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05/09/2011

Une enquête intellectuelle et morale : 'L'Action française', de François Huguenin / 1

Très intéressant ouvrage ! Cette réédition augmentée (Perrin) fait notamment la lumière sur l'écart structurel entre le maurrassisme et le catholicisme :


 

Le maurrassisme... Même revu et modifié dans les années 1950, 1970 et 1990, ce courant d'idées ne s'est jamais remis du naufrage vichyssois de son fondateur, Charles Maurras. Mais comment expliquer le prestige de Maurras durant les années 1920-1930 ? Que des auteurs de l'envergure de Maritain ou Bernanos aient été « mêlés de si près » (dit François Huguenin) à l'histoire de l'Action française, semble une énigme aujourd'hui. On se gratte la tête en découvrant que Maurras en 1938 était appelé « cher Maître » par Jean Paulhan, qui allait devenir un cerveau de la Résistance...

 

Le naufrage sous l'Occupation

 

En ne suspendant pas la parution de son journal lors de l'invasion de la zone « libre » en 1942, Maurras vouait L'Action française au contrôle allemand et sa propre pensée à l'hypnose – en s'interdisant d'avoir même un avis sur les actes de Pétain. D'où l'aveuglement avec lequel il condamna la Résistance, croyant tenir un équilibre en exprimant aussi son animosité envers les pro-allemands de Paris (si la censure l'y autorisait)... Huguenin décrit « cette impensable façon de traiter également collaborateurs et résistants, alors que les conditions dans lesquelles Maurras pouvait s'exprimer sur chacun des camps étaient justement inégales. »

Mais « cette myopie ou cécité face aux événements » (qui traduisait « une totale déconnexion du réel ») venait de loin en amont :

« Il ne faut pas oublier qu'en 1940, cela fait quarante ans que l'Action française lutte à côté de l'arène politique, juge les faits sans les faire, et pour finir constitue une bulle mentale. […] La guerre de Maurras est une guerre inventée, imaginée dans l'appartement de la rue Franklin, où à l'ennemi réel, l'Allemagne se superpose un ennemi plus irréductible et moins identifiable, le spectre de la mort du pays ; où à la réalité d'un Etat français ligoté se substitue le fantasme d'un Etat pouvant incarner la résistance à l'ennemi. À vrai dire, la position maurrassienne est d'une logique sans faille, mais ce n'est justement qu'une logique, […] concernant des faits fabriqués ou tout au moins reconstitués. Elle s'explique non seulement par une psychologie singulière, mais aussi par l'histoire et les habitudes de l'Action française. En aucun cas elle n'est une attitude politique au sens où la politique prend en compte des faits réels et non des reconstitutions abstraites. Elle signe l'échec de l'Action française en tant que mouvement politique, entrainant du même coup dans le gouffre l'Action française en tant qu'école de pensée. »

 

Cécité devant le monde moderne

 

Ecole de pensée beaucoup moins « réaliste » qu'elle ne le croyait, l'AF (comme presque tous les courants politiques de 1900) avait contribué « sans sourciller » à faire tuer un million de Français en 1914-1918 : « au nom de la France érigée en absolu, les Français furent sacrifiés à une guerre qui, près d'un siècle plus tard, semble absurde à leurs descendants », écrit Huguenin. Après 1918, Maurras et les siens n'ont pas compris que le cataclysme avait fabriqué un monde nouveau. On avait changé d'ère, mais ni la révolution soviétique, ni le marxisme, ni l'apparition du productivisme de masse, ni les totalitarismes, ni les mouvements culturels nés du cataclysme de la guerre mondiale, n'allaient être évalués par l'école de pensée maurrassienne figée dans ses références d'avant 1914. Le prestige de Maurras ne masquait pas cette carence à tout le monde. De là les dissidences, schismes et scissions qui n'allaient plus cesser d'affaiblir l'AF. De là aussi sa « politique de soutien aux forces conservatrices qui ne se démentira pas et trouvera son logique aboutissement en la fidélité à Vichy », ajoute Huguenin.

