24/11/2011
L'affaire de l'école Dosnon : dix ans de bruit pour rien
Au bout de dix ans de bruit médiatique, la justice relaxe les directrices de l'école hôtelière Dosnon : aucune irrégularité constatée par rapport aux écoles hôtelières laïques....
Et rien non plus du côté de l'Opus Dei, qui "assure l'accompagnement spirituel" de cette école.
À contre-courant de la presse, j'avais montré la probabilité objective de cette issue dans mon enquête de 2006 : L'Opus Dei, enquête sur le "monstre" (Presses de la Renaissance).
Ce livre est la seule enquête factuelle sérieuse sur la question. Il étudie le phénomène de légende noire cristallisé sur l'Opus Dei depuis les années 1930, et les diverses raisons de cette cristallisation. (Je rappelle - et c'est la première ligne de mon livre - que je n'ai aucune attache avec l'Opus Dei).
18:01 Publié dans Cathophilie | Lien permanent | Commentaires (15)
Commentaires
EN EFFET
> C'est dans ce livre que j'ai appris que le défunt martyr Mgr Romero fut le premier évêque à demander à Paul VI de béatifier Escriva de Balaguer. L'univers catholique est déconcertant.
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Écrit par : louis-marie / | 24/11/2011
LE FILM
> Patrice, avez-vous vu le film de Joffé (There Be Dragons) sur St Josemaria Escriva de Balaguer ? qu'en en pensez-vous ?
J.
[ De PP à J. - Non, je ne l'ai pas vu. Il semble avoir du mal à sortir en France. ]
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Écrit par : Jean Pelotin / | 24/11/2011
> Les distributeurs doivent confondre l'Opus Dei et la Scientologie.
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Écrit par : Nati / | 24/11/2011
@ louis-marie
eh là eh là, attention !
en quoi est-ce "déconcertant", cher ami ?
Cela ne peut être déconcertant que si et seulement si (ssi) Romero était le vilain progressiste qu'on a dit qu'il était et si et seulement si Balaguer était le méchant facho qu'on a dit qu'il était.
Or ils n'étaient ni l'un ni l'autre !
Qui disait cela ?
ceux qui avaient intérêt à déformer leurs propos pr les en louer ou les en hair (au point de tuer Romero et de s'efforcer de tuer la pensée de Balaguer) pr se servir d'eux ou pr détourner les gens d'eux.
Ils sont restés catholiques et ne pouvaient donc que se retrouver.
les effets sont encore présents auourd'hui.
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Écrit par : zorglub / | 25/11/2011
DETAILS
> c'est quoi l'affaire Dosnon, j'ai cherché sur le net, mais franchement mis à part des assertions de toutes parts, j'ai du mal à comprendre l'origine de cette affaire dont vous faites echo.
si vous pouviez nous donner un repère par un site qui éclaire tout, ainsi que les décisions judiciaires, je suis preneur; merci d'avance.
