05/10/2011
L'islam des banlieues et la "panne de société" française
Pourquoi l'islam devient principe social dans l'Hexagone :
Intéressant numéro du Monde (5/10) : côte à côte, deux articles semblent se répondre.
Le grand dossier (pages 21 à 23) est une enquête menée par le politologue Gilles Kepel et cinq chercheurs. Il s'intitule Banlieues de la République. Dans les banlieues françaises, explique l'article, « la République, ce principe collectif censé organiser la vie sociale, est un concept lointain. Ce qui "fait société" ? L'islam, d'abord. Un islam du quotidien, familial, banal le plus souvent, qui fournit repères collectifs, morale individuelle, lien social, là où la République a multiplié les promesses sans les tenir. »
La montée de l'islam n'est donc qu'un symptôme : elle est inversement proportionnelle à l'extinction du pôle national et républicain. C'est ce que constate l'enquête...
Or cette enquête a été publiée par l'Institut Montaigne, think tank longtemps considéré comme libéral. Et le libéralisme est l'une des données de ce problème des banlieues : comment prétendre « intégrer » des enfants d'immigrés à la République française, alors que la doxa euro-libérale s'ingénie, depuis 1990, à dévaloriser l'idée de « France » et celle de « République »... y compris dans l'enseignement ?
C'est ce que dénonce avec éclat (dans ce numéro du Monde, p. 20) l'universitaire Rémy Knafou, professeur émérite de géographie à la Sorbonne :
« À lire les nouveaux programmes de géographie de 1ère, on reste pantois devant l'élision du niveau national : l'entité "France", celle de la République française, a purement et simplement disparu au profit de deux autres niveaux : le niveau européen, d'un côté, et celui des territoires qui composent la France, de l'autre, la part belle étant faite aux "'territoires de proximité"... »
Le Pr Knafou s'en indigne :
« On peut défendre l'idée qu'il n'est nullement incompatible de se sentir européen, de vivre dans des régions bien vivantes, de s'intéresser à son ou ses territoires de proximité, et de penser que le niveau national signifie encore quelque chose, ne serait-ce qu'une certaine manière de vivre ensemble qui ne ressemble pas tout à fait à celle des Allemands, des Britanniques, des Espagnols ou des Luxembourgeois. Et que ce vivre-ensemble ne peut se résumer au seul portage de la dette publique accumulée par un Etat de plus en plus empêtré dans ses contradictions et impuissant au point de payer des fonctionnaires littéralement irresponsables pour rédiger en toute bonne conscience l'acte de décès par omission de l'entité nationale. »
Si aujourd'hui l'islam « fait société » dans les « territoires de proximité » que sont les banlieues, c'est parce qu'aucun autre principe social n'existe plus : y compris à l'école où la France devrait être enseignée... et ne l'est plus (sauf là où des enseignants résistent).
« Si l'école n'enseigne pas l'idée républicaine en lien avec un territoire, une société et son histoire, qui le fera ? », demande le Pr Knafou.
Et d'où vient cette panne de l'esprit collectif ? Du climat libéral-libertaire. Ce climat ne tombe pas de la Lune. Il a une cause : le système économique et commercial donné comme seul horizon à tous, jusque dans les séries télé. Un système qui ne connaît que l'immédiat et l'individuel... Le libéral-libertaire est l'idéologie du capitalisme tardif. Si l'on ne discerne pas cela, on ne peut absolument rien comprendre au déboussolage actuel.
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« On sait que la France contemporaine éprouve une difficulté croissante à se penser positivement dans la longue durée. En cédant, en histoire à la tyrannie contemporaine de la mémoire, et en géographie à la démagogie territoriale de la quotidienneté et de la proximité qui conduit à consacrer chaque individu comme centre du monde, les nouveaux programmes de la classe de 1ère illustrent cruellement l'impuissance de nos "experts" à penser cette version française de la démocratie qu'on appelle République. » (Rémy Knafou)
« Il y eu un effort très impressionnant de rénovation urbaine. Mais, malgré cela, le sentiment dominant reste celui d'une relégation... Pour les familles de primo-immigrants, les plus fragiles, où les mères travaillent et les enfants sont livrés à eux-mêmes ou confiés à leur grande soeur... Si l'Etat n'agit pas sur l'éducation, ce qui a été fait de formidable sur le bâti n'aura servi à rien. » (Gilles Kepel).
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08:39 Publié dans Europe, Idées, Religions, Société | Lien permanent | Commentaires (12)
Commentaires
ET L'EGLISE ?