Le grand dissident de l'AF allait être Bernanos, l'un de ceux qui comprenaient les temps nouveaux. Ce prophète était révolté par la mentalité du maurrassien moyen : ce « dogmatisme tranquille et confortable » installé dès 1918 à l'Action française, « produit de la certitude d'avoir raison et du plaisir illusoire et morbide de contempler le monde qui se suicide à l'abri de son promontoire » (Huguenin). En 1939, Bernanos écrit dans Scandale de la vérité :

« Il ne s'agit plus pour nous de la pensée de M. Ch. Maurras, telle qu'elle enrichit les dictionnaires. Il s'agit des consciences qu'il a formées. […] Le malheur de M. Ch. Maurras est de ne pas aimer réellement sa pensée, - à laquelle il s'est lié par des chaînes de fer, - sa force est de haïr la pensée d'autrui, d'une haine vigilante et sagace dont peu d'êtres, évidemment, sont capables. […] C'est par là qu'il féconde des milliers d'imbéciles qui ne l'ont pas lu, ou l'ont lu sans le comprendre. Ainsi a été rendue possible la création à des milliers d'exemplaires d'une race […] de bourgeois nationaux mille fois plus impitoyables et non moins vaniteux que leurs ancêtres libéraux, conservateurs féroces qui baptisent réalisme l'égoïsme de leurs pères, prétendent confisquer la Monarchie et l'Eglise... […] On rencontre d'honnêtes gens, on rencontre même des apôtres dans les partis prétendus nationaux. Il n'en est pas moins vrai qu'ils se recrutent, pour leur immense majorité, dans les rangs de ceux qui, comme dit encore Ch. Péguy, se refusent obstinément, se refuseront toujours à faire les frais : à faire les frais d'une restauration économique, d'une restauration sociale, "d'une révolution temporelle pour le salut éternel". »

 

Diagnostic de Huguenin sur la situation de l'AF à la veille de la Seconde Guerre mondiale : « Pour avoir sans doute sous-estimé l'évolution du monde vers les régimes de masses, pour n'avoir pas suffisamment réfléchi à l'adaptabilité de leur discours à la modernité, les maurrassiens ne pourront que déchanter en constatant que les combats qui s'annoncent ne sont pas leur combat. » Maurras allait se retrouver « parmi les naufragés de la pensée politique sur les vagues de la réalité. »

 

« Soutenir l'Eglise catholique ne suffit pas toujours

pour agir en chrétien en politique... »

 

une-action-francaise-11-11-1926-208x300.pngCette coupure entre le « réalisme maurrassien » et la véritable réalité, s'était constatée aussi dans les démêlés de l'Action française avec l'Eglise catholique. La mise à l'index de l'AF en 1926 (levée en 1939) avait été le révélateur d'un malaise et d'une illusion préalables : malaise de la part de l'Eglise, illusion de la part des maurrassiens.

 

< La une de L'Action française du 11/11/1926, jour de la condamnation par Pie XI.

 

 

L'illusion des maurrassiens (croyants ou non) consistait à se croire nets envers le catholicisme parce qu'ils « défendaient l'Eglise » et « soutenaient les textes du magistère ». Mais l'Eglise ne souhaite pas être « défendue », et le christianisme ne se réduit pas à des questions de textes : il a d'autres enjeux, et c'est par rapport à ceux-ci que le « soutien » maurrassien ne faisait pas l'affaire. En 1907, Maurras et l'AF applaudissaient l'encyclique de Pie X condamnant le modernisme, parce qu'elle faisait l'éloge de la tradition. Mais Maurras comprenait-il « le coeur de l'encyclique », écrit Huguenin ? « Comme toujours lorsqu'il s'agit des textes du magistère, les soutenir n'est pas, bien souvent, les interpréter correctement », écrit-il (observation toujours valable en 2011). Maurras ne voyait pas que l'encyclique visait «avant tout la dérive des études exégétiques, dans la veine d'un Loisy, vers une remise en cause, souvent insidieuse, de la divinité du Christ » : donc Maurras ne pouvait « rien y comprendre ». D'autant qu'il avait écrit sur Jésus des choses pénibles quelques années plus tôt.

