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20/08/2011

En marge des JMJ de Madrid : qu'est-ce qui freinerait une rencontre des jeunes catholiques et des jeunes Indignés ?

Ce n'est pas le pape, en tout cas :


 

Entretien, hier sur RCF, avec un jeune syndicaliste français aux JMJ de Madrid. Question : «Y a-t-il des contacts entre les JMjistes et les jeunes Indignés ? ». Réponse : « Non et c'est dommage, parce qu'il y aurait des points communs. » Les porte-parole des Indignés ont tenu à préciser qu'ils n'avaient rien à voir avec les manifestants cathophobes (extrémistes gays quadragénaires et laïcards sexagénaires) ; c'était une ouverture - prudente, on verra pourquoi - en direction des pèlerins catholiques.

Un tel dialogue est-il possible ? Bien entendu, comme l'ont montré les propos de Benoît XVI avant sa première rencontre avec les jeunes :

<< La crise économique actuelle confirme ce qui était déjà apparu lors de la précédente grande crise économique : la dimension éthique n'est pas une chose extérieure aux problèmes économiques, mais une dimension intérieure et fondamentale. L'économie ne fonctionne pas seulement selon une autorégulation mercantile, mais elle a besoin d'une raison éthique de façon à fonctionner en vue de l'homme. Il apparait donc de nouveau, comme Jean-Paul II l'avait écrit dans une encyclique sociale, que l'homme doit être le centre de l'économie et que l'économie ne peut se mesurer par les profits maximum mais pour le bien de tous... L'économie fonctionne bien si elle fonctionne de façon humaine et pour la responsabilité des autres.

Mais cette responsabilité a aussi plusieurs dimensions. Responsabilité non seulement vis-à-vis de soi même mais aussi envers les autres nations, pour le monde. L'Europe est responsable envers toute l'humanité, et il faut toujours penser les problèmes économiques avec cette clé de la responsabilité pour les autres, pour les parties du monde qui souffrent, pour ceux qui ont faim et ceux qui n'ont pas de futur.

Troisième dimension : penser l'économie en termes de responsabilité pour le futur. Nous savons que nous devons protéger notre planète et protéger le fonctionnement du service du travail économique pour tous. Nous devons aussi penser pour demain mais aussi pour aujourd'hui : si les jeunes d'aujourd'hui ne trouvent pas de perspectives dans leur vie, notre aujourd'hui est dans l'erreur, il est mauvais. La doctrine sociale de l'Eglise ouvre la capacité de renoncer au maximum du profit et voir les choses dans la dimension humaniste et religieuse. C'est-à-dire : être l'un pour l'autre. On peut ainsi ouvrir des routes où les gens, dans les différentes parties du monde ne travaillent pas seulement pour eux mais aussi pour les autres. >>

 

En dépit de la pondération (vaticane) du langage, le propos de Benoît XVI est acéré : condamner « l'autorégulation mercantile », opposer « le bien de tous » aux « profits maximum », c'est condamner le libéralisme.

Reprocher au pape de s'en tenir aux paroles serait mélanger les genres. Le chef de l'Eglise n'est pas le secrétaire général d'un parti ; il ne lui appartient pas de concrétiser les principes en programme politique ni en mesures économiques.

Mais cette tâche revient aux laïcs catholiques : à eux de prêter attention aux directives de leur Eglise et de les traduire en action, en protestation, en revendications, en pression collective sur les pouvoirs et les gouvernements ; on voit jusqu'où peut mener l'antilibéralisme s'il est pris au sérieux..

Il peut mener, justement, à nouer contact avec les jeunes Indignés espagnols. Ceux-ci se révoltent contre l'imposture du zapatérisme : ce gouvernement « de gauche » inféodé au capitalisme financier, donc coupable du désastre économique et social, et qui voulait aveugler le peuple en détournant son attention vers le show des « nouvelles moeurs »... (recette de la gauche européenne depuis qu'elle a renoncé à combattre le libéralisme). Les jeunes Indignés rejettent cette imposture : ce n'est donc pas eux qui vont défendre le sex-show zapatériste, contrairement à ce que les médias français essayaient de faire croire au début de la semaine. Et si les jeunes catholiques entraient en contact avec les jeunes Indignés sur la base des propos antilibéraux de Benoît XVI, quelque chose d'intéressant pourrait en naître. Au moins les Indignés se feraient-ils une idée plus exacte de la pensée catholique en 2011.

Qu'est-ce qui freine une telle convergence ? Le soutien ostentatoire de la droite politique espagnole à la résistance catholique face au sex-show zapatériste. (Soutien équivoque, en fait, le PP n'étant pas plus net dans ce domaine que son équivalent français l'UMP). Les jeunes Indignés ne se reconnaissent pas dans le PP, et soupçonnent une partie des catholiques de se prêter à sa manoeuvre... Une clarification rapide s'imposerait donc. En Espagne comme en France, la politique partisane est le pire ennemi de l'évangélisation. [*]

 


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[*] La confusion politico-religieuse existe aussi en France. Depuis des dizaines d'années, le Vatican oppose la doctrine sociale de l'Eglise au culte du profit dérégulé et au saccage de la planète ; ce plaidoyer se heurte à la surdité massive de la bourgeoisie catho. Grands-parents, parents, rejetons étudiants, on crie « vive le pape » mais on ne l'écoute pas. Persuadés (envers et contre tout) que Benoît XVI « partage nos valeurs », on ne se donne pas la peine de lire ses analyses de la situation.