> L'islam en France n'est il pas fort de la faiblesse non seulement du lien républicain mais aussi de la démission de beaucoup des membres de l’Église quant à l'accueil, mais aussi l'évangélisation, et le rappel des exigences de la vie chrétienne ?
G.
[ De PP à G. :
- Répondre à cette question, ce serait risquer d'être injuste envers ce qui se fait sur le terrain, dans beaucoup de paroisses.
- On peut tout de même hasarder quelques éléments de constat...
- D'un côté le négatif par haine de soi : l'idéologie d'une poignée de vieillards enfermés dans leur obsession de démolir ce qui reste (cf l'article du Monde, 5/10, sur "l'appel à la désobéissance" de quelques très vieux prêtres nantais) : idéologie qui va souvent avec un agnosticisme de fait, et qui remplace l'évangélisation par le "dialogue avec l'islam" comme si c'était du même ordre) ;
- et il y a aussi le négatif inverse : l'idolâtrie de soi, le communautarisme identitaire catho, qui n'envisage évidemment pas le musulman comme un interlocuteur possible.
- Dans les deux cas il n'y a pas accueil, mais, soit reddition, soit rejet de l'autre. Autrement dit : hérésie relativiste, hérésie identitaire.
- Cela dit, regardons plutôt le travail positif qui se fait loin de ces deux hérésies.
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Écrit par : Gégé / | 05/10/2011
NE PAS SE TROMPER DE CIBLE
> Il y a deux façons de lire l'enquête du 'Monde' : la façon busard, en s'en prenant aux immigrés ;
la façon politique, en remontant à la cause de la "panne de société" (moi je dirais volontiers "IVN", "interruption volontaire de nation", comme un certain PP dans son livre de 1997) : l'idéologie du capitalisme tardif, comme dit PP version 2011. Ne pas se tromper de cible.
SP
[ De PP à SP - Aucune contradiction entre les analyses de 1997 et celles de 2011 ! En 1997 déjà on constatait que Chirac se déclarait impuissant ( "les forces s'échappent") en fonction de la mondialisation. ]
réponse au commentaire
Écrit par : simon postel / | 05/10/2011
COMMENT
> Comment s'intégrer à un peuple qui du fait du relativisme culturel se comporte comme si l'intégration était secondaire ?
Comment donner la fierté de se joindre à un peuple qui passe son temps en commémoration et en repentance et passe sous silence ses légitimes objets de fierté ?
Comment les immigrés pourraient-ils avoir envie de se joindre à une société où la famille est si peu défendue ?
Si l'on commençait par déshabiller un peu moins l'image de la femme dans les affiches dans les rues, les pères de famille musulmans éprouveraient moins l'envie de protéger leurs filles en les voilant.
Dans la mentalité musulmane, on méprise celui qui ne croit en rien car: comment réagira t-il ? comment lui faire confiance alors qu'il n'y a rien de supérieur qui dirige ses actes ?
Tout ça parce que les Français manquent de confiance en eux, ne s'aiment plus du coup, ils se réfugient dans deux attitudes opposées : le rejet de soi en se croyant généreux, ou le rejet des autres en se croyant patriote.
Dans les deux cas, on empêche les étrangers de bonne volonté de devenir français.
On a résumé la citoyenneté française à la perception de droits.
De même que je me sens bcp plus proche de certaines personnes d'autres religions que de certains officiellement cathos, je me sens bcp plus proche de certains étrangers que de certains Français de papier.
Un immigré venu en France a le droit de se voir proposer les moyens d'acquérir la culture française s'il veut rester en France et devenir Français.
De même qu'au plan religieux, tout homme a le droit de se voir offrir les moyens de connaitre Dieu.
Mais dans les deux cas, il faut avoir conscience de la valeurs de ce qu'on a reçu et qu'on peut offrir.
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Écrit par : zorglub / | 05/10/2011
PHASE TERMINALE
> Tout à fait d'accord. C'est un constat que j'ai fait comme prof il y a des années. Ceci dit, deux choses:
-il est de plus en plus dur de "résister" car le poids de la hiérarchie (nouveaux protocoles d'inspection draconiens et beaucoup plus inquisiteurs qu'avant, pression des chefs d'établissement, des formateurs, suivi sur les ENT, etc.) et de parents de plus en plus nombreux à se plaindre auprès de la hiérarchie dans le sens du consumérisme scolaire.
