12/08/2011
15 août : ce que Marie signifie pour les catholiques (2)
...selon Joseph Ratzinger (Voici quel est notre Dieu, Plon 2001) :
« Jésus fonde une nouvelle famille ; et lorsqu'on loue la femme qui l'a porté et les seins qui l'ont allaité, il corrige immédiatement l'image habituelle de la famille. Ce qui lui paraît important, il le dit : 'Heureux plutôt ceux qui écoutent la parole de Dieu et qui la mettent en pratique.' (Lc 11, 27-28). Ce sont de nouveaux liens de parenté et de maternité. Voici comment il les décrit : 'Celui qui fait ma volonté m'est un frère et une soeur et une mère.'
C'est pourquoi la rupture avec la famille purement humaine, en vue de bâtir la grande famille de la communauté de ceux qui accomplissent la volonté de Dieu, est essentielle. Luc qui nous rapporte cette réprimande l'a reliée littérairement avec son évangile de l'enfance, avec la scène de la rencontre avec Elisabeth. Marie y apparaît non seulement comme la mère corporelle, mais aussi celle qui écoute, qui croit, qui est en communion avec Dieu. D'après l'évangile de Luc, elle est de manière exemplaire celle 'qui écoute la parole de Dieu et la met en pratique'. »
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06:10 Publié dans Témoignage évangélique | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : marie, 15 août, christianisme, catholicisme, ratzinger
Commentaires
URS VON BALTHASAR
> "Né de la Vierge Marie". Ici, grand champ de bataille ! Puisqu'il s'agit d''un homme, pourquoi ne connaît-il pas une conception humaine normale ? Et l'affirmation de cette naissance virginale (évidemment connue relativement tard, puisque Paul n'en sait rien, et Marc pas davantage) entendue comme un acte de vénération à l'égard d'un Jésus honoré comme Dieu, n'est-elle pas bel et bien à la remorque de légendes hellénistiques ou, plus plausiblement encore, de mythes égyptiens ? Et pour finir : même une fois admis que la Vierge (déjà mariée) aurait conçu sans homme, doit-on admettre ce qui est plus invraisemblable encore, qu'elle aurait aussi virginalement enfanté ? Du reste n'est-il pas expressément question de frères de jésus : pourquoi, dès lors, faire une exception pour le "premier né" (Lc 2,7) ?
Foule de questions : pour leur répondre, il faudrait un livre. Contentons-nous ici d'un sténogramme : la naissance virginale vient tout droit de ces préparations de l'Ancienne Alliance, où Dieu redonne la vigueur sexuelle à un corps éteint (Abraham, Zacharie et sa femme stérile), et où le miracle qui fait que la "stérile" aura plus d'enfants que la féconde, est la parabole permanente de la puissance de Dieu qui retourne tout. Cela aura été la raison pour laquelle l'oracle d'Isaïe ("la jeune femme - ou : la vierge - enfantera", 7,14) est délibérément traduit, déjà à l'époque pré-chrétienne (Septante) par le mot "vierge". Dans beaucoup de peuples arabes aujourd'hui, on appelle "frères" des parents éloignés : cela est sans aucun doute à l'arrière-plan du grec "adelphos" qui, en son sens plus strict, veut dire "frère".
Et typique pour notre temps de foi minimaliste est la concession d'une conception virginale alors que, dans le même temps, le croyant est "dispensé" du miracle d'une naissance virginale ! Comme si la seconde n'était pas pour Dieu tout aussi facile à réaliser que la première. - Mais pourquoi cela ? Parce que dans la Nouvelle Alliance, la fécondité de la vie selon la virginité (cf. avant tout l'Eucharistie de jésus), une fécondité fructifiant non pour une mortalité renouvelée mais pour la vie éternelle, sera un trait décisif de la nouvelle importance que prendront le corps et le sexe.
Notons-le bien : avec cela - spirituellement et corporellement - les douleurs (messianiques) de son Avent ne seront pas épargnées à Marie : elles sont solidarité avec le peuple élu et, par avance, avec le corps de son Fils (Ap 12,2). Mais, avec la nuit de Noël, l'Ancienne Alliance et ses attentes se dépassent elles-mêmes pour entrer dans l'accomplissement tout autre qu'apporte la Nouvelle. Tout cela est logique purement biblique, et tous les parallèles antiques manquent de la profondeur décisive qui est caractéristique de la Révélation."
(Hans Urs von Balthasar, CREDO, Nouvelle Cité 2002).
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Écrit par : myeye / | 16/08/2011
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