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06/09/2011

Etats-Unis : des évêques plus "à gauche" qu'Obama ?

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 <  Mgr Howard Hubbard (New York).

Ils mettent le gouvernement en garde contre les coupes dans le budget social : "le jugement final sera basé sur la manière dont seront traités les pauvres..."


 

Déclaration-choc de l'évêque d’Albany (New York), Mgr Howard Hubbard, et de l'évêque de Stockton (Californie), Mgr Stephen Blaire, animateurs des comités politiques de la conférence des évêques catholiques américains. Interpellant le comité de réduction de la dette, ils mettent en garde contre les possibles "coupes substantielles" de "programmes pouvant aider les familles à bas et moyen revenus à éviter la pauvreté et à vivre dignement".

"Ce n’est pas le moment d’affaiblir le réseau de sécurité nationale ou d’effectuer des coupes disproportionnées", déclarent les deux évêques.

Ils mettent également en garde contre l’idée de toucher aux programmes d’aide internationale, "outil essentiel pour promouvoir la vie et la dignité humaine, pour favoriser la solidarité avec les nations les plus pauvres et améliorer la sécurité mondiale".

Ils attirent l'attention sur d'éventuelles coupes dans le financement de l’admission des réfugiés et des programmes d'assistance aux réfugiés à l’étranger.

Pour Mgr Hubbard et Mgr Blaire, la crise demande "un sacrifice que tout le monde doit partager" : ils suggèrent par exemple une élimination des "dépenses superflues, militaires et autres", et "une gestion correcte des coûts à long terme des assurances maladies et des programmes de retraite".

 Texte intégral :www.usccb.org/issues-and-action/human-life-and-dignity/economic-justice-economy/upload/letter-to-supercommittee-budget-deficit-2011-08-31.pdf

source : Zenit

Ces deux chefs de file de l'épiscopat américain (en matière de questions de société) prennent ainsi le contrepied du Tea Party et de la "droite religieuse" américaine qui dénonce obsessionnellement les budgets sociaux.

Ils prennent aussi le contrepied de la propagande ultralibérale qui laisse les mains libres aux compagnies d'assurance pour aggraver leurs tarifs.

Voilà un catholicisme américain dont on parle peu en France ! Et il y a le même phénomène chez les protestants...

 

 

états-unis,église catholique,obama,crise

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Commentaires

ET L'AFRIQUE

> « Le jugement final sera basé sur la manière dont serons traités les pauvres... »
Mgr Howard Hubbard

Voici un article de John Vidal et Claire Provost publié dans The Guardian, mercredi 8 juin (Traduction Amis de la Terre).
Il montre le rachat de vastes territoires de terres agricoles fertiles dans de nombreux pays africains, à l'initiative de grandes universités nord-américaines, de fonds de pensions et de spéculateurs financiers européens.
Enormes investissements et profits en jeu, drames humains et écologiques en cours, anéantissement de l'agriculture locale. En arrière-plan, soigneusement caché, un génocide à petit feu est à l'oeuvre, qui ne dit pas son nom, ni son objetcif, le « rééquilibrage démographique ». Il ne dérange pas grand monde, on préfère fermer les yeux, car il faut bien en passer par là, pour que notre petit confort à nous se prolonge quelques années supplémentaires. Allez, on peut continuer de s'amuser, le jugement final, depuis le temps qu'on en parle, c'est quand même pas pour demain...
 
