramides. Probable que Jeanne n'a rien de commun avec la mondialisation et l'Europe de Bruxelles (ni avec le TGV). Mais elle n'a rien de commun non plus avec l'ethnisme lepéniste. Et en politique ? en politique je ne sache pas que JMLP veuille emmener le prince (lequel d'ailleurs ?) à la cathédrale de Reims, ce à quoi s'est résumée la mission de Jeanne.
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Écrit par : Denis Le Billetel / | 07/01/2012

IDOLES

> Les idoles des nations : or et argent,
ouvrages de mains humaines.
Elles ont une bouche et ne parlent pas,
des yeux et ne voient pas.
Leurs oreilles n'entendent pas,
et dans leur bouche, pas le moindre souffle.
Qu'ils deviennent comme elles,
tous ceux qui les font,
ceux qui mettent leur foi en elles.

psaume 134

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Écrit par : Martin Pirès / | 07/01/2012

"JEANNE D'ARC, L'INTERNATIONALE"

> Dans 'le Monde' de ce week-end, très intéressant article de l'historien allemand Gerd Krumeich, auteur notamment de "Jeanne d'Arc à travers l'histoire" (Albin Michel 1993, préface de Régine Pernoud) : "L'Eglise pouvait la canoniser. Elle n'était pas une 'sainte de la patrie', comme l'avaient surnommée les historiens de gauche, Augustin Thierry, Sismondi, Michelet, Quicherat, Henri Martin, mais une sainte de l'Eglise universelle... Jeanne avait une personnalité de stature internationale, de sainte catholique au surplus... Les problèmes de la 'récupération' de Jeanne, de sa position sur l'échiquier des querelles franco-françaises, ne commence à vrai dire qu'avec le projet de canonisation de Dupanloup, qui révolte les gauches de la République naissante. Et bientôt la pauvre Pucelle devient l'enjeu de toutes les querelles politiques. Tout cela montre que les exhortations ont une histoire ancienne qui, elle-même, devrait peut-être servir de 'lieu de mémoire' tant ce débat est inextricable... Peut-être ne faut-il plus que Jeanne divise les Français, et faut-il qu'on la laisse tranquille... Si les politiques reconnaissaient que le sempiternel devoir de mémoire et l'instrumentalisation de Jeanne ne peuvent que ternir ce visage dont le rayonnement s'étend à l'humanité, sa droiture, sa conviction, son esprit de sacrifice, sa dévotion à la vérité et à une belle entreprise humaine. Inclinons-nous devant cette grandeur mais laissons plutôt reposer en paix celle qui a été sacrifiée sur un trop grand nombre d'autels."
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Écrit par : bundschuh / | 08/01/2012

LES ETAPES

> Il serait bon de se souvenir des étapes de la politisation (abusive et anachronique) de l'image de Jeanne d'Arc. En 1900, l'Action française s'en empare avec quelque logique : ayant inventé qu'il fallait restaurer la monarchie au XXe siècle, ce mouvement prend comme emblème la restauratrice de la monarchie au XVe siècle ; affaire Thalamas, pugilats avec les sergents de ville rue de Rivoli, etc. Après 1918 et la canonisation, le culte de Jeanne dans les années 1920 fait partie du consensus bleu horizon : cortèges énormes où l'AF est un peu noyée, etc. Dans les années 1930 surgissent les ligues fascistes, concurrentes de l'AF, qui défilent aussi rue de Rivoli mais dont les idées n'ont rien à voir avec le roi ni la Pucelle. Pourquoi les ligues défilent-elles là ? Pour faire comme tout le reste de la droite à l'époque, sans plus. Sous l'Occupation on verra défiler devant Jeanne les stipendiés de l'étranger (Milice, francistes etc), chose carrément absurde.
Après 1950, le cortège de la rue de Rivoli devient étique, réduit à la post-AF c'est à dire quelques centaines de personnes. Ce cortège-là passe inaperçu. Ce dont le public a plutôt connaissance,
ce sont les commémorations folkloriques traditionnelles en province : genre Orléans, bon enfant et sans portée partisane.
Le confusionnisme réapparaît dans les années 1980 avec l'apparition du lepénisme, carrefour des extrêmes droites françaises : toutes leurs tendances reviennent parader devant la statue d'une sainte qui ne leur est rien religieusement ni politiquement. Elles le font non pas autour du 8 mai, comme les royalistes, mais le 1er mai, pendant les cortèges syndicaux de la Bastille : vieille idée fasciste inventée naguère par Doriot. Toutes les caméras étant braquées sur Le Pen à partir de 1985, la parade frontiste du 1er mai va accaparer l'image de la pauvre Jeanne dans l'esprit - historiquement inculte - des journalistes. Ca culminera avec cet épisode du sinistre feuilleton télé des années 1990 "PJ Saint-Martin", où le flic bobo à barbe de cinq jours et bonnet de laine perquisitionnait chez un bistrotier soupçonné de néo-nazisme et lui montrait une photo de la statue de Jeanne accrochée au dessus du comptoir, en sifflant : "Et ça, vous ne pouvez pas le nier !". Avoir la photo de l'héroïne du démocrate Michelet était devenu un indice de nostalgie hitlérienne.
On en est encore un peu là aujourd'hui. Mais la vague de connerie commence à refluer, grâce notamment à des interventions comme celle de Gerd Krumeich dans 'Le Monde'. Merci à lui.
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Écrit par : louis rossel / | 08/01/2012

