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17/10/2011

La candidature Hollande : est-elle vraiment "contraire à l'esprit de la Ve République" ?

La droite donne de la voix : désigné par un système partisan, le possible  futur chef de l'Etat "ne serait plus l'homme de la nation". Ce grief a-t-il encore un sens ?


 

Il aurait un sens si la conception gaullienne avait survécu au Général. Ce ne fut pas le cas. A vrai dire le seul président « gaullien » fut de Gaulle lui-même...  Après, il y eut Pompidou : le camp de la peur en 68 ; Giscard : un préfet colonial américain ; Mitterrand le liquidateur ; Chirac dont le seul legs est le quinquennat qui nous enferme dans la campagne électorale permanente ; et Sarkozy dont on n'a plus envie de parler. Le prochain a de bonnes chances d'être François Hollande. Ici Copé grince que la candidature Hollande, fruit d'une machinerie de parti, est « le contraire de l'esprit des institutions » ; on lui répondrait volontiers (mais à lui non plus on n'a pas envie de parler) que l'esprit des institutions a été trahi notamment par Chirac et Sarkozy, et qu'on ne devrait pas oser invoquer cet esprit quand on a fait subir à la Constitution ce que deux présidences de droite lui ont fait subir.

Ici, dans un commentaire du 13 octobre, BH dit : «La Ve République nous disait du président de la République qu'il devait "défendre les intérêts supérieurs du pays à long terme"; il faut juger l'arbre à ses fruits, la France a eu plus de difficultés que d'autres à s'adapter au nouveau monde après la chute du mur, comme les autres elle a foncé tête baissée dans l'ultralibéralisme mais aussi dans la course à l'endettement public. La présidence de la République "gaullienne" est en échec depuis vingt-cinq ans, il faut passer à autre chose. » On pourrait lui objecter que la présidence de la République depuis vingt-cinq ans a dérivé loin de la conception gaullienne. Cette dernière était était dans l'axe de continuité de la France (création politique commencée sous les Capétiens). Mais était-elle devenue une utopie, par démission-abandon-vassalisation de la quasi-totalité de la classe politique française ? De Gaulle semble l'avoir pensé finalement, dans son for intérieur exprimé en rares confidences. Ce qui expliquerait la suite.

On comprend alors pourquoi Montebourg parle de « VIe République ». Sur quelle base mentale et morale la conçoit-il ? On ne sait pas. Parie-t-il que la crise redoutable – qui arrive – va tellement démolir la société-de-consommation-sans-frontières qu'il faudra réinventer, sur d'autres fondamentaux, un pré carré ? Quelque chose de ce genre mijote-t-il derrière les propos roudoudou sur les « terroirs de proximité » ? De toute façon ce ne sera pas un retour au vieux nationalisme, la démographie ayant fait son oeuvre ; ce sera la société totalement inédite que prophétisait Jean-Marie Lustiger.

 

 

Commentaires

LA DROITE ET LES PRIMAIRES

> Il est navrant de constater que la droite ait peur de la véritable démocratie qui consiste à donner le plus souvent possible la parole au peuple. Si des primaires étaient organisées à droite (ce qui serait un progrès) il n'est pas certain que M. Sarkozy en soit le vainqueur. Qui a considéré comme du fumier le rejet de la Constitution européenne exprimé par une majorité de Français lors du référendum? La droite demande au peuple son avis, mais lorsque cet avis ne lui convient pas elle le méprise et passe outre... C'est ce qui s'appelle ruiner la confiance entre le peuple et "ses représentants". Sur ce point la gauche a donné une belle leçon de démocratie et la droite ferait mieux de se taire, car à force d'arrogance et de mépris elle n'ira pas très loin.
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Écrit par : Culat Robert / | 17/10/2011

> BIS. Ces primaires gênent tellement les sites bien-pensants que l'une des manières de les commenter est la dérision surnommée humour: désolant...
Je ferais bien aussi volontiers de l'humour en commentant l'attitude infantile de M. Balkany et de beaucoup de membres de la majorité lors de certaines séances de l'Assemblée Nationale... Ici la caricature est malheureusement réelle...
http://www.youtube.com/watch?v=UENvu1d9q9U&feature=related
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Écrit par : Culat Robert / | 17/10/2011