l'article :
" Une nouvelle étude montre que Harvard ainsi que d’autres grandes universités états-uniennes travaillent par l’intermédiaire d’un hedge fund britannique et de spéculateurs financiers européens à acheter ou louer de vastes étendues de terres agricole africaines, ce qui dans certains cas pourrait provoquer l’expulsion de milliers d’Africains.
Pour les auteurs de l’étude les investisseurs étrangers tirent profit de cet « accaparement des terres » qui n’apporte pas souvent de créations d’emplois, ni le développement promis, mais au contraire, peut entraîner des problèmes sociaux et écologiques dans les pays les plus pauvres de la planète.
Ce rapport sur les acquisitions de terres dans sept pays africains laisse entendre que Harvard, Vanderbilt et de nombreuses autres universités états-uniennes possédant des fonds de dotations importants, ont lourdement investi, ces dernières années, dans le foncier africain. Une bonne partie de cet argent passe par le canal de Emergent, entreprise londonienne de gestion de patrimoine, qui gère un des fonds d’acquisition de terres en Afrique les plus importants,  dirigé précédemment par la banque d’affaires JP Morgan and Goldman Sachs.
Les chercheurs de l’ Oakland Institute, basé en Californie,  pensent que les clients états-uniens d’Emergent ont investi jusqu’à 500 millions de dollars dans certaines des terres les plus fertiles, dans l’espoir d’obtenir des retours d’investissements de 25%.
Emergent a affirmé que les contrats sont passés de façon responsable. Un porte-parole nous dit : « Oui, des fonds de dotations des universités et des fonds de pension sont des investisseurs à long terme. Nous investissons dans l’agriculture africaine, établissons des entreprises et donnons de l’emploi aux gens. Nous le faisons de façon responsable. ( …) Les sommes sont importantes. Il peut s’agir de centaines de millions de dollars. Il n’y a pas d’accaparement de terre. Nous voulons augmenter la valeur des terres. Le fait d’être grand, nous permet d’avoir un impact et les économies d’échelle peuvent être plus productives ».
Jusqu’à maintenant, on avait pointé du doigt les Chinois et les pays du Moyen Orient comme étant les accapareurs de grandes étendues de terres dans les pays en voie de développement, afin de produire à bas prix de la nourriture pour leurs populations. En fait, l’Oakland Institute constate que derrière de nombreux contrats - et parmi les plus importants - on trouve des fonds occidentaux.
La compagnie qui gère les fonds d’investissements de Harvard a refusé tout commentaire. Un porte-parole a simplement dit : « C’est la politique de la compagnie de gestion de Harvard de ne discuter ni des investissements, ni des stratégies d’investissements. Je ne peux donc confirmer le rapport ». L’université de Vanderbilt a aussi refusé tout commentaire.
Pour l’Oakland Institute, les investisseurs  surestiment les bénéfices des contrats pour les populations concernées. « Les compagnies ont réussi à créer un empilement complexe de compagnies et filiales, afin éviter le contrôle de faibles autorités de régulation ». Pour Anuradha Mittal, la directrice de l’Oakland Institute, « L’analyse des contrats révèle que la plupart d’entre eux ne fourniront que peu d’emplois et vont expulser des milliers de personnes de leurs terres ».
En Tanzanie, le gouvernement local et l’entreprise de développement agricole états-unienne, AgriSol Energy, qui travaille avec la Iowa University,  ont passé un protocole d’accord. Il stipule que les deux emplacements  principaux pour leurs projets – les  camps de réfugiés de Katumba et Mishamo qui comptent 162 000 personnes - devront être fermés avant que le projet d’une valeur de 700 millions de dollars ne commence. Les réfugiés ont pourtant cultivé ces terres pendant 40 ans.
En Ethiopie, un processus de « villagisation » mené par le gouvernement, déplace des dizaines de milliers de personnes de leurs terres traditionnelles vers de nouveaux centres, tandis que gros contrats fonciers sont conclus avec des compagnies internationales.
Le plus gros contrat conclu au Soudan - où, d’après des analystes norvégiens, près de 9% du territoire ont été achetés en quelques années - a été conclu entre une firme texane, Nile Trading and Development et une coopérative locale gérée par des chefs locaux absents. Il s’agit d’un bail de 49 ans, d’une surface de 400 000 ha dans la région de Central Equatoria, pour un montant de 25 000 dollars et qui autorise la compagnie à exploiter toutes les ressources naturelles y compris le pétrole et le bois. Cette compagnie dirigée par l’ancien ambassadeur des Etats-Unis, Howard Eugene
Douglas, a l’intention  de solliciter des crédits carbone - système soutenu par les Nations-Unis - ce qui pourrait lui rapporter des millions d’euros annuellement.
Dans le rapport, on peut lire qu’au Mozambique, où près de 7 millions d’ha de terre sont potentiellement disponibles pour les investisseurs, des hedge funds occidentaux travaillent conjointement avec des compagnies sud-africaines pour acheter de vastes étendues de terres agricoles et de forêts pour des investisseurs en Europe et aux Etats-Unis. Les contrats montrent que le gouvernement renonce à lever des taxes parfois pendant 25 ans, mais peu d’emplois seront créés.
Pour Obang Metho du Mouvement de Solidarité pour une Nouvelle Ethiopie, « Personne ne peut croire que ces investisseurs viennent pour nourrir les Africains qui meurent de faim, ou pour créer des emplois et améliorer la sécurité alimentaire. Ces accords – dont beaucoup sont en place pour 99 ans – ne représentent aucun progrès pour les populations  locales et ne vont pas remplir leurs estomacs de nourriture. Par contre, ils remplissent de dollars les poches des dirigeants corrompus et des investisseurs étrangers ».
Pour Mittal « L’ampleur des accords fonciers conclus est choquante. Les petites fermes et les forêts africaines sont transformées en stratégie d’investissement à haut rendement, basée sur le patrimoine naturel. Cela peut provoquer la hausse des prix alimentaires et une aggravation des risques de bouleversements climatiques. »
Des études menées par la Banque Mondiale et d’autres organisations montrent que près de 60 millions d’ha, soit la surface de la France, ont été achetés ou louées par des compagnies étrangères en Afrique, ces trois dernières années.
Toujours d’après le rapport, « La plupart de ces accords sont caractérisés par leur opacité, malgré les implications profondes que pose une consolidation du contrôle qu’exercent les compagnies financières sur les marchés alimentaires mondiaux et les ressources agricoles. »
Frederic Mousseau, le directeur des politiques de l’Oakland Institute, ajoute : «  Nous avons vu des spéculateurs s’emparer de terres agricoles et traiter les petits paysans comme des squatteurs que l’on expulse de force, sans compensation. Cela provoque une insécurité sur le système alimentaire mondial qui pourrait être une menace pour la sécurité mondiale, bien plus importante que le terrorisme. Plus d’un milliard d’humains vivent avec la faim au ventre. La majorité des pauvres de la planète dépendent toujours de petites fermes pour leur subsistance et les spéculateurs les leur prennent en leur promettant un progrès qui ne vient jamais »."