En 1926, ce « soutien » de l'AF paraissait à Pie XI un boulet dont il fallait débarrasser les catholiques français. Pourquoi ? Parce que l'AF avait une forte emprise sur eux, alors qu'elle n'entrait pas dans le projet du pape. Quel projet ? Une reconquête catholique de la société. Par quel moyens ? Des moyens catholiques ! Le but ultime de Pie XI était d'unifier les fidèles autour d'un ensemble d'organisations de laïcs regroupées autour des évêques : il s'agissait « comme le souligne Poulat, du ''grand dessein de reconquête chrétienne de la société moderne qui court sans discontinuer de Léon XIII à Pie XII''. D'une certaine manière, pour Pie XI, il s'agit avant tout d'affirmer la royauté sociale de Jésus-Christ, ce que manifestera l'institution du Christ-Roi. Poulat note avec sagacité que le cantique 'Parle, commande, règne' résonne comme une antithèse des chants des camelots du roi. »

Des maurrassiens pouvaient rêver d'une monarchie qui « rende la France au Christ », mais cet argument semblait instrumentaliser la religion au profit d'une tendance politique, rien de plus. Par ailleurs, constate Huguenin (ceci aussi peut s'étendre à 2011), « le catholicisme d'un certain nombre de maurrassiens était en grande partie formel. Il était au fond l'expression d'un héritage, celui de la France, qu'il fallait défendre coûte que coûte. Mais il faisait partie d'un ensemble culturel, plus que d'une foi profondément vécue. En cela, d'ailleurs, ces catholiques-là n'étaient pas très différents de nombreux autres catholiques sociologiques de leur époque. La foi des uns et des autres n'a d'ailleurs pas toujours bien résisté après la vague des années 1960. […] On peut aussi s'interroger sur la profondeur de l'attachement d'une partie des catholiques d'Action française à l'Eglise comme corps du Christ : la réponse ne peut être que plurielle, et nécessairement au cas par cas. Il est en revanche avéré que soutenir l'Eglise catholique et adhérer à ses dogmes ne suffit pas toujours pour agir en chrétien en politique... »

« La défense du catholicisme par l'Action française l'emprisonne en quelque sorte dans une dialectique réactionnaire qui n'est pas toujours indifférente à Rome, mais qui manque le but ultime de la stratégie de l'Eglise : faire résonner au mieux la parole de Dieu partout et en toutes circonstances », souligne Huguenin.

Se libérer de cette dialectique était nécessaire à l'Eglise, mais n'allait pas se faire paisiblement : la mise à l'Index de 1926 alluma, de la part de l'AF, un volcan d'invectives envers le Vatican. « La manière dont s'est immédiatement creusé le fossé entre Rome et l'Action française est un révélateur : celui d'une relation entre l'Action française et le catholicisme qui était tout sauf claire et frappée depuis longtemps d'ambiguités. »

 

[ à suivre : les leçons actuelles]

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Commentaires

BERNANOS

> On peut d'ailleurs s'interroger sur la sincérité du catholicisme de Bernanos. Aurait-il été catholique s'il n'avait pas rendu un véritable culte à la "France chrétienne"?
Bernanos avait une certaine vision culturelle du catholicisme que partagent avec lui beaucoup d'identitaires contemporains. Aussi n'y avait-il pour lui aucune contradiction entre son christianisme et l'antisémitisme hérité de Drumont.
Et pourtant, dans son enfer, il ne s'est jamais entièrement départi d'une certaine sensibilité mystique. En le lisant, nous restons partagés: quelle part de lui-même triompera définitivement?

BJP

[ De PP à BJP - Pas d'accord avec vous sur Bernanos ! Malgré l'aspect Drumont des origines, son christianisme était loin d'avoir la coloration que vous lui imputez. Bernanos était un mystique, sa foi contredisait de plein fouet la religiosité identitaire ; d'où la violence de son conflit avec l'extrême droite à partir de 1936. C'est flagrant et je vous recommande à ce sujet la lecture du gros ouvrage d'Urs von Balthasar, 'Le chrétien Bernanos', 565 pages, Seuil, rééd. 1970. ]

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Écrit par : Blaise Join-Lambert / | 04/09/2011

CORRUPTION ?