-"L'école" est en phase terminale d'agonie. Et les programmes de nos candidats ne vont pas dans le bons sens. Mais c'est aussi le système qui veut cela (cf en exemple http://www.lemonde.fr/societe/article/2011/10/05/l-ecole-francaise-a-t-elle-tue-le-plaisir-d-apprendre_1582351_3224.html#ens_id=1267513&xtor=RSS-3208). Je ne vais pas faire un historique des délires pédagogistes, des gens ayant du talent l'on fait. La tendance est au plaisir égoïste, jouisseur. Seul ce qui fait plaisir a du sens. Et c'est là, la seule mission que l'on donne à notre école actuellement: former de futurs consommateurs béats, jouisseurs et nombrilistes. Regardez les programmes, ils vont tous dans ce sens.
Alors, oui, pour des jeunes déracinés, on va vers ce qui donne du sens: soit dans celui du système et vous avez les "barbares" couverts de marques, égocentriques et nihilistes, soit vers ce qui donne vraiment du sens à la vie et donc vers la culture vivante des parents ou des grand-parents: l'islam puisqu'ils viennent de là.
Ah, si, une dernière chose: l'école ne peut pas tout. Il y a belle lurette que les gens vivent et prônent des "valeurs" en opposition avec ce que l'école devrait transmettre. Cela fait combien de temps que la carrière, la réussite sociale, l'argent, le plaisir égoïste sont les valeurs de bases de notre société?
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Écrit par : VF / | 05/10/2011
RESISTER AUX PEDAGOGUES
> Ce que j'ai beaucoup aimé dans cet article est qu'au dessous du flic dans l'opinion des jeunes de ces banlieues, il y a ... la conseillère d'orientation pédagogique. Je ne suis pas de banlieue, mais après ce que j'ai vécu avec mes trois filles je suis entièrement d'accord. J'ai appris à la longue à mes enfants à fermement résister à l'institution scolaire. Cette résistance est, pour moi, une valeur citoyenne fondamentale dans ce qu'est devenue notre république inégalitaire.
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Écrit par : Roque / | 05/10/2011
MULTIFORME
> C’est une tâche immense que de combler ce vide, et c’est peut être parce qu’elle doit être aussi multiforme que les causes qui on conflué vers l’IVN actuelle dont un des symptômes est la multiplications des repentances, et dont certaines perdurent et les autres ont laissé leur empreinte:
- le vieil internationalisme de l’argent bien sûr, mais seul, il n’y arrivait pas,
- la mythologie révolutionnaire d’autrefois, dont la marée s’est retirée mais à laissé sur place l’idée « Internationa-a-a-le »
- une vision abstraite de la France par la systématisation de l’idée républicaine (cf sur internet un ahurissant débat ou M. Mélenchon explique que la nation française n’existait pas avant la Révolution)
- l’hédonisme soixante-huitard bien sûr.
- une compréhension par certains chrétiens de l’amour du prochain comme le devoir de détestation du semblable ; symptôme : le remplacement dans leurs paroles et leurs écrits de « prochain » par « l’autre ».
- la dilution de la nation dans l’idée européenne,
- et même, paradoxalement, un certain racisme identitaire qui nous envoie retrouver les traditions des ... indo-européens, en rejetant glacialement l’héritage chrétien et, plus subtilement, les nations.
Ah ! cela fait sept, comme les péchés capitaux.
Tout cela vient d’horizons bien différents, du plus laïcard au plus catho, de la droite à la gauche
Bon courage à VF
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Écrit par : Pierre Huet / | 05/10/2011
SYMPTOMATIQUE
> Oui, comment vouloir s'intégrer dans un ensemble qui, scientifiquement, est en train d'organiser sa désorganisation ? Symptomatique : le fait que de nombreuses personnes issues de l'immigration n'hésitent pas à parler dans leur langue maternelle en public. Alors que -pour prendre un exemple perso- mes grands-parents paternels, venus de Pologne dans les années 20, ne se seraient JAMAIS permis de parler polonais dans l'espace public.
Je crois que, comme l'on dit vulgairement, on est "mal barrés". Au moins à vue humaine. A nous, chrétiens, de répondre à ce défi, en étant...de plus en plus, et de plus en plus profondément, chrétiens. S'il n'est pas déjà trop tard. Les deux travers relevés par PP dans sa réponse au commentaire de Gégé sont bien présents, hélas... Même si je sens confusément que les choses évoluent. De part et d'autre, j'ai l'impression que l'on hésite (un petit peu) moins à arrêter de "tourner autour du pot". Du côté musulman, le christianisme est considéré comme une falsification du message de "Issa, fils de Maryam" . Du côté chrétien, l'islam est une hérésie, héritage de l'arianisme... Mieux vaut la confrontation en vérité que le "bisounoursme"ou le rejet aveugle de l'autre.