version originale de l'article :  http://www.guardian.co.uk/world/2011/jun/08/us-universities-africa-land-grab
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Écrit par : serge lellouche / | 06/09/2011

A propos des précisions de SL:

> Oui, d'autant que ce n'est pas aux paysans ou aux communautés villageoises, propriétaires traditionnels, que ces terres sont achetées mais aux pouvoir publics qui profitent de l'absence de justification écrite des propriétés. Et alors, il suffit pour les acquéreurs de savoir qui backchicher.
Il serait aussi intéressant de voir la position des ethnies victimes de ces pratiques par rapport à la dominante de chaque pays.
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Écrit par : Pierre Huet / | 06/09/2011

GAUCHE ?

> Gauche ! droite ! gauche ! droite !…au fait quel est le sens de se clivage, qui fait marcher les citoyens au pas cadencé de l’alternance, si sens il y a?
Il paraît que lors de la première session de la Constituante (28-08-89) les députés républicains se placèrent à gauche du président. Défi à l’égard du symbole traditionnel et biblique de la place d’honneur à droite ? Depuis, le terme de gauche est associé dans les mentalités au refus de toute transcendance et de toute tradition. Dans les positions pratiques, ce fut fluctuant. Au 19èmeS, la gauche était uniformisatrice en administration, libérale en économie. Puis elle s’est jetée sur la lutte des classes laissant ses thèmes précédents aux politiciens de droite qui eux même se ralliaient à la République uniformisatrice et libérale, marginalisant la droite traditionnelle.
Et depuis l’échec du « socialisme réel », comme disent les théologiens de la libération, la gauche, des deux côtés de l’Atlantique se focalise sur les mœurs et éventuellement un écologisme anti-humain. Ce faisant, elle revient bien dans sa posture initiale de rejet de l’inné et des communautés héritées de l’histoire, nation au premier chef, sous couvert de défendre les minorités, toutes les minorités. Et elle est logique en s’appuyant sur le capitalisme libéral. Le clivage gauche-droite n’a plus de sens en économie, ou s’il en a, c’est à rebours de ce qu’on nous fait croire. Il n’en a plus en politique électorale, la prétendue droite n’osant pas contester le monopole moral ( ?) de la gauche.
Alors oui, nos socialistes sont bien de gauche. L' Obama d'en face aussi. Et je ne vois pas en quoi il y a une compatibilité quelconque entre la nature même de la gauche et la foi en un Dieu transcendant.