JC
[ De PP à JC - Si vous ne pouvez pas trouver mon livre, qui raconte en détail cette affaire compliquée, je ne sais trop quoi vous dire d'autre que ce que j'explique à l'émission de Radio Notre-Dame. ]
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Écrit par : jean christian / | 25/11/2011
@ Jean-Christian
> Une ancienne élève de l’école hôtelière Dosnon (école professionnelle dont les activités spirituelles sont assurées par l’Opus Dei), devenue par la suite membre de l’Opus Dei, a porté plainte en 2001, portant des accusations de dérives sectaires contre l’Opus Dei et l’école (emprise, manipulations mentales, abus de faiblesse etc.). Après une instruction de près de 10 ans, avec de très nombreuses auditions et perquisitions, un non lieu a été prononcé pour toutes les accusations les plus graves (l'ordonnance de renvoi écarte fermement les accusations de dérives sectaires). En revanche, deux jeunes femmes responsables de l’école ainsi que l’association gestionnaire de l’école ont été renvoyées en correctionnelle pour des faits liés au droit du travail, à savoir le fait que les élèves n’étaient pas rémunérés pour les travaux pratiques qu’elles effectuaient dans le cadre du centre de rencontres de Couvrelles (retraites spirituelles) attenant à l’école. L’école a fait valoir pour sa défense que les travaux pratiques non rémunérés correspondaient strictement aux référentiels de l’éducation nationale et que l’école fonctionnait exactement comme toutes les autres écoles d’application du secteur, qui ont des restaurant-écoles ou hôtellerie-écoles qui permettent aux élèves de s’exercer. Lors du procès, des responsables d’écoles hôtelières publiques ont témoigné que Dosnon, établissement très réputé dans le secteur hôtellerie-restauration, fonctionnait exactement comme les écoles publiques où les travaux pratiques font partie de la formation et ne sont pas rémunérés, conformément aux référentiels de l’éduction nationale (c’est un statut différent de l’apprentissage qui occasionne un contrat de travail et une rémunération). Par ailleurs, la défense a fait valoir que, suite à la plainte, une inspection menée par le rectorat avait confirmé que les pratiques de l’école étaient conformes aux référentiels. Le tribunal correctionnel a reconnu cela sans difficulté et a relaxé les prévenus.
La particularité de cette affaire sur le plan médiatique, c’est que suite à la plainte, l’avocat de la partie civile avait annoncé que cette affaire serait le « grand procès » de l’Opus Dei. La promesse était alléchante. Or, l’Opus Dei n’était pas partie au procès puisqu’un non lieu avait été prononcé. Ce qui était jugé par le tribunal, c’était cette question de droit du travail qui concernait l’école et non l’Opus Dei. Cependant, l’avocat de la partie civile n’a pas désarmé et a continué à présenter ce procès comme celui de l’Opus Dei. Ce qui fait que l’Opus Dei et les deux jeunes femmes, accusées de « travail dissimulé » et non de dérives sectaires, ont du passer leur temps à se justifier, non par sur ce qui était en cause dans le procès, mais sur ce qui avait fait l’objet d’un non lieu. Situation pour le moins fâcheuse car les personnes concernées avaient le droit à bien plus encore que la présomption d’innocence puisqu’elles avaient été reconnues innocentes des accusations de manipulation, emprise etc.
J’ai assisté à une partie de l’audience au tribunal correctionnel de Paris. C’était assez surréaliste : les prévenues parlaient de leur école et justifiaient de son fonctionnement (répondant ainsi à ce qui était étudié par le tribunal) tandis que l’avocat de la partie civile ne parlait quasiment que de l’Opus Dei et des accusations qui avaient fait l’objet d’un non lieu et qui n’étaient donc pas en cause dans le procès. Bien sûr, la présidente du tribunal, visiblement agacée par cette manière de faire, n’a pas manqué de rudoyer sévèrement, à plusieurs reprises, l’avocat en question, qui était manifestement hors sujet. Mais peu semblait lui importer, il a continué sur cette voie, engageant un bras de fer avec la présidente, laquelle a manifestement un caractère bien trempé et le goût de l’impartialité. Elle ne s’est pas laissé impressionner par les effets de manche. Ce qui m’a semblé, c’est que l’avocat s’intéressait assez peu à la question de droit qui était au cœur du procès, mais bien plus à l’effet médiatique du procès. Il m’a semblé qu’il s’adressait davantage, dans ses interventions, aux journalistes présents dans la salle d’audience qu’aux juges qui se lassaient ostensiblement de le voir parler d’autre chose que de ce qui était réellement jugé.
Sur le plan médiatique, le traitement de cette affaire s’est fait sur la base de dépêches AFP successives, qui étaient orientées non pas principalement sur la question de droit étudiée (évoquée de manière accessoire dans les dépêches), mais sur les accusations de dérives sectaires qui avaient été écartées par l’instruction suite à une enquête de 10 ans dont le moins qu’on puisse dire est qu’elle a été poussée. Ceci fait que les médias ont principalement relayé, dans cette affaire, des accusations qui étaient déjà tombées, donnant l’impression au lecteur qui ne connaît pas l’affaire que l’Opus Dei allait devoir se justifier devant la justice de graves accusations de dérives sectaires.