 

Commentaires

ENCORE EN FLAGRANT DELIT ?

> Reuters encore en flagrant délit ? L'agence, qui s'était déjà singularisée il y a quinze jours en "fuitant" la fausse nouvelle d'une faillite de la Société générale et d'UniCredit, récidive cet après-midi dans le bidonnage, cette fois à propos de Madrid :
"Les Indignados, qui avaient occupé en mai la Puerta del Sol, ont été rejoints dans leur contestation par des groupes gays et lesbiens et même quelques prêtres. Une manifestation d'homosexuels devrait avoir lieu ce samedi soir", affirme la dépêche.
Or les Indignés ne sont pas dans ces manifs anticatholiques et l'ont fait savoir officiellement il y a déjà 48 heures !
Reuters n'en sait visiblement rien. Dommage pour une agence de presse.
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Écrit par : nostromo / | 20/08/2011

LA CONVERGENCE QUI DEVRAIT AVOIR LIEU

> J'espérais fortement cette convergence "jeunes des JMJ-indignados" et suis fort déçu qu'elle n'ait pas eu lieu. Doit-on y voir le résultat de la composition sociologique et culturelle d'une grande partie de cette jeunesse, telle que la presse catho "institutionnelle" (la Vie, la Croix) elle-même l'a révélée? A savoir CSP+, voire ++, certes un refus du relativisme moral du libertarisme, mais un acquiescement tacite au capitalisme libéral et un désintérêt pour les questions sociales.

G.


[ De PP à G. - Puissent ces JMJ (avec l'insistance de Benoît XVI à tout recentrer sur l'essentiel) être un chemin de Damas pour de jeunes catholiques français encore aveuglés par une mentalité d'héritiers frustrés. ]

réponse au commentaire

Écrit par : grzyb / | 21/08/2011

à grzyb

> Oui, ils me font penser à ce personnage de Conrad (dans 'Lord Jim', chapitre 1) : "Le père de Jim possédait ce genre de connaissance de l'Inconnaissable qui encourage la vertu chez les habitants des chaumières, sans troubler la bonne conscience de ceux auxquels une infaillible Providence permet de vivre dans des châteaux."
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Écrit par : Ned / | 21/08/2011

à Ned

> Sauf que la notion d'Inconnaissable est sujette à caution...
Cf. Chesterton dans son 'William Blake' :
"On ne peut considérer la région qu'on appelle l'inconnu et déclarer tranquillement que, bien qu'on ne la connaisse pas du tout, on est sûr que ses portes sont verrouillées. On ne peut pas dire : 'Cette île n'a pas encore été découverte, mais je suis sûr qu'elle est entourée par un mur de falaises et qu'elle ne possède pas de port'. C'était le sophisme propre à Herbert Spencer et à Huxley quand ils parlaient de l'inconnaissable au lieu de parler de l'inconnu... Nous n'en savons pas assez sur l'inconnu pour savoir que c'est de l'inconnaissable."
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Écrit par : PP / | 21/08/2011

ILS S'OBSTINENT

> Ils s'obstinent : i-Télé, à 13 heures, récitait la dépêche Reuters disant faussement que "les Indignés étaient contre les JMJ".
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Écrit par : Nati / | 21/08/2011

MINABLE

> Le "reportage" d'i-Télé sur les JMJ tout à l'heure était spécialement minable : aucun panoramique sur la foule d'un million de jeunes, mais un temps égal pour montrer deux quadra gay s'embrassant goulument, et un septuagénaire affublé d'un t-shirt "Indignados"... alors que les vrais Indignés ont 20 ou 25 ans. C'est ainsi qu'on informe les Français. Pas étonnant après ça qu'ils croient que le catholicisme agonise.
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Écrit par : Laurent / | 21/08/2011

GAY PRIDE

> Apparemment nos médias confondent Indignés et Gay Pride.
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Écrit par : zrak / | 21/08/2011

"N'EN PARLEZ PAS A NOTRE GAUCHE"

> Les Indignés se battent contre Zapatero... qui est, lui, le grand récupérateur de toutes les Gay Pride possibles et imaginables.
Pour l'excuse des journalistes il faut se rappeler qu'aujourd'hui "être de gauche" (à Paris) se résume à être pour les revendications d'ActUp.
Quant à lutter contre le capitalisme financier : ça non, n'en parlez pas à notre gauche ni à celle de Zapatero ! elles sont au service du mythe de la mondialisation marchande "supposée allouer au mieux les ressources" : "cette mythologie relayée de toutes parts, et dans laquelle la gauche s'est laissée piéger, a sonné la défaite de la politique face aux marchés." (Julien Dourgnon et François-Xavier Petit, 'Libération', 16 août).
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Écrit par : alasbar / | 21/08/2011

Les commentaires sont fermés.