> Ayant dans ma famille un sympathisant de l’Action française – l’Action française historique, celle qu’il a connue avant guerre – ce problème de l’adhésion à pareil mouvement me hante : qu’en est-il concrètement de son salut ? je sais que seul Dieu peut répondre à pareille question (et sa miséricorde). Et cela me fait souffrir, vraiment.
Comment l’antisémitisme, la xénophobie pourraient-ils coexister avec une foi chrétienne sincère ? et dans un attachement régulièrement affirmé au Pape : et c’est pourtant la gageure à laquelle j’assiste avec ce parent.
Beaucoup de contradictions dans un seul homme. Je suis persuadé, vraiment, de la puissance corruptrice de l'Action française. On ne pouvait conserver longtemps son intégrité dans ce mouvement.
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Écrit par : Blaise Join-Lambert / | 04/09/2011

> Merci de cet article vraiment instructif et très intéressant.
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Écrit par : Dyèvre / | 04/09/2011

Parallèle avec le sarkozysme

> Je ferraille depuis assez longtemps déjà sur le registre politique suivant: non, l'Eglise de france ne devrait pas promouvoir des sympathies affichées avec l'UMP, ce parti promulgue en effet des dogmes incompatibles avec l'idée que l'argent ne doit pas être idolâtré du point de vue de l'Eglise. C'est pourtant la situation sur certains médias chrétiens, je cite RND, j'ai été en correspondance suivie avec ce média, et la situation que j'ai longuement analysée doit impérativement y être clarifiée.
Note: suite à un déménagement en province j'ai perdu le fil des programmes de RND depuis un an.

GBA92

[ De PP à GBA92 - Alors je peux vous rassurer sur ce point : l'objectivité politique existe à RND ! Entre autres, j'y ai personnellement reçu plusieurs personnalités de gauche. ]

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Écrit par : GBA92 / | 04/09/2011

BERNANOS ET DRUMONT

> La citation de Bernanos que donne Huguenin est forte, et juste. Le malheur est que Bernanos n'est jamais vraiment sorti du nationalisme maurrassien et de l'opium de la Libre Parole. Ainsi n'a-t-il pas hésité à faire l'éloge, dans un livre apparemment "libéré", « Les grands cimetières sous la lune », de l'antisémite Drumont. Le manichéisme, le refus de l'inspiration des Ecritures et de l'élection du peuple juif ne l'aura donc jamais quitté. Et pourtant, dans cette boue on découvre parfois des perles! il pense contre lui-même! mais il n'a jamais été capable de surmonter ses contradictions. Le lecteur alterne ainsi du dégoût à l'admiration.

BJL

[ De PP à BJL :
- N'oublions pas que 'Les grands cimetières' est une déclaration de guerre de Bernanos à la droite catholique, qui continue (aujourd'hui !) à faire comme si ce livre n''existait pas. L'attitude de Bernanos face à la pseudo-croisade franquiste est infiniment plus importante que son hommage à la figure (très idéalisée) du sinistre Drumont, celui que Bloy traînait dans la boue pour avoir insulté Moïse.
- La question Drumont chez Bernanos est analysée à fond, et remise en perspective dans son contexte, par Urs von Balthasar et par François Huguenin. Je vous suggère de lire les deux livres.
- "Penser contre soi-même" est l'acte de lucidité et de courage intellectuel auquel on reconnaît le chrétien. Acte que l'extrême droite catho refuse de faire, précisément.
- Ne reprenons pas ce débat, svp, avant que vous n'ayez lu Huguenin et Urs von Balthasar... ]

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Écrit par : Blaise Join-Lambert / | 05/09/2011