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Écrit par : Guillaume de Prémare / | 26/11/2011
@ Louis-Marie et Zorglub
> Votre échange est très significatif: si la pensée tiède reste très présente chez les catholiques, c'est que des oppositions et des diabolisations réciproques se sont installées. On ne fera rien de bien tant que ces incompréhensions ne seront pas dissipées, ce qui ne veut pas dire qu'il faut s'uniformiser, mais on doit s'informer et arrêter de se lancer des anathèmes entre groupes de "seuls bons chrétiens".
Cette déplorable situation doit être aussi un motif d'indignation et nous avons notre petite (ou grande) truelle de mortier à apporter pour resceller les pierres disjointes.
PH
[ De PP à PH - La priorité est de faire la lumière sur les enjeux, et de dissiper les confusions. Rien de bon ne se fait dans le brouillard. Et "communion" ne veut pas dire "bloc". ]
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Écrit par : Pierre Huet / | 26/11/2011
Jean Christian
> Pour comprendre bien "l'affaire Dosnon", si vous ne vous estimez pas suffisamment éclairé par la réponse de Guillaume de Prémare, allez sur le site opusdei.fr, où vous trouverez des témoignages des responsables de l'école en question et de l'Opus Dei.
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Écrit par : françois / | 27/11/2011
UN MESSAGE DE CLAIRE DE SEGONZAC
> Je suis Claire de Segonzac, la directrice de l'école DOSNON. Merci Guillaume pour cette explication si détaillée et complète.
Pour ceux qui voudraient connaître l'école et avoir plus d'informations, vous pouvez vous rendre sur le site de l'école www.ecole-dosnon.com et le blog de la directrice http://ecole-dosnon.hautetfort.com. Je vous recommande également le livre de Patrice de Plunkett : L'Opus Dei, enquête sur le "monstre" qui explique bien en effet l'affaire qui a fait beaucoup de bruit pour rien...
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Écrit par : Claire de Segonzac / | 30/11/2011
Merci Claire,
> j'espère ne pas avoir fait d'erreur dans mon "compte-rendu d'audience". Je suis très heureux d'avoir fait votre connaissance, et celle d'Agnès, en cette circonstance désagréable de "l'affaire Dosnon"... qui n'en n'est pas une.
Je trouve que vous vous êtes défendues de manière lumineuse : nulle rancoeur exprimée contre quiconque, vous vous êtes contentées de répondre avec calme, clarté, précision et simplicité à ce que vous demandait le tribunal. Votre innocence résonnait comme une évidence. Et la relaxe est là, naturelle.
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Écrit par : Guillaume de Prémare / | 30/11/2011
SOISSONS
> Tentant de comprendre l'origine de cette affaire, je suis tombé sur la communication du défunt Vicaire Général du diocèse de Soissons aux chefs d'établissements de l'Enseignement catholique(du diocèse ou de la France entière,je ne sais). Elle date du 2 juillet 2001 et est, à ce jour, disponible sur le lien www.opus-info.org/index.php?title=L%27%C3%A9cole_h%C3%B4teli%C3%A8re_Dosnon_et_l%27Opus_Dei
C'est malheureusement édifiant.
Qu'en pensez-vous ? Mentionnez-vous cette communication dans votre ouvrage de 2006 ?
Merci d'avance de votre réponse et surtout de vos commentaires.
D.
[ De PP à D. - Le cas de Jacques Trouslard est en effet expliqué (ainsi que toute l'affaire) dans ce passage de mon livre. Faire de l'Opus Dei un monstre absolu était pour Trouslard une idée fixe, une obsession personnelle, qui l'a conduit à des embardées répétées. C'est ainsi qu'il a poussé à la judiciarisation de la triste affaire Tissier, puis au gonflement artificiel de ce dossier par la première juge d'instruction. Dossier que la seconde magistrate a dégonflé... Le pauvre Trouslard est mort en février 2011 ; il n'aura pas assisté à la réfutation finale de son combat par les tribunaux. ]
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Écrit par : Descourtieux / | 09/12/2011
> Un grand merci pour votre réponse.
