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23/09/2011

"L'Européen le plus moderne c'est vous pape Benoît XVI"

...aurait dit Apollinaire après le discours du pape hier au Bundestag (à lire sur le site du Vatican) :


 

On connaît Zone, le poème de Guillaume Apollinaire :

« À la fin tu es las de ce monde ancien
Bergère ô tour Eiffel le troupeau des ponts bêle ce matin
Tu en as assez de vivre dans l'antiquité grecque et romaine
Ici même les automobiles ont l'air d'être anciennes
La religion seule est restée toute neuve la religion
Est restée simple comme les hangars de Port-Aviation
Seul en Europe tu n'es pas antique ô Christianisme
L'Européen le plus moderne c'est vous Pape Pie X
Et toi que les fenêtres observent la honte te retient
D'entrer dans une église et de t'y confesser ce matin
Tu lis les prospectus les catalogues les affiches qui chantent tout haut
Voilà la poésie ce matin et pour la prose il y a les journaux
Il y a les livraisons à 25 centimes pleines d'aventures policières
Portraits des grands hommes et mille titres divers... »

 

Après avoir lu le discours au Bundestag, j'ai envie d'écrire : l'Européen le plus moderne c'est vous pape Benoît XVI. Ce serait plus exact (sans commune mesure) : ce pape – loin du passéisme – propose un renouvellement radical dans une ère sans précédent. 

Tout s'articule autour du paragraphe 1 (dernières lignes), de certaines lignes des paragraphes 2-3-5-6, et du paragraphe 8.

> Paragraphe 1 : notre ère sans précédent et les problèmes qu'elles fait surgir... << L’homme est en mesure de détruire le monde. Il peut se manipuler lui-même. Il peut, pour ainsi dire, créer des êtres humains et exclure d’autres êtres humains du fait d’être des hommes. Comment reconnaissons-nous ce qui est juste ? Comment pouvons-nous distinguer entre le bien et le mal, entre le vrai droit et le droit seulement apparent ? >>

> Paragraphe 2 : l'insignifiance du relativisme... <<  Dans les questions fondamentales du droit, où est en jeu la dignité de l'homme et de l'humanité, le principe majoritaire ne suffit pas...>> Paragraphe 3 : <<Ce qui, en référence aux questions anthropologiques fondamentales, est la chose juste et peut devenir droit en vigueur, n'est pas du tout évident aujourd'hui...>> Paragraphe 5 : « Une conception positiviste de la nature, qui entend la nature de façon purement fonctionnelle, comme les sciences naturelles l'expliquent, ne peut créer aucun pont vers l'ethos et le droit, mais susciter seulement des réponses fonctionnelles...>> Paragraphe 6 : << Là où la raison positiviste s'estime comme la seule culture suffisante, reléguant toutes les autres réalités culturelles à l'état de sous-culture, elle réduit l'homme, ou même menace son humanité... [Elle] ressemble à des édifices de béton armé sans fenêtres, où nous nous donnons le climat et la lumière tout seuls et nous ne voulons plus recevoir ces deux choses du vaste monde de Dieu... >>

> La charnière du raisonnement est aux deux dernières lignes du paragraphe 6, quand le pape déclare : il faut << ouvrir tout grand les fenêtres >>, il faut << voir l'étendue du monde, le ciel et la terre, et apprendre à utiliser tout cela de façon juste. >>

Ces images intellectuelles sont d'une importance cruciale. Prises dans le registre de l'écologie, elles s'exhaussent en parabole de l'attitude de l'homme dans l'univers : c'est un appel à la responsabilité et à l'humilité, devant la condition humaine qui se déchiffre ultimement comme condition de créature.

> D'où l'interrogation-clé, au paragraphe 8 : << Est-ce vraiment privé de sens, que de réfléchir pour savoir si la raison objective qui se manifeste dans la nature ne suppose pas une Raison créatrice, un Creator Spiritus ? >>

À un questionnement sans précédent, la réponse proportionnée est une ouverture sur la recherche la plus radicale. C'est de cette façon que Joseph Ratzinger est l'Européen le plus moderne. C'est cela que les élus allemands ont ovationné hier, sans que les grands médias français nous en aient dit un seul mot.

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Commentaires

POURQUOI CET HOMME NOUS TOUCHE

> Cet homme nous touche pour ce qu'il est, au-delà même de la profondeur de ses mots.
On est saisi en le voyant entrer au cœur de cette enceinte parlementaire : en douceur, sans fracas, emprunt d'une bouleversante discrétion, d'une renversante bienveillance. Visiblement, cet homme rayonne de la pauvreté de Dieu. L'humilité de ses gestes, de sa voix, de son regard porté sur les députés allemands, est à elle seule témoignage porté dans ce lieu de pouvoir.
Il n'a aucune réputation à défendre, aucune image de lui-même à faire valoir. Il n'est pas en représentation, dans ce théâtre des jeux de pouvoirs. Il vient sur la pointe des pieds proposer ses services, à qui veut voir et entendre, rien de plus. Quand on pense à ces pauvres gens qui perrorent à n'en plus finir sur les apparats du pouvoir vaticanesque. Ce vieillard méprisé par quelques uns en son propre pays, est beaucoup trop vibrant de jeunesse pour être attaché à son pouvoir.
Au milieu d'un monde qui voit s'écrouler pierre après pierre, sa tour de babel financière, sa voix nous arrache au sentimenr illusoire de l' « impasse » et du « chaos ». Comme la voix de celui qui crie dans le désert, sa simplicité ouvre une brèche dans la lourde chape de plomb qui couvre le monde. Elle pose délicatement, pour l'humanité entière, les jalons d'un chemin de vie qui ne demande qu'à être redécouvert.
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Écrit par : serge lellouche / | 24/09/2011

LIBRES ET FORTS

> Ce sont des propos réellement libérateurs.
"La vérité vous rendra libre".
Elle le rend aussi très fort. L'expression est galvaudée, mais on peut parler de la force tranquille.
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Écrit par : Pierre Huet / | 24/09/2011

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