LE "RIEN" DE J.F. COPE

> François Hollande a cette qualité de vouloir rassembler – première différence avec son futur adversaire qui, lui, ne sait que cliver, diviser, jouer la « rupture ». Son sens de la convivialité est légendaire. Il pardonne apparemment les offenses (sauf à ce que Martine Aubry, à la tête du PS, persiste à lui chercher noise ?). D’où cette interrogation de certains : sera-t-il à la hauteur ? Car pour tenir une alliance allant du centre à l’extrême gauche, ne faut-il pas être François Mitterrand ou… « rien », comme dirait Jean-François Copé ?
Ce « rien » n’a pas été beaucoup commenté par les médias. C’est en effet l’insulte qu’a choisie le secrétaire général de l’UMP, en fin de semaine dernière, pour résumer l’homme en passe d’être choisi par le « peuple de gauche » pour la présidentielle. Intéressante envolée. L’UMP serait-elle tentée par une campagne forte en gueule, comme celle que les politiques se livraient dans les années trente, avec l’aide d’une presse quelque peu… engagée ? Toujours est-il que voici les mots exacts du patron de l’UMP, rapportés par Le Monde : « Hollande c'est rien, c'est le plus petit commun dénominateur, c'est le truc qui ne dérange personne. Il ne s'est jamais positionné sur rien. Il n'y a pas une proposition. Son contrat de génération est grotesque. Il n'a pas sorti une idée pendant dix ans. Ce garçon est absolument incapable de prendre une décision. » (http://www.lemonde.fr/politique/article/2011/10/13/l-ump-concentre-ses-attaques-sur-francois-hollande-le-candidat-du-rien_1586918_823448.html ),
Voilà une base intéressante pour la campagne de Nicolas Sarkozy. Il va se mesurer à quelqu’un qui n’est « rien ». Il est vrai que Copé s’est fait une spécialité de ce genre de déclarations provocantes, de « coups d’escopette » qui font long feu, tant les propos tenus sont caricaturaux, et grossière la volonté de leur auteur d’influencer l’opinion. Rayon où il faut ranger son argument d’une candidature « contraire à l’esprit des institutions » sous prétexte que le candidat, passant par les primaires du PS, est adoubé par une fraction de l’électorat.
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Écrit par : Denis / | 17/10/2011

DE NOUVELLES INSTITUTIONS

> La VIeme République de Montebourg reste dans le domaine du pur fonctionnement des institutions. Elle est assez proche de la IVeme République, et en effet il ne développe guère sur les fondements moraux.
Nous n'avons pas encore de personnage capable de se projeter dans l'avenir et de concevoir les institutions adaptées au nouveau monde à venir. Mais il faudra une réforme. L'Islande, premier pays touché par la crise, est justement en train de refaire sa constitution.
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Écrit par : Charles Vaugirard / | 17/10/2011

AUCUN DES DEUX

> Savoir que lors du passage de l'onde de choc de la crise, nous aurons soit Sarkozy soit Hollande comme président, c'est franchement peu rassurant. Aucun des deux n'aura les épaules.
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Écrit par : Gilles Texier / | 17/10/2011

FACTICE

> Les différences entre candidats étaient millimétriques. Les socialistes ont malgré tout réussi un coup de com' phénoménal en monopolisant durant plusieurs semaines antennes de radio et chaînes de télévision pour, au final, nous gratifier de séries de propositions dont l’irréalisme n’avait d’égal que le grotesque. Jusqu’à dimanche, les prétendants se tiraient dans les pattes (cf. les propos peu amènes de S. Royal sur son ex-concubin ou les piques acerbes de Titine). Et, miracle, depuis dimanche soir on se donne des petites tapes dans le dos, on se congratule, on se décerne des prix de démocratie, tout ce petit monde s’entend à merveille puisque, bien évidemment, tous auront des places de choix dans l’éventuel futur gouvernement. Tout cela sent le factice à plein nez et cette mise en scène finit de montrer aux quelques français qui ne s’en étaient toujours pas rendu compte le caractère parfaitement artificiel des « débats » qui ont eu lieu pour désigner le candidat officiellement socialiste certifié conforme.
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Écrit par : Thomas / | 18/10/2011