A BJL

> Vous assénez des contre-vérités sur Bernanos avec un aplomb remarquable : ce n'est pas d'abord dans Les Grands Cimetières qu'il fait l'apologie de Drumont, mais dans La grande Peur. Tout juste le cite-t-il à nouveau dans les Grands Cimetières, en rappelant qu'il fut son maître, parce qu'il le lut à l'âge de 13 ans, et qu'il lui demeure reconnaissant de lui avoir montré le visage de l'Injustice et de l'Argent.
Les Grands Cimetières, c'est ce livre où il écrit que "Monsieur Hitler a déshonoré l'antisémitisme." Phrase complexe certes, et dure à entendre par nos oreilles contemporaines. Mais si profonde.
"Le manichéisme, le refus de l'inspiration des Ecritures et de l'élection du peuple juif ne l'aura donc jamais quitté", écrivez-vous. J'espère que vous ne parlez pas de manichéisme dans le sens théologique du terme, qui n'a jamais effleuré Bernanos. Nulle part non plus il ne récuse l'inspiration des Ecritures, sinon comment serait-il catholique ?
Enfin, il est impensable d'écrire que Bernanos serait un fleuve de boue où surnagent quelques pépites, quand il demeure le seul écrivain catholique français, avec Péguy, à avoir tout vu du XXème siècle, pendant que les autres s'aveuglaient.
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Écrit par : JG / | 05/09/2011

@ Blaise,

> n'allez pas dire ça à l'espace Georges Bernanos ! ;-)
comme tout être humain, Bernanos n'est un bloc figé mais il a évolué ; et aussi : on bcp prétendu qu'il "avait dit que ... "
Bernanos était justement trop mystique pour rabaisser la foi aux intérêts politique d'une nation.
Vous pouvez lire aussi ce qu'il dit "contre les robots"
à mettre en parallèle de ce que dit Virgil Georghiu ?
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Écrit par : zorglub / | 05/09/2011

LE COEUR DU PROBLEME ?

> J'ai lu un peu Bernanos, bien que modérément, notamment les "Grands cimetières sous la lune", "le Journal d'un curé de campagne", "La liberté pour quoi faire?". J'en garde un sentiment mêlé : son nationalisme évidemment, et une certaine vantardise - compensés par un sentiment mystique des choses qui lui permet de déceler les véritables enjeux. Mais son attachement jamais démenti à Drumont (manichéen au sens théologique du terme), voilà pour moi le coeur du problème. Néanmoins, je veux bien lire Huguenin, d'autant que son livre sur l'Action Française est un classique sur le sujet.
De toute façon, Bernanos n'avait pas l'envergure d'un Claudel et d'un Péguy. Ce n'est pas chez lui qu'on trouvera des pages prophétiques sur le peuple juif, annonciatrices d'une réconciliation. S'il apporte une note originale, qui manquait à ses grands aînés, il le doit avant tout à l'expérience des tranchées.
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Écrit par : Blaise Join-Lambert / | 05/09/2011

@ Blaise :

> Lisez donc aussi les "Dialogues des carmélites". Vous y verrez de façon limpide comment le royalisme de Bernanos était l'accessoire d'un souffle mystique indéniable. Il y a là, entre autres thèmes, un hommage à l'ancienne aristocratie, sous condition que celle-ci se renonce elle-même...
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Écrit par : Claude / | 05/09/2011

L'AVIS DE BERNARD FRANK

> Sur l'anti-sémitisme de Bernanos et son attachement à Drumont : voir la réédition en Livre de Poche de 'La Grande Peur des Bien-Pensants', on y trouve en annexe des textes postérieurs à 1931, dont un hommage à l'insurrection du ghetto de Varsovie pendant la guerre. Et c'est vrai pourtant qu'il n'a pas renié Drumont. Je cite le dos de la couverture du livre, écrite par Bernard Franck:
"Vous pouvez lire La Grande Peur des bien-pensants. D'ailleurs, vous n'aviez besoin de personne pour le faire. Quand un écrivain est un écrivain, on peut tout lire de lui forcément. Avec tendresse et férocité comme Bernanos disait. Nous n'allons pas pousser le ridicule jusqu'à offrir à Bernanos un certificat de moralité ou de littérature. Il mérite mieux que notre indulgence. L'antisémitisme est l'antisémitisme et celui de Bernanos ne vaut pas mieux qu'un autre. Il est d'époque et 1930 n'était pas une très bonne année. Mais quand on a été contre Pétain en 1940 et qu'on l'a été, comme Bernanos l'a été avant presque qu'il y ait eu un Pétain à la devanture de la misérable boutique de spécialités françaises de Vichy, alors laissons à Bernanos ces quelques souvenirs de jeunesse qui ne sont pas à notre goût. Et puis 'La Grande Peur des bien-pensants', c'est bien sûr quelques phrases admirables, mais c'est aussi un de ces bahuts que l'on regarde isolé dans son coin avec une vraie délectation. Comme certain meuble incroyable que l'on a déniché dans la salle des ventes d'une petite ville de province dont on n'oserait citer le nom. On s'en est entiché à jamais et on aimerait être le seul à le posséder."
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Écrit par : Claude / | 05/09/2011