Mais bon... j'ai l'impression que la France ne peut plus opposer grand'chose à l'avancée de l'islam. Le "logiciel "républicain semble aussi efficace pour répondre à ce défi qu'un Apple II pour jouer à Colin Mac Rae 4 (lol). Comme Arnaud Dumouch (théologien "vulgarisateur" que j'apprécie énormément), je pense que l'islam est une réalité qui ne vient pas de Dieu mais que Dieu bénit. Il permet que l'islam gagne des territoires au christianisme corrompu, pour éviter que les populations qui y vivent ne se perdent pour l'Eternité, par orgueil.
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Écrit par : Feld / | 06/10/2011
@ Feld
> Comme toi je suis chrétien - et mes grands parents maternels viennent également de Pologne. Je ne vois pas d'autre issue comme toi que d'être vraiment chrétien. L'islam a des défauts c'est certain - mais le mal vient en partie du fait que notre "république" avec son consumérisme et son individualisme laisse un grand vide idéologique, sans parler même du religieux. Je ne suis plus pour la contestation de cette société vide de sens, bidon qu'avec l'islam - qui restera qu'on le veuille ou non - toujours ce qu'il est un système totalisant : religieux, social et politique - "pacifique" tant qu'il ne devient pas majoritaire dans une communauté.
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Écrit par : Roque / | 06/10/2011
ASSEZ D'ACCORD, SAUF QUE
> Je suis assez d'accord avec Roque, sauf que je ne pense pas que le régime politique soit en cause. Regardons la cas anglais qui est une monarchie.
Dans mon enfance, j'avais des camarades maghrébins nés en France et que leur parents avaient appelé Maxime ou Fabrice. Mais c'est aussi l'époque ou l'on a fait des cours de langue et de culture arabe dans les locaux scolaires à ces jeunes, par des enseignants venus du Maroc (pour le cas que j'ai vécu). Il parait qu'il ne fallait pas les couper de leurs racines dans l'espoir d'un retour au pays. De nos jours, la TV satellite joue ce rôle et j'ai de plus en plus d'élève de 3e génération, voire plus, qui maîtrisent mal le français autant à cause des déficiences de l'EN que par manque de pratique de la langue à la maison. Il est aussi intéressant de voir que des enfants de la 3e ou 4e génération d'immigration, mais d'origine européenne, ne me disent plus je suis français mais portugais ou italien. Cela montre la désintégration de notre civilisation (qui est autant une culture qu'un art de vivre ensemble et de penser les relations publiques).
L'idée que l'islam est un moyen de la providence pour secouer les chrétiens est ancienne. Je ne sais plus qui l'a exprimé en premier. Mais il est intéressant de constater que l'islam s'est installé en premier dans des territoire où le christianisme connaissait de sérieux problèmes de foi et de doctrine. Après, vouloir trouver un sens au danger au lieu de voir pourquoi nous sommes en danger ne me semble pas vraiment productif.
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Écrit par : VF / | 06/10/2011
SIMPLEMENT
> Cela montre tout simplement que la république ne croit plus en elle même.
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Écrit par : froissart / | 06/10/2011
REPUBLIQUE, ISLAM ETC
> Je suis lectrice silencieuse de ce blog depuis quelques mois et me décide enfin à poster un commentaire. Je sais bien que le sujet est polémique, mais je veux réagir sur une des phrases utilisées qui me fait bondir. "la République, ce principe collectif censé organiser la vie sociale, est un concept lointain."
Excusez-moi, mais je ne sais pas ce que c'est que la République (avec une majuscule, d'ailleurs). Au contraire, j'y vois un mythe abstrait. La république c'est la forme d'un gouvernement, et le terme me semble indéfinissable autrement que par la négation, en tout cas dans notre histoire nationale. Le mot a été utilisé par opposition aux régimes monarchiques qui se sont succédés jusqu'au XVIIIe siècle, puis au cours du XIXe. Mais positivement, que signifie le terme ? S'il est assimilé à régime démocratique parlementaire, les monarchies anglaise, espagnole, belge ou nordiques sont des républiques.
En fait j'y vois un mythe, né il y a deux siècles, un de ces mots-valise destinés à fédérer les opposants aux régimes successifs, puis à justifier ceux qui, plus habiles ou plus puissants que les autres, ont pris le pouvoir à partir de 1870.