TITANIC

> D'accord avec M. [NDB : le père] Culat.
Le problème, depuis la mort de G. Pompidou, c'est que nous avons affaire à une pseudo-alternance, avec une Kommandantur politico-médiatique qui nous enjoint vivement de voter bonnet blanc ou blanc bonnet : c'est l'Euroland ruineux, ou ... l'Euroland ruineux. Hollande ou Sarko, même combat : nous sommes forcés de rester sur l'Euroland-Titanic-ni Dieu-ni Maître. Nous sommes forcés d'investir d'abord dans des "emprunts russes" turcs (souligne-t-on assez les masses de fonds versés à la Turquie pour "l'aider" à intégrer l'Europe ?), puis dans des "emprunts russes" grecs... Non, Monsieur Fillon (hier 17.10.11 sur France 2), la France n'est pas un "grand paquebot", c'est un peuple ! Qui a voté non à la Constitution européenne, avec tout son bon sens, que vous voudriez bien lui faire perdre ("il faut vous expliquer ..." nous expliquer quoi?)
A quand un referendum populaire - qu'on s'engage cette fois à respecter !- sur la dette grecque ? Avant qu'il ne soit trop tard ? A quand l'Europe coopératrice des peuples, et non la mécanique infernale et totalitaire des grands partis mortifères et loin, si loin de la démocratie ?
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Écrit par : le 22 à Asnières / | 18/10/2011

MODÈLE SERVILE

> Ces "primaires", qu'on essaie insidieusement de nous imposer, sur le modèle servile de la société américaine-, auraient dû rester une affaire interne au PS.
Chaque parti, jusqu'à plus informé, reste encore libre de déterminer la manière dont il choisit ses poulains pour la course élyséenne. Pour autant, cette liberté d'inventer des primaires ne doit aucunement être érigée en principe obligatoire et contraignant excluant tout autre manière de désigner des candidats.
Avant tout, c'est le peuple qui choisit, au suffrage direct, son président. C'est ce qui résulte de notre actuelle constitution.
L'utilisation des listes officielles d'électeurs et l'utilisation des lieux officiels de vote me paraît une grave entorse à ce qu'est le légitime système électoral de la Vème république. Je m'étonne que personne parmi les grandes consciences (mais ont-ils vraiment encore une conscience ?) de droite ne se soit élevé pour contester la constitutionnalité du procédé.
Le régime des partis, dont de Gaulle avait naïvement cru pouvoir se débarrasser, progresse un peu plus à chaque fois et cette "primarisation" des candidatures à la présidence n'est qu'un pas de plus dans la confiscation progressive - et bientôt définitive - du pouvoir détenu par le citoyen.
Mais peut-être n'est-ce qu'une démonstration, parmi d'autres, de l'utopie démocratique qui oscille constamment entre le césarisme, l'oligarchisme et l'anarchie.
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Écrit par : Guillaume / | 19/10/2011

DECOR

> Le vrai problème, c'est - en effet -, la nature oligarchique et 'ploutocratique' de nos sociétés. Le fait que nos structures 'démocratiques' - par démissions successives - ne sont plus qu'un décor illusoire, tout comme "l'alternance". Les vraies décisions se prennent en salles des marchés. A cet égard, que nous ayons en 2012 Hollande ou Sarkozy, au-delà de la "normalité" de l'un et du narcissisme exacerbé de l'autre, est bonnet blanc et blanc bonnet.
Par contre, je ne jetterais pas le bébé avec l'eau du bain. Les primaires socialistes ont révélé un 'phénomène Montebourg' (le seul candidat socialiste rejetant le social-libéralisme), inattendu, intéressant symptôme d'un ras-le-bol et d'un rejet du "Système" qui concerne toujours plus d'électeurs des classes moyennes et moyennes-supérieures.
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Écrit par : J. Warren / | 19/10/2011

RIEN À ATTENDRE DE LA CLASSE POLITIQUE

> A surveiller aussi ce que donnera le phénomène de rejet du côté Marine. J'ai des collègues qui en parlent plus ouvertement, ce qui est exceptionnel chez des profs de l'EN. Mais au final, je ne pense pas qu'il puisse sortir quelque chose de positif de la classe politique actuelle. J'espère vraiment que le mouvement des indignés mûrira et produira quelque chose de concret et de construit.
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Écrit par : VF / | 19/10/2011

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