@ Claude

> À propos du royalisme de Bernanos, pour commencer par une boutade, je dirais que nous sommes tous monarchistes puisqu'en tant que catholiques, nous sommes tous prêtres, prophètes et rois* et que Jésus règne sur nos coeurs (il ne "préside" pas, à la façon indifférente du dieu de Voltaire) et nous sommes rois si et seulement si nous travaillons à faire en sorte que SON "règne vienne" et que SA "volonté soit faite" .
"vous qui êtes la race choisie, le sacerdoce royal, la nation sainte, le peuple qui appartient à Dieu ; vous êtes donc chargés d’annoncer les merveilles de celui qui vous a appelés des ténèbres à son admirable lumière ... » (épître de st pierre ).
Nous sommes donc tous monarchistes et dame Mahaut qui se passionne pour la doctrine sociale de l'Eglise, l'est particulièrement puisqu'elle a à cœur de travailler pour le Royaume.
Mais la nature même de cette monarchie, toute spirituelle, d'exigence pour nous et de compréhension pour les autres, de désir de bien agir, de désir de conversion qui convertit les autres, la recherche de la vérité et non la force fait que notre royalisme est tout sauf de la vanité, du triomphalisme, de l'auto-justification, bref, n'a rien à voir avec le national-catholicisme : "Celui qui veut être le premier, qu'il se fasse le dernier et le serviteur de tous"
Jean-Paul II l'a dit : la vocation de la France c'est d'être l'institutrice du monde ; pas pour faire la leçon mais en montrant l'exemple.
J'ai passé bcp de temsp à expliquer ça aux ados dont je m'occupais ds mes jeunes années ; les uns parce qu'ils avaient reçu de l'Education Nationale une conotation péjorative du mot "roi" ; les autres au contraire parce qu'ils s'emballaient en croyant que ça leur donnaient des droits.
Tous prêtres, prophètes et rois ? Est-ce à dire que l'Eglise est comme une armée de république bananière où tout le monde est colonel ?
Non car si nous sommes tous membres du corps, chacun à sa fonction. Quand au sein du troupeau, une brebis se prend pour le bélier, les choses commencent à dégénérer.
Vive le Roué !
Colonel Zorglub

@ Blaise :

> étudiant, j'ai vu des gens de l'AF : un pitoyable ramassis de soiffards dont la violence verbale n'avait justement rien à voir avec l'esprit rassembleur de la monarchie qu'ils prônaient. Mais p-ê que c'était une catastrophique exception.

*nous sommes également du sel, des brebis, des lumières, des membres du corps, des pierres vivantes ; le colonel Jésus a dit "brebis" et pas "mouton" : il s'y connaissait en com' et mon amour-propre l'en remercie.
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Écrit par : zorglub / | 06/09/2011

@ Zorglub

> Pour cette monarchie-là et ce Roi-là, je suis monarchiste sans aucun problème, à condition que ça ne soit pas au sens du "règne social de Notre Seigneur Jésus-Christ" tel que conçu et promu dans certains milieux.

M.

[ De PP à M. - N'ayez crainte, leur interprétation du "règne social de NSJC" est hérétique ! ]

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Écrit par : Mahaut / | 07/09/2011

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