Mais il a fallu imposer ce mot, de manière à rendre le pouvoir établi incontestable, indéboulonnable, surtout à la fin du XIXe siècle, lorsque les institutions françaises étaient sujettes à débat, et alors qu'il s'en est fallu d'un cheveu pour qu'Henri V monte sur le trône de ses pères, avec des idées politiques assez libérales (à ce titre je recommande aux passionnés d'histoire l'excellent ouvrage de JF Chiappe, "Le France et le Roi" paru chez Perrin il y a une vingtaine d'années). On a donc assimilé la république à la France, et fait de cette forme d'exercice du pouvoir un mythe, puis un tabou.
Aujourd'hui, écrire comme le fait Monsieur Keppel que la république est un fait collectif sensé organiser la vie sociale ne fait réagir personne, ni même sur ce blog les chrétiens qui y contribuent. Cela me paraît une hérésie. La question n'est pas ici celle de la légitimité de telle ou telle forme de gouvernement, débat qui serait hors sujet. Elle est celle confondre la réalité "charnelle" de la France, constituée d'un territoire, d'un peuple multiséculaire, d'une histoire vieille d'au moins 1.500 ans, d'une culture, d'un esprit, d'une géographie, avec un type d'institution politique.
Ce qui est sensé organiser la vie sociale, ce sont les réalités concrètes de notre existence : en premier lieu les familles, puis tout ce qu'on appelait autrefois les corps intermédiaires, le tout réuni dans le sentiment d'appartenance à une nation. D'ailleurs, la doctrine sociale de l'Eglise ne prend pas partie sur la forme des gouvernements, laissée à la sagesse des peuples. En revanche elle énonce clairement que l'homme est un être de relations, et qu'il ne peut prétendre vivre seul dans son coin. Je citais la famille, l'Eglise nous enseigne avec bon sens qu'elle constitue la cellule de base de la société.
Il est bon de s'interroger sur les raisons pour lesquelles l'Islam en France est impossible à assimiler dans l'état actuel de notre pays. Je crois en revanche que dénoncer la faillite de la république est une erreur. Ce n'est pas une cause. Les causes sont ailleurs, et sans doute comme vous le soulignez dans le matérialiste libertaire qui étouffe notre société. Mais aussi dans la nature même de l'Islam, qui est par essence une théocratie incapable de comprendre la notion même de distinction entre les ordres spirituel et temporel.
L.
[ De PP à L. :
- L'Eglise catholique ne prend pas parti sur la forme des gouvernements, mais elle insiste sur le rôle crucial du politique dans le service du bien commun.
- Le bien commun d'un pays n'est pas la somme des intérêts de ses corps intermédiaires. Il est d'une autre nature, et nécessite la présence d'un organe souverain.
- Oublier cela, c'est laisser libre cours aux forces de l'argent, qui exploiteront et dénatureront la société ! Exactement ce qu'on voit en Occident depuis plusieurs dizaines d'années.
- C'est à cela que Kepel et d'autres se réfèrent (plus ou moins consciemment) quand ils emploient le mot "République". Péguy disait : "La République, notre royaume de France".
- L'Etat, dans les pays occidentaux, s'est vidé de son sens légitime et de sa mission (le bien commun) en s'inféodant à l'argent à la fin du XXe siècle. Ce n'est pas une raison pour tenter de se passer d'un Etat. Au contraire : c'est un motif puissant pour réinventer le politique (protecteur) sur de nouvelles bases ! Sans quoi la vie des gens deviendra infernale.
- L'islam existe dans les Balkans ou dans la Fédération de Russie sans y avoir créé la moindre théocratie. C'est aussi, en partie, une question de contrepoids et de démographie. ]
réponse au commentaire
Écrit par : Lucie / | 07/10/2011
@ VF
> Si j'en crois ce que tu dis c'est notre société tout entière qui est en danger, pas l'Eglise seule. L'Eglise d'une manière ou d'une autre s'est sortira toujours, l'Esprit Saint veille et fait les saints nécessaires à chaque époque, elle a du dévouement et du ressort quoiqu'on en pense. Nous chrétiens nous courbons le tête mais nous ne fléchissons pas. Mais que va donner cette même expérience de challenge idéologique avec des gens - les non chrétiens - qui n'ont plus ni foi, ni habitude de "tenir bon" ?
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Écrit par : Roque / | 08/10/2011
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