PH

[ De PP à PH - Dans mon terme "gauche" appliqué aux deux évêques, ne voyez qu'une petite plaisanterie : allusion à l'affolement qui a saisi récemment l'ultra-droite française à propos d'un mot de Marine Le Pen se disant "plus à gauche qu'Obama"... Pour le reste, ce blog répète depuis des années que gauche et droite sont des mots dénués de sens à notre époque. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Pierre Huet / | 06/09/2011

LIMITES AMERICAINES

> Autre enseignement dérangeant de cet accrochage entre l’épiscopat américain et les autorités financières : le strict libéralisme étant une composante majeure de la mentalité américaine et même une des causes de l’insurrection fondatrice, à quoi fait référence le Tea Party, cela démontre qu’il y a des limites à l’inculturation de l’Evangile. Même en Occident !
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Écrit par : Pierre Huet / | 06/09/2011

SYNDICATS

> Autant en politique la différence entre la gauche et la droite n'est pas flagrante, autant, dans les actions et les convictions portées par les syndicats, elle me semble marquée. Dans une université que je ne citerai pas mais qui se voit comme l'élite des élites, le syndicat étudiant de droite mettait un point d'honneur à être en faveur d'une hausse des droits d'inscription, seul moyen, selon eux, de porter haut l'excellence de cette université. Heureusement qu'un autre syndicat de centre-droit chrétien s'est redécouvert une vocation et une inspiration sociales.
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Écrit par : Mahaut / | 07/09/2011

A Pierre Huet,

> D'accord avec vous, l'Occident n'est pas, n'a jamais été, intégralement chrétien: des pans entiers de sa culture sont profondément païens, autre exemple que sa vision fataliste des hiérarchies sociales et répartitions des richesses ("il faut être réaliste!": ben voyons...), sa conception de l'amour (une littérature, non pas moralisatrice ni même morale, mais audacieusement témoin de l'Espérance chrétienne d'une participation à la Vie Trinitaire est ici à inventer) est aussi à convertir.
Alexandre Men encore une fois a raison: le christianisme n'est pas, même en Occident, derrière nous, mais devant !
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Écrit par : Anne Josnin / | 07/09/2011

A Mahaut:

> je ne vous suivrais pas dans ce domaine car je connais certains syndicats de l'EN qui se revendiquent de gauche et qui sont plus à la remorque de Zapatero que de Jules Ferry ou Jean Jaurès. C'est d'ailleurs fascinant de discuter avec leurs représentants. Ils défendent l'autonomie des établissements, la contractualisation, la théorie du gender etc. bref, toutes les dernières lubies libérales-mercantiles, et ils hurlent à la mort quand je leur dit que ce sont des idées libérales et donc, selon eux, de droite...
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Écrit par : VF / | 07/09/2011

@ VF

> Vous avez bien entendu raison. J'aurais dû préciser que cela ne concernait pas tous les syndicats, mais certains sont nettement différenciés sur les questions économiques et la vision de l'enseignement secondaire, de l'enseignement supérieur et de la recherche, ce qui est déjà un très bon début.
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Écrit par : Mahaut / | 07/09/2011

OFFICIELLEMENT

> Juste pour info: aller voir ce lien, c'est intéressant car on y va aussi, mais chez nous, officiellement, c'est au nom de la lutte contre l'échec scolaire et les inégalités.
http://www.courrierinternational.com/article/2011/03/14/une-salle-de-classe-sans-prof
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Écrit par : VF / | 07/09/2011

A Pierre Huet,

> Je vous propose ces deux docs.
Témoignage de paysans africains, dépossédés de force de leurs terres par des investisseurs indiens.
http://www.youtube.com/watch?v=BPsdI-vWAMg
L'avenir de la paysannerie, c'est la redécouverte de son savoir ancestral. Des paysans africains montrent ici toutes les vertues et la sagesse de l'agro-foresterie.
http://www.youtube.com/watch?v=51i0yUD5fEc
http://www.youtube.com/watch?v=zEM3EHtOJtc&feature=related (suite)
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Écrit par : serge lellouche / | 08/09/2011

Les commentaires sont fermés.