Je vais essayer de lire votre ouvrage de 2006, à moins que vous en ayez publié une suite plus récente, après les décisions judiciaires de décembre 2010 et de novembre 2011.
Encore merci.
Ph. D.
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Écrit par : Descourtieux / | 12/12/2011
OPUS DEI
> Bonjour, j'ai lu votre livre sur l'Opus avec grande joie, car je cherchais des explications sur Catherine T, soutenue et médiatisée mais en réalité " victimédiatisée" par un système qui n'a pourtant pas tout faux. Ce serait bien de mettre à jour sur votre site quelques compléments d'information, les derniers rebondissements de 2013 laissant les gens comme moi sans réponses à leur question.
Comme d'autres victimes ( plus victimes qu'elle!), le discernement oscille entre psychologie et dérives sectaires, mais il semble urgent d'y ajouter le droit canon et la notion de distinction des fors ( parfaitement respectée par l'Opus Dei) pour échapper aux erreurs retorses de la " victimédiatisation".
Cordialement!
Saint Joseph du Web
[ PP à SJW - L'affaire Catherine T. s'est dégonflée. Tout l'aspect "secte exploiteuse", qui avait été fabriqué par le P. Trouslard, mis en scène par un avocat spécialisé, et gonflé par une juge d'instruction phobique (dessaisie par la suite), a été abandonné par la justice : malgré six mois de battage médiatique régional, il n'y avait aucun fait à verser au dossier. ]
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Écrit par : saint joseph du web / | 28/09/2013
L'AFFAIRE CATHERINE T.
> Que penser alors de ce que l'on trouve sur le site "pastorale nouvelle croyance dérive sectaire" ?http://pncds72.free.fr/314_opus_dei/314_1_opus_dei_proces.pdf
je n'ai compris qu'après lecture de votre livre ce que j'appelle la victimédiatisation et sa capacité de déformation, mais à première vue, l'affaire catherine T est présentée comme une victoire. Question de communication?
SJW
[ PP à SJW - Ayant cessé depuis longtemps de suivre les questions opusiennes, je n'étais pas au courant de l'arrêt de mars. Deux observations :
1. C'est une simple condamnation pour infraction au droit du travail, qui n'a rien à voir avec les griefs fantastiques lancés naguère par l'avocat : extorsion de testaments, activités mafieuses, blanchiment etc.
2. Cette condamnation peut être comparée à des affaires du même ordre qui concernaient des communautés monastiques. Les prestations de travail dans ce genre de contexte (vœux de pauvreté, etc) sont plus ou moins mal vues des tribunaux depuis une trentaine d'années ; avec la montée récente de la cathophobie en France, la décision de mars n'a rien de surprenant. Les communautés religieuses qui n'y auraient pas encore veillé ont intérêt à se mettre minutieusement en règle avec les lois et réglements ! ]
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Écrit par : saint joseph du web / | 28/09/2013
Exact!
> Là, on arrive à un comble : Doisnon aurait exploité catherine T. en tant que numéraire auxilaire et " l'Etat" la défend en tant que victime de l'opus dei...
par contre des communautés nouvelles bien plus fautives ont triché largement avec les lois du travail. Du coup, Opus= mêmes dérives que ces communautés réellement fautives.
Amalgame qui ne peut être défait que par un peu de droit canon, spécialement la notion de séparation des types d'autorité ( mélange des fors, etc.)
Merci de vos réponses et surtout de votre livre, auquel peut-être il ne manque qu'un chapitre sur le fait que l'Opus ne mélange en rien les fors interne et externe, à la différence de communautés réellement en dérives.
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Écrit par : saint joseph du web / | 28/09/2013
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