> Le lien de l'article de Krumeich : http://www.lemonde.fr/idees/article/2012/01/07/jeanne-d-arc-l-internationale-par-gerd-krumeich_1627061_3232.html
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Écrit par : myeye / | 08/01/2012

CLAUDEL

> "L'histoire de la France n'a été qu'une lngue dispute. A chaque page de ce livre on trouve des divergences d'opinions, des points de vue et des convictions contradictoires, qui se défient par la parole. La guerre de Cent Ans est un sanglant débat sur la légitimité des rois de France..." (Paul Claudel, interview sur les Etats-Unis d'Europe, avril 1925).

"Barrès abhorrait Rimabud et il m'en voulait de mon admiration pour l'auteur de 'Une saison en enfer'. D'autres choses nous séparaient. Il était tourné vers le passé. Je suis attiré par l'avenir. 'La terre et les morts', dit Barrès. je lui répondrais volontiers : 'La mer et les vivants.' Il y a autre chose à dire aux générations qui viennent que ce mot fastidieux de 'tradition'..." (Paul Claudel, interview sur le Nô, avril 1925).
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Écrit par : turelure / | 09/01/2012

JEANNE UNIVERSELLE

> "Elle vit que cela n'était pas juste, que quelque chose devait être changé, même si les hommes et les généraux n'y réussissaient pas. Du fond de son âme, elle entend ce grand appel, ce cri glorieux qui, de ce jour, n'a jamais cessé de retenir en elle : 'Enfant de Dieu, va ! va ! va !"
Où va-t-elle ? Elle va à Chinon pour saluer son roi, ell;e va à Orléans pour délivrer la ville, elle va
à Reims pour donner une couronne, et elle va à Rouen pour recevoir elle-même une couronne,
la couronne du martyre parmi les flammes du sacrifice ! Mais la mort elle-même n'a pas exempté Jeanne de son devoir ! Enfant de Dieu, va ! va ! va !" Et Jeanne va toujours ! Elle a été jusqu'aux extrémités de la terre ! Partout où il y a quelque chose de mal, où il y a une injustice subie par une nation ou une classe d'hommes, partout où le peuple souffre sous le joug de l'ignorance, du préjugé ou de la brutalité, là Jeanne d'Arc va ! Elle va, elle va, elle va. Si l'espace lui manque, si la terre faut défaut devant ses pieds, le ciel étoilé lui demeure ouvert..." (Paul Claudel, discours sur sainte Jeanne d'Arc et sainte Thérèse de Lisieux, Philadelphie, avril 1931).
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Écrit par : turelure / | 09/01/2012

AVANCER

> "...visage de la première résistante Française..." nous dit-il!
Avec tout ce flot de commentaires(pour certains j'ai du mal à suivre le fil), que ce soit sur ce blog où ailleurs au sujet de Jeanne D'arc,je pense que les débats ont permis de faire avancer certaines idées reçues concernant ce personnage hors du commun.
C'est un peu comme Jésus,toujours relire ses paroles et ses actes dans son contexte historique en évitant de "transposer" pour s'en servir à notre époque espacée de deux milles ans avec la sienne;savoir lire son époque, une tâche bien difficile!
La mémoire de Jésus, la mémoire de Jeanne, toutes deux bien différentes, deux témoins sacrifiés en butte avec le pouvoir politico-religieux;
Où est notre patrie? Dans le "ciel"? La vie terrestre est une étape.La mission,l'évangile de Jésus et comme guide, le "paraclet". On est servi!
Non! Rien n'a changé,tout peut continuer!
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Écrit par : Stéphan / | 10